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mercredi 8 mai 2024

Arcadian de Benjamin Brewer (2024) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Capable du meilleur comme du pire, d'apparaître dans un authentique chef-d’œuvre comme de se fourvoyer dans le pire des nanars, l'acteur américain Nicolas Cage nous revient cette année en petite forme avec Arcadian du réalisateur Benjamin Brewer. Troisième long-métrage après le drame Beneath Contempt en 2011 et le film d'action The Trust en 2016 dans lequel il débaucha déjà la star américaine en lui offrant l'un des deux rôles principaux aux côtés d'Elijah Wood, Benjamin Brewer signe avec Arcadian une œuvre de science-fiction post-apocalyptique comme il en existe malheureusement déjà des dizaines. Autant dire que dans ce monde peuplé de créatures cauchemardesques qui sortent principalement lorsque le soleil se couche, rien ou très peu de choses ne va venir perturber le train-train quotidien de l'amateur qui chaque mois se nourrit de ce genre de productions par poignées de dix ! Nicolas Cage incarne le rôle de Paul, père de deux adolescents âgés de quinze ans tout juste nés à l'époque où un cataclysme eut lieu sur notre planète. Mix entre le film de monstres façon loups-garous nanardesques, science-fiction à la Je suis une légende du pauvre et campagnard, le titre Arcadian est étymologiquement incompatible avec l'univers décrit dans cette œuvre s'inscrivant dans un contexte d'écriture flemmarde assez remarquable. À commencer par la caractérisation de ses principaux protagonistes. Pourtant en nombre peu important, les personnages ne bénéficient pas d'un soin tout particulier quant à l'élaboration de leur personnalité. L'on a d'un côté l'adolescent un brin rebelle (Maxwell Jenkins dans le rôle de Joseph), amoureux de la charmante Charlotte (l'actrice Sadie Soverall) qui vit dans une ferme près de là où il vit lui-même aux côtés de son père et de son frère Thomas (Jaeden Martell), petit bricoleur de génie dont le comportement est à l'opposée de Joseph. Le concept de Arcadia est simple : dans un monde infesté de créatures monstrueuses, un père et ses deux fils tentent de survivre, tout comme les habitants des fermes implantées aux alentours. Dans ce récit qui compte moins d'une dizaine de personnages, Benjamin Brewer tente avec entre les mains le scénario écrit par Mike Nilon d'apporter une vision nouvelle du genre post-apocalyptique en se penchant sur la personnalité de ces deux adolescents qui comme souvent sur grand écran n'ont pas ou peu de rapports entre eux avant que l'adversité ne les contraigne à se rapprocher. D'autant plus que le père incarné par Nicolas Cage apparaît plus comme un faire-valoir que comme le personnage central d'un drame familial sur fond de dystopie...


En effet, si la star américaine apparaît régulièrement durant la première partie, elle disparaît peu à peu, se fait de plus en plus discrète dès lors que Benjamin Brewer décide de mettre en avant les deux fils du héros ainsi que la jeune Charlotte. Bancal et franchement dénué de tout intérêt, le concept d'Arcadian aurait pu être fort si seulement le réalisateur s'était donné la peine de créer des personnages attachants. Mais en les survolant et en les mettant en scène dans des situations rocambolesques à la limite du ridicule, c'est avec une certaine gêne que l'on suit les aventures relativement périlleuses de ces gamins confrontés à ceux qui semblaient avoir été des hommes et des femmes par le passé et qui désormais apparaissent à l'écran sous la forme de créatures hybrides semblant avoir des origines ''lycanthropesques'' ! Frère du réalisateur, Alex Brewer est à la tête de l'équipe chargée de produire à l'image les fameux créatures. Le résultat est sans appel : Les victimes de cette étrange maladie qu'est la lycanthropie dans Le Loup-garou de Paris ont trouvé un véritable rival en matière d'effets-spéciaux numériques visuellement immondes. Leur design qui au départ est déjà en lui-même assez risible est accentué par des images de synthèse absolument infâmes qui ne cachent par leurs origines. Je pense au critique originaire du sud-ouest du Gers Pierre Challon qui il y a deux mois écrivait une critique particulièrement élogieuse du long-métrage de Benjamin Brewer, allant ainsi à contre-courant du spectacle qui en réalité nous est présenté à travers la mise en scène, l'écriture ou bien même l'interprétation, laquelle fait partie des rares meubles à sauver... à croire que l'on n'a pas du tout vu le même film ! Non, vraiment, Arcadian ne possède aucun des atours qui auraient permis de le distinguer de la concurrence. Et surtout pas sa photographie ou le cadrage (à l'épaule) qui tangue de manière presque maladive ! Le film est à l'image d'un Nicolas Cage effacé : sans réelle ambition. Bref, pour sa première apparition sur les écrans en 2024, et comme je l'écrivais au départ de cette critique, l'acteur nous revient en petite forme. Pas un désastre mais pas l'un de ces grands films de science-fiction dont on se souvient très longtemps après sa sortie....

 

samedi 4 mai 2024

2029 de Jérôme Jacob (2024) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Le dernier long-métrage du réalisateur français Jérôme Jacob est-il visionnaire ? En un sens, oui puisque son auteur en conçu le projet avant même l'apparition du corona-virus en 2019. Sauf qu'ici, le pangolin n'en est pas à l'origine. Dans le cas de son très post-apocalyptique 2029, le réalisateur et scénariste envisage la disparition de quatre-vingt dix pourcent de la population mondiale à travers un virus qui aurait été directement inoculé par une civilisation extraterrestre... Ensuite, reste à celles et ceux qui n'en furent pas atteints la survie en terre hostile. Le dernier film de Jérôme Jacob doit moins s'envisager comme un blockbuster financé à coups de dizaines ou de centaines de millions d'euros qu'une œuvre appliquant quarante ans plus tard, les méthodes du cinéma transalpin qui à l'époque des Rats de Manhattan de Bruno Mattei ou de 2019, après la chute de New York de Sergio Martino exploitait le cinéma de science-fiction, d'anticipation et post-apocalyptique de manière très artisanale. En ce sens, 2029 remplit parfaitement son contrat. De l'écriture, en passant par la réalisation et jusqu'à l'interprétation, Jérôme Jacob est un passionné de cinéma qui s'implique donc totalement dans son projet. La plupart des interprètes n'en sont pas à leurs débuts même si leur filmographie reste encore très succincte. Beaucoup de cinéastes dits ''amateurs'' tentent de percer dans la profession mais se cassent très souvent les dents. Mise en scène et interprétation demeurant ainsi les premiers éléments de jugement qui les condamnent malheureusement à l'oubli. Avec 2029, c'est tout le contraire. On croit pouvoir distinguer l'ordre dans lequel les différentes séquences furent tournées car après une ouverture que d'aucun pourrait juger d'amateur, le film, pour le confort visuel du spectateur ne fera que gagner en qualité. Filmé caméra à l'épaule, le long-métrage de Jérôme Jacob tremble parfois beaucoup. Surtout dans sa première partie.


