vendredi 24 décembre 2021

Le monstre qui vient de l'espace (The Incredible Melting Man) de William Sachs (1977) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

Quelle déception. Si l'on a du mal à imaginer que Le monstre qui vient de l'espace (The Incredible Melting Man) pourrait être autre chose qu'une sympathique série B de science-fiction horrifique, on pouvait malgré tout espérer que le résultat soit nettement plus satisfaisant que celui qui s'étale à l'écran. Un brin trompeur, le titre français tente de nous faire croire que le monstre en question serait originaire d'un autre monde. Mais bien qu'il descende en effet du ciel, celui-ci est humain et s'avère le seul survivant de l'expédition Scorpion V dont le projet était à l'origine de survoler les anneaux de Saturne. À son retour sur Terre, Steve West atterrit directement à l’hôpital. Devenu radioactif, celui-ci se met à fondre inexorablement et se trouve doté d'un appétit féroce pour la chair humaine. Allez savoir pourquoi, nous n'aurons aucune explication vraisemblable à ce sujet. Des chercheurs, un shérif, une créature dégoulinante et quelques cadavres disséminés ça et là en chemin, Le monstre qui vient de l'espace avait de quoi satisfaire l'appétit des amateurs de petites productions horrifiques américaines des années 70-80. Malheureusement, si le long-métrage de William Sachs (son troisième après le western horrifique South of Hell Mountain en 1971 et le film de guerre There Is No 13 en 1974) bénéficie de la présence du maquilleur Rick Baker, lequel fut chargé de concevoir les effets-spéciaux (ceux-ci demeurant l'un des rares points positifs du film) et notamment la créature en question, le film s'avère d'un indicible ennui. Tout commence cependant sous les meilleures augures. Une fois échappé de l'hôpital, Steve West, désormais défiguré, commence à fondre au point de laisser derrière lui des indices sur son état de décomposition. De larges pans de peau par ici, une oreille par là ou un œil un peu plus loin... En la matière, les effets-spéciaux de Rick Baker s'avèrent réussis et franchement peu appétissants. Le pauvre astronaute n'a littéralement plus que la peau sur les os...


Principalement interprété par Burr DeBenning dans le rôle du docteur Ted Nelson et Alex Rebar dans celui de la créature/Steve West (on remarquera également la courte présence de l'acteur afro-américain Lisle Wilson qui quatre ans plus tôt décédait sous les coups de couteau de l'une des sœurs siamoises de Soeurs de sang de Brian De Palma), l'intrigue se déroule sur une durée relativement courte puisque dès le lendemain matin, tout sera terminé... ou presque comme l'évoquera une information divulguée à la radio. Mais d'ici là, il va falloir se coltiner des séquences interminables et répétitives situées dans une campagne pas tout à fait déserte puisque à défaut de nourrir le récit à travers un scénario solide, William Sachs permettra à sa créature de tuer quelques rares hommes et femmes ayant eu le malheur de croiser son chemin. C'est mou, jamais terrifiant, et seule quelques visions cradingues de la créature parviennent à maintenir un semblant d'intérêt. Une chose est certaine, une fois le film terminé, on n'aura sans doute jamais envie de trouver une quelconque raison de s'y replonger. Le monstre qui vient de l'espace n'est même pas un bon nanar devant lequel se poiler. Le film tente un virage parfois humoristique à travers une bande musicale inappropriée pour une œuvre de science-fiction horrifique mais là encore, pas le moindre risque de se froisser le moindre muscle zygomatique. Les amateurs de gore s'amuseront sans doute en relevant l'étonnante ressemblance entre la créature qui à la fin meurt dans de dégoulinantes circonstances et l'une des séquences gorissimes du film culte que le réalisateur Jim Muro réalisa dix ans plus tard (on parle évidemment de Street Trash) lors de laquelle un clochard se mettait à fondre, le dos collé à un mur. Quant on en vient à chercher des références comme celle-ci et que l'on est par conséquent incapable de créer sa propre personnalité, c'est souvent que tout va mal. Un fait que ne fait que confirmer Le monstre qui vient de l'espace. Un titre et un synopsis accrocheurs pour un résultat, pas du tout à la hauteur...

 

jeudi 23 décembre 2021

The Phoenix Incident de Keith Arem (2015) - ★★★★☆☆☆☆☆☆


Second long-métrage de fiction sur les trois qui jusqu'à maintenant se sont penchés sur le phénomène des Lumières de Phoenix ayant eu lieu pour la première fois le 13 mars 1997, The Phoenix Incident abordera deux avant et sous le même angle que Phoenix Forgotten de Justin Barber, ce cas typique d'O.V.N.Is observés ce soir là par des milliers d'américains. Le parti pris des deux films est tel que l'on peut se demander dans quelles mesures Justin Barber aura pompé le long-métrage de Keith Arem dont la carrière a jusqu'à maintenant été surtout consacrée au monde du jeu vidéo. Pompé, mais pas forcément pour en obtenir un gain supplémentaire puisque là où le film de l'un pèche par un excès de démonstration, l'autre, au contraire, aura comme principal défaut une sécheresse visuelle surtout contenue dans sa dernière partie. Ceux qui ont déjà lu l'article précédent savent déjà lequel des deux s'est montré avare dans le domaine qui incombe, au minimum, la présence à l'écran pour une durée si courte soit-elle, d'un extraterrestre. Ou de la confirmation d'une présence qui n'a rien de commun avec la faune terrestre. Si Phoenix Forgotten s'était donc montré comme une figure du rachitisme en terme d'effets-spéciaux et de présence hostile relatée par l'entremise de moyens superficiels, The Phoenix Incident, lui, et pour le coup, surenchérit dans le domaine. Ce qui n'en fait malheureusement pas un long-métrage forcément doté de qualités supplémentaires par rapport à son concurrent...


Mais commençons par le commencement. Tout comme pour Justin Barber, le principal intérêt de tourner son long-métrage caméra à l'épaule et à la manière d'un Found Footage est sans doute pour Keith Arem le moyen le plus simple de rendre crédible un récit dont on sait pourtant qu'il s'avère totalement imaginaire. Et l'on pourra toujours nous faire croire le contraire, quelques clics avisés sur la toile démontreront l'inexistence du cas de ces quatre amis qui, partis dans le désert de l'Arizona n'ont plus donné de nouvelles. Fort heureusement pour leurs proches, les enquêteurs, mais aussi pour nous, l'un d'eux eu l'idée de faire suivre une go pro directement fixée sur son casque (les quatre garçons ayant choisi de faire suivre deux quads à bord de leurs véhicules) et de filmer ainsi leurs pérégrinations. The Phoenix Incident s'ouvre bien entendu sur les fameuses Lumières de Phoenix que beaucoup réussirent à filmer à l'époque, pour se poursuivre avec l'apparition au cœur du récit, d'un certain Walton S. Gayson (l'acteur Michael Adamthwaite), gourou d'une secte dont l'attitude et les agissements ont fini de convaincre les enquêteurs de sa culpabilité dans la disparition de Glenn Lauder (Yuri Lowenthal), Mitch Adams (Travis Willingham), Ryan Stone (Troy Baker) et Jacob Reynolds (Liam O'Brien). Avec son allure et son regard de tueur en série, sûr que les flics n'ont pas eu à chercher bien longtemps...


