mercredi 8 mai 2024

Arcadian de Benjamin Brewer (2024) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Capable du meilleur comme du pire, d'apparaître dans un authentique chef-d’œuvre comme de se fourvoyer dans le pire des nanars, l'acteur américain Nicolas Cage nous revient cette année en petite forme avec Arcadian du réalisateur Benjamin Brewer. Troisième long-métrage après le drame Beneath Contempt en 2011 et le film d'action The Trust en 2016 dans lequel il débaucha déjà la star américaine en lui offrant l'un des deux rôles principaux aux côtés d'Elijah Wood, Benjamin Brewer signe avec Arcadian une œuvre de science-fiction post-apocalyptique comme il en existe malheureusement déjà des dizaines. Autant dire que dans ce monde peuplé de créatures cauchemardesques qui sortent principalement lorsque le soleil se couche, rien ou très peu de choses ne va venir perturber le train-train quotidien de l'amateur qui chaque mois se nourrit de ce genre de productions par poignées de dix ! Nicolas Cage incarne le rôle de Paul, père de deux adolescents âgés de quinze ans tout juste nés à l'époque où un cataclysme eut lieu sur notre planète. Mix entre le film de monstres façon loups-garous nanardesques, science-fiction à la Je suis une légende du pauvre et campagnard, le titre Arcadian est étymologiquement incompatible avec l'univers décrit dans cette œuvre s'inscrivant dans un contexte d'écriture flemmarde assez remarquable. À commencer par la caractérisation de ses principaux protagonistes. Pourtant en nombre peu important, les personnages ne bénéficient pas d'un soin tout particulier quant à l'élaboration de leur personnalité. L'on a d'un côté l'adolescent un brin rebelle (Maxwell Jenkins dans le rôle de Joseph), amoureux de la charmante Charlotte (l'actrice Sadie Soverall) qui vit dans une ferme près de là où il vit lui-même aux côtés de son père et de son frère Thomas (Jaeden Martell), petit bricoleur de génie dont le comportement est à l'opposée de Joseph. Le concept de Arcadia est simple : dans un monde infesté de créatures monstrueuses, un père et ses deux fils tentent de survivre, tout comme les habitants des fermes implantées aux alentours. Dans ce récit qui compte moins d'une dizaine de personnages, Benjamin Brewer tente avec entre les mains le scénario écrit par Mike Nilon d'apporter une vision nouvelle du genre post-apocalyptique en se penchant sur la personnalité de ces deux adolescents qui comme souvent sur grand écran n'ont pas ou peu de rapports entre eux avant que l'adversité ne les contraigne à se rapprocher. D'autant plus que le père incarné par Nicolas Cage apparaît plus comme un faire-valoir que comme le personnage central d'un drame familial sur fond de dystopie...


En effet, si la star américaine apparaît régulièrement durant la première partie, elle disparaît peu à peu, se fait de plus en plus discrète dès lors que Benjamin Brewer décide de mettre en avant les deux fils du héros ainsi que la jeune Charlotte. Bancal et franchement dénué de tout intérêt, le concept d'Arcadian aurait pu être fort si seulement le réalisateur s'était donné la peine de créer des personnages attachants. Mais en les survolant et en les mettant en scène dans des situations rocambolesques à la limite du ridicule, c'est avec une certaine gêne que l'on suit les aventures relativement périlleuses de ces gamins confrontés à ceux qui semblaient avoir été des hommes et des femmes par le passé et qui désormais apparaissent à l'écran sous la forme de créatures hybrides semblant avoir des origines ''lycanthropesques'' ! Frère du réalisateur, Alex Brewer est à la tête de l'équipe chargée de produire à l'image les fameux créatures. Le résultat est sans appel : Les victimes de cette étrange maladie qu'est la lycanthropie dans Le Loup-garou de Paris ont trouvé un véritable rival en matière d'effets-spéciaux numériques visuellement immondes. Leur design qui au départ est déjà en lui-même assez risible est accentué par des images de synthèse absolument infâmes qui ne cachent par leurs origines. Je pense au critique originaire du sud-ouest du Gers Pierre Challon qui il y a deux mois écrivait une critique particulièrement élogieuse du long-métrage de Benjamin Brewer, allant ainsi à contre-courant du spectacle qui en réalité nous est présenté à travers la mise en scène, l'écriture ou bien même l'interprétation, laquelle fait partie des rares meubles à sauver... à croire que l'on n'a pas du tout vu le même film ! Non, vraiment, Arcadian ne possède aucun des atours qui auraient permis de le distinguer de la concurrence. Et surtout pas sa photographie ou le cadrage (à l'épaule) qui tangue de manière presque maladive ! Le film est à l'image d'un Nicolas Cage effacé : sans réelle ambition. Bref, pour sa première apparition sur les écrans en 2024, et comme je l'écrivais au départ de cette critique, l'acteur nous revient en petite forme. Pas un désastre mais pas l'un de ces grands films de science-fiction dont on se souvient très longtemps après sa sortie....