Mais comme le vaccin tant recherché par les différents protagonistes du récit, l'outil du réalisateur semble peu à peu avoir été guéri de sa tendance ''Parkinsonnienne'', se stabiliser et réduire davantage la distance qui sépare l'amateurisme du professionnalisme. Le spectateur pourra vérifier ce qui justement caractérise cette œuvre qui ne cesse de gagner en intérêt, en intensité mais aussi et surtout, en qualités techniques. Passant même de la caméra portée à l'épaule à quelques très jolis plans de drones. Une vingtaine d'interprètes et plus encore de figurants et de silhouettes constituent le casting de ce film dont le scénario fait dans la ''démesure'' puisqu'il ne s'attache pas uniquement à suivre les traces d'un duo fuyant des mercenaires à la solde d'un certain Tex (l'acteur Steve Hevessy) mais suit également celles d'un second ''couple'' formé autour de Jeff (Jonathan Riggio) et Angie (superbe Aria Nurdin) que Tex contraint à mettre la main sur un antidote ! Ils ont ensemble cinq jours devant eux pour le retrouver. Afin de leur interdire toute idée de prendre la poudre d'escampette, le chef des mercenaires injectera notamment dans l'organisme d'Angie un venin dont le contrepoison devra lui être injecté au plus tard dans les cinq jours à venir... Le tournage de 2029 s'est étalé sur un peu plus d'une année dans la région de Bouzonville située dans le département de la Moselle. Si une grande partie des séquences furent tournée dans le bois d’Ébersviller de la ville portant le même nom à une quinzaine de kilomètres de Bouzonville, les spectateurs qui ne connaissent pas la région découvriront en outre le stupéfiant Fort aux fresques d'Hestroff, petite ville de quatre-cent cinquante habitants où est actuellement domicilié Jérôme Jacob, ou encore les tout aussi spectaculaires casernes de Bockange depuis désaffectées et situées quant à elle à Piblange. Désormais disponible sur Amazon Prime, les amateur de science-fiction post-apocalyptique peuvent donc se ruer sur 2029 les yeux fermés.

 

jeudi 2 mai 2024

Dead End Drive-In (Le drive-in de l'enfer) de Brian Trenchard-Smith (1986) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

1979, une légende du cinéma de science-fiction post-apocalyptique voir le jour. Le policier Max Rockatansky interprété par l'acteur Mel Gibson. À l'issue d'un premier long-métrage particulièrement violent, le héros perdra femme et enfant. Deux ans plus tard, le réalisateur George Miller enfoncera le clou en mettant en scène Mad Max 2 : Le Défi. Une suite encore plus barbare où l'Homme avec un grand H sera définitivement rendu à l'état de sauvagerie. Film culte d'une violence inouïe, on n'a jamais réussi à faire mieux dans le genre malgré d'innombrables plagiats dont un certain nombre de mockbusters originaires d'Italie... Réalisé en 1986 par l'australo-américain Brian Trenchard-Smith, Dead End Drive-In ou Le drive-in de l'enfer partage avec la franchise de George Miller qui depuis son second volet s'est enrichi de deux autres longs-métrages, ses origines australiennes. Dans un cas comme dans l'autre, il s'agit de science-fiction dystopique et post-apocalyptique. La plupart des figurants du récit sont également dotés d'attributs qui leur offre l'apparence de punks dégénérés. Sorte de mix entre les antagonistes de Mad Max 2 et de ceux de Class of Nuke 'Em High de Richard W. Haynes, Lloyd Kaufman et Michael Herz qui sortira justement la même année mais cette fois-ci sur le territoire américain. Étrangement, Dead End Drive-In bénéficie d'une aura toute particulière qui s'explique au fond assez difficilement. Car comment considérer à un tel niveau d'éloges une œuvre dont le scénario se résume à très peu de choses, où la mise en scène laisse libre cours à une succession de séquences relativement mal branlées et où le héros ne possède pas le moindre charisme ? Car c'est bien là l'un des principaux défauts du long-métrage de Brian Trenchard-Smith. Bien que Jimmy 'Crabs' Rossini parvienne à se défendre devant l'adversité, l'acteur Ned Manning qui l'interprète s'avère assez peu convainquant dans le rôle de cet homme coincé dans un ancien Drive-in transformé en une sorte de camp de redressement d'où s'échapper semble impossible. Le site est en effet entouré d'un mur de béton apparemment infranchissable qui fait pourtant peine à voir si on le compare à l'enceinte du New York 1997 que réalisa John Carpenter cinq ans auparavant.


Dead End Drive-In passe de l'univers nocturne du classique de l'auteur de Halloween à un monde visuellement plus ouvert et lumineux bien que concentré en une surface plutôt réduite. L'on aurait aimé que Dead End Drive-In soit dominé par la beauté de l'actrice Natalie McCurry qui interprète le rôle de Carmen, fiancée du héros mais à laquelle le réalisateur et son scénariste Peter Smalley attachent finalement peu d'importance. Dans un monde assez plat, sans reliefs visuels ou d'un ordre strictement lié à la caractérisation des différents personnages, Crabs tente par tous les moyens de sortir de ce camp de concentration pour jeunes délinquants dirigé par un certain Thompson (Peter Whitford). Après une première partie scénaristiquement bordélique, le récit s'installe au sein de ce ''cirque'' dans lequel le spectateur était en droit de s'attendre à des dangers d'une plus grande ampleur. Car en dehors de l'affrontement entre Crabs et l'un des membres d'un groupe de jeunes, la seule conséquences de ses actes mettant en jeu sa propre existence se situera lors de l'acte final. La faiblesse du concept crève l'écran. Ici, le héros ne rallie pas ses compagnons d'infortune à sa cause. Ceux-ci auraient même tendance à vouloir rester vivre dans cet ancien drive-in. L'on notera en outre l'étonnante attitude de sa fiancée Carmen qui après avoir succinctement côtoyé quelques représentantes féminines du camp semble déjà avoir envie elle-même d'y rester ! Après, Dead End Drive-In demeure tout de même très représentatif d'une époque, celle des années quatre-vingt, avec sa bande musicale tonitruante ou ses voyous aux atours et aux maquillages bariolés. Sur un fond ouvertement politisé, le film de Brian Trenchard-Smith souffre malheureusement de trop grandes lacunes. Le personnage principal est inintéressant au possible. Tout comme l'intégralité des prota-antagonistes qui végètent littéralement autour de lui. À titre de comparaison, justement, on préférera redécouvrir les étudiants décérébrés de l'un des classiques de la Troma, Class of Nuke 'Em High, lequel assumait une totale liberté de ton quitte à passer pour une bande totalement dégénérée. Dead End Drive-In demeurera sans doute comme une curiosité, exemple pas si commun de science-fiction post-apocalyptique originaire d'Australie, mais auquel j'eus personnellement bien du mal à adhérer...