Sauf que tout n'est pas si simple car lorsque après s'être tartiné des témoignages des proches, des interrogatoires de la police ou des pseudo journaux télévisés tentant de nous faire croire que tout ce à quoi l'on assiste est réel (d'où le statut tronqué de docu-fiction qu'endosse le long-métrage), certes, avec un sens du réalisme parfois appréciable, Keith Arem plombe le semblant d'intérêt que revêtait jusque là son film en intégrant des créatures dont la crédibilité en terme d'intelligence supérieure à la notre est plus que discutable. Ça pète de partout, l'armée américaine intervenant comme d'habitude avec un train de retard. Quinze minutes pour arriver là où les quatre amis sont assaillis par des créatures quadrupèdes alors que l'armée est dotée de chasseurs volant à des vitesses très importantes (et sachant que la base est à proximité), le final en forme de feu d'artifice est ce que peut craindre de pire l'amateur de science-fiction attaché à ce qu'elle soit le plus crédible possible. Ce qui n'est malheureusement pas le cas ici. A moins d'être un fan fou furieux de Found Footage quelle que soit ses qualités ou ses défauts et de ne pas être trop regardant sur la vraisemblance des événements qui s'y déroulent, The Phoenix Incident n'est certainement et malheureusement pas, tout comme pour Phoenix Forgotten, LE film qui aura su témoigner du cas passionnant des Lumières de Phoenix...

mercredi 22 décembre 2021

Omicron de Ugo Gregoretti (1963) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Le variant Omicron est-il réellement inspiré d'un film de science-fiction sorti en 1963 ? Non, bien évidemment. Pourtant, un internaute s'est sans doute cru malin en essayant de nous faire croire le contraire en partageant sur Faceboobs une affiche qui peut au premier abord s'avérer fort intrigante vue le titre qu'elle porte, The Omicron Variant. Une accroche (''The Day the Earth was Turned into a Cemetery !''), mais surtout le nom d'un réalisateur que les amateurs de science-fiction connaissent sans doute pour avoir été l'auteur d'un seul long-métrage intitulé Phase IV, un certain Saul Bass. Le subterfuge tombe donc d'emblée et seuls ce qui n'y bitent rien dans le domaine auraient pu continuer à croire en cette incroyable coïncidence pourtant née de l'esprit farceur de la réalisatrice irlandaise Becky Cheatle qui créa le montage avant de le publier ensuite sur son compte Twitter. Il existe en revanche un long-métrage datant bien de cette même année 1963 et s'intitulant Omicron. Il s'agit là encore d'une œuvre mélangeant science-fiction et comédie. Réalisé et scénarisé par l'italien Ugo Gregoretti, le film met en scène les acteurs Renato Salvatori, Rosemary Dexter et Gaetano Quartararo au cœur d'un récit tournant autour d'un extraterrestre investissant le corps d'un ouvrier afin d'étudier notre planète et ses habitants et d'y examiner la possibilité de venir la conquérir...


S'il ne s'agit pas d'un fake, le contenu du film s'avère particulièrement étonnant et prophétique. Voire même, troublant. Le récit s'articule autour du personnage d'Angelo Trabucco, un employé de l'usine SMS retrouvé mort dans une canalisation mais qui tout juste avant que son autopsie ne démarre se réveille par miracle. Objet de curiosité de la part des scientifiques, de la presse et du public, Angelo semble désormais doté d'atouts physiques hors-norme tandis qu'il a perdu la parole et ne semble plus avoir toutes ses capacités intellectuelles. Les médecins lui réapprennent à marcher, mais s'efforcent vainement à lui faire comprendre l'importance de se nourrir. S'épuisant à force de rester éveillé, ce que ne savent pas les docteurs et qu'ils préféreront ignorer jusqu'au bout, c'est qu'en réalité, Angelo n'est plus qu'une enveloppe physique dont se sert Omicron, un extraterrestre venu d'une planète lointaine chargé d'accumuler un maximum d'informations sur les coutumes et les pratiques des hommes afin de savoir si une éventuelle invasion de la Terre est envisageable. Mais avant cela, Angelo/Omicron va reprendre sa place au sein de l'entreprise qui l'employait jusqu'ici. Travaillant à la chaîne, il s'avère bien plus rapide que ses collègues qu'il finit par se mettre à dos. En effet, son employeur Midollo (l'acteur Gaetano Quartararo), au vu des performances atteintes par Angelo, décide que les autres employés devront désormais s'aligner sur ses performances...


Bien que Omicron soit une comédie de science-fiction, nous ne retiendrons que très brièvement l'aspect humoristique de l’œuvre pour n'en retenir que le brillant message qui nous est délivré. Cette farce qui met en scène l'acteur italien Renato Salvatori qui outre ses quelques singeries (Omicron a tendance à mimer les hommes de manière fort caricaturale) fait le constat d'une société dont les dérives ne cessent de se répercuter à travers le temps. Le film s'avère beaucoup plus profond qu'il n'y paraît. Le réalisateur italien Ugo Gregoretti dont il s'agissait ici du troisième long-métrage cinématographique (si l'on ne tient pas compte de l'anthologie Rogopag qu'il réalisa en compagnie de Jean-Luc Godard, Pier Paolo Pasolini et Roberto Rossellini en 1963) signe une œuvre visionnaire très critique. Mais aussi et surtout allégorique et pamphlétaire puisque à travers les rapports que transmet l'extraterrestre sous les traits duquel se cache donc l'acteur Renato Salvatori, Omicron décrit une société consumériste qui profite d'abord aux plus riches au détriment du prolétariat, appuyant donc sur une méthode économique en circuit fermé. Le film évoque également l'exploitation de son personnel et notamment celui d'Angelo/Omicron, constituant ainsi un point de départ vers la révolte des ouvriers et l'évocation d'un éventuel conflit avec leurs employeurs. Le long-métrage évoquant également les rapports entre hommes et femmes, on s'étonnera d'y voir abordé plus de cinquante ans en arrière le sujet de la Non-binarité qui tente aujourd'hui à dérégler toute identification précise entre l'homme et la femme. Le film d'Ugo Gregoretti s'avère au final une étude sociale concise, admirablement écrite et mise en scène qui malgré ses prétentions humoristiques peut à la longue faire froid dans le dos. Une brillante réussite...