 

lundi 6 mai 2024

The Belgian Wave de Jérôme Vandewattyne (2023) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Durant trois années, entre 1989 et 1991, la Belgique fut au centre d'un certain nombre d'observations d'ovnis. Des milliers de témoins affirmèrent avoir vu au dessus de leur tête des engins de forme généralement triangulaire ayant la particularité de ne produire aucun son. Sur la base d'archives télévisuelles, le réalisateur belge Jérôme Vandewattyne et les scénaristes Jérôme Di Egidio et Kamal Messaoudi remontent le fil des événements avant d'y intégrer un journaliste et un cameraman imaginaires qui auraient disparu après avoir enquêté sur ce que l'on nommera alors, la Vague Belge... Deux ans auparavant, en France, fut diffusée l'excellente série OVNI(s) consacrée au Groupe d'études des phénomènes aérospatiaux non identifiés plus connu sous le nom de Gepan. Une mise en forme humoristique qui trouve avec The Belgian Wave une alternative totalement barrée. Les passionnés de soucoupes volantes, de vaisseaux spatiaux et d'extraterrestres risquent cependant d'être incommodés par cette approche qui loin de faire la part des choses entre réel et fiction préfère prendre des chemins de travers sous acide ! En 2017, Jérôme Vandewattyne réalisait le mockumentaire Spit'n'Split. Un canular tournant autour d'un groupe de rock fictif. Sans inventer la totalité des faits qui sont retranscrits dans son second long-métrage, le belge signe avec The Belgian Wave une œuvre dont on peut se demander dans quelles proportions ses auteurs ne se seraient surtout pas entendu pour donner une image assez peu élogieuse du phénomène d'ovnis. Car outre les quelques documents d'époque que l'on a l'occasion d'y découvrir, le long-métrage met en scène des personnages imaginaires tellement excentriques que leur seule parole tenterait à décrédibiliser le phénomène. Des individus face auxquels les deux protagonistes du récit ne dépareilleraient d'ailleurs pas fondamentalement puisque dans le choix de mettre en scène l'actrice de petite taille Karen De Paduwa ou l'acteur Karim Barras dans celui d'Elzo Vaerenbergh, consommateur effréné de LSD, Jérôme Vandewattyne crée un univers richement coloré et délirant, sorte de La Vegas Parano pour amateurs de petits hommes gris !


The Belgian Wave est excessif à tous points de vue. Ne se contraignant à aucunes limites, le cinéaste dépasse le cadre simple de l'enquête journalistique visant à retrouver la trace d'un certain Marc Varenberg et de son cameraman pour s'enfoncer dans les méandres d'un psychisme éclaté. Celui d'Elzo Vaerenbergh qui, n'en déplaise aux ufologues, prend tellement de place au sein du récit que le sujet de fond est parfois remisé en arrière-plan. C'est tout l'humour belge que l'on retrouve ici. Un peu noir mais surtout, véritablement absurde. Une œuvre qui parfois peu assommer les spectateurs à force de vouloir trop en faire en matière de délire visuel. La photographie est intéressante bien qu'exagérément colorée. Les teintes pètent littéralement de partout tandis que l'on partage à maintes occasions les phases de défonce de l'enquêteur. La présence de Karen De Paduwa, sorte de Mimie Mathy du plat pays temporise le tout même si sa présence semble à elle seule être un pied de nez au sérieux que voudrait entourer la thématique. The Belgian Wave ne fera certainement pas d'ombre au cinéma outre-atlantique et il semble d'ailleurs évident que ça n'est absolument pas ce que recherche Jérôme Vandewattyne. En forme de long épisode de X-Files sous acide où Dana Scully aurait été atteinte dès sa naissance de nanisme diastrophique et où Fox Mulder aurait troqué ses graines de tournesol contre des micro-doses de LSD, on ne sort par de l'expérience tout à fait indemne. Et pas forcément pour les bonnes raisons. Au final, est-ce le but recherché par Jérôme Vandewattyne, mais les véritables extraterrestres semblent bien provenir de notre propre planète. Le réalisateur belge profite d'un authentique fait-divers pour dézinguer ses témoins en les faisant passer pour des illuminés. Les intégristes diront sans doute que le bonhomme exagère, qu'il manque de sérieux ou de respect vis à vis des témoins qu'il caricature. Mais voyons plutôt The Belgian Wave comme une comédie potache, très conne sur les bords, mais pas inintéressante non plus...