 

samedi 20 janvier 2024

Panic in Year Zero ! de Ray Milland (1962) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Qu'il agisse en tant que médecin xénophobe (The thing with two Heads de Lee Frost), qu'il incarne un assassin ou l'époux d'une victime dans les épisodes de la série Columbo intitulés Faux Témoin et Dites-le avec des fleurs ou qu'il incarne comme ici le mari et le père protecteur d'une famille d'américains moyens au début des années soixante, Ray Milland fait partie de ces attachants et incunables acteurs du cinéma bis qui traversèrent plusieurs décennies et incarnèrent nombre de personnages dans des genres aussi divers que la comédie, le drame (l'un allant parfois de paire avec l'autre), l'aventure, le western, le thriller, le film de guerre ou bien même le fantastique, l'épouvante et la science-fiction. Concernant Panic in Year Zero ! qu'il réalisa lui-même en 1962 mais dont il confia l'écriture aux scénaristes Jay Simms et John Morton, Ray Milland incarne Harry Baldwin, époux d'Ann (l'actrice Jean Hagen) avec laquelle ils eurent deux enfants devenus maintenant de grands adolescents prénommés Rick et Karen et respectivement interprétés par Frankie Avalon et Mary Mitchel. Le long-métrage s'inscrit dans cette grande tradition d’œuvres paranoïaques propres au cinéma outre-atlantique et du milieu du vingtième siècle découlant de l'anticommunisme et de la méfiance forcenée des États-Unis vis à vis de l'URSS et de la concordance avec la guerre froide. Tourné en noir et blanc, produit et distribué sur le territoire américain par la société American International Pictures, Panic in Year Zero ! met tout d'abord en avant les propensions d'une famille et surtout de celui qui représente en son sein l'autorité à savoir faire face à une menace qui débute d'abord par une attaque nucléaire dont les origines sont au demeurant inconnues ainsi qu'aux retombées comportementales de la population dont l'attitude va de fait s'avérer régressive. Des hommes et des femmes agissant parfois contre une nature qui leur est propre mais qui les contraint à agir différemment selon le degré de danger. Et c'est donc ainsi que se positionne le héros de ce récit limpide situant donc son action en plein cœur d'une intrigue post-apocalyptique de type ''survivaliste''. Ray Milland y décrit la nécessité de passer outre les lois et la morale pour le bien des siens. Il devient donc difficile de juger l'homme et ses actes sous leurs aspects répréhensibles.


En cela, Panic in Year Zero ! préfigure ce que d'aucun peut juger comme un comportement devenu normal dans un contexte qui lui est sorti du strict cadre de la normalité. À l'ère où le néo-féminisme a tendance à vouloir couper les couilles des hommes, le film de Ray Milland apparaîtra comme une œuvre prônant certaines valeurs morales indiscutablement passéistes voire même, criminelles. Et hors des nouvelles lois qui aux États-Unis allaient bientôt permettre aux femmes de partiellement s'affranchir de l'autorité masculine. Pourtant, Panic in Year Zero ! ne semble pas encore être près à envisager la chose de la sorte puisque réalisateur et scénaristes renvoient l'épouse et la fille aux tâches qui leur incombèrent jusque là : entretenir la résidence et produire différentes tâches ménagères comme la cuisine ou le ménage. Ray Milland appuie tant et si bien sur ce ''détail'' qu'il fait d'Ann, l'épouse du héros qu'il incarne, une femme retranchée dans ses principes au point de faire prendre de grands risques à la famille lors de son exode loin de Los Angeles où eut lieu l'un des nombreux bombardements. Jean Hagen incarne donc une épouse au caractère étonnamment crispant bien que véhiculant d'authentiques valeurs humaines. Comme sa fille Karen d'ailleurs, tandis qu'en face se dressent entre les deux femmes et les éventuels dangers, les deux mâles, armés de fusils et de revolvers. Panic in Year Zero ! conserve un rapport ténu avec la plupart des œuvres du genre. Et même s'il ne s'inscrit pas dans un décor désertique comme dans Mad Max 2 de George Miller ou dans une cité détruite et ravagée par la criminalité (voir la vague de Mockbusters signés dans les années quatre-vingt par d'opportunistes cinéastes italiens), le danger peut s'insinuer même au sommet d'une colline située au beau milieu de la nature. Ray Milland va droit à l'essentiel. Sa description du modèle rêvé de famille typiquement américaine est vite balayée par l'intense lumière des bombardements (symbolisés par de très rudimentaires effets-spéciaux, il est vrai) et le réalisateur est l'un de ceux qui posent à l'époque les bases d'un courant qui durant les décennies suivantes ne cessera pas de faire des petits. Pas un classique mais un très bon exemple de science-fiction post-apocalyptique...