 

mardi 21 décembre 2021

Xtro 3: Watch the Skies de Harry Bromley Davenport (1995) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Harry Bromley Davenport aura moins tardé qu'entre le premier et précédent volet de la trilogie Xtro pour venir la conclure en 1995 avec Xtro 3: Watch the Skies. Après s'être grassement inspiré des deux premiers Alien (surtout le second, à vrai dire), le réalisateur s'attaquait cette fois-ci à un autre monument de la science-fiction : Predator de John McTiernan. Avec, une fois de plus, les moyens du bord. Après que l'immense (par la taille) acteur Kevin Peter Hall ait endosser le costume du ''rasta venu des étoiles'', désormais, on peut se demander quel interprète a pu se fondre dans la tenue de l'extraterrestre belliqueux qui allait, les uns après les autres, décimer un commando de soldats américains chargés de désactiver des bombes disséminées sur une île ayant servi il y a des décennies, à des expériences secrètes menées sur des extraterrestres. Sous le costume de la créature en question, pas d'acteur mais un pantin généralement mal articulé dont seule la silhouette et le visage parviennent parfois à faire illusion. Comme à l'accoutumée, le commando est constitué de soldats pas vraiment finauds et rarement dégourdis. Films de science-fiction horrifique, ce troisième volet de la franchise s'avère nettement plus sympa que le précédent. La raison en revient à un humour dont on peut se demander s'il est toujours volontaire. En témoignent certaines séquences proprement hallucinantes dans leur conception de la survie en milieu hostile...


Imaginons deux soldats ''aguerris'' témoins de tortures infligées à l'une de leurs camarades féminine par l'extraterrestre en question. Imaginons ensuite que l'un des deux hommes puisse faire fuir la créature et ainsi isoler la soldate de tout danger. La logique voudrait que ses compagnons de guerre aillent ensuite l'extraire du piège dans lequel elle est tombée. Mais celle du réalisateur et de son scénariste Daryl Haney (qui de surcroît interprète le rôle du soldat Hendrix) étant différente de la notre, celle-ci veut que l'on abrège les souffrances de la soldate d'une balle dans la tête (enfin, dans la gorge vu que le tireur est un manche!) plutôt que d'aller vérifier son état de santé et de l'écarter du danger. Cette séquence est représentative de l'état d'esprit de Xtro 3: Watch the Skies. Des incohérences en veux-tu, en voilà, mais qui participent de son intérêt. Parce qu'en matière de mise en scène ou d'interprétation, il va falloir faire preuve d'un sens aigu de l'imagination pour y retrouver un tant soit peu ce qui fit huit ans auparavant, une partie de l'intérêt du génial long-métrage de John McTiernan. Ici, pas d'Arnold Schwarzenegger, de Carl Weather, de Bill Duke, de Jesse Ventura ni même d'Elpidia Carrillo. Vu que Xtro 3: Watch the Skies est le Predator du pauvre, on a plutôt droit à J. Marvin Campbell, Virgil Frye ou Daryl Haney, donc. Si vous ne les connaissez pas, pas d'inquiétude à avoir, c'est plus ou moins normal. Par contre, Andrew Divoff et Robert Culp sont eux, beaucoup plus célèbres. D'origine vénézuélienne, la trogne du premier est bien connue. On a pu notamment le découvrir dans un certain nombre de films d'horreur (La créature du cimetière, Wishmaster 1 & 2) et de séries télévisées. Quant à Robert Culp, également acteur de cinéma, les fans de Columbo l'auront reconnu comme ayant été à trois reprises le tueur de la série avant d'interpréter bien des années après, le père de l'un des deux assassins de l'excellent épisode Criminologie appliquée...


Bien que les films situant leur action dans des forêts diverses et variées sont nombreux, peu sont ceux qui mettent en scène tout comme dans Predator, une créature capable de se fondre dans la nature en se rendant invisible. C'est le cas de celui-ci. Un alien comme les envisagent sans doute les ufologues du monde entier mais dont on préférerait cependant imaginer en cas de rencontre du troisième type, qu'il ait un caractère bien différent. Une attitude agressive qui s'expliquera cependant lors d'une séquence rappelant très fortement l'affaire Roswell et notamment l'autopsie d'un extraterrestre (document qui fut diffusé sur la première chienne française TF1 et dont la véracité fut ensuite démentie). Inutile de préciser que dans le cas présent, il s'avère étonnant que l'année de diffusion de la vidéo corresponde exactement à celle de Xtro 3: Watch the Skies. Mélange de science-fiction, de guerre et de comédie plus ou moins volontaire, Harry Bromley Davenport vient clore en ''beauté'' une trilogie qui ne méritait tout de même certainement pas que son auteur lui consacra trois longs-métrages et treize ans de sa vie...

Xtro 2 : The second Encounter de Harry Bromley Davenport (1991) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 



 

Une planète hostile, balayée par les vents, sans soleil. Une créature qui pond ses œufs dans le corps de ceux qui ont le malheur de passer à proximité. Une femme et deux hommes qui foulaient le sol de la planète lorsque l'un d'eux est ramené inconscient dans une infirmerie avec dans le ventre, une créature qui ne tardera pas à en sortir de la plus effroyable manière qui soit. Un xénomorphe qui grandit rapidement et sème la mort autour de lui en parcourant les coursives d'un complexe scientifique. Et plus tard, un commando chargé d'éliminer la bestiole... D'emblée, on croirait lire là le résumé d'un mix entre Alien, le huitième passager de Ridley Scott et sa séquelle Aliens, le retour de James Cameron. Sauf que dans le cas présent, inutile de compter sur le talent du plasticien, designer, sculpteur et graphiste suisse Hans Ruedi Giger. Les décors n'ont plus rien de commun avec ceux que ce génie imagina pour le chef-d’œuvre de Ridley Scott (contrairement à ce que laissent supposer le xénomorphe et les décors du second, James Cameron ne fit pas appel à ses services pour le second opus) . Ni même avec la créature qui, dans Xtro 2 : The second Encounter, va bientôt déambuler dans des locaux d'une tristesse esthétique déprimante. Réalisé par Harry Bromley Davenport qui neuf ans auparavant signa le premier volet de ce qui deviendra avec le temps la trilogie Xtro, si celui-ci avait réussi à se faire remarquer par son étrangeté (de la mise en scène, en passant par son ambiance et jusqu'à son très curieux extraterrestre), on ne peut pas dire qu'il fasse partie des œuvres de science-fiction que l'on cite parmi nos cinq ou six préférées (à moins que...). Malgré tout, Xtro premier du nom remportera Le grand prix du festival du film fantastique de Paris en 1983, sans doute davantage en raison de son originalité que pour ses véritables qualités de mise en scène ou d'interprétation. Tellement sombre et déprimant que Harry Bromley Davenport aura sans doute exprimé le besoin de disparaître de la circulation durant les neuf années suivantes, jusqu'à son retour en 1991...