 

samedi 4 mai 2024

2029 de Jérôme Jacob (2024) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Le dernier long-métrage du réalisateur français Jérôme Jacob est-il visionnaire ? En un sens, oui puisque son auteur en conçu le projet avant même l'apparition du corona-virus en 2019. Sauf qu'ici, le pangolin n'en est pas à l'origine. Dans le cas de son très post-apocalyptique 2029, le réalisateur et scénariste envisage la disparition de quatre-vingt dix pourcent de la population mondiale à travers un virus qui aurait été directement inoculé par une civilisation extraterrestre... Ensuite, reste à celles et ceux qui n'en furent pas atteints la survie en terre hostile. Le dernier film de Jérôme Jacob doit moins s'envisager comme un blockbuster financé à coups de dizaines ou de centaines de millions d'euros qu'une œuvre appliquant quarante ans plus tard, les méthodes du cinéma transalpin qui à l'époque des Rats de Manhattan de Bruno Mattei ou de 2019, après la chute de New York de Sergio Martino exploitait le cinéma de science-fiction, d'anticipation et post-apocalyptique de manière très artisanale. En ce sens, 2029 remplit parfaitement son contrat. De l'écriture, en passant par la réalisation et jusqu'à l'interprétation, Jérôme Jacob est un passionné de cinéma qui s'implique donc totalement dans son projet. La plupart des interprètes n'en sont pas à leurs débuts même si leur filmographie reste encore très succincte. Beaucoup de cinéastes dits ''amateurs'' tentent de percer dans la profession mais se cassent très souvent les dents. Mise en scène et interprétation demeurant ainsi les premiers éléments de jugement qui les condamnent malheureusement à l'oubli. Avec 2029, c'est tout le contraire. On croit pouvoir distinguer l'ordre dans lequel les différentes séquences furent tournées car après une ouverture que d'aucun pourrait juger d'amateur, le film, pour le confort visuel du spectateur ne fera que gagner en qualité. Filmé caméra à l'épaule, le long-métrage de Jérôme Jacob tremble parfois beaucoup. Surtout dans sa première partie.


Mais comme le vaccin tant recherché par les différents protagonistes du récit, l'outil du réalisateur semble peu à peu avoir été guéri de sa tendance ''Parkinsonnienne'', se stabiliser et réduire davantage la distance qui sépare l'amateurisme du professionnalisme. Le spectateur pourra vérifier ce qui justement caractérise cette œuvre qui ne cesse de gagner en intérêt, en intensité mais aussi et surtout, en qualités techniques. Passant même de la caméra portée à l'épaule à quelques très jolis plans de drones. Une vingtaine d'interprètes et plus encore de figurants et de silhouettes constituent le casting de ce film dont le scénario fait dans la ''démesure'' puisqu'il ne s'attache pas uniquement à suivre les traces d'un duo fuyant des mercenaires à la solde d'un certain Tex (l'acteur Steve Hevessy) mais suit également celles d'un second ''couple'' formé autour de Jeff (Jonathan Riggio) et Angie (superbe Aria Nurdin) que Tex contraint à mettre la main sur un antidote ! Ils ont ensemble cinq jours devant eux pour le retrouver. Afin de leur interdire toute idée de prendre la poudre d'escampette, le chef des mercenaires injectera notamment dans l'organisme d'Angie un venin dont le contrepoison devra lui être injecté au plus tard dans les cinq jours à venir... Le tournage de 2029 s'est étalé sur un peu plus d'une année dans la région de Bouzonville située dans le département de la Moselle. Si une grande partie des séquences furent tournée dans le bois d’Ébersviller de la ville portant le même nom à une quinzaine de kilomètres de Bouzonville, les spectateurs qui ne connaissent pas la région découvriront en outre le stupéfiant Fort aux fresques d'Hestroff, petite ville de quatre-cent cinquante habitants où est actuellement domicilié Jérôme Jacob, ou encore les tout aussi spectaculaires casernes de Bockange depuis désaffectées et situées quant à elle à Piblange. Désormais disponible sur Amazon Prime, les amateur de science-fiction post-apocalyptique peuvent donc se ruer sur 2029 les yeux fermés.