samedi 2 septembre 2023

Broken Darkness de Christopher-Lee dos Santos (2017) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Le dernier long-métrage à ce jour du réalisateur sud-africain Christopher-Lee dos Santos se divise en trois partie. La première, qui est aussi la plus courte, envisage le passage de notre planète à travers la queue d'un corps céleste provoquant à sa surface une pluie de météorites aux conséquences cataclysmiques puisque la quasi totalité de l'humanité sera décimée. Cette séquence qui ne dépasse pas une poignée de minutes offre à Broken Darkness une mise en bouche plutôt intéressante. Visuellement l'on s'éloigne des grosses productions américaines et l'on opte pour une approche plutôt réaliste de la catastrophe. À tel point que la vision de ces dizaines, de ces centaines de météorites qui illuminent le ciel nocturne donnent un aperçu terrifiant des conséquences sans pour autant que le film n'use d'effets-spéciaux à outrance. Cette entrée en la matière permet d'introduire le personnage de Sam, incarné par l'acteur Sean Cameron Michael et protagoniste principal de ce récit basé sur un script écrit de la main même du réalisateur. Un individu peu loquace, comme la plupart des personnages qui évoluent d'ailleurs au sein de ce récit post-apocalyptique prenant comme principal terrain de jeu, un réseau de galeries souterraines et de stations où survivent quelques dizaines ou centaines d'individus chargés de maintenir le bon fonctionnement de cette ancienne centrale hydraulique permettant en outre (et huit ans après la catastrophe) de cultiver de la nourriture. Lorsque les employés de la station Kentucky perdent tout contact avec ceux de la station Winnipeg, le responsable informe à Sam qu'il va devoir se rendre sur place afin de découvrir pourquoi ce silence. Contraint par son ami Troy (Brandon Auret) d'accepter de le prendre avec lui, les deux hommes vont être de surcroît suivis par la jeune et inexpérimentée Rose (Suraya Rose Santos). Une fois arrivés à la station Winnipeg, ils vont tomber tous les trois sur un petit groupe de soldats armés qui vont les conduire là où ils sont censés se rendre. Cette seconde partie possède un petit goût d'Aliens de James Cameron que le spectateur retrouve à plusieurs occasions. Si le long-métrage de Christopher-Lee dos Santos repose sur un concept qui semble être tout droit sorti de son imagination, il demeure difficile d'imaginer qu'une partie du script m'ait pas été influencé par le classique de la science-fiction sorti plus de trente ans en arrière.


Filmé dans une obscurité presque totale, cette seconde partie possède quelques qualités plutôt attractives mais souffre aussi de défauts rédhibitoires. L'ambiance est lourde, chargée, étouffante et lugubre. Des décors sombres et un climat délétère permanent. Un contexte parfaitement irrespirable qui ne va pas s'arranger puisque en cours de route, nos protagonistes devront faire face à des créatures de type ''infectés''. Rien de bien original si ce n'est que ceux du réalisateur sud-africain semblent sortir tout droit d'un vieux Lucio Fulci (des corps décharnés recouverts de haillons) mais dotés, eux, d'une grande vélocité. De ce point de vue là, Broken Darkness prend des allures de nanar ! Lorsque se termine cette seconde partie, un peu plus d'une heure s'est écoulée et, faut-il le reconnaître, l'expérience fut en partie ennuyeuse en raison d'un rythme relativement soporifique. On l'imagine bien évidemment et pourtant : Lorsque la troisième partie débute et que la lumière éclatante du soleil vient enfin caresser le visage de Rose et de Sam qui viennent tout juste d'échapper au chaos qui s'est produit dans les sous-sols de la mine, l'intrigue est relancée. L'on découvre alors que les dangers, à l'extérieur, y sont démultipliés. Christopher-Lee dos Santos exploite les ressources mises à sa disposition. Des décors naturellement désaffectés. Gare de triage et vieilles usines abandonnées, la visite est rudimentaire mais permet de changer d'environnement. Si l'on pouvait douter un peu plus tôt des sources d'inspiration du réalisateur, cette fois-ci, le rapport entre certaines rencontres qui vont se dérouler lors de cette dernière partie et la série télévisée The Walking Dead est indiscutable. Broken Darkness brasse donc les genres, débutant comme une œuvre de science-fiction et de catastrophe en passant par le film post-apocalyptique et en se terminant en film d'horreur, cumulant décors de désolation, zombies/infectés et anthropophagie ! Bref, le long-métrage de Christopher-Lee dos Santos est ambitieux tout en étant peu inspiré tant il emprunte à d'autres la quasi totalité des thèmes qu'il aborde. Sympathique, sans plus...

 

dimanche 23 avril 2023

Le dernier homme de Charles L. Bitsch (1969) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

La science-fiction post-apocalyptique est un sous-genre de la science-fiction à part entière qui a contaminé les littératures et cinémas du monde entier. La France n'a d'ailleurs pas été la dernière à se mettre à l’œuvre car contrairement aux apparences, il faut remonter assez loin dans le passé pour y trouver quelques exemples de métrages tombés dans l'oubli. Bien avant l'excellent 2021 que Cyril Delachaux bricola en 2020 avec ses propres moyens, avant le génial Delicatessen de Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro en 1991, Le dernier combat de Luc Besson en 1982 ou le Malevil de Christian de Chalonge l'année précédente, le réalisateur de seconde équipe français Charles L. Bitsch fut l'auteur d'un long-métrage méconnu intitulé Le dernier homme. Lui qui fut assistant-réalisateur sur les tournages de Le doulos de Jean-Pierre Melville, Landru de Claude Chabrol ou Le mépris et Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution de Jean-Luc Godard adaptait à l'écran à la toute fin des années soixante son propre scénario (rien à voir donc avec le roman éponyme de la romancière canadienne Margaret Atwood qui fut édité bien plus tard). Produit par Pierre Meurisse et sorti sur les écrans le 20 décembre 1970, Le dernier homme met en scène trois personnages qui par chance se retrouvèrent coincés sous terre alors qu'au dessus de leur tête une catastrophe se produisait. Non pas à cause de l'usage d'armes bactériologiques ou nucléaires mais dont l'origine semble avoir été chimique. Résultat, tout ce qui ne fut pas mis à l'abri au moment où survint le drame se retrouva condamné à une mort certaine. C'est ainsi que Jean-Claude, Catherine et Eva remontent à la surface pour découvrir que personne au village n'a survécu et qu'ils sont donc les uniques survivants. Même les animaux n'ont pas été épargnés. À l'image du cadavre d'un chien que découvrira d'ailleurs Jean-Claude lors de sa première visite au village. À ce propos, il est intéressant de noter qu'un chien semble avoir malheureusement fait les frais du tournage comme en témoigne le court-métrage Le cabot qu'à réalisé quelques années plus tard Jean-Pierre Letellier. inspiré d'une séquence du Dernier homme lors de laquelle un chien fut tué pour les besoins du film. Une mise à mort réelle que ne semble d'ailleurs pas avoir apprécié la censure de l'époque qui interdit toute projection du court-métrage. Il faudra patienter jusqu'en 2009 pour que soit visible au Centre Pompidou le 23 avril de cette année là Le cabot qui fut projeté lors d'un cycle consacré à la Sociologie de l'absurde...


