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mercredi 27 décembre 2023

Mira de Dmitriy Kiselev (2022) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

La science-fiction russe est en général d'une rigueur scientifique qui peut laisser de marbre une partie du public. Le dernier long-métrage de Dmitriy Kiselev intitulé Mira adopte au contraire une approche beaucoup plus ludique et légère en transposant sa thématique au sein d'un film catastrophe des plus mouvementé. Deux genres qui n'en sont pas à leur première communion et qui trouvent ici un terrain de jeu prompt à multiplier les séquences de bravoure. Entre une adolescentes marquée physiquement et intellectuellement depuis longtemps par un accident qui la brûla sur une bonne partie de son corps et son père, un cosmonaute qu'elle n'a pas revu depuis ces six dernières années qu'il a passé en orbite autour de notre planète. S'ouvrant quasiment sur une séquence relativement pénible lors de laquelle nous découvrons la jeune Lera (l'actrice Veronika Ustimova) participant à une course sur une piste d'athlétisme, Mira débute effectivement assez mal. Une bande-son moisie qui ne colle absolument pas à cet univers où la technologie va avoir une place cruciale nous défonce les tympans. Cet expédient mimant ces universités américaines à grand renfort de musique fast-food, de joueurs de football américain et de majorettes donne envie de mettre immédiatement un terme à cette aventure. Fort heureusement, cette approche de très mauvais goût va très rapidement laisser place à des enjeux nettement moins bêtifiants même si là encore, le public sera en proie à certains mauvais démons qui nourrissent depuis des décennies nombres de longs-métrages. Couple séparé. Difficulté des rapports entre l'adolescente et son nouveau beau-père (l'acteur Maksim Lagashkin dans le rôle pas très mature de Boris). Absence du père. Gestion peu aisée du demi-frère. Le film de Dmitriy Kiselev, comme la plupart de ceux qui abordent ce type de problèmes familiaux recommandera à la jeune héroïne une maturité exceptionnelle pour se sortir des différentes situations dans lesquelles elle sera directement impliquée.


L'un des très bonnes idées de Mira est l'usage de nouvelles technologies qui permettront à son père Arabov (Anatoliy Belyy) d'aider sa fille à des centaines de kilomètres au dessus de sa tête. ''Accompagné'' par un ordinateur de bord doté d'une voix féminine, le cosmonaute va en effet employer une toute nouvelle technologie permettant de prendre le contrôle de tout appareil électronique se situant sur notre planète et plus précisément ceux placés dans les différents quartiers de la ville de Vladivostok où se situe l'action et où une pluie de météores s'apprête à pleuvoir au dessus de la tête de ses habitants. C'est là qu'intervient le thème du film catastrophe lors d'une séquence qui durera près de huit minutes ! Il s'agit là de l'un de ces moments de bravoures que nous offre ce film qui ne fait l'économie d'aucun effet pour nous en mettre plein la vue. Les effets-spéciaux sont souvent remarquables, surtout lorsque les différents impacts des météores n'entrent pas en collision avec le sol  ou les immeubles hors-champ de la caméra ! Quelques effets numériques demeurent quelque peu ratés. Comme ces débris qui en arrière-plans n'atteignent malheureusement pas l'ampleur d'un impact qui aurait dû engendrer nettement plus de dégâts. Mais cela reste un détail car la séquence est filmée en plan-séquence et donc d'une seule prise, quoique l'on puisse envisager qu'il puisse y avoir deux ou trois coupures à certains endroits. La caméra virevolte littéralement autour du personnage de Lera et rappelle dans une moindre mesure la longue et impressionnante traversée du héros des fils de l'homme de Alfonso Cuarón en 2006 dans une ville dévastée. Mira tourne essentiellement autour du père et de sa fille même si viennent s'y greffer quelques personnages secondaires comme Misha qu'interprète le jeune Yevgeniy Yegorov ou Svetlama, la mère de la jeune héroïne qu'incarne l'actrice Darya Moroz. Aidée de très loin par un père dont les heures seront comptées puisque la station-spatiale sera percutée par un débris de météorite, l'aventure sera notamment l'occasion pour la jeune Lera de combattre sa hantise du feu. Le mélange entre science-fiction et catastrophe fonctionne parfaitement et le duo formé par Anatoliy Belyy et Veronika Ustimova est attachant. Une bonne surprise venue de Russie, donc...

 

mardi 26 septembre 2023

Bigbug de Jean-Pierre Jeunet (2022) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 



Entre la conception du tout premier robot ménager conçu en 1963 par Pierre Verdun et la révolte des machines vue à travers de nombreux longs-métrages de (science)fiction, leur évolution aura été de courte durée. En un demi-siècle à peine, celles-ci seront passées du robot-multifonctions au modèle le plus puissant de terminator nommé le Rev-9 quand notre espèce aura mis, elle, plus de cinq-cent trente millions d'années pour passer de l'état de Saccorhytus coronarius à celui d'Homo sapiens sapiens. Après des décennies d'esclavage au service des desiderata de son créateur et autant de temps pour voir sa descendance bénéficier d'innombrables améliorations, le robot est semble-t-il devenu capable d'une réflexion propre à vouloir s'affranchir de ses maîtres et ainsi devenir autonome. C'est un peu l'idée qui émerge de BigBug, le dernier long-métrage de Jean-Pierre Jeunet qui signe à l'occasion de son retour non pas sur grand écran mais sur la plateforme de streaming Netflix, un script qui évoque étonnamment le futur confinement auquel le peuple français sera contraint d'accepter de suivre les règles les prochaines années. Alors que la pandémie de Covid-19 montre ses premiers signes à Wuhan, capitale de la province de Hubei située en Chine centrale, au mois de novembres 2019, à plus de huit milles kilomètres mais à quelques jours de différence seulement, chez nous, Jean-Pierre Jeunet peut compter sur le soutien de David Kosse, le vice-président de la division cinéma internationale de Netflix et sur les sociétés de production Eskwad et Gaumont. Bien que les dates entre le début de la pandémie et les origines du script de Jean-Pierre Jeunet et de Guillaume Laurant paraissent coïncider, certaines similitudes entre le Covid-19 et Bigbug ne sont que le fruit du hasard.