 

jeudi 2 mai 2024

Dead End Drive-In (Le drive-in de l'enfer) de Brian Trenchard-Smith (1986) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

1979, une légende du cinéma de science-fiction post-apocalyptique voir le jour. Le policier Max Rockatansky interprété par l'acteur Mel Gibson. À l'issue d'un premier long-métrage particulièrement violent, le héros perdra femme et enfant. Deux ans plus tard, le réalisateur George Miller enfoncera le clou en mettant en scène Mad Max 2 : Le Défi. Une suite encore plus barbare où l'Homme avec un grand H sera définitivement rendu à l'état de sauvagerie. Film culte d'une violence inouïe, on n'a jamais réussi à faire mieux dans le genre malgré d'innombrables plagiats dont un certain nombre de mockbusters originaires d'Italie... Réalisé en 1986 par l'australo-américain Brian Trenchard-Smith, Dead End Drive-In ou Le drive-in de l'enfer partage avec la franchise de George Miller qui depuis son second volet s'est enrichi de deux autres longs-métrages, ses origines australiennes. Dans un cas comme dans l'autre, il s'agit de science-fiction dystopique et post-apocalyptique. La plupart des figurants du récit sont également dotés d'attributs qui leur offre l'apparence de punks dégénérés. Sorte de mix entre les antagonistes de Mad Max 2 et de ceux de Class of Nuke 'Em High de Richard W. Haynes, Lloyd Kaufman et Michael Herz qui sortira justement la même année mais cette fois-ci sur le territoire américain. Étrangement, Dead End Drive-In bénéficie d'une aura toute particulière qui s'explique au fond assez difficilement. Car comment considérer à un tel niveau d'éloges une œuvre dont le scénario se résume à très peu de choses, où la mise en scène laisse libre cours à une succession de séquences relativement mal branlées et où le héros ne possède pas le moindre charisme ? Car c'est bien là l'un des principaux défauts du long-métrage de Brian Trenchard-Smith. Bien que Jimmy 'Crabs' Rossini parvienne à se défendre devant l'adversité, l'acteur Ned Manning qui l'interprète s'avère assez peu convainquant dans le rôle de cet homme coincé dans un ancien Drive-in transformé en une sorte de camp de redressement d'où s'échapper semble impossible. Le site est en effet entouré d'un mur de béton apparemment infranchissable qui fait pourtant peine à voir si on le compare à l'enceinte du New York 1997 que réalisa John Carpenter cinq ans auparavant.


Dead End Drive-In passe de l'univers nocturne du classique de l'auteur de Halloween à un monde visuellement plus ouvert et lumineux bien que concentré en une surface plutôt réduite. L'on aurait aimé que Dead End Drive-In soit dominé par la beauté de l'actrice Natalie McCurry qui interprète le rôle de Carmen, fiancée du héros mais à laquelle le réalisateur et son scénariste Peter Smalley attachent finalement peu d'importance. Dans un monde assez plat, sans reliefs visuels ou d'un ordre strictement lié à la caractérisation des différents personnages, Crabs tente par tous les moyens de sortir de ce camp de concentration pour jeunes délinquants dirigé par un certain Thompson (Peter Whitford). Après une première partie scénaristiquement bordélique, le récit s'installe au sein de ce ''cirque'' dans lequel le spectateur était en droit de s'attendre à des dangers d'une plus grande ampleur. Car en dehors de l'affrontement entre Crabs et l'un des membres d'un groupe de jeunes, la seule conséquences de ses actes mettant en jeu sa propre existence se situera lors de l'acte final. La faiblesse du concept crève l'écran. Ici, le héros ne rallie pas ses compagnons d'infortune à sa cause. Ceux-ci auraient même tendance à vouloir rester vivre dans cet ancien drive-in. L'on notera en outre l'étonnante attitude de sa fiancée Carmen qui après avoir succinctement côtoyé quelques représentantes féminines du camp semble déjà avoir envie elle-même d'y rester ! Après, Dead End Drive-In demeure tout de même très représentatif d'une époque, celle des années quatre-vingt, avec sa bande musicale tonitruante ou ses voyous aux atours et aux maquillages bariolés. Sur un fond ouvertement politisé, le film de Brian Trenchard-Smith souffre malheureusement de trop grandes lacunes. Le personnage principal est inintéressant au possible. Tout comme l'intégralité des prota-antagonistes qui végètent littéralement autour de lui. À titre de comparaison, justement, on préférera redécouvrir les étudiants décérébrés de l'un des classiques de la Troma, Class of Nuke 'Em High, lequel assumait une totale liberté de ton quitte à passer pour une bande totalement dégénérée. Dead End Drive-In demeurera sans doute comme une curiosité, exemple pas si commun de science-fiction post-apocalyptique originaire d'Australie, mais auquel j'eus personnellement bien du mal à adhérer...

 

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