Corinne Brill, qui interprète le rôle d'Eva n'a semble-t-il plus jamais participé au moindre tournage. Quant à Sofia Torkeli qui elle interprète celui de Catherine, elle n'a tourné que dans cinq projets durant toute sa carrière entre 1964 et 1974. Reste Jean-Claude Bouillon, célèbre interprète du personnage du commissaire Valentin dans la série de Victor Vicas entre 1974 et 1983, Les brigades du tigre. Décédé en 2017 à l'âge de soixante-quinze ans, l'acteur n'aura cessé de tourner durant sa carrière, jonglant entre cinéma, télévision et théâtre. Dans Le dernier homme , il incarne un Jean-Claude assez peu sympathique. Profitant de son statut de seul mâle à avoir survécu à l’apocalypse pour adopter un comportement misogyne qui transparaît lors de ses rapports avec les deux seules femmes qui vont désormais évoluer à ses côtés dans un contexte moribond détaillé de manière réaliste à travers un inventaire parfois saisissant : cadavres d'hommes et de femmes jonchant le pavé, visages gris et marqués par d'inquiétantes tâches d'origine inconnue, animaux morts, rats envahissant les rues, odeurs de cadavres insupportable, architectures délabrées dues à des inondations, si Le dernier homme fait figure de parent pauvre d'un genre qui en général propose des tableaux d'un monde en déliquescence particulièrement saisissants, l'impression de solitude est par contre plutôt bien retranscrite. Dans ce nouveau monde où le danger semble tout autant provenir des risques liés à la contamination que du comportement inquiétant du personnage masculin incarné par Jean-Claude Bouillon, le réalisateur parvient à maintenir une certaine tension malgré des moyens réduits. Le dernier homme demeure un bel exemple de science-fiction dystopico-apocalyptique à la française qui obtint L'astéroïde d'or au festival international de Trieste en 1969 et qui mériterait d'être redécouvert...

 

mercredi 28 septembre 2022

A Boy and his Dog (Apocalypse 2024) de L.Q. Jones (1975) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

''Ce futur si proche, vous le vivrez peut-être...''. C'est vrai qu'il est proche puisque comme l'annonce l'affiche française de A Boy and his Dog traduit sous le titre de Apocalypse 2024, la fin du monde devrait être pour dans deux ans. Par contre, il va falloir que les dirigeants de notre planète mettent les bouchées doubles puisque ça n'est pas une hypothétique troisième guerre mondiale qui a réduit notre planète à un immense désert mais une quatrième. Qui a duré seulement cinq jours. Alors que Poutine menace aujourd'hui l'Occident d'employer l'arme nucléaire, le monde dans lequel évolue Vic (héros de ce long-métrage incarné par l'acteur Don Johnson que le monde entier connaît sous les traits de l'inspecteur James Crockett dans la série Deux flics à Miami) n'est plus qu'une vaste plaine recouverte de sable où les pilleurs font la loi. Le film ressemble en cela énormément au classique de l'australien George Miller, Mad Max 2. à tel point que A Boy and his Dog s'ouvre sur l'attaque d'innocents dont est témoin Vic comme le fut avant lui le héros du classique de la science-fiction post-apocalyptique postérieur de huit années. On peut donc considérer que le long-métrage de L.Q. Jones est l'ancêtre de celui de l'australien, servant plus ou moins officiellement de source d'inspiration aux péripéties de Max Rockatansky ! Comme l'indique d'emblée le titre original, on retrouvait d'ailleurs déjà dans A Boy and his Dog un homme affublé d'un chien. Lequel est cete fois-ci semble-t-il doté de la parole. Un détail qui posera sans doute jusqu'à la fin des aventures de ce drôle de personnage qui parfois s'active sans prendre le temps de réfléchir, des questions. Et une, en particulier : doit-on comprendre que Blood (c'est son nom), doublé dans la version originale par Tim Mcintire, est réellement doté de la parole ou le chien n'agit-il ainsi qu'à travers la pensée de son maître ? Un peu comme le Tom Hanks de Seul au monde, œuvre de Robert Zemeckis dans laquelle le personnage de Chuck Noland créait un partenaire en la personne d'un ballon ? Quelques détails viennent corroborer le fait que Blood soit réellement affublé d'une voix puisqu'il semble notamment capable d'indiquer à Vic la présence de ''femelles'' dans les parages...


Qu'il s'agisse du titre original ou de sa traduction française, l'un comme l'autre, les titres reflètent assez bien le contenu du film. Même si l'on préférera le titre américain, lequel crée une certaine empathie pour ses deux principaux protagonistes. Et pourtant, le caractère du personnage campé par Don Johnson peut s'avérer parfois relativement agaçant. Agissant sans réfléchir et ne faisant de compromis que dans son seul intérêt, Vic est finalement assez peu attrayant. Contrairement au chien dont on louera l'interprétation. Sans doute le meilleur ''acteur'' d'un long-métrage adapté de l’œuvre littéraire éponyme d'Harlan Ellison publiée six ans avant la sortie en salle du film de L.Q. Jones. Un réalisateur dont on se souvient davantage du visage que du nom (un pseudonyme qu'il conservera après l'avoir porté dans Le Cri de la victoire de Raoul Walsh) puisqu'il interpréta nombre de personnages dans divers thrillers et westerns. Durant sa carrière de réalisateur, L.Q. Jones tournera A Boy and his Dog, donc, mais avant lui le western The Devil's Bedroom onze ans auparavant ainsi qu'un épisode de la série culte Hulk en 1980. Plongés dans un monde post-apocalyptique, Vic et Blood vont croiser la route de brigands, voleurs de nourriture et assassins sans morale. Si la mort rode dans ce monde en surface où les denrées se font rares, il existe cependant un ''monde d'en bas'' dont l'entrée est symbolisée par une porte noire accessible grâce à une carte. Un lieu où décide de se rendre Vic contre l'avis de Blood qui le prévient des dangers potentiels. Une menace qui à la surface semble tout d'abord prendre la forme de trois individus dont le réalisateur cache scrupuleusement l'apparence. Trois hommes dont ne découvrons que les jambes et qui vont utiliser Quilla June Holmes (l'actrice Susanne Benton) comme appât...