Mis en scène par le même réalisateur et portant le même titre que son prédécesseur, on pouvait supposer que Xtro 2 : The second Encounter serait la suite plus ou moins directe du premier volet de la trilogie. Que nenni. Bien que le réalisateur ait choisi de reprendre le même titre, les longs-métrages n'ont absolument rien en commun en dehors de la présence d'une créature extraterrestre. Ceux qui apprécièrent l'étonnante silhouette de l'alien neuf ans auparavant risquent de très rapidement déchanter. Celle qui parcours désormais des coursives plongées dans une obscurité bleutée du plus immonde effet ressemble davantage à celle d'un incommensurable nanar italien signé deux ans auparavant par Antonio Margheriti, Alien La Créature Des Abysse (Alien degli abissi). Nettement moins réjouissant que les perles Z de Bruno Matteï, Xtro 2 : The second Encounter bénéficie en outre d'un remarquable doublage en français pour quiconque préfère généralement les versions françaises. Vu que cette suite n'entretient aucun rapport avec l'original, forcément, les interprètes changent également. Désormais, il faudra compter sur les présences de l'acteur Jan-Michael Vincent, dont le doublage en français n'arrange en rien sa déplorable prestation (surtout connu pour avoir été l'un des acteurs principaux de la série télévisée Supercopter, cette incartade dans le domaine de la science-fiction ne sera pas la seule de sa carrière puisqu'on l'aura notamment découvert en 1980 dans The Return de Greydon Clark (suite de l'excellente série B horrifique Terreur extraterrestre) ou dix ans plus tard dans Alienator de Fred Olen Ray. À ses côtés, les acteurs Paul Koslo, Nicholas Lea ou Jano Frandsen. Du côté des actrices féminines, on retrouve dans le rôle de l'infirmière Lisa Myers l'actrice Rachel Hayward et dans celui du docteur Julie Casserly, Tara Buckman, dont le ''regard chaleureux'' nous rappellera sans peine celui d'une lanceuse de poids germano-soviétique fixant son objectif !


On sent bien que Harry Bromley Davenport a mis toutes ses billes, ses espoirs et son énergie dans Xtro 2 : The second Encounter. Malheureusement, l'absence de véritable personnage attachant se fait rapidement ressentir. Il devient alors difficile de se soucier des uns et des autres. Ne parlons même pas du commando chargé de tuer la créature. Ultra caricaturaux, leurs interprètes donnent en permanence l'impression de jouer à celui qui a la plus grosse. Est-il besoin d'évoquer la photographie de Nathaniel Massey ? Non, surtout que dans le genre, le spectateur devra se munir d'une lampe-frontale s'il veut pouvoir convenablement suivre les péripéties des personnages. L'ensemble est d'une laideur repoussante. Chaque recoin ressemble au précédent et les éclairages sont souvent aux abonnés absents. C'est peut-être finalement le doublage en français qui sauve Xtro 2 : The second Encounter du néant dans lequel il aurait sinon été condamné. Sans lui, le film de Harry Bromley Davenport n'aurait été qu'un énième navet. Mais les voix françaises sont si souvent risibles que le film bascule automatiquement de la catégorie des navets à celle, beaucoup plus ''prestigieuse'', des nanars...

 

lundi 20 décembre 2021

Phoenix Forgotten de Justin Barbier (2017)- ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

Wouaw! Un pistolet laser? Non, juste un vieux caméscope
Les Lumières de Phoenix est un phénomène lumineux qui a eu lieu dans l'état de l'Arizona, à Phoenix et dont furent les témoins des milliers d'hommes et de femmes. Un événement dont l'US Air Force tentera de minimiser la portée en invoquant des fusées éclairantes tirées dans la nuit du 13 mars 1997 par des avions de type A-10 Warthog. Plusieurs documentaires furent tournés sur le sujet ainsi que plusieurs longs-métrages dont Phoenix Forgotten en 2017. Lequel affirme d'emblée qu'il s'inspire d'un fait divers authentique. Mais ce qu'omet de préciser son auteur, c'est qu'il semble en réalité faire référence à l'apparition des dites lumières et surtout pas du triple cas de disparition d'adolescents qui sont au centre du récit et dont aucun document ou témoignage ne vient corroborer la véracité. Ou comment prendre les spectateurs pour des imbéciles en essayant de leur vendre de fausses informations ! Passé ce détail qui a tout de même son importance vu qu'il justifie à lui seul la méthode employée pour tourner les événements, le réalisateur Justin Barbier (et non pas Justin Bieb..... enfin, bref!) se penche sur le cas d'Ashley (l'actrice Chelsea Lopez, laquelle pourra toujours se reconvertir dans le métier de sosie de Vanessa paradis si jamais un jour lui passe l'envie de continuer à tourner des films), de Josh (Luke Spencer Roberts) et de Mark (Justin Matthews) qui ensemble décidèrent voilà vingt ans en arrière de partir enquêter sur les fameuses Lumières de Phoenix. Une escapade dont malheureusement, les trois amis ne reviendront jamais. La sœur de Josh, Sophie (Florence Hartigan), décide vingt ans après d'enquêter à son tour, aidée par son petit ami Dan (Matt Biedel)...


Bonjour et... au revoir !!!
Filmé à la manière du Projet Blair Witch (d'Eduardo Sánchez et Daniel Myrick, 1999) sans sorcière ni forêt mais dans le désert de l'Arizona et avec des ''ovnis'', Phoenix Forgotten est donc un Found Footage avec tout ce que cela implique de désagréable. Caméra portée à l'épaule prise de tremblements, images dégueulasse, poussiéreuse, parfois surexposée et souvent parasitée. Car rappelons alors qu'une partie des images est supposément issue des enregistrements effectués en 1997 par Josh alors que ses deux amis et lui sont partis investiguer à la manière de Fox Mulder et Dana Scully de la série X-Files (dont le film, entre autre, reprendra le fameux générique composé à l'époque par Mark Snow) dans le désert de l'Arizona. Mais avant d'être les témoins ''privilégiés'' des événements auxquels ils auront assisté durant leurs pérégrinations, il va falloir se farcir quarante-cinq bonnes minutes de vide. De ces séquences que l'on trouve couramment dans ce genre de long-métrage fauché. Du remplissage pour pas un sou. Entre le témoignage des membres des familles respectives ainsi que celui d'autres intervenants, le film manque cruellement d'originalité. Ce qui n'en fait cependant pas forcément le pire représentant de sa catégorie puisque en jonglant d'une séquence de témoignage à un souvenir en passant par quelques extraits de journaux télévisés, le film maintient un rythme que n'avait peut-être pas au départ Le Projet Blair Witch...


