jeudi 18 avril 2019

Ederlezi Ebredése de Lazar Bodroza (2019) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Curieux film de science-fiction que ce Ederlezi Ebredése d'origine serbe traduit en anglais sous le titre A.I Rising, demeuré tel quel dans nos contrées (et d'ailleurs, tant mieux!). Tant pis, par contre, qu'il nous ai été donnée l'occasion de pouvoir le découvrir dans notre langue car alors qu'un désagréable sentiment émanait déjà du personnage principal interprété par l'acteur slovène Sebastian Cavazza, l'individu chargé de doubler l'acteur n'a rien fait pour le rendre attachant. A croire que le cinéaste Lazar Bodroza dont il s'agit jusqu'à maintenant du seul long-métrage, a volontairement fait de Milutin (le héros, donc), un être incroyablement antipathique. Dont la liste des tares est si longue qu'on n'aimerait sans doute pas partager le voyage qu'il s'apprête à faire vers le système Alpha Centauri. Voyez : le bonhomme, pourtant armé de toutes les compétences requises afin d'assurer la mission qui lui a été confiée par la Ederlezi Corportation, semble être assez peu recommandable. Drôle d 'idée que de confier à un individu de si petite morale une mission que l'on devine alors extrêmement coûteuse.

Misogyne, agressif, intellectuellement perturbé, ne souffrant pas de la moindre présence féminine, Milutin se voit pourtant accompagné de Nimani, une androïde conçue pour répondre au moindre de ses désirs à quelques exceptions près. Car en effet, entrent en jeu les trois lois de la robotiques, dites lois d'Asimov du nom de leur créateur, l'écrivain américano-russe Isaac Asimov. La première veut qu'un robot ne puisse porter atteinte à un être humain et doit le défendre en cas de danger. La seconde exige que ce même robot obéisse aux ordres qui lui sont dictés par l'être humain en question. Des ordres qui ne doivent cependant pas entrer en opposition avec la première loi. Quant à la troisième et dernière d'entre elles, le robot doit protéger sa propre existence à condition qu'elle n'entre pas en conflit avec les deux premières lois...

C'est sur cette base que repose donc le scénario de Ederlezi Ebredése. Un récit que l'on aurait pu supposer donner lieu à un long-métrage de science-fiction aussi passionnant que l'excellent Ex-Machina d'Alex Garland (auquel le film de Lazar Bodroza semble très ouvertement se référer) mais qui au final contient autant de défauts que de qualités. A la charge de Ederlezi Ebredése, une somme de séquences montrant un héros tout sauf empathique. Violeur à ses heures, totalement obnubilé par le sexe, agressif et misogyne (comme décrit plus haut), déséquilibré, et pas franchement agréable à regarder. Ederlezi Ebredése est lent, d'une prétention sans nom (le film se voudrait sans doute une mise à jour de Ex-Machina ou du Blade Runner de Ridley Scott), un film de science-fiction pseudo-intellectuel vérolé par la présence à l'écran d'un Sebastian Cavazza tout à fait antipathique. A ses côtés, l'actrice pornographique américaine Stoya, que l'on ne s'étonnera donc pas de voir à poil dans la majeure partie des scènes où elle figure. Baisée dans tous les sens par un Milutin accro au sexe, Nimani se révolte enfin, provoquant l'arrêt par son compagnon d'un programme permettant à l'androïde féminin de s'accoutumer en fonction des expériences que lui soumet son compagnon de chair et de sang (de sperme et de sueur aurions-nous plutôt tendance à penser). En supprimant ce logiciel, Milutin permet à Nimani de s'humaniser. Pourtant, plutôt que de lui être reconnaissante, l'androïde se fâche et refuse alors tout contact physique avec Milutin...

A ce scénario dont on ne peut nier l'originalité, Lazar Bodroza inflige un traitement soporifique pourtant magnifié par une utilisation des éclairages particulièrement bien pensée. Cependant, apparemment persuadé d'avoir mis la main sur un style visuel remarquable, le cinéaste serbe en use de manière parfois abusive. Pourtant, en y réfléchissant bien, c'est grâce à ces séquences visuellement superbes que le film tient encore sur sa charpente. Car le récit tournant autour des deux personnages devient vite assez ennuyeux. A la décharge de Ederlezi Ebredése, nous retiendrons également l'excellente partition musicale de Nemanja Mosurovic, entre envolées lyriques et synthés analogiques angoissants. Un film qui manque quelque peu le coche et qui mériterait pour le coup un remake réalisé par un spécialiste du genre...

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