Car si la nourriture se fait rare, les femmes également, semble-t-il. Attiré par la beauté de la jeune femme, Vic va se rendre dans le monde d'en bas où il va être capturé par les membres du Comité dirigé par trois individus dont un certain Lou Craddock (Jason Robards) et une certaine Mez Smith (Helene Winston). Le monde d'en bas tranche avec celui de la surface. Coloré, ''vivant'', il n'en est pas moins cauchemardesque. C'est presque l'univers de l'écrivain Lewis Carroll et notamment celui d'Alice au pays des merveilles qui y est convoqué. Dans cet univers apparemment idyllique où sont célébrés des dizaine de mariages et où les festivités vont bon train, le Comité mène la vie dure aux rebelles qui tentent de renverser l'état d'hégémonie qui règne dans ce bas monde. Condamnant à mort ceux qui tentent de renverser les membres du Comité. A Boy and his Dog est une œuvre de science-fiction aussi étonnante que déroutante, située dans un univers féérico-cauchemardesque mais souffrant d'une réalisation et d'une écriture parfois brouillonnes. Ce qui n'empêche pas le long-métrage de s'avérer intéressant à comparer à la vague de films post-apocalyptiques qui naîtront par la suite. On y appréciera surtout les rapports entre le maître et son chien même si le premier manque sensiblement d'humanité (Blood semble en effet ne servir que de guide à son maître) et l'étrangeté de l'univers lié au monde d'en bas. Pour le reste, le scénario de Harlan Ellison et L.Q. Jones se montre un peu léger...

 

mercredi 25 mai 2022

La Terra dei Figli de Claudio Cupellini (2022) - ★★★★★★☆☆☆☆

 

 


 

''Sur les causes et les motifs qui menèrent à la fin, on aurait pu écrire des chapitres entiers dans des livres d'histoire... Mais après la fin, aucun livre ne fut plus écrit''... Mais un film, lui, prit la relève et nous conta ce qu'il advint de notre planète et de son humanité après qu'un étrange fléau ait mis fin à toute civilisation... Il semblerait que depuis peu, le cinéma fantastique, horrifique et de science-fiction italien connaisse une résurgence comme l'a récemment souligné avec une indiscutable crédibilité, le chef-d’œuvre de Gabriele Mainetti. Freaks Out. Serait-ce au tour du réalisateur Claudio Cupellini de nous prouver à nouveau que le bon côté de la chose se situe désormais dans le camp de celles et ceux qui s'expriment AUSSI avec leurs mains ? Ce long-métrage dont on attend probablement (ou bien sans doute) un peu trop s'intitule La Terra dei Figli (Le pays des enfants). L'espoir se trouve peut-être à quelques années de distance dans un futur que dépeint cette œuvre de science-fiction post-apocalyptique rendue disponible en VOD depuis hier. CRAINTE... Car a priori l'on assiste à une boucle temporelle qui indéfiniment ramène toujours le cinéma au point de départ. De ces univers qui dépeignent un monde dévasté, où l'homme, quelque soit sa constitution, tente de survivre par ses propres moyens. Avec plus ou moins de rage ou de sagesse. Le pays de la mozzarella di bufala, du carpaccio ou des lasagnes est un habitué ancestral de ce sous-genre qui dans les années quatre-vingt notamment, a donné naissance à une progéniture parfois informe mais dont une grande majorité de ses exemplaires a gagné ses galons de films cultes ! Aujourd'hui, reproduire ces miraculeuses bobines est mission pratiquement impossible. Seuls des ersatz survitaminés, bourrés de CGI mal fagotés, tentent de reproduire la recette sans jamais y parvenir. Manque des ingrédients devenus introuvables qui portaient, au hasard, les noms devenus d'une certaine manière, ''prestigieux'', de Bruno Mattei (Les rats de Manhattan), Sergio Martino (2019, après la chute de New York) ou Enzo G. Castellari (Les guerriers du Bronx)... et la liste est encore longue...


Mais trêve d'incertitude et de bavardages et place à l'action. Claudio Cupellini nous épargne malheureusement d'emblée ces mastodontes de verre, de béton et d'acier qui trônèrent au centre des grandes villes, désormais bouffés par une mère Nature redessinant ses propres contours comme une multitude de cancers en phase terminale. Ici, c'est la mer, à perte de vue, précédée par une plage de sable fin jonchée de bois flottants. Puis s'invitent des marécages et quelques bâtisses rudimentaires. Image léchée mais tonalités automnales. La Terra dei Figli se situe dans un tempo qui s'éloigne drastiquement de ce que l'on avait l'habitude de voir quarante ans en arrière. Y domine alors la contemplation. Un univers quasi figé, prostré dans la solitude de sa poignée de protagonistes. Va s'y jouer alors le destin d'un gamin dont le père vient tout juste de disparaître (au sens propre comme au figuré) et qui derrière lui a laissé un carnet de notes. Problème, le jeune ''Il figlio'' qu'interprète l'acteur Leon de la Vallée est illettré et n'est donc pas en mesure de déchiffrer son contenu. Désormais laissé à l'abandon dans un univers potentiellement hostile, l'adolescent décide de quitter le lieu de vie qu'il partageait jusque là avec son père pour découvrir le monde. Une initiation qui aura notamment pour but de trouver sur sa route, celui ou celle qui sera en mesure de lui révéler ce que contient le carnet de notes de son père. Voyage en terres désolées, dans un univers post-apocalyptique et ouvrage en main, on croirait presque le scénario de Claudio Cupellini, Guido Iuculano et Filippo Gravino inspiré par le formidable Livre d'Eli des frères Albert et Allen Hughes et par leurs scénaristes Gary Whitta et Anthony Peckham. Et pourtant, rien de commun puisque La Terra dei Figli est en réalité une adaptation du roman graphique La Terre des Fils de Gipi...


Si le rythme très particulier risque de miner l'intérêt des fans de science-fiction post-apocalyptique italienne de la première heure, ce sera sans doute parce que le réalisateur italien a préféré au sensationnel, choisir une approche plus personnelle et intimiste. Ici, rien de chaotique ni de survolté. Le réalisateur australien George Miller peut dormir sur ses deux oreilles puisque La Terra dei Figli n'est pas de ces œuvres ultra nerveuses et forcément barbares. À force de boire son café sans sucre, on n'en perçoit plus l'amertume. Et bien, c'est ici tout le contraire. Balayé par le vent et écrasé par des couches de nuages successives, le film de Claudio Cupellini s'octroie tout de même quelques moments d'intense péripéties qui ne transformeront pourtant pas finalement l’œuvre en un objet tout à fait remarquable. Entre quête de réponses et désespérance, il manque peut-être un crescendo qui aurait permis de faire avancer le récit vers une stupéfiante conclusion. Bouleversée mais pas bouleversante, la tragédie qui entoure la jeune Maria (l'actrice Maria Roveran) arrive sans doute trop précipitamment. En tout cas, bien trop tôt pour que la caractérisation du personnage permette une réelle empathie vis à vis du spectateur. Pour être tout à fait honnête,ceux qui pensaient que le film manquait de ces quelques éléments qui constituent l'essentiel de ce genre de projet, le voyage ne se fera pas tout à fait sans heurts. Il arrivera même à La Terra dei Figli d'être touchant, certes dans de toutes petites proportions. Une émotion qui pourra se présenter sous la forme d'un homme au visage sans doute abîmé par ce fléau qui détruisit toute civilisation. Au point de regretter que le superbe violoncelle qui accompagne la composition musicale de Francesco Motta n'ait pas marqué plus intensément les aventures du jeune héros. Si le film avait bénéficié dans de plus larges proportions du climat troublant que revêt cette séquence, sans doute aurait-il pu prétendre au titre de l'une des grandes œuvres de science-fiction de l'année 2022. Malheureusement, et malgré ses qualités, La Terra dei Figli risque de s'oublier relativement vite...