Une lumière et... et... et... et puis c'est tout !!!
Vient alors le moment fatidique, aussi bien attendu que tant redouté. Cette séquence lors de laquelle le spectateur va pouvoir enfin découvrir ce qu'il s'est réellement passé vingt ans plus tôt (outre les théories fumeuses avancées par certains). Perdus dans le désert, de nuit, nos trois adolescents vont croiser la route de l'indicible. Enfin, plutôt de l'invisible car à part un spectacle son et lumières digne des tirs de mortiers que les cités françaises, leur racaille ainsi que les médias hexagonaux nous renvoient depuis pas mal de temps maintenant, n'allez pas croire que les personnages créés de toutes pièces par Justin Barber et son scénariste T.S.Nowlin soient parvenus à établir un contact physique avec des petits hommes verts digne de celui de Steven Spielberg en 1977 (Rencontre du troisième type)! Une fois la projection terminée, tout le mal ou le bien que l'on pouvait exprimer d'une première partie poussive mais néanmoins rythmée se rejoignent afin de communier et pousser un cri de désespoir  : ''Tout ça, pour ça ?''...

 

Le cerveau d'acier (Colossus: The Forbin Project) de Joseph Sargent (1970) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Deux ans après avoir tourné le drame Tous les héros sont morts, le réalisateur Joseph Sargent se tourne en 1970 vers la science-fiction avec un long-métrage intéressant à plus d'un titre. En effet, Colossus: The Forbin Project (traduit chez nous sous le titre Le cerveau d'acier) est non seulement une belle réussite qui n'a pas trop mal vieillie malgré son demi siècle d'âge, mais il peut également être perçu comme le chaînon manquant entre la plupart des films mettant en scène des machines, androïdes et autres robots ménagers et Terminator que réalisa en 1984 le réalisateur James Cameron. Car en effet, comment ne pas percevoir dans cette histoire de superordinateur chargé de défendre le pays qui l'a vu ''maître'' (en l'occurrence, les États-Unis) les prémices de la catastrophe qui cinématographiquement parlant aura lieu dans le futur et opposera l'humanité à des machines de guerre dirigées par Skynet, une intelligence artificielle elle-même créée à l'origine par la compagnie Cyberdyne Systems afin d'automatiser la riposte nucléaire du pays ? Si au premier abord le film semble bien moins ambitieux que le classique de l'action et de la science-fiction qui sera interprété beaucoup plus tard par Arnold Schwarzenegger, Michael Biehn et Linda Hamilton, le scénario de Colossus: The Forbin Project n'en est pas moins passionnant. Passée l'esthétique typée fin des années soixante, début des années soixante-dix, on remarquera tout d'abord la présence dans le rôle principal du docteur Charles Forbin (qui donne d'ailleurs son nom au titre du film) de l'acteur Eric Braeden qui depuis plus de quarante ans interprète le rôle de Victor Newman dans le plus célèbres des soap Opera, Les feux de l'amour et qui ici, s'avère méconnaissable ! C'est bien lui qui incarne l'homme à l'origine de la conception de Colossus, ce superordinateur qui va très rapidement montrer des signes d'autonomie qui dépassent de très loin ses compétences supposées. Après avoir alerté toute l'équipe en charge du programme et notamment le docteur Charles Forbin qui connaît mieux que quiconque Colossus de l'existence d'un autre superordinateur situé en Union Soviétique, la création de Forbin exige d'être connectée avec son équivalent européen...


Et c'est alors là que se complexifie la situation. Car en employant un langage simple à base de mathématiques puis passant par une forme binaire indéchiffrable, les deux superordinateurs vont pendre le contrôle des systèmes de défense réciproques des deux pays et menacer l'humanité d'utiliser des missiles nucléaires si le docteur Forbin et son homologue soviétique n'appliquent pas à la lettre leurs recommandations. Autant dire que le cas de l'humanité se résume à deux chose : soit Forbin et son équipe trouvent une solution afin de reprendre le contrôle de Colossus, soit l'humanité sera-t-elle condamnée à vivre à tout jamais sous les ordres d'une machine... Si Colossus: The Forbin Project évoque évidemment le long-métrage de James Cameron, on pense également à l'ordinateur central autonome HAL 9000 du vaisseau spatial Discovery One de 2001, l'odyssée de l'espace dont l'autonomie allait s'avérer, on s'en souvient, terriblement dramatique. Si l'humour n'est pas immédiatement perceptible dans le long-métrage de Joseph Sargent, il n'en est peut-être pour autant pas moins dénué, si rare puisse-t-il être. Bien que Colossus soit capable de calculs inenvisageable par un esprit humain, son attitude le rapproche parfois de ces jeunes enfants capricieux qui réclament leur jouet. Mais là où les pleurs peuvent retentir sans avoir de conséquences dramatiques, le superordinateur, lui, est capable d'annihiler toute trace de l'espèce humaine. Le film fourmille de seconds rôle et situe le gros de son intrigue dans une salle de contrôle remplie d'ordinateurs où s'affairent les membres de l'équipe formée autour du docteur Forbin. Outre la présence de l'acteur Eric Braeden, on retrouve à l'écran Gordon Pinsent dans le rôle du président des États-Unis, William Schallert dans celui du directeur de la CIA, Grauber, ou encore Leonid Rostoff dans la peau du dirigeant de L'union Soviétique. Du côté des interprètes féminines, nous retrouvons les actrices Susan Clark (Columbo, 747 en péril de Jack Smight) ainsi que Marion Ross qui fut notamment la mère de Richie ''Ron Howard'' Cunningham dans la série culte Happy Days entre 1974 et 1984. Angoissant et nihiliste, voire même crispant, Colossus: The Forbin Project est un excellent film de science-fiction. Réaliste et pessimiste et dont la fin glace les sangs...