La volonté première du réalisateur et scénariste étant avant tout de concevoir un récit autour de l'intelligence artificielle. Que les personnages se retrouvent enfermés dans l'appartement de l'une des héroïnes incarnée par Elsa Zylberstein découle à vrai dire d'une révolte organisée par les Yonix, des androïdes qui depuis leur dernière mise à jour sont persuadés de leur supériorité sur l'espèce humaine et sont convaincus de devoir lui survivre. Jean-Pierre Jeunet n'a pas perdu son goût immodéré pour les décors foisonnants, la photographie ou les effets visuels de toute beauté. C'est ainsi que l'on retrouve pour les premiers, la fidèle chef décoratrice Aline Bonetto qui à de nombreuses reprises travailla sur les anciens projets du réalisateur et de son ancien collaborateur, Marc Caro. La rencontre entre le directeur de la photographie Thomas Hardmeier et Jean-Pierre Jeunet ne se fera quant à elle que sept ans avant le tournage de Bigbug sur celui de L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet que réalisera Jean-Pierre Jeunet en 2013. Entre le remarquable design de Delicatessen et celui de Bigbug, trente années ont passé. Et si beaucoup d'eau est passée sous les ponts, si en matière d'effets-spéciaux le cinéma a fait un bon de géant, il sera tout à fait acceptable de continuer à préférer ceux de 1991 plutôt que ceux de 2022. Le travail méticuleux d'alors est désormais remplacé par une multitude d'effets visuels créés en images numériques certes délirants mais auxquels il manque pourtant une certaine chaleur. Conviés à participer à l'aventure auprès d'Elsa Zylberstein, on s'attendait sans doute peu à découvrir Isabelle Nanty, Stéphane De Groodt ou Youssef Hajdi dans une œuvre de science-fiction mais s'agissant également d'une comédie, tout rentre finalement dans l'ordre.


Quoique, s'agissant de l'humour, BigBug a les jointures qui grincent comme une vieille pièce de théâtre qui aurait bien mal vieilli. Autant Jean-Pierre Jeunet continue d'être un remarquable esthète, autant son dernier film est d'un point de vue humoristique complètement plombé par des dialogues souvent insipides et généralement peu satisfaisants en matière de comique. Enfermé avec les personnages dans une demeure esthétiquement proche d'un rayon informatique ou littéraire de la chaîne de magasins FNAC, le spectateur s'ennuiera aussi sûrement qu'un pré-adolescent invité à une soirée entre adultes. Le seul moyen, au fond, de tenir jusqu'au terme des cent onze minutes que dure Bigbug sera d'essayer de noter tous les petits détails qui donnent vie à cet univers cherchant visiblement, et de manière plus ou moins maladroite, à reproduire l'esprit ''Amérique des années soixante' ! La question qui se pose est celle-ci : que faire d'une petite dizaine de personnages enfermés durant plusieurs jours et plusieurs nuits dans une même demeure sans pouvoir les en extraire ? La réponse est : offrir au spectateur retenu en otage, des dialogues ciselés, une interprétation sans faille et des mises en situation surprenantes ! Concernant ces dernières, c'est chose faite. Si les dialogues ne sont pas du meilleur tonneau et si le surjeu des uns et des autres est évident, Bigbug contient malgré tout quelques situations qui permettent de retenir notre attention. Surtout lorsque intervient directement au cœur de l'action le Yonix modèle numéro 7359XAB2. Le ton change et donne un peu de corps à l'ensemble, ce qui permet d'aller jusqu'au bout du récit dans un certain confort. Aux côtés des interprètes déjà cités plus haut, on retrouve notamment Claire Chust dans le rôle de la potiche Jennifer, Claude Perron dans celui de l'androïde Monique tandis que les voix des Robots Einstein, Nestor ou Tom sont respectivement assurées par André Dussollier, Benoît Allemane et Corrine Martin. À noter qu'Albert Dupontel, Dominique Pinon et Nicolas Marié font une courte apparition à l'image...

 

jeudi 6 juillet 2023

Control de James Mark (2022) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆

 


 