 

 

jeudi 7 avril 2022

Dream System de Steve Barnett (1991) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆

 


 

Alors là ! On ne sait par quel bout prendre ce Brain Slasher ou Mindwarp ou Dream System de peur de se tâcher. Si dans les années quatre-vingt l'industrie du cinéma italien a donné naissance à toute une série de Post-Nuke s'inspirant ouvertement de New York 1997 de John Carpenter ou du Mad Max de George Miller tout en devenant au fil du temps de véritables films cultes pour les amateurs de nanars, le long-métrage de Steve Barnett (coupable en 1995 d'un Scanner Cop 2 : Volkin's Revenge pas trop désagréable) a peu de chance de connaître le même sort. Responsable de ce constat ? Un scénario qui pioche dans les classiques du film de science-fiction post-apocalyptique, du film de cannibales et même du Total Recall réalisé par le réalisateur néerlandais Paul Verhoeven un an auparavant. De là à penser que Steve Barnett se soit volontairement inspiré de ce dernier, il n'y a qu'un pas à franchir. Quel que soit le titre que l'on choisisse de donner au film parmi les trois proposés, inutile d'espérer découvrir autre chose qu'un bousin visuellement infâme, au contexte certes intéressant mais qui au final est ruiné par une mise en scène et une direction d'acteurs désastreuse. Pire, le film étant plus récent que les quelques exemples que nous pourrions lui opposer (Les rats de Manhattan de Bruno Matteï, 2019 après la chute de New York de Sergio Martino ou Le Gladiateur du futur de Joe D'Amato), il n'a même pas l'avantage de se montrer plus moderne en matière d'effets-spéciaux, de costumes ou de décors. C'est à un drastique retour en arrière auquel nous convie le réalisateur tout en omettant de nous proposer un spectacle convenable. On pouvait cependant s'attendre à mieux. D'autant plus que parmi les interprètes l'on retrouve dans l'un des deux rôles principaux (aux côtés de l'actrice Marta Martin) l'acteur Bruce Campbell devenu mondialement célèbre depuis sa participation au Evil Dead de Sam Raimi en 1981...


De même que la présence d'Angus Scrimm (le Tall Man de la franchise de Don Coscarelli, Phantasm) aurait dû participer de l'engouement des amateurs de fantastique ou d'épouvante. Oui mais voilà : Dream System est une purge d'une laideur sans nom et d'un intérêt qui frise le néant. Typique du peu d'engouement, la scène d'ouverture qui se complaît à piller l'esprit de Total Recall sans en avoir un dixième de ses qualités visuelles ou scénaristiques. Autre fait marquant qui permet de mettre à jour l'atroce constat : alors que dans Mad Max et sa première séquelle fonçaient à vive allure, ici, l'exemple même de ce pauvre tracteur, poussif à souhait et aux commandes duquel se trouve un binôme de cannibales grimés comme le Humungus de Mad Max 2 est lui aussi typique de la mollesse des enjeux. Je vous le jure, Dream System est une souffrance de tous les instants qui renvoie toute production des années quatre-vingt dix au panthéon de la science-fiction post-apocalyptique ! Déjà laide, l'affiche du film n'est de plus, absolument pas représentative du contenu. Celles et ceux qui espéraient déjà tomber sur un long-métrage axé sur des technologies informatiques modernes risquent de tomber des nues. C'est au contraire un retour à la barbarie, sur des terres supposées radioactives (si l'on ne nous refait pas le coup du monde dévasté après une guerre nucléaire, nous avons le droit au message environnemental) auquel est ajouté le thème assez vague de la réalité virtuelle. A moins de n'avoir rien d'autre à se mettre sous la dent (et encore), fuyez, loin, très loin de cette purge ! Et si un jour quelqu'un vous l'offre en Blu-Ray, dites vous bien que la dite personne n'est peut-être pas votre ami, mais quelqu'un qui vous veut du mal...

 

dimanche 16 janvier 2022

Le camion de la mort (1982) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

Tout comme New York 1997 de John Carpenter et Alien de Ridley Scott, Mad max de l'australien George Miller fut à l'origine de nombreux plagiats. L'Italie, les États-Unis, et même la France ont prélevé leur part du gâteau sans pour autant être jamais capables d'égaler et encore moins de surpasser les deux premiers volets de cette remarquable franchise qui depuis 2015 en compte temporairement quatre (le cinquième à venir ayant été envisagé par le réalisateur sous la forme d'un préquelle). Le camion de la mort de Harley Cokeliss fait partie de cette vague de longs-métrages situant leur intrigue sur des terres devenues sauvages et hostiles à la suite d'un conflit nucléaire à l'échelle mondiale. Seule originalité de ce film dont le titre original demeure Warlords of the 21st Century (que l'on traduira chez nous sous le titre Les seigneurs de guerre du 21e siècle), ses origines : En effet, Le camion de la mort ne provient ni de l'hexagone, ni de la botte et n'a pas traversé l'Atlantique jusqu'à nous. Non, le film vient d'une île située à deux-mille kilomètres au sud-est de l'Australie, la Nouvelle-Zélande. Géographiquement donc plus proche de George Miller que de Pierre-William Glenn, auteur du nanardesque Terminus avec notre Johnny Hallyday national, son contenu est par contre relativement semblable à celui qui fut proposé dans cette production franco-allemande que le réalisateur français tourna en 1986. Autant dire que le long-métrage de Harley Cokeliss ne brille pas de mille feux et s’avérera pour certains relativement pénible à regarder...