 

samedi 18 décembre 2021

Missile to the Moon d'Arthur Hilton (1958) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Afin de clore cette année 2021 en matière de science-fiction, évocation d'un petit film datant de 1958 qui malgré la désagréable impression qu'il dégage au départ s'avère au final plutôt sympathique. Grouillant d'un nombre conséquent d'invraisemblances, Missile to the Moon de Richard E. Cunha, auteur la même année du terriblement mauvais She Demons ou de Frankenstein's Daughter quelques mois plus tard est aussi surréaliste dans le développement de son récit que généreux dans la multiplication de ses péripéties. En préambule, sachons qu'il s'agit ici d'un remake de Cat-Women of the Moon d'Arthur Hilton qui cinq ans auparavant sortit sur les écrans de cinéma américains. Renvoyées dans leur pénates, les femmes-chats du titre sont désormais remplacées par des naïades à la peau au teint azuréen du plus kitschissime effet (sachant que le film fut à l'origine tourné en noir et blanc avant d'être colorisé) ! Dans des décors et des costumes ''dignes'' de ceux de la série originale Star Trek, nos délicieuses jeunes femmes d'origine extraterrestre venues coloniser notre planète sont demeurées jusqu'à présent dans une grotte lunaire à l'intérieur de laquelle l'oxygène se raréfie peu à peu. Mais avant de faire leur connaissance, nous découvrons tout d'abord Dirk Green (Michael Whalen) qui dans son coin a fabriqué une fusée qu'il destine à un voyage vers la Lune. Faire décoller l'engin sans équipage n'étant pas la meilleure chose à faire ni la meilleure idée à avoir, l'ingénieur et pilote va profiter de la présence clandestine de Lon (l'acteur Gary Clarke) et de Gary (Tommy Cook), deux truands qui se sont planqués à l'intérieur de la fusée après leur évasion, afin de la faire décoller cette nuit-même. Contre l'avis de son ami et assistant Steve Dayton (Richard Travis) qui pourtant, et en compagnie de son épouse June (Cathy Downs), va s'introduire dans la fusée avant même qu'elle ne décolle du sol terrestre...


Je ne sais pas ce qu'en pensent les autres, mais mettre deux assistants-criminels aux commandes d'une fusée en partance pour l'espace ne me paraît pas l'idée la plus brillante qui puisse surgir du cerveau d'une homme aussi intelligent que Dirk Green. Cette première partie du long-métrage écoulée, on ne peut être que frappé de désolation face à la rapidité avec laquelle ces quelques événements se sont enchaînés et par l'absence de moyens évidents mis en œuvre. Ici, la réflexion se résume à quelques rares lignes de dialogue. Quant au contexte, n'imaginez même pas découvrir un immense hangar à l'intérieur duquel s'affaireraient toute une équipe d'ingénieurs et de scientifiques. Pas d'ordinateurs gigantesques remplissant des pièces entières et diffusant son et lumière. Une fois la fusée lancée, rien de bien miraculeux ne s'y déroule si ce n'est l'inquiétant comportement de l'un des deux fugitifs dont les hormones sont en ébullition. Au regard du spectacle visuel qui nous attend, les intérieurs de la fusées ne sont pas encore ce qui demeure le pire en terme de décors. Une agression sexuelle et un mort plus tard (Dirk décède après s'être pris sur le crâne une batterie pesant le poids d'un âne mort mais aussi et surtout, APRES avoir confié à son ami Steve un étrange médaillon), voilà que notre couple d'amoureux et nos deux criminels atterrissent sur la surface de la Lune. Et là, comment dire... tout devient comme dans un rêve mêlant le meilleur (pour l'époque) au pire. Entre des rochers mus d'une existence propre s'attaquant à nos cosmonautes du dimanche, ''DES'' créature''S'' des ténèbres qui se compteront finalement au nombre pitoyable de UNE et une seule (en fait, l'un des Craignos Monsters les plus ridicules qu'il ait été donné de voir apparaître sur un écran de cinéma sous forme d'araignée se déplaçant piteusement) et un parterre d’amazones dirigées par une reine au doux nom de Lido (K.T. Stevens), Missile to the Moon semble perdre un peu le fil de son récit...


Mais que nenni ! [ATTENTION, SPOIL!] : à l'intérieur d'une grotte mystérieusement éclairée à la torche (quand on vient juste de découvrir que le ciel lunaire est bleu ou qu'il existe une poche d'oxygène permettant de respirer, plus rien ne peut nous étonner), des décors et des costumes façon ''Rome Antique'' et un Climax qui tombe finalement moins comme un cheveu dans la soupe qu'il n'y paraît : sans doute l'idée la plus génialement incongrue du récit : en effet, l'on apprend que le pauvre Dirk Green qui n'a malheureusement pas survécu au voyage en fusée fut un colon d'origine extraterrestre intégré à l'espèce humaine afin d'y étudier la possibilité pour Lido et ses amazones d'y vivre. Malgré l'apparente confusion, le réalisateur Arthur Hilton ainsi que ses scénaristes H.E. Barrie et Vincent Fotre savent très exactement où il vont. Malgré le ridicule de certains aspects du film (mon dieu cette araignée digne de trôner parmi les créatures du Muppet Show) et les incohérences qui tentent vainement d'annihiler tout l'intérêt de l'histoire, Missile to the Moon peut ’enorgueillir d'apparaître comme une sorte de long épisode de la série originale Star Trek duquel le capitaine Kirk, Spock et le docteur McCoy auraient été remplacés par des alter ego provenant d'un multivers. Bien que demeurant tout à fait improbable, le récit tient solidement sur ses fondations et le plaisir de suivre les aventures de nos terriens face à nos amazones peinturlurées est bien réel...

 

jeudi 16 décembre 2021

The Cosmic Man de Herbert S. Greene (1959) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆

 


 

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Depuis que la science-fiction de type invasion extraterrestres et ovnis existe, les confins de l'espace ont charrié d'innombrables créatures à l'apparence plus ou moins humanoïde. Souvent celles-ci auront-elles été identifiées comme étant hostiles envers notre planète et ses habitants tandis que certains spécimens se seront montrés comme un espoir pour l'avenir de l'humanité. En 1951, l'un de ses plus fiers représentants en la personne de Klaatu allait annoncer son intention de venir en aide aux terriens dans le mythique The Day the Earth Stood Still du réalisateur américain Robert Wise. Un concept que reprendre notamment à son compte l'assistant-réalisateur Herbert S. Greene pour le second des deux seuls longs-métrages qu'on lui connaît en tant que réalisateur. Huit ans après le classique de Robert Wise sortait sur les écrans américains The Cosmic Man. Autre œuvre de science-fiction mettant en scène un extraterrestre venu faire le bien sur Terre à travers un message on ne peut moins équivoque. Venu sur notre planète afin d'étudier l'armement militaire et ainsi le désactiver, le message que laisse derrière lui le film de Herbert S. Greene est toujours le même. Le combat permanent qui oppose scientifiques et militaires. Seul le sujet permet de comparer le long-métrage de l'auteur de La maison du Diable en 1963 ou de Star Trek, le film en 1979 avec celui de Herbert S. Greene qui signe là, une très mauvaise et non-officielle réinterprétation de The Day the Earth Stood Still. Une fois de plus l'armée américaine en prend pour son grade avec ses militaires préférant d'abord tirer avant de discuter ensuite... une fois, bien sûr, qu'il est déjà trop tard...


