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lundi 7 mai 2018

Ga, Ga - Chwala bohaterom de Piotr Szulkin (1986) - ★★★★★★☆☆☆☆



Alors qu'en 1983 le cinéaste américain Philip Kaufman (L'Invasion des Profanateurs) réalisait une œuvre toute à la gloire des aventuriers de la conquête spatiale avec L’Étoffe des Héros, loin de là, en Pologne, le cinéaste Piotr Szulkin allait offrir une vision bien différente de l'exploration de l'espace et de ses héros à travers l'ultime chapitre de son extraordinaire tétralogie entamée en 1980 avec Golem, puis poursuivie en 1981 avec Wojna swiatów -nastepne stulecie et en 1985 avec O-bi, O-ba - Koniec cywilizacji. Ga, Ga - Chwala bohaterom, le dernier d'entre eux, continue de s'inscrire dans une vision post-apocalyptique du futur. Pourtant, le cinéaste polonais envisage désormais son récit sous la forme d'une comédie absurde que n'auraient sans doute pas renié les célèbres Monty Python en général, et Terry Gilliam en particulier.
L'intrigue se situe à l'aube du vingt et unième siècle, et alors que l'homme s'intéresse de moins en moins à la conquête de l'espace et que la vie sur Terre y est beaucoup plus idyllique qu'elle ne l'est dans notre réalité, l'état a mis au point un système afin d'utiliser ses prisonniers en les envoyant conquérir d'autres planètes. C'est ainsi que l'un d'eux, Scope (incarné par l'acteur polonais Daniel Olbrychski), dont le matricule est 287138, est envoyé dans l'espace, à bord d'une navette, direction Australia 458. Dès son arrivée, il constate que la planète est habitée. Il est accueilli par un individu chargé de prendre soin de lui. Ce dernier lui donne de l'argent, lui offre un toit, et le jette dans les bras de la toute jeune prostituée Once. Après un passage dans un bar, l'adolescente disparaît et Scope est alors accusé de viol sur mineure. La police lui propose alors un étrange marché : contre sa liberté, le « héros » doit accepter de commettre un meurtre au risque d'être condamné et exécuté devant les caméras...

C'est autour de ce sujet ô combien original que tourne Ga, Ga - Chwala bohaterom, sorte de bouffonnerie de science-fiction dans laquelle l'humour l'emporte haut la main tout en conservant une certaine part d'amertume envers un état répressif. Car il s'agit là avant tout d'une critique acerbe. Et même si le sujet transporte ses personnages hors des frontières de la Pologne, on y sent poindre un réquisitoire contre l'URSS et certains de ses aspects les plus sombres tels que le Goulag, véritable instrument de terreur enfermant des individus à l'image du subversif Scope. A moins qu'il ne s'agisse plutôt d'une critique féroce contre l'ennemi de toujours, lequel est représenté à travers les néons de devantures derrière les vitrines desquelles sont donnés à manger en pâtures, les propres enfants du système.

Ga, Ga - Chwala bohaterom accumule les propos improbables. Les situations les plus rocambolesques. Sur fond de grande musique, le spectacle de la mort se prépare avec une vigueur égale à celle rencontrée quatre ans auparavant dans Le Prix du Danger d'Yves Boisset ou en 1987 dans Running Man de Paul Michael Glaser. Piotr Szulkin apporte sa pierre à l'édifice de la télé-réalité bien avant qu'elle ne devienne à la mode dans les années 2000. Son personnage se dilue dans une faune bigarrée et amorale, avec comme seul espoir, celui d'enlever celle qui a conquis son cœur et de l'emmener loin de la débauche. En comparaison des trois premiers longs-métrages de la tétralogie livrés par le polonais Piot Szulkin, ce quatrième se révèle fort décevant. Le récit est d'un minimalisme confondant (l'histoire ne tourne finalement presque qu'autour de Scope cherchant la belle Once), et le spectateur se sentira certainement gêné devant une telle régression en matière d'écriture par rapport aux trois précédents volets. De plus, et ce, même si l'univers y est proche des précédents, il est rare que les tableaux y soient aussi éblouissants de beauté décrépite. Au final, Ga, Ga - Chwala bohaterom met un terme à la tétralogie de Piotr Szulkin, mais pas de la plus belle des manières. Tout juste évoquerons-nous le film comme une curiosité, mais pas comme le chef-d’œuvre qui devait clore une série de longs-métrages à la mise en scène, à l'interprétation et à l’esthétisme quasi-irréprochables...