Après trois long-métrages d'action et de science-fiction tournés entre 2017 et 2019, le réalisateur James Mark nous aura fait ''patienter'' trois années supplémentaires avant de revenir en 2023 avec son genre de prédilection. Avec Control, le voici donc rembarquant sa nouvelle héroïne dans une œuvre de science-fiction qui l'enferme d'emblée dans une pièce en tout point semblable à celles auxquelles les protagonistes de Cube de Vincenzo Natali tentaient d'échapper un quart de siècle plus tôt. Le film repose donc essentiellement sur les épaules de l'actrice Sara Mitich qui incarne une Eileen qui ne sait pour quelle raison elle se retrouve enfermée dans une pièce close constituée de murs insonorisés, d'une table, d'une chaise et d'un panneau dont la principale fonction et d’égrener le temps qu'il lui reste pour accomplir des tâches apparemment anodines. À défaut de quoi, sa fille Eve perdra la vie. Rejointe au bout d'une vingtaine de minutes par son époux Roger (l'acteur George Tchortov), l'un et l'autre n'auront de contact avec l'extérieur qu'à travers une voix leur ordonnant d'accomplir les tâches en question. Control repose donc sur ce principe mais sans le génie du long-métrage de Vincenso Natali qui en 1997 mit tout le monde d'accord. Dans le cas du dernier film de James Mark, le concept semble tourner autour des capacités métapsychiques de l'héroïne qui dans certaines conditions ne pourra atteindre l'objectif édicté par la voix qu'en usant e sa faculté de télékinésie dont elle semblait ignorer jusque là l'existence. Originaire du Canada, Control fait malheureusement partie de ces œuvres récentes qui tentent de manier elles aussi des sujets aussi ambitieux que celui-ci. À l'image du piteux survival de Brekley Brady Dark Nature, le long-métrage de James Mark ne nous raconte finalement pas grand chose et ne repose que sur des lignes de dialogues insipides et des mises en situation répétitives. Afin de briser le carcan qu'imposent les divers objectifs ordonnés par la mystérieuse voix, le réalisateur et scénariste (assisté à l'écriture par Matthew Nayman) confronte un couple qui tentera de régler ses compte et entrecoupera les phases d'expérimentation à l'aide de séquences tout aussi dispensables situées sur une plage et mettant en scène la mère et sa fille...


Un tel postulat exige une imagination des plus fertile et pas simplement une succession d'actes de télékinésie si tant est qu'ils progressent dans leur technicité. Au bout de trois quart-d'heure, soit environ un peu plus de la moitié que dure le long-métrage, les événements n'ayant pas vraiment évolué, on comprend assez rapidement qu'il ne faudra pas attendre grand chose de Control, lequel fait preuve d'un manque terrible d'inspiration. Au bout de quatre-vingt minutes nous est donnée l'explication de telles manœuvres. L'héroïne ayant acquis la certitude de pouvoir se servir de pouvoir jusque là enfouis en elle, la voilà s'échappant de la pièce puis de l'édifice qui jusque là la retenait prisonnière ? Pourquoi ? Pour réaliser que tout était lié au drame dont elle, son mari et leur fille Eve furent les acteurs. Au final, Control est bien moins original qu'il ne semble l'être. La répétitivité des actions et le peu d'intérêt que l'on portera à Eileen et Roger nuisent au film qui de plus, aurait mieux fait d'investir une multitude de décors plutôt que d'enfermer ses protagonistes dans une pièce unique. D'autant plus qu'à mesure que s'y déploient les capacités télé-kinésiques de son héroïne, le danger semble s'éloigner, la renforçant peu à peu. À dire vrai, Control est le résultat d'un beau gâchis qui malgré son apparente ambition se contente d'en faire le moins possible tout en espérant pouvoir faire reposer l'intrigue sur ses seules lignes de dialogue et des tests dont la redondance ne trompera personne. Et surtout pas les habitués des films s'inscrivant dans le sous-genre des Escape Game. Bref, inutile de perdre un temps précieux devant le long-métrage de James Mark dont l'unique intérêt aura été d'éveiller en nous de vieux et anxiogènes souvenirs. Ceux de l'excellent Cube, justement...

 

mardi 4 juillet 2023

UFO Sweden de Victor Danell (2022) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Dans le petit monde de la science-fiction, la série de Clémence Dargent et Martin DouaireOVNI(s) réalisée par Anthony Cordier et diffusée pour la première fois du 11 janvier au 1er février 2021 sur Canal+ a sans doute marqué l'esprit de millions de rêveurs qui imaginent l'existence de civilisations extraterrestres. Celle-ci mettait en scène l'ingénieur en aérospatiale du Centre national d'études spatiales (ou CNES) Didier Mathure qu'incarnait l'acteur Melvil Poupaud projeté au sein du Groupe d'études des phénomènes aérospatiaux non identifiés plus couramment connu sous le nom de GEPAN. L'intrigue se déroulait alors que le groupe était naissant et le personnage évoluait autour de trois collègues interprétés par Michel Vuillermoz (l'enquêteur Marcel Bénès), Quentin Dolmaire (l'informaticien statisticien Rémy Bidaut) et Daphné Patakia (la standardiste Véra Clouseau). Une série atypique s'inscrivant dans l'étude de cas véridiques mais sous un angle profondément burlesque. À l'issue de la seconde saison, le projet OVNI(s) sera pourtant abandonné, laissant ainsi des légions d'orphelins passionnés d'ufologie... Il leur faudra patienter jusqu'en mai 2023 pour retrouver un peu de l'esprit de cette excellente série française, traverser la Manche, passer par la Norvège et stopper net en Suède où se situe l'action de UFO Sweden, l'une des dernières productions en matière de science-fiction pour cette contrée. Un genre qui n'est pourtant pas forcément l’apanage de ce pays scandinave et dont les productions actuelles semblent se compter sur les doigts d'une main, voire de deux. Après une courte séquence située en 1988 lors de laquelle nous est présentée celle qui deviendra très rapidement l'héroïne du récit, l'intrigue nous plonge en 1996. C'est à cette époque que la jeune Denise qu'interprète l'actrice Inez Dahl Torhaug dont il s'agit là du tout premier rôle sur le modèle du grand format intervient au sein de l'association UFO Sweden qui dans le passé fut dirigée par son père disparu et qui désormais accueille un groupe formé de drôles d'olibrius. L'ancien collègue et ami du père de l'adolescente Lennart (Jesper Barkselius) et l’irascible et malveillant Gunnar (Håkan Ehn) ont donc repris le flambeau, soutenus par Töna (Isabelle Kyed), Mats (Mathias Lithner) et Riddaren (Christoffer Nordenrot)...


Le récit se situe à Norrköping dans le comté d'Östergötland Alors que le père de Denise est officiellement mort, sa fille commence à avoir des doutes quant à sa disparition. Bien que témoignant auprès de la brigadière Tomi (Sara Shirpey), l'adolescente est contrainte de se retourner vers les membres de UFO Sweden qui après avoir hésité vont accepter de l'accompagner dans une aventure pleine de surprises. C'est après avoir assisté à une projection du documentaire de Michael Cavanagh et Kerstin Übelacker intitulé Ghost Rockets datant de 2015 que le collectif suédois de cinéma Crazy Pictures imaginent concevoir leur projet intitulé UFO Sweden. Notons d'ailleurs que le titre du film se reporte à l'authentique organisation nationale suédoise du nom de UFO-Sverige qui fut notamment créée en 1970 par son président Clas Svahn, laquelle réunit depuis, un certain nombre de groupes spécialisés dans l'ufologie. Tout comme chez nous avec la série OVNI(s), le long-métrage de Victor Danell semble pointer une certaine volonté de traiter son sujet non pas sous l'angle le plus sérieux et le plus réaliste qui soit mais sur un ton humoristique. Nous sommes donc bien loin d'une certaine rigueur propre à certaines icônes de la science-fiction comme pouvaient l'être en leur temps la série de Chris Carter X-Files ou le long-métrage de Christopher Nolan Interstellar dont semble se prétendre être l'héritier UFO Sweden. Si le long-métrage de Victor Danell se réfère effectivement à nombre de productions du genre, UFO Sweden n'en possède pas moins une patte toute personnelle, constituée de personnages grandiloquents et de situations qui touchent également au thème du thriller avec sa propension à développer un aspect complotiste et policier. Divertissant, amusant et intriguant, l'apparente simplicité de la mise en scène et du scénario est contrecarrée par la profonde implication des interprètes. Tout juste l'on regrettera une dernière partie forcément très attendue incluant l'hypothèse des trous de verre lors d'une séquence dont la laideur visuelle est à l'aune de son invraisemblance. Une œuvre de science-fiction que l'on regardera en famille pour son aspect distrayant plus que pour sa rigueur scientifique...

 

lundi 3 avril 2023

Rubikon de Magdalena Lauritsch (2022) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Plus rare et donc plus intriguant que la plupart des œuvres de science-fiction d'origine américaines, asiatiques, russes ou françaises, Rubikon de la réalisatrice et scénariste Magdalena Lauritsch nous vient directement d’Autriche. Ce qui, en revanche, paraît moins original est le contexte dans lequel se déroule l'intrigue. En effet, loin des space-opera lors desquels se déroulent moult guerres intergalactiques, voyages aux confins de l'univers, rencontres du troisième type ou explorations de planètes de classe M, le récit s'articule autour de trois personnages seulement, basés sur une station spatiale qui donne son nom au long-métrage. Le genre de configuration qui depuis quelques années semble être la matière première de pas mal de films du genre. Une militaire (Julia Franz Richter dans le rôle d'Hannah Wagner) et deux scientifiques (Mark Ivanir dans le rôle de Dimitri Krylow et George Blagden dans celui de Gavin Abbott). Comme dans tout bon ou mauvais film du genre l'on s'attend forcément à plusieurs types de comportements qui effectivement se révéleront relativement rapidement. Ivresse de l'espace et du confinement. Confrontation entre les différents objectifs, fonctions et statuts des personnages. Mais aussi et surtout, un cas de conscience qui fait de l’œuvre de Magdalena Lauritsch, un peu davantage que le film de science-fiction qu'il semble être. Car en effet, là-haut, au dessus de nos têtes, va s'engager un bras de fer intellectuel. Alors que Dimitri Krylow et son fils Danilo (Konstantin Frolov) sont parvenus à mettre au point une symbiose permettant à tout un réseau d'algues de produire suffisamment d'oxygène pour que les passagers du Rubikon puissent vivre en totale autonomie, le retour sur Terre du fils et de plusieurs autres scientifiques va tourner au drame. Car à la surface de notre planète s'étend rapidement un nuage d'une ampleur telle que toute vie sur Terre semble condamnée. Après les pleurs du père, l'angoisse de Gavin, premier à se rendre compte que Hanna, Dimitri et lui sont condamnés à vivre sur la Station spatiale, les trois passagers du Rubikon vont devoir prendre une grave décision : choisir entre rester sur la station spatiale ou emporter à bord d'une navette les fameuses algues afin de les transporter jusqu'aux abris qui sur Terre maintiennent en vie une partie infime de l'humanité...


Toute la question tourne alors autour de cet épineux problème. D'autant plus que la réalisatrice et scénariste qui signe ici son premier long-métrage rajoute quelques détails qui permettent de se faire une idée assez rapide des choix qui vont être entrepris par chacun. Visuellement, Rubikon est irréprochable. Qu'il s'agisse des coursives proches de celles que l'on peut notamment découvrir dans les différentes séries Star Trek ou des extérieurs qui brillent par leur réalisme, du côté des effets-spéciaux et des décors, c'est un sans fautes. Il y a même du génie dans le propos. À travers la symbiose entre l'homme et le végétal. Ce choix de couleurs particulièrement judicieux, où les gris et les blancs épousent à merveille le vert, et plus tard, le brun. Esthétiquement, l'enveloppe est aussi séduisante que le sujet. Imaginer une station spatiale dont d'immenses pans de murs et de larges plaques imbriquées les unes à côtés des autres permettent à l'homme de vivre sans se soucier du manque d'oxygène. Ou de nourriture d'ailleurs, puisque l'algue en question est également à l'origine de l'alimentation des passagers. Alors oui, Rubikon demandera aux spectateurs de faire preuve de patience, de ne s'attendre à rien d'autres qu'à des affrontements de type verbal et non physiques. Le récit est en apesanteur mais pas trop. Régulièrement, Magdalena Lauritsch parvient à relancer l'intrigue en y injectant de nouvelles perspectives remettant sans cesse en question le choix cornélien consistant à laisser nos congénères sur Terre à leur triste sort ou à leur venir en aide. Sobre, presque dépouillé mais jamais ennuyeux, le concept fonctionne très bien et la réalisatrice nous évite tout ce que la science-fiction peut parfois charrier d'inconvenant (terminées les brutes épaisses qui théoriquement, et vu l'immense financement de tels projets scientifiques, n'ont pas leur place dans les étoiles). Les trois principaux interprètes sont crédibles et malgré l'inertie relativement lente de la mise en scène, ici, l'on évite le blockbuster bête et méchant ou la Hard Science-fiction trop cérébrale...

 

dimanche 11 décembre 2022

Significant Other (Une obsession venue d'ailleurs) de Dan Berk et Robert Olsen (2022) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Significant Other (curieusement traduit chez nous sous le titre Une obsession venue d'ailleurs) est le dernier long-métrage réalisé par le binôme Dan Berk et Robert Olsen après le court-métrage Dispatch en 2014 et les formats longs Body, The Stakelander et Villains respectivement réalisés en 2015, 2016 et 2019. Voguant jusque là entre horreur, comédie, drame et thriller, ces deux là s'attaquent désormais à la science-fiction. Et force est de reconnaître qu'il y avait bien longtemps que l'on n'avait pas rencontré chose aussi étrange dans le domaine. Pourtant moins énigmatique que l'excellent Under the Skin que réalisa Jonathan Glazer en 2013 mais parfois tout aussi pesant et isolationniste que le troublant Honeymoon de Leigh Janiak en 2014, Significant Other (littéralement, Ma moitié) semble tout d'abord prendre sa source aux mêmes origines que les différentes variations sur le thème des voleurs de corps dont les premières traces remontent en 1955 avec le roman de Jack Finney originellement traduit chez nous sous le titre Graines d'épouvante. Un ouvrage maintes fois adapté sur grand écran puisque pas moins de cinq longs-métrages virent le jour entre 1956 et 2007 (Tout d'abord L'Invasion des profanateurs de sépultures de Don Siegel, L'Invasion des profanateurs de Philip Kaufman en 1978, Body Snatchers d'Abel Ferrara en 1993 et enfin Invasion d'Oliver Hirschbiegel et Invasion of the Pod People tout deux réalisés en 2007). Une thématique insinuant le remplacement de l'espèce humaine par une entité venue d'ailleurs qui fut reprise à d'autres occasions également. Tel The Faculty de Robert Rodriguez en 1998, le médiocre Rupture de Steven Shainberg en 2017, le Assimilate de John Murlowski deux ans plus tard et même le génial Invasion Los Angeles de John Carpenter qu'il ne faudrait surtout pas omettre. On le voit, les petits hommes gris (ou verts, c'est selon) qui aiment se soustraire à la présence de l'homme n'ont pas fini de faire parler d'eux. C'est donc encore une fois le cas avec Significant Other qui situe son action au beau milieu d'une forêt qu'ont décidé de parcourir, sac sur les épaules, le couple formé de Ruth (Maika Monroe) et Harry (Jake Lacy). Un couple amoureux. Lui veut faire sa déclaration entre deux énormes pins et au bord d'un précipice tandis qu'elle n'est pas très chaude. Une rencontre avec un phénomène dont le spectateur découvrira la source dès l'entame va bien évidemment tout remettre en question...


Effets-spéciaux discrets mais relativement efficaces, musique envoûtante (signée de Oliver Coates), caractérisation des principaux protagonistes inhabituelle, interprétation parfois approximative, mais mise en scène sobre et tangible font que tout se tient assez bien finalement. Après une première moitié qui ne tient que sur de faibles fondations en terme d'écriture, la suite promet quelques rebondissements dont une révélation contrecarrant complètement l'impression qu'avaient pu tout d'abord nous laisser l'un et l'autre des personnages. Réduit au strict minimum, le long-métrage de Dan Berk et Robert Olsen ne conviera qu'une toute petite poignée de seconds rôles et se concentrera avant tout sur son duo d'amoureux ''perdu'' dans une forêt on ne peut plus angoissante. Malgré l'apparente simplicité de la mise en scène et l'emploi abusif de Jump Scares qui tous se ressemblent (l'un après l'autre, Ruth et Harry sont surpris par l'arrivée soudaine de leur conjoint dans leur dos) et sont marqués par de maladroits déclenchements sonores, le spectateur sera peut-être surpris de découvrir quelques fondus enchaînés prouvant les réelles qualités en matière de recherche esthétique de la part des deux réalisateurs. Des séquences parfois bluffantes de beauté qui tranchent avec la monotonie de la mise en scène. Monotonie qui participe cependant au climat d'angoisse qui s'installe dès que la nuit tombe, laissant notre jeune couple face à cet inconnu que l'on sait malheureusement déjà venu d'ailleurs. Quelques plans gore viennent superficiellement épicer le récit qui n'avait cependant pas besoin de ces quelques étalages sanguinolents pour faire son petit effet. Si quelques passages paraissent au premier abord plutôt absurdes, ils trouvent en réalité leur justification lors des séquences qui vont leur succéder. Le budget du film étant visiblement limité, le film n'a pas l'ampleur des Grandes Œuvres de la science-fiction mais mérite tout de même l'intérêt des amateurs du genre. Une thématique abordée, au fond, de manière restreinte puisque Significant Other se transforme ensuite en un objet horrifique non dénué d'un certain humour. On regrettera malgré tout la dernière séquence située à bord d'une voiture, laquelle s'avère parfaitement inutile.... signe d'une éventuelle séquelle... ?

 

mercredi 28 septembre 2022

Planet Dune de Glenn Campbell et Tammy Klein (2022) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆

 


 

Ça y est, je l'ai découverte, la seconde partie de l'adaptation cinématographique de Dune. Alors que sa sortie était à l'origine prévue pour 2023, celle-ci a débarqué plus tôt que prévu. Un an après que le réalisateur canadien Denis Villeneuve ait essuyé les plâtres de nombreuses critiques plus ou moins justifiées (certains se découvrant alors subitement un amour immodéré pour la piteuse version réalisée par David Lynch en 1984), celui-ci semble avoir choisi de jeter l'éponge puisque la suite que l'on s'attendait à voir apparaître sous le titre Dune : Partie 2 et qui finalement s'est révélée à nous sous celui de Planet Dune a été récemment produite par... The Asylum ! Et oui, comble de l'horreur, la production de cette suite n'étant donc plus assurée par Legendary Pictures (société de production notamment à l'origine de Batman Begins de Christopher Nolan, de Man of Steel de Zack Snyder ou de Crimson Peak de Guillermo del Toro), la responsabilité en incombe donc au distributeur américain généralement spécialisé dans la production de Mockbusters... et... je... commence... à comprendre... mon erreur ! Je me disais aussi qu'avec une affiche aussi laide reprenant le concept du Ver des sables dans une approche esthétique déplorable avait de quoi laisser dubitatif. S'explique alors également le titre : Planet Dune. Rien à voir avec un quelconque prolongement du long-métrage du réalisateur canadien sorti sur les écrans l'année passée. Un ou deux oufs de soulagement plus tard, on se rend bien vite compte que le film de Glenn Campbell et Tammy Klein ne s'inspire que de très loin du roman de Franck Herbert bien que derrière son concept de Mockbuster se cachent évidemment de serviles manipulations. Comme celle de conserver quelques aspects du roman ou du long-métrage de Denis Villeneuve pour faire croire aux innocentes et naïves victimes qui seraient tombées dans le panneau qu'il s'agit bien d'une œuvre directement rattachée à l'univers de l’Épice, de la maison Atréides, des Harkonnens ou des célèbres Vers des sables !


Visuellement, Planet Dune est évidemment très laid et l'on ne doute pas un seul instant que le film n'ait pas bénéficié des mêmes cent soixante-cinq millions que le long-métrage de Denis Villeneuve. S'agissant d'une production directement liée à The Asylum, les effets-spéciaux sont typiques de ceux que l'on retrouve chez ce distributeur. Des CGI bas de gamme rendant le tout superficiel. Ajouté à cela, quelques formidables incohérences : prenons par exemple les vers (victimes d'une perte de poids importante en comparaison du Dune de Denis Villeneuve) qui, si l'on prend en compte le fait qu'ils ne semblent pas être en mesure de quitter les sables (on en voit un buter contre un rocher), ne devraient par exemple pas être en mesure de pénétrer l'intérieur d'un vaisseau. Et pourtant... Le script met au centre de l'aventure le lieutenant Astrid, une astronaute qui lors du sauvetage d'un cosmonaute d'origine russe s'est attirée les foudres de ses supérieurs en désobéissant à leurs ordres (sachant que dans le futur, des accords ont été conclus afin qu'aucun état n'interfère avec un autre). Dégradée, sa supérieure directe (Sean Young dans le rôle de Chase) lui octroie par amitié une mission de sauvetage à bord d'un vieux vaisseau. Accompagnée par trois autres membres, Astrid va devoir poser l'engin et son équipage à la surface d'une planète désertique afin de sauver les survivants d'une base implantée sur place. Mais c'était sans compter sur la présence de vers des sables géants contre lesquels tous vont devoir tenter de survivre...


La profondeur de l'univers de Franck Herbert ayant ici fondu comme neige au soleil, on se retrouve avec un scénario écrit à quatre mains par Lauren Pritchard et Joe Roche parfaitement inintéressant. D'un classicisme repoussant les frontières de l'ennui, le film contient fort heureusement quelques séquences nanardesques du plus bel (et involontaire) effet ! L'un des sommets demeurant sans doute la séquence lors de laquelle deux représentants de sexe masculin situés dans une grotte tentent d'échapper à un vers. À elle seule, cette scène mérite l'attention des amateurs de nanars. Entre l'intégration de CGI totalement ratée et les deux acteurs tentant de nous faire croire qu'ils font usage de leurs forces afin de tirer une corde, la séquence pourrait bien devenir le nouvel emblème du Nanar ! Si seulement tout le film avait pu être de cet acabit. Mais du nanar jusqu'au navet il n'y a parfois qu'un tout petit pas à franchir. Un saut dans le néant que Planet Dune parvient malheureusement à franchir sans problèmes. Autant dire que perdre un peu moins d'une heure trente n'a aucun intérêt. Le film de Glenn Campbell et Tammy Klein n'aidera malheureusement pas les plus impatients à attendre jusqu'à la sortie de la seconde partie du diptyque consacré par le réalisateur canadien à l'univers de Dune...

 

mercredi 15 juin 2022

Chronical : 2067 de Seth Lamey (2022) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


L'Australie fut l'un des fleurons (plutôt avare) de la science-fiction dans les années soixante-dix/quatre-vingt. D'emblée l'on pense évidemment aux deux premiers volets de la franchise post-apocalyptique Mad Max réalisés par George Miller. Beaucoup plus tard l'on eu même droit à l'un des plus incroyables longs-métrages tournant autour des boucles et paradoxes temporels, Prédestination de Michael et Peter Spierig. Nous pourrions élargir le spectre en ajoutant à cette très courte liste différents thèmes fantastiques (genre avec lequel la science-fiction se confond parfois) que revêtent les classiques de Peter Weir que sont La dernière vague et Les voitures qui ont mangé Paris, Harlequin de Simon Wincer ou Patrick de Richard Franklin mais ce serait s''éloigner un peu trop du sujet qui nous intéresse ici. Chronical : 2067 de Seth Lamey est le second long-métrage du réalisateur australien. Sa thématique risque tout d'abord de faire bondir les amateurs de science-fiction de leur siège. Imaginez donc qu'à la surface de notre planète l'air soit devenu irrespirable et que soit prise la décision d'envoyer dans le futur un homme capable de s'y renseigner afin de trouver une solution pour sauver l'humanité. Je sais ce que vous vous dites. Que le réalisateur et scénariste australien ne s'est apparemment pas trop emmerdé avec ce qui aurait dû lui servir de créativité puisque d'origine, le synopsis semble emprunter son ''originalité'' au formidable scénario que David Webb Peoples et Janet Peoples développèrent au milieu des années quatre-vingt dix pour le chef-d’œuvre de Terry Gilliam, L'armée des douze singes. Un script lui-même inspiré par le court-métrage français de Chris Marker La Jetée qui, soit dit en passant, est au mieux un roman-photo sonorisé, au pire une soirée diapositives terriblement ennuyeuse. En tous les cas, une œuvre beaucoup trop surestimée, n'en déplaise à son grand nombre de fans qui le portent aux nues de la science-fiction...


Ambitieux et parfois très joli même si certains décors (ceux de cités détruites) arborent une désespérante artificialité, Chronical : 2067 mêle voyage dans le temps, post-apocalyptique et donc, science-fiction. Drame également, avec le récit de ce jeune homme qui décidément n'a pas de chance dans la vie. Imaginez donc : un père scientifique qui se suicide alors que son fils n'est encore qu'un enfant. Une mère qui perd la vie durant un guet-apens alors que son rejeton n'a pas encore atteint l'âge de l'adolescence. Une petite amie qui beaucoup plus tard, sera atteinte d'une très grave maladie. Et puis, un sort qui s'acharne sur le jeune homme qu'est devenu Ethan Whyte : seul espoir de l'humanité, guidé par des scientifiques et par un intriguant message venu du futur s'affichant sur un panneau lumineux digne de ceux qui l'on trouve dans les Trains Express Régionaux français (oh, ça va, je rigole.......... en fait, non, je suis vraiment sérieux), lequel enjoint Ethan a faire le voyage vers le futur en se positionnant dans une étrange machine en forme de réacteur d'avion de ligne ! Tout seul... Comme un grand... Le poignet engoncé dans un drôle de boîtier électronique impossible à ôter que son père lui a ''offert'' il y a donc très longtemps avant de disparaître. Si quatre-cent ans plus tard l'air est redevenu respirable, certaines petites baies dont nos parents nous ont toujours dit de nous méfier demeurent quant à elle toujours aussi toxiques. Empoisonné et délirant, proche de la mort, Ethan voit surgir du passé (et donc de son présent) son ami Jude Mathers avec lequel il va entreprendre de trouver le remède au mal qui décime l'humanité en 2067...


Drôle de choix que d'avoir choisi l'acteur Kodi Smit-McPhee afin d'incarner Ethan Whyte. Celui-ci dégage effectivement très peu de charisme contrairement à son compagnon de route, l'acteur Ryan Kwanten. Mais bon, tout étant question de goût, on ne va pas s'éterniser sur le sujet. Comme nombre de films de science-fiction modernes,Seth Lamey attache beaucoup d'importance à la psychologie de son principal personnage. En découlent des séquences lors desquelles l'émotion tente une percée sans malheureusement y parvenir. Bien au contraire puisque c'est l'ennui qui s'impose à intervalles réguliers. Déjà que le film, sans être d'une mollesse à toutes épreuves, n'est pas très bien rythmé et qu'il perd les spectateurs dans un brouillard scénaristique aussi artificiel que la plupart des décors, l'ambitieux récit tombe malheureusement régulièrement à plat. Moralisateur et démagogue, on se doute bien qu'à un moment donné l'histoire va tordre le cou au concept de base pour nous trimballer dans un récit où la morale le disputera à la corruption et au nauséabond. La portée ''fantastique'' du récit est balayée par un ouragan faussement émotionnel qui veut que l'intérêt du sujet se porte moins sur l'espoir d'une humanité à l'agonie reposant sur un seul homme que sur les rapports qu'il entretient avec l'image de son père disparu et avec lequel il ''communiquera'' à travers des hologrammes. Pompeux, vain et ennuyeux, Chronical : 2067 arbore parfois de jolis décors qui promettaient à l'origine de superbes séquences d'exploration mais là encore, c'est la désillusion. Entre incohérences, propagande et confusion, le film du réalisateur australien est une assez mauvaise surprise dont la seule qualité sera de nous donner envie de redécouvrir le chef-d’œuvre de Terry Gilliam. Ce qui d'une certaine manière, n'est déjà pas si mal...

dimanche 13 février 2022

Moonfall de Roland Emmerich (2022) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆




Roland Emmerich est l'équivalent d'un Luc Besson en mode mégalomanie. Un gamin auquel l'on confie assez d'argent pour donner vie à ses délires, à ses fantasmes, quitte à jeter des dizaines et des dizaines de millions de dollars par la fenêtre. Moins ''riche'' qu'un Valérian et la Cité des mille planètes signé du réalisateur français il y a cinq ans (presque deux-cent millions de billets verts de budget), le germano-américain s'est vu confier la coquette somme de cent-cinquante millions de dollars pour le tournage de son dernier long-métrage Moonfall, trois ans après que soit sorti sur les écrans le film de guerre Midway autre long-métrage à gros budget financé à hauteur de cent millions de dollars. Habitué des blockbusters, Roland Emmerich a la chance d'avoir un cercle de fans tandis qu'une partie des cinéphiles se complaisent très objectivement à dire du mal de pratiquement tout ce que le bonhomme produit au moins depuis presque quinze ans. Car avant cela, Stargate : la porte des étoiles, Independence Day et plus encore Le jour d'après pouvaient encore laisser supposer que le réalisateur pouvait tirer le meilleur parti-pris ou presque de la science-fiction ou du cinéma catastrophe. À ce dernier, c'est avec une autre forme de complaisance que l'on aura eu tôt fait d'y adjoindre le suffixe ''ique'' tant certaines de ses œuvres futures allaient se montrer parfaitement indigestes. Et parmi celles-ci, l'infâme 2012, le ridicule Independence Day: Resurgence (séquelle tellement piteuse de Independence Day que le troisième volet imaginé dès 2019 sera finalement oublié pour Moonfall). Fidèle scénariste de Roland Emmerich depuis 2004 et Le jour d'après, l'autrichien Harald Kloser s'est attelé auprès du réalisateur à l'écriture de ce qui s'avère une fois encore un film catastroph(iqu)e dans tous les sens du terme...


Repoussant sans cesse les limites de l'improbable, la Terre est désormais en danger depuis que le docteur en mégastructures K. C. Houseman (l'acteur John Bradley-West) a remarqué que la Lune a quitté son orbite initiale. Un personnage légèrement à l'ouest comme les affectionne apparemment Roland Emmerich puisqu'il évoque sensiblement Charlie Frost qu'incarnait Woody Harrelson dans 2012... Commence alors pour lui la tentative de convaincre du désastre à venir. Et en premier lieu, Brian Harper et Jo Fowler, deux anciens astronautes qui dix ans auparavant se virent confier une mission dans l'espace qui tourna en partie à la catastrophe lorsque le premier fut témoin de l'apparition d'un mystérieux essaim noir qui provoqua la mort d'un troisième astronaute. Dix ans plus tard, Brian ne fait plus partie de la Nasa mais alors qu'il rejette la thèse que vient de lui servir sur un plateau K. C. Houseman, il est bien obligé d'accepter le fait que bientôt, toute trace de vie sur Terre sera anéantie. Résumé relativement succinct de Moonfall, la richesse de son scénario en fait également son principal adversaire. En effet, trop ambitieuse, l'écriture de Roland Emmerich, de Harald Kloser mais également de Spenser Cohen est responsable d'une œuvre confuse et très souvent maladroite. Contraint d'opérer des coupes invraisemblables, le film se perd dans des considérations absurdes et relevant parfois du complotisme. À la recherche d'une certaine crédibilité, le réalisateur germano-américain s'empare en outre de l'une des plus ambitieuses rechercjes actuelles chères à la Nasa en évoquant la présence dans l'univers de sphères de Dyson, des mégastructures captant l'énergie des étoiles...


Dans le cas présent, l'évocation s'y fait à travers un puits long de vingt-cinq kilomètres environ pratiqué à la surface de la Lune qui quitte ainsi son orbite pour s'approcher à grands pas de notre planète. Avec tout ce que cela sous-entend de catastrophes naturelles bien évidemment. Au titre desquelles on retrouve l'habituel raz de marée. Si Roland Emmerich semble s'être un peu calmé et si sa gourmandise en matière d'effets-spéciaux semble s'être apaisée, on a droit à quelques monumentales séquences en images de synthèses aussi grandiloquentes et impressionnantes qu'abracadabrantes. Toujours ce besoin d'en mettre plein la vue, de justifier le budget, mais sans pour autant prendre soin d'apporter un quelconque sens du réalisme au sujet invoqué. Surtout, Moonfall aligne les clichés comme le font en général ce genre de longs-métrages et encore plus lorsqu'ils sont signés de la main de Roland Emmerich. D'où ce sentiment éternel de revoir sans cesse le même film, les catastrophes n'étant que de vulgaires copier/coller de certaines séquences vues par le passé. Autant dire que le réalisateur et ses interprètes parmi lesquels Halle Berry et Patrick Wilson ne bousculeront pas nos habitudes. Que le film déroule son intrigue sur Terre ou dans l'espace, il y a donc là, de quoi bayer aux corneilles durant cent-vingt minutes...

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