En 1996 sortait sur les
écrans Independence Day
de Roland Emmerich. Une œuvre de science-fiction dégoulinant d'un
patriotisme américain parfaitement insupportable ! Six mois
plus tard, le réalisateur Tim Burton voyait son Mars
Attack !
sortir à son tour dans les salles de cinéma. Une œuvre considérée
alors comme la réponse au film de Roland Emmerich alors même que le
tournage débutait avant même que son concurrent direct n'ait vu le
jour dans les salles obscures. De l'un comme de l'autre, je n'ai
conservé qu'un piètre souvenir. Le premier forçant un peu trop le
caractère héroïque de son chef d'état tandis que l'humour du
second m'avait laissé totalement froid. Alors que le 5 novembre
prochain est prévue la sortie du nouveau volet de la franchise
Predator
(dont la créature arborera semble-t-il désormais un visage quelque
peu ''humanisé'' totalement grotesque), abordons plutôt Explorer
from Another World
de Woody Edwards. Un artiste complet qui s'est lui-même chargé de
l'écriture, de la réalisation, de la bande musicale et qui en outre
s'est offert l'un des rôles à l'écran. Il s'agit là d'un
moyen-métrage n'excédant pas les quarante-cinq minutes. Un format,
au fond, idéal, qui va droit au but et laisse de côté tout le
superflu d'un sujet tel que celui d'une invasion extraterrestre. Un
sujet, il est vrai, maintes fois traité à l'image mais qui dans le
cas de Explorer from Another World
a pour principal intérêt son aspect visuel. Car plutôt que de
concevoir une œuvre projetant ses personnages dans un futur plus ou
moins proche et dotés d'outils technologiques actuels, Woody Edwards
préfère se tourner vers un passé plus ou moins lointain. À une
époque où naïvement, le cinéma de science-fiction
outre-atlantique supposait l'existence d'une race d'aliens provenant
de la planète Rouge. Mars, laquelle avait fait l'objet en 1986 d'un
sympathique Invaders from Mars,
réalisé par l'auteur du cultissime Massacre à
la tronçonneuse
Tobe Hooper, lequel plongeait son intrigue dans une époque qui
rappelait sans cesse la filiation du long-métrage avec celui de
William Cameron Menzies, Les Envahisseurs de la
planète rouge
sorti quant à lui en 1953 et dont le film de Hooper fut le remake.
Ce dernier rendant ainsi hommage à cette flopée de films de
science-fiction paranoïaque qui fit florès dans les années 50 et
60 !
Une
œuvre pourtant en demi-teinte dont les qualités pourtant
intrinsèquement liées à son style visuel ne firent pas que des
adeptes. Parions qu'en ce qui concerne Explorer
from Another World,
la donne sera différente. Car si ce récit des habitants d'une
petite localité américaine confronté à un envahisseur d'une autre
galaxie particulièrement belliqueux ne développe qu'un script
réduit à sa plus simple expression, la méticulosité du travail
accompli par son auteur force le respect. Car bien que l'image brille
de couleurs un peu trop chamarrées pour véritablement donner la
sensation que le film pourrait être une œuvre retrouvée parmi les
archives concentrant des bobines datant des années 50 ou 60, Woody
Edwards a pris conscience de l'importance de rappeler aux spectateurs
tout ce qui se rattache à l'époque où s'inscrit le récit. De la
simple paire de lunettes, en passant par les décorations intérieures
et jusqu'aux fameux pistolet-laser et soucoupe volante dont tout
extraterrestre digne de ce nom se doit d'être accompagné, Explorer
from Another World
parvient généralement à faire illusion. Jusqu'à la partition
musicale typique de ces années là. Tout au plus regretterons-nous
quelques fautes de goût. Comme ces perruques qui semblent avoir été
fabriquées en Chine avant d'être exportées sur le territoire
américain par des sites tels que Wish,
Alibaba
ou Temu !
En dehors de ces quelques digressions esthétiques, Explorer
from Another World
est un régal pour les yeux des spectateurs ivres de nostalgie.
Certains apprécieront d'ailleurs sans doute les quelques escapades
dans le domaine de l'horreur à travers ses excès gore. Renvoyant ce
moyen-métrage au temps de la glorieuse époque où Bad
Taste
de Peter Jackson et Street Trash
de Jim Muro virent le jour. Pour un coup d'essai, Woody Edwards
réussi le pari d'allier science-fiction vintage (et non pas
rétro-futuriste en ce sens où le film ne relie jamais l'esthétique
des années 50-60 à notre époque), flots d'hémoglobine (dont
certains semblent avoir été inspirés par les épanchements
sanguins provenant d'Asie) et humour. Bref, si vous aimez la
science-fiction, l'horreur, la comédie et que vous vous impatientez
en attendant la sortie en fin d'année du prochain Predator,
jetez
donc un œil à ce moyen-métrage très sympathique....