Bien que le nom de Harley Cokeliss soit notamment apparu aux génériques des séries télévisées Xena, la guerrière en 1995 et des Nouveaux Professionnels quatre ans plus tard, ce réalisateur qui tourna en tout et pour tout une dizaine de longs-métrages signe ici un sous-Mad Max assez peu intéressant. Dans des décors pourtant aussi déserts que ceux du second volet de la franchise de George Miller, le néo-zélandais ne s'affranchit pas vraiment des codes et exploite pas mal des idées nées de l'imagination de l'australien et de son scénariste de l'époque, James McCausland. Ici, le récit oppose le héros Hunter (interprété par l'acteur Michael Beck qui fut notamment en 1979, le personnage principal du film culte de Walter Hill, Les guerriers de la nuit) à un tyran du nom de colonel Straker (James Wainwright), lequel, aux commandes d'un camion blindé, fait régner la terreur dans la région. Et notamment auprès d'une communauté dont les membres, qui plutôt que d'être revenus à l'état de bêtes sauvages et sanguinaires ont choisi de vivre paisiblement et en toute démocratie. Du moins, jusqu'à ce que le fameux Colonel Straker et sa bande de mercenaires sans pitié en viennent à prendre possession des lieux alors que ce dernier est à l'origine parti rechercher sa fille Corlie (l'actrice Annie McEnroe) qui refuse de partager les curieuses ''valeurs'' de son père...


Michael Beck endosse donc le costume de loup solitaire mâtiné de bon samaritain, toujours prêt à chevaucher son éternelle moto (qu'il ''nourrit'' à l'aide de méthane produit à base de, dit-il : ''merde de poulet''!) pour aider la veuve et l'orphelin. Et ici, en l'occurrence, la belle Corlie. Sans prendre conscience des conséquences puisque la tranquillité de la communauté va en être totalement chamboulée. Au regard de Mad Max, Le camion de la mort fait peine à voir. Mais le principal atout de ce genre de production, du moins à l'époque, c'est sa situation géographique et le retour à un mode de vie dont est bannie pratiquement toute forme de technologie. Un désert, un soleil écrasant, des collines environnantes et des routes qui ne mènent qu'à des coupe-gorges et voilà le tout emballé sous les oripeaux de la science-fiction post-apocalyptique. Le camion de la mort... c'est comment dire... comme si on avait tout piqué à un grand cinéaste. À commencer par les idées, puis le casting (qui, je dois être honnête, s'en sort honnorablement), les décors, tout cela avant de prendre en otage l'équipe technique. Au mieux, le long-métrage de Harley Cokeliss ressemble à un épisode ''augmenté'' de L'agence tous risques ou de McGyver à la sauce post-apocalyptique. Rien de bien réjouissant, mais un soir d'hiver, ça peut toujours le faire à condition que l'on ne soit pas trop exigeant...

 

jeudi 2 décembre 2021

In the Year 2889 de Larry Buchanan (1969) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

À l'origine du téléfilm américain In the Year 2889, la nouvelle La Journée d'un journaliste américain en 2889 de l'écrivain français Michel Verne, fils du célèbre Jules Verne. Un court texte que certains estiment avoir été écrit de la main du père mais qui semble bien avoir été rédigé par le fils. Bien que la dite nouvelle aborde toute une série de thématiques s'inspirant des techniques supposées en cours au vingt-neuvième siècle, le téléfilm de Larry Buchanan (auteur entre autres de quelques pellicules d'horreur et de science-fiction) s'intéresse avant toute autre chose aux conséquences d'une guerre nucléaire à l'échelle mondiale qui aurait décimé la quasi totalité de l'espèce humaine. L'intrigue se déroule principalement dans la demeure isolée de l'ancien capitaine de police John Ramsey (interprété par l'acteur Neil Fletcher) que sa fille Joanna (Charla Doherty) contraint d'accepter toutes celles et ceux qui viennent frapper à leur porte alors que les rations alimentaires sont prévues pour seulement trois personnes (la venue du fiancé de la jeune femme étant prévue pour très bientôt). L'arrivée de cinq personnes va tout remettre en question. D'autant plus que parmi les invités forcés se trouve un certain Mickey Brown (Hugh Feagin) dont les intentions ne semblent pas tout à fait honnorables et de Steve et Granger Morrow (Paul Petersen et Max W. Anderson), ce dernier étant très gravement malade à cause des radiations nucléaires. À contre-cœur, John Ramsey accepte la présence de ces étrangers et de Tim Henderson (Bill Thurman), un alcoolique, ainsi que celle de Jada (Quinn O'Hara), une danseuse de boite de nuit. Tous ensemble, ils vont tenter de survivre dans un monde devenu le terreau fertile d'étranges mutations génétiques chez les animaux. Et notamment chez un individu monstrueux qui rôde dans les parages et qui s'en prend à toutes celles et ceux qui passent à proximité...


Avec une telle ambition et un tel synopsis, on se prend à rêver d'un film de science-fiction apocalyptico-dystopique de grande ampleur. Sauf qu'en la matière, le compte n'y est pas du tout. De son statut de simple téléfilm de la fin des années soixante, l'enrobage est à l'avenant d'une mise en scène relativement déplorable. Ne comptez absolument pas sur de quelconques visions de cités dévorées par une mère Nature se réappropriant ses droits. Ici, l'intrigue se concentre sur une demeure isolée, entourée de montagnes protégeant les lieux de toute radiation ou presque. Beaucoup de dialogues pour finalement, pas grand chose. On le devine assez rapidement, les discordes entre les différents personnages iront bon train. Entre un ancien flic aux réflexes et habitudes bien ancrés, deux jolies donzelles dont l'une se disputera l'amour du grand méchant de l'histoire, un gentil jeune homme en la personne de Steve et une créature qui menace à tout moment de faire son apparition, le film n'est surtout qu'un grand déploiement de dialogues dont la seule présence de Mickey (le méchant en question) s'avère bien plus anxiogène que celle alentours du mutant sous les traits (parfaitement ridicules) duquel se cache l'acteur Byron Lord. Après une ouverture ultra classique signifiant la guerre nucléaire responsable de la disparition de la plupart des hommes et des femmes de notre planète à travers des images réelles d'archives mettant en scène la bombe atomique, le film développe une intrigue quelque peu semblable à celle du chef-d’œuvre de George Romero La nuit des morts-vivants, du moins dans les rapports tendus qu'entretiennent les différents protagonistes. Mais la comparaison s'arrête malheureusement là. Si à une décennie prêt In the Year 2889 situe son action à la fin du vingt-neuvième siècle, vue la pauvreté des environnements, le film aurait tout aussi bien pu se dérouler dans les années cinquante du siècle passé. Le pire de ce téléfilm demeure sans doute son improbable créature, plus risible qu'effrayante, se déplaçant dans une gestuelle aussi grotesque que le visage qu'elle arbore. Bref, en adaptant l’œuvre du fils de l'un des plus célèbres écrivains de science-fiction français, Larry Buchanan n'y a absolument pas fait honneur...

 

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