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The Cosmic Man sent le film fauché et arbore un visuel qui le range d'emblée du côté des nanars de science-fiction qui se comptaient déjà par dizaine dans les années cinquante. Malgré ses bonnes intentions, le réalisateur américain ne parvient à aucun moment à faire de son histoire le sujet passionnant d'une œuvre tournant autour d'un conflit scientifico-militaire ni ne parvient à être vraiment clair au sujet de son extraterrestre. Seul point positif : l'originalité de ce dernier, lequel apparaît sous forme de silhouette projetée. Une ombre insaisissable dont la présence de John Carradine à l'écran sous les traits de l'entité ne cache absolument pas ses origines extraterrestres. N'excédant que de très peu les soixante-dix minutes, The Cosmic Man est pesant. Le récit est inintéressant au possible, les effets-spéciaux se résument à peu de chose (une sphère en perpétuelle apesanteur est découverte dans un canyon), la caractérisation des personnages réduite au minimum et la mise en scène d'une mollesse incroyable. Le long-métrage de Herbert S. Greene se confond aisément avec ces pléiades de films de science-fiction de très mauvais goût qui virent le jours à l'époque sous couvert pour certains cinéastes et producteurs de s'octroyer une part du gâteau tout en négligeant certains des aspects essentiels à ce type de longs-métrages.


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On ne s'étonnera pas de retrouver parmi les personnages, le scientifique de service en la personne du docteur Karl Sorenson (ici incarné par l'acteur Bruce Bennett), des représentants de l'armée américaine (Paul Langton dans le rôle du colonel Matthews) ainsi que l'éternelle touche féminine forcément séduite par le héros qu'apporte l'actrice Angela Greene dans le rôle de Kathy Grant, mère d'un adolescent paraplégique et veuve d'un ancien officier de l'armée américaine. Des protagonistes dont la personnalité est parfois si mal définie que l'on se fiche de ce qui pourrait éventuellement leur arriver durant le déroulement du récit. Aucun effort ne fut fait au niveau des décors. Qu'il s'agisse des séquences situées dans le canyon où se situe l'étrange sphère ou dans les divers locaux qui circonscrivent le reste de l'action, rien, absolument rien ne donne envie de poursuivre l'aventure jusqu'à son terme. Pas même la photographie de John F. Warren qui n’embellit à aucun moment le moindre environnement. Pour un film de science-fiction qui tente de tenir un propos sérieux teinté d'optimisme (le message d'espoir tenu par l'homme cosmique du titre) mais aussi parfois de pessimisme (l'action de l'armée envers cet forme de vie venue d'ailleurs), à elle seule l'évocation de la vitesse de la lumière (selon l'un des scientifiques du film, celle-ci atteindrait les trois-cent mille mètres seconde !!!) termine de nous convaincre que The Cosmic Man est une grossière erreur dans le vaste monde de la science-fiction au cinéma...

 

 

Satellite in the Sky de Paul Dickson (1956) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Si le premier vol spatial orbital eu lieu le 6 octobre 1957, ce furent les russes qui envoyèrent le satellite Spoutnik 1 en orbite autour de notre planète. Pour l'instant, l'engin est à l'époque vide de toute présence humaine. Il faudra attendre le 3 novembre de la même année pour que le projet soviétique lance en orbite la chienne russe Laïka à bord de Spoutnik 2. Il faudra attendre quatre années supplémentaires pour qu'un homme puisse enfin effectuer pour la première fois, un vol dans l'espace. Une fois encore dans l'histoire de la conquête spatiale, c'est l'Union Soviétique qui prendra de l'avance sur les États-Unis en y envoyant le 12 avril 1961 le célèbre cosmonaute Youri Alekseïevitch Gagarine. Jusque là, l'hypothèse selon laquelle un jour il sera possible d'envoyer un homme dans l'espace est décrite dans un certain nombre de longs-métrages de fiction parmi lesquels Satellite in the Sky demeura en 1956, comme l'une des propositions les plus sérieuses. Car c'est bien au premier degré que le réalisateur Paul Dickson qui débutait sa carrière quelques années auparavant en tournant toute une série de documentaires et de courts-métrages aborde ce qui sera son troisième film personnel (il aura réalisé en 1954 l'anthologie Tale of three Women en collaboration avec Thelma Connell) sur un ton moins ''divertissant'' que ne l'entreprendront d'autres cinéastes. Ce qui n'empêchera pas Satellite in the Sky d'appliquer à son œuvre les sempiternels gimmick qui dans les années cinquante étaient parfaitement reconnaissables dans le genre qui nous intéresse ici, soit, la science-fiction...


L'élément féminin y étant une ''donnée'' perpétuellement rare, son expression est figurée par la présence non plus de la fille d'un scientifique comme cela était majoritairement le cas mais d'une journaliste. Vouée à son métier au point qu'elle se retrouvera directement au cœur de l'intrigue en se positionnant en passagère clandestine à bord du Stardust. Un projet de navette sur lequel travaillent depuis cinq ans une équipe de scientifiques. Mais de là à l'envoyer déjà dans l'espace avec à son bord un groupe de cosmonautes, il n'est pas encore question. Car l'équipe formée autour du Commandant Michael Hayden (l'acteur Kieron Moore) et Larry Noble (Jimmy Hanley) doivent tout d'abord travailler sur un nouveau carburant capable de permettre à un engin de quitter l'atmosphère pour se positionner en orbite autour de notre planète. Après avoir obtenu des résultats plus que convaincants, la presse est convoquée et parmi elle, la jeune et ambitieuse Kim Hamilton (Lois Maxwell). Une opposante qui dénigre l'idée de faire prendre des risques à des hommes capables de mettre en péril leur vie dans la conquête de l'espace. D'abord considéré comme un projet strictement scientifique, la veille de leur départ pour les étoiles, Michael Hayden et Larry Noble apprennent de la bouche du professeur Merrity (Donald Wolfit) que la mission à bord du Stardust sera chargée de tester un nouveau modèle de bombe atomique qui devra exploser dans l'espace afin de réduire les effets indésirables. Mais une fois à bord de la navette désormais en orbite autour de la Terre avec à son bord l'équipage constitué de cinq hommes et de la journaliste qui s'est introduite sans autorisation, le lancement de la bombe se déroule mal. Ses propulseurs tombent en panne et par un phénomène d'attraction naturelle, l'ogive et le Stardust restent irrémédiablement ''collés'' l'un à l'autre. L'explosion de la bombe ayant été programmée dans neuf heures, c'est le temps qu'il reste au Commandant Michael Hayden et son équipe pour trouver un moyen de séparer la navette de la bombe...