lundi 30 avril 2018

Дознание пилота Пиркса - Test Pilota Pirxa de Marek Piestrak (1979)



Test Pilota Pirxa est le quatrième long-métrage a s'inspirer de l'une des œuvres de science-fiction de l'écrivain ukrainien Stanislas Lem après L’Étoile du Silence de Kurt Maetzig en 1960, Ikarie XB1 de Jindrich Polák en 1963, Solaris d'Andreï Tarkovski en 1972, et bien avant le remake de ce dernier que réalisa l'américain Steven Soderbergh trente ans plus tard. Comme toujours avec l’œuvre de Stanislas Lem, le matériau de base est ici une fois de plus très riche. Long-métrage de science-fiction, Test Pilota Pirxa met en scène une expédition vers Saturne parmi les anneaux de laquelle deux sondes doivent être installées par un équipage constitué d'hommes, mais également d'androïdes dont l'origine demeure tenue secrète afin que le commandant Pirx, chef à bord de la navette, demeure impartial. La mission n'étant pas le seul objectif de Pirx, les responsables ont chargé l'astronaute de renommée internationale de jeter un œil sur chacun des membres de l'équipage afin de témoigner si oui ou non, la présence d'androïdes se révèle nécessaire. La mission est donc fondamentale puisqu'à l'issue de celle-ci dépendra le futur de robots et autres machines douées d'une intelligence artificielle...

En à peine quatre-vingt quinze minutes, le long-métrage de Marek Piestrak tente de faire le tour de la question avec plus ou moins de bonheur. Il manque cependant une bonne demi-heure au moins de métrage pour que les questions obtiennent des réponses hautement satisfaisantes. Démarrant à la manière d'un thriller, il faut attendre presque la moitié du film pour que l’équipage constitué d'un peu moins de dix hommes embarque enfin à bord de la navette. L'un des aspects les plus étonnant demeure dans la relative qualité de certains effets-spéciaux quand d'autres se révèlent au contraire, parfois déplorables. Dès le départ, le soin apporté aux androïdes est notable tandis que beaucoup plus tard, l'aspect des anneaux de Saturne et celui des astéroïdes prête à sourire. C'est franchement laid et l'on peine ainsi à se prendre au jeu. Le suspens en est donc relativement dilué. C'est d'autant plus dommage que l'idée d'intégrer des personnages artificiels parmi les membres de l'équipage sans qu'on en connaisse l'identité dès le départ était particulièrement bonne.

Malheureusement, les limites apparentes du budget font que la majeure partie des thèmes évoqués n'aboutissent jamais vraiment. Pourtant, Test Pilota Pirxa conserve un charme indéniable. Et même si l'espace créé pour les besoin du film à parfois l'air d'une succession de bourres de coton, Marek Piestrak s'applique malgré tout à donner un semblant de réalisme à l'ensemble. La marque de fabrique de beaucoup de longs-métrages de science-fiction soviétique ! Les interprètes sont bons, leurs accoutrements crédibles, et l'intrigue repose sur des questionnements que l'on finira bien un jour par évoquer. Les machines faisant de plus en plus partie de notre quotidien et se rapprochant davantage de notre propre image, dans quelle mesure devrons nous bientôt les considérer au même titre qu'un être humain ? Qui donc est le plus fiable ? L'homme, ou la machine ? Peut-on avoir confiance en l'un ou en l'autre ?
Des enjeux qui, ici, divisent l'humanité au point que certains, très vite, tenteront de contrecarrer le projet. Marek Piestrak crée un climat de suspicion au sein même de l'équipage alors que l'on en est encore à se demander qui est fait de chair et de sang et qui n'est constitué que de circuits électriques. La navette se transforme alors en un réseau de coursives mal éclairées, parcourues de visages inquiétants, que le cinéaste rend plus ambigus encore en les camouflant partiellement dans l'ombre. En uniformisant le portrait de ses personnages, il empêche toute distinction et fait de son œuvre, toutes proportions gardées, l'ancêtre du très anxiogène The Thing que réalisera quelques années plus tard le cinéaste américain John Carpenter... Une curiosité...

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