dimanche 3 avril 2022

Moontrap de Robert Dyke (1989) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Après avoir subit toute une série de purges durant le week-end du type The Chain Reaction de l'australien Ian Barry, The Blob n°2 : Le retour du monstre de Laurence Jacobs (sur lequel il y a de très fortes chances que je revienne), The Vineyard de James Hong et William Rice ou encore la pitoyable comédie de science-fiction Real Men de Dennis Feldman pourtant interprétée par James Belushi, il fallait bien que je nourrisse l'une de mes passions (celle pour l'écriture) avant de tomber d'inanition. Mon choix se porta alors sur un tout autre long-métrage, peut-être pas aussi mauvais que les précédents mais pas non plus digne de s'inscrire parmi les meilleurs de sa catégorie. Une grande partie de ce week-end ''de boulimie cinématographique'' ayant été consacrée à la science-fiction, c'est donc sur Moontrap que j'ai choisi de jeter mon dévolu. Petit film sans prétentions réalisé à la toute fin des années quatre-vingt et traduit chez nous sous le titre Péril sur la Lune, Moontrap met en scène les acteurs Walter Koenig et Bruce Campbell. Si le second était déjà connu depuis presque dix ans pour avoir tourné dans le film d'horreur culte de Sam Raimi Evil Dead dans lequel l'acteur tenait le rôle principal de Ash), le premier est quant à lui devenu célèbre depuis sa multiple incarnation du personnage de Pavel Chekov, enseigne d'origine russe chargé de la navigation à bord de l'Enterprise NCC-1701. On parle évidemment là de la série télévisée de science-fiction originale Star Trek et des premiers longs-métrages cinématographiques qui en ont découlé. Les deux acteurs sont donc réunis en 1989 dans un projet bien loin d'atteindre les qualités de la mythique franchise...


En effet, à travers ce qui s'apparente à un modeste budget, le récit de Moontrap tourne autour de deux astronautes qui après avoir observé lors d'une sortie dans l'espace le corps d'un homme momifié et l'avoir ramené sur Terre apprennent qu'il est âgé d'environ quatorze mille ans. Une éventualité difficile à accepter si l'on prend en compte l'âge des technologie permettant d'aller ''se promener dans l'espace'' ainsi que la date à laquelle l'homme y est allé pour la toute première fois. Bruce Campbell et Walter Koenig sont les deux seules véritables vedettes de ce petit film au scénario ambitieux mais au traitement relativement décevant. L'on découvre d'emblée que sur la Lune, à l'époque où la mission Apollo 11 entreprenait la dernière phase de sa mission à la surface de l'astre, un œil robotisé émergea de son sol pour ensuite y disparaître au moment où devait décoller le module de décollage. Vingt ans plus tard, la navette spatiale Camelot rapporte donc à son bord le cadavre vieux de quatorze mille ans ainsi qu'un drôle d'objet que l'astronaute Jason Grant a récupéré à bord d'un vaisseau abandonné situé en orbite autour de notre planète. Une fois le corps analysé au Carbone 14 et laissé sans surveillance, le curieux objet qui l'accompagne semble prendre vie et se transforme subitement en une imposante machine meurtrière que va combattre sur place le service de sécurité du laboratoire. Une scène on ne peut plus significative des moyens consacrés aux effets-spéciaux et qui relègue directement le long-métrage de Robert Dyke au rang de nanar!


S'ensuit toute une série de séquences plus ou moins convaincantes parmi lesquelles un voyage dans l'espace se résumant à.... rien puisque nos deux valeureux astronautes (le second se nommant Ray Tanner) sont immédiatement propulsés sur la surface de la Lune avant d'y découvrir notamment des ossements humains ainsi qu'une immense structure apparemment construite par une civilisation inconnue. De là à imaginer que Ridley Scott ait pu s'en inspirer lors de l'écriture et de la mise en scène de Prometheus vingt-trois ans plus tard, il n'y a qu'un pas que n'oseront franchir que les critiques les plus courageux. Quant au corps découvert dans l'espace ou bien même cette femme enfermée dans un sarcophage et libérée par les deux astronautes, un peu d'imagination nous fera peut-être dire que le Lifeforce de Tobe Hooper sorti quatre ans plus tôt y est peut-être pour quelque chose. Présence ensuite d'un immense androïde loin d'être aussi impressionnant que le Terminator de James Cameron, accouplement entre la belle inconnue (l'actrice Leigh Lombardi) et l'un de nos deux astronautes (parce que randonner sur la surface de la Lune, ça creuse l'appétit... sexuel!) puis, repompage du pauvre du Alien de Ridley Scott dont je laisse les curieux découvrir le contenu. Si ce n'étaient des décors peu réalistes qui montrent bien que la plupart des séquences furent tournées en studio et une atroce bande musicale composée par Joseph LoDuca, Moontrap n'aurait peut-être pas connu l'avalanche de critiques et de notes négatives qui ont plu à sa sortie. Malgré ces dernières, Robert Dyke a lancé une campagne de financement vingt-deux ans plus tard afin de produire et réaliser une séquelle. Si le projet est d'abord tombé à l'eau, en 2014 lui et Tex Ragsdale sont parvenus à réunir les fonds. Trois ans plus tard naîtra donc la suite de Moontrap sous le titre Moontrap Target Earth...

dimanche 13 février 2022

Moonfall de Roland Emmerich (2022) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆




Roland Emmerich est l'équivalent d'un Luc Besson en mode mégalomanie. Un gamin auquel l'on confie assez d'argent pour donner vie à ses délires, à ses fantasmes, quitte à jeter des dizaines et des dizaines de millions de dollars par la fenêtre. Moins ''riche'' qu'un Valérian et la Cité des mille planètes signé du réalisateur français il y a cinq ans (presque deux-cent millions de billets verts de budget), le germano-américain s'est vu confier la coquette somme de cent-cinquante millions de dollars pour le tournage de son dernier long-métrage Moonfall, trois ans après que soit sorti sur les écrans le film de guerre Midway autre long-métrage à gros budget financé à hauteur de cent millions de dollars. Habitué des blockbusters, Roland Emmerich a la chance d'avoir un cercle de fans tandis qu'une partie des cinéphiles se complaisent très objectivement à dire du mal de pratiquement tout ce que le bonhomme produit au moins depuis presque quinze ans. Car avant cela, Stargate : la porte des étoiles, Independence Day et plus encore Le jour d'après pouvaient encore laisser supposer que le réalisateur pouvait tirer le meilleur parti-pris ou presque de la science-fiction ou du cinéma catastrophe. À ce dernier, c'est avec une autre forme de complaisance que l'on aura eu tôt fait d'y adjoindre le suffixe ''ique'' tant certaines de ses œuvres futures allaient se montrer parfaitement indigestes. Et parmi celles-ci, l'infâme 2012, le ridicule Independence Day: Resurgence (séquelle tellement piteuse de Independence Day que le troisième volet imaginé dès 2019 sera finalement oublié pour Moonfall). Fidèle scénariste de Roland Emmerich depuis 2004 et Le jour d'après, l'autrichien Harald Kloser s'est attelé auprès du réalisateur à l'écriture de ce qui s'avère une fois encore un film catastroph(iqu)e dans tous les sens du terme...


Repoussant sans cesse les limites de l'improbable, la Terre est désormais en danger depuis que le docteur en mégastructures K. C. Houseman (l'acteur John Bradley-West) a remarqué que la Lune a quitté son orbite initiale. Un personnage légèrement à l'ouest comme les affectionne apparemment Roland Emmerich puisqu'il évoque sensiblement Charlie Frost qu'incarnait Woody Harrelson dans 2012... Commence alors pour lui la tentative de convaincre du désastre à venir. Et en premier lieu, Brian Harper et Jo Fowler, deux anciens astronautes qui dix ans auparavant se virent confier une mission dans l'espace qui tourna en partie à la catastrophe lorsque le premier fut témoin de l'apparition d'un mystérieux essaim noir qui provoqua la mort d'un troisième astronaute. Dix ans plus tard, Brian ne fait plus partie de la Nasa mais alors qu'il rejette la thèse que vient de lui servir sur un plateau K. C. Houseman, il est bien obligé d'accepter le fait que bientôt, toute trace de vie sur Terre sera anéantie. Résumé relativement succinct de Moonfall, la richesse de son scénario en fait également son principal adversaire. En effet, trop ambitieuse, l'écriture de Roland Emmerich, de Harald Kloser mais également de Spenser Cohen est responsable d'une œuvre confuse et très souvent maladroite. Contraint d'opérer des coupes invraisemblables, le film se perd dans des considérations absurdes et relevant parfois du complotisme. À la recherche d'une certaine crédibilité, le réalisateur germano-américain s'empare en outre de l'une des plus ambitieuses rechercjes actuelles chères à la Nasa en évoquant la présence dans l'univers de sphères de Dyson, des mégastructures captant l'énergie des étoiles...


Dans le cas présent, l'évocation s'y fait à travers un puits long de vingt-cinq kilomètres environ pratiqué à la surface de la Lune qui quitte ainsi son orbite pour s'approcher à grands pas de notre planète. Avec tout ce que cela sous-entend de catastrophes naturelles bien évidemment. Au titre desquelles on retrouve l'habituel raz de marée. Si Roland Emmerich semble s'être un peu calmé et si sa gourmandise en matière d'effets-spéciaux semble s'être apaisée, on a droit à quelques monumentales séquences en images de synthèses aussi grandiloquentes et impressionnantes qu'abracadabrantes. Toujours ce besoin d'en mettre plein la vue, de justifier le budget, mais sans pour autant prendre soin d'apporter un quelconque sens du réalisme au sujet invoqué. Surtout, Moonfall aligne les clichés comme le font en général ce genre de longs-métrages et encore plus lorsqu'ils sont signés de la main de Roland Emmerich. D'où ce sentiment éternel de revoir sans cesse le même film, les catastrophes n'étant que de vulgaires copier/coller