Comme dans tout film de science-fiction de l'époque, les violons envahissent l'atmosphère, allant même jusqu'à s'emballer lorsque les couples s'embrassent dans de voluptueux baisers cinématographiques. Des séquences qui fort heureusement s'avèrent plutôt rares puisque l'essentiel de l'intrigue tourne autour de ce projet de bombe qui va forcément engendrer un certain désarroi parmi les membres de l'équipe de scientifiques. C'est ainsi donc qu'intervient l'armée avec tout ce qu'elle suppose de machiavélisme même si l'on se rendra compte que pour une fois, celle-ci semblera vouloir prendre autant de soin pour les cosmonautes au moment du danger que pour la bombe qui se révélera en réalité le projet principal. Bien que Satellite in the Sky semble avoir été assez mal accueilli à l'époque de sa sortie, le long-métrage de Paul Dickson est d'assez bonne facture. Les effets-spéciaux à base de maquettes sont plutôt crédibles et l'interprétation à la hauteur des ambitions du projet. Le réalisateur s'y connaît en terme de mise en scène et passe d'un cadre à l'autre, donnant ainsi à l'ensemble un rythme qui n'est pas indéniable. Sans être transcendante, la caractérisation des personnages est suffisamment détaillée. L'on assiste en parallèle à l'aventure spatiale ainsi qu'à une réunion d'urgence entre scientifiques et militaires. L’œuvre de Paul Dickson semble cependant avoir été expurgée de certaines séquences. Comme l'évocation d'un modèle expérimental de navette chargée de rapatrier les cosmonautes mais dont on n'entendra pas plus parler par la suite. Satellite in the Sky paraît vouloir se rapprocher au plus près de la vérité mais se termine dans un final, me semble-t-il, vite expédié. Mais à part ce menu détail, le film est une franche réussite et n'a, malgré les décennie qui se sont écoulées depuis, pas trop mal vieilli...

 

lundi 13 décembre 2021

Droste no Hate de Bokura de Junta Yamaguchi (2021) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Le voyage dans le temps est un concept qui a fait les beaux jours de la littérature, du jeu vidéo et plus encore du septième art dans le domaine de la science-fiction. Mais à trop vouloir exploiter le filon, il a donné naissance à des dizaines de clones dont les pires représentants ont vu le jour ces dernières années. Des copier-collés souvent fades qui ne peuvent, au mieux, que contenter celles et ceux qui attendent en trépignant d'impatience l'arrivée prochaine de l’œuvre majeure qui parviendra comme au temps de C'était demain de Nicholas Meyer en 1979, Retour vers le futur de Robert Zemeckis en 1985 ou plus récemment Prédestination de Michael et Peter Spierig, à redorer le blason de l'un des sujets les plus passionnants du cinéma. Imaginer faire un tour pour revivre les plus grandes périodes de notre Histoire ou au contraire, imaginer à quoi pourrait ressembler notre avenir si peu reluisant puisse-t-on l'imaginer. Un sujet qui semble plus ou moins intéresser le réalisateur japonais Junta Yamaguchi qui avec Droste no Hate de Bokura est sans doute parvenu à s'écarter de la thématique habituelle pour la prolonger en lui adjoignant une ''protubérance'' qui ici trouve une logique pertinente. Tout le monde connaît l'effet Droste sans pour autant systématiquement connaître sa signification. L'effet Droste est ce principe de récursivité que l'on retrouve notamment dans la nature ou plus simplement sur certains emballages de produits de consommation. Ce principe même consistant à répéter à l'infini une image tout en la reproduisant en arrière-plan dans des dimensions moins importantes...


Plus simplement connu sous le nom d'Effet Vache-qui-rit, c'est peut-être sans doute effectivement cette célèbre marque de fromage qui résume le plus simplement du monde l'effet Droste avec sa vache dont les boucles d'oreilles reproduisent très exactement l'emballage. Plus que le thème du voyage dans le temps, des supposés paradoxes temporels qui y sont souvent liés et donc des conséquences découlant de la manipulation de ce même temps, c'est donc bien ici l'effet Droste qui ajoute sa plus-value au long-métrage de Junta Yamaguchi. Une alternative sans doute moins friquée et visuellement moins riche que le Tenet de Christopher Nolan mais pas moins inventive dans l'élaboration de son concept et son approche faussement minimaliste. Bien que Droste no Hate de Bokura puisse à la longue devenir ennuyeux une fois le concept absorbé, il faut reconnaître au réalisateur japonais un certain génie dans sa mise en scène. Car l'idée de mêler voyage dans le temps (ici, deux minutes dans le futur ou dans le passé) et paradoxes temporels (lequel n'est finalement que survolé) à l'effet Droste implique un cahier des charges particulièrement solide en terme de mise en scène et d'écriture. Surtout lorsque le spectateur recherchera la petite bête remettant en question la crédibilité de tel ou tel événement se déroulant à l'image. Filmé en un plan-séquence (réel ou non, cela n'a aucune importance) Droste no Hate de Bokura transforme une paire de téléviseurs en portes donnant sur le passé et sur l'avenir...


Deux minutes seulement durant lesquelles une poignée de personnages vont croiser leurs doubles lors de séquences absolument jouissives qui font preuve d'une belle maîtrise au niveau de la narration et du montage. Des séquences qui forcément reviennent en boucle avec ce décalage de deux minutes, annonçant des idées d'écriture là encore, remarquablement jubilatoires. Un concept qui au moment même où l'on pourrait évoquer les limites et la redondance fait justement intervenir le concept de l'effet Droste. L'aventure est ainsi relancée au bout d'une demi-heure environ et projette le récit dans un futur qui aurait dû s'avérer lointain mais que le budget, les simples éléments de décors ou les conditions de tournage réduisent à sa plus simple expression. C'est donc à ce niveau que le film de Junta Yamaguchi trouve ses faiblesses. On rêve déjà de ce que pourrait donner un tel sujet mis entre les mains d'un grand cinéaste bénéficiant d'un budget suffisamment confortable pour donner vie à tous les aspects qui entourent voyage dans le temps et effet Droste. Reste que Droste no Hate de Bokura est une bonne surprise qui n'abusera pas de notre temps puisque sa durée n'excède pas les soixante-dix minutes...

 

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