vendredi 21 mai 2021

Stowaway de Joe Penna (2021) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

On pourrait reprocher au second long-métrage du réalisateur brésilien Joe Penna d'être trop long, de reposer sur un scénario relativement basique et d'être parfois ennuyeux. Mais alors, ce que l'on critique au sujet de Stowaway (diffusé chez nous sur la plateforme Netflix sous le titre Le passager n°4) vaudrait pour un certain nombre d’œuvres de science-fiction reposant elles aussi sur un matériau de base plus ou moins fragile. De ces voyages astraux qui en matière d'équipages se révèlent même parfois encore plus étriqués. Un astronaute seulement, et l'occasion, souvent, d'un voyage intérieur et spirituel pas toujours divertissant. Un aspect que l'on ne pourra pas reprocher à Stowaway, quels que soient ses défauts ou ses qualités. D'abord, inutile d'y voir une version allégée de Alien, le huitième passager de Ridley Scott puisque l’intrados de Stowaway, lui, est bien humain. Un membre d'une équipe d'ingénieurs travaillant au sol qui s'est malencontreusement retrouvé coincé à bord d'un vaisseau spatial à destination de Mars au moment du décollage. Problème : Si l'installation est à l'origine prévue pour deux mais réaménagée pour pouvoir accueillir un troisième membre d'équipage, la présence d'un quatrième individu en la personne de Michael Adams (l'acteur Shamier Anderson) va compliquer les choses. En effet, sa seule présence risque de compromettre la mission en raison d'un problème concernant le volume d'oxygène prévu dès le départ. Un soucis renforcé par la destruction d'un élément essentiel à la survie de l'équipage. La commandante Marina Barnett (Toni Colette), le docteur Zoe Levenson (Anna Kendrick) et le scientifique David Kim (Daniel Dae Kim) vont devoir prendre une grave décision s'ils ne veulent pas tous mourir d'asphyxie bien avant d'avoir atteint leur objectif...


Voilà pour le synopsis. Concernant le déroulement de l'intrigue, Joe Penna cherche visiblement à ce que Stowaway soit imprégné d'un certain réalisme. Surtout dans un premier temps. Moins désespérant que ces caméras qui pour simuler vibrations et tremblements sont habituellement secouées avec énergie par ceux qui les manipulent, les interprètes (et donc leur personnage respectifs) subissent réellement des secousses relativement importantes. Autre détail d'importance, l'environnement. Mélange assez crédible de coursives, de salles d'observation, de pièces dédiées aux recherches, tout ou partie étant encombré d'une somme de matériel essentiel à la survie et au voyage vers la planète rouge. Une immersion réussie donc, dans un cadre lumineux et finalement peu étouffant. Si le long-métrage de Joe Penna prend effectivement son temps pour dérouler le fil de son intrigue, il n'en demeure pas moins intéressant puisqu'il évoque plusieurs idées, certaines pouvant être conscientes ou non de la part du réalisateur. Une certitude : La tentative de réhabilitation morale de l'un des membres féminins qui par sa seule volonté et sa seule force, conduit à une tentative désespérée de sauver la vie de celui que les autres ont déjà condamné. Ce qui mène à une certaine réflexion quant au comportement relativement peu noble de David Kim, lequel ne prend alors pas de gants pour avertir le quatrième passager qu'il devra se sacrifier pour que les trois autres survivent jusqu'à leur atterrissage à la surface de Mars. Est-il dénué de compassion ou bien cherche-t-il à précéder les scrupules qu'il pourrait ressentir plus tard s'il laissait s'installer entre Michael et lui une certaine forme d'amitié ?


Pour le reste, Stowaway ménage quelques sympathiques séquences de tension, laquelle se voudrait sans doute extrême mais qui se trouve désamorcée par certaines invraisemblances. On ne reviendra pas sur la présence de Michael dont la survie à la suite du décollage de la fusée est à elle seule peu crédible. Mais ce qui sans doute gâche davantage le tableau se situe au niveau de la sortie dans l'espace effectuée d'abord par David et Zoe, puis seule par cette dernière. Entre absence/présence de gravité, descente en rappel sans harnachement de sécurité, on se demande qu'elle est la part de réalisme et qu'elle autre est fantaisiste. Certains détails qui paraissent si grotesques que l'on oublie d'avoir peur pour ces deux là. Le film offre parfois quelques micro-instants qui font regretter certaines facilités. Et ce lorsque notamment, alors que Zoe subit les effets d'une éruption solaire, la commandante Marina la regarde par un hublot. Une séquence vraiment touchante comme peuvent l'être une ou deux autres. Bref, Stowaway est une œuvre de science-fiction sympathique, relativement commune, pas inoubliable mais très loin d'être catastrophique...

 

mardi 4 mai 2021

Chaos Walking de Doug Liman (2021) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Chaos Walking, dernière lubie du réalisateur Doug Liman... Alors, western post-apocalyptique ? Non. Invasion de la Terre par une espèce d'extraterrestres belliqueux ? Non plus. En fait, retour à la vie d'antan pour quelques dizaines, voire centaines d'humains, des hommes pour la plupart, sur une autre planète que la notre. Une planète que l'homme a colonisé il y a quelques temps déjà et habitée par une espèce indigène qui s'est rendue responsable de la disparition de toutes les femelles du genre humain. Généreux dans la multiplicité des interactions entre les divers sujets qu'aborde le long-métrage tout en étant relativement radin lorsqu'il s'agit d'expliquer certains détails qui ont pourtant leur importance, on ne sait plus vraiment si le scénario de Chaos Walking se veut limpide ou s'il cherche à se faire passer pour plus élaboré qu'il ne l'est en réalité. Pour autant, le film de Doug Liman est-il l'infâme navet que certains prétendent ? Non, définitivement non. Et ce, même s'il arbore à son tour les allures de dizaines d'autres longs-métrages qui à force de tous se ressembler on finit par former une nouvelle ère dans le grand œuvre qu'est le cinéma de science-fiction. La dystopie post-pubère où les adolescents, voire les très jeunes adultes tiennent les rennes. Chaos Walking ne faisant pas exception à la règle, Tom Holland/Todd et Daisy Ridley/Viola, âgés respectivement (à l'époque) de vingt et un et vingt-cinq ans sont donc les vedettes/héros de ce récit post-adolescent qui convie tout de même quelques grandes pointures parmi lesquelles on retrouve le danois Mads Mikkelsen dans le rôle du grand méchant, le maire Prentiss...


À la décharge du long-métrage de Doug Liman dont le développement aura mis plusieurs années avant d'aboutir à une diffusion, un concept plutôt sympathique même si dans les premiers instants, la notion de pensées se traduisant à l'image par une sorte de brume et de sons projetés hors du crâne pourra paraître absolument grotesque. Une idée un peu folle mais néanmoins originale qui trouve son intérêt à plus d'un titre. D'abord parce que le phénomène procure un moyen de défense et de combat inédit. Ensuite parce qu'une fois intégré, le concept s'avère relativement amusant. Surtout lorsque Todd, ce jeune adulte qui jusqu'à aujourd'hui n'a jamais vu une seule femme de sa vie est mis devant le fait accompli : la présence à ses côtés de Viola l'empêche de contenir ses émotions et c'est régulièrement que l'on s'amuse de le voir se dépêtrer et s'excuser des pensées qui lui échappent et auxquelles la jeune femme a donc accès. On a presque l'impression d'un tout jeune adolescent qui découvre pour la première fois l'amour auprès d'une femme évidemment beaucoup plus mature que lui puisque provenant d'une source (un vaisseau issu de notre bonne vieille planète la Terre) plus fiable en terme de technologie. Et même de culture puisque sur la planète sur laquelle se situe l'action, l'homme est revenu au temps où cultiver la terre, chasser, pécher semblaient les seuls moyens de survivre. Pas de véhicules à moteur, juste des chevaux. Mais tout de même, quelques armes dont la technologie n'est fort heureusement pas encore à notre portée...


Bien campés mais malheureusement mal caractérisés, nos deux jeunes héros battent la campagne, poursuivis par un maire et des villageois dont nous n'aimerions pas croiser la route. Le film bénéficie d'effets-spéciaux peu glorieux, la brume devenant rapidement une habitude, les créatures indigènes une denrée rare, et les vaisseaux étant retranchés dans la dernière demi-heure. Mais malgré ses quelques originalités dont certaines feront sourire, Chaos Walking ne s'éloigne pas tant des sagas nées sur les cendres de la franchise Hunger Games qui demeure encore à ce jour, le haut du panier en terme de dystopie pour adolescents et jeunes adultes. La campagne de dénigrement dont à fait les frais auprès du public et de la presse spécialisée américaine le long-métrage de Doug Liman ne semble pas vraiment justifiée. Le retard et les complications dues à des projections test négatives pourraient justifier le mécontentement des producteurs, des interprètes ou même du réalisateur ou du scénariste eux-mêmes, mais le public... A moins que cette adaptation du premier volet de la trilogie de romans Le Chaos en marche de l'écrivain anglo-américain Patrick Ness ai déçu les fans de l'auteur, mais encore faut-il avoir lu l'ouvrage... Le plus simple serait effectivement de parcourir le récit sans trop se poser de questions d'autant plus que Chaos Walking s'avère agréable à regarder et plutôt divertissant. Bien entendu, le film s'oubliera très rapidement et seule la séquelle (prévue) en ravivera sans doute le souvenir lors de sa sortie. Maintenant, à chacun de se forger sa propre opinion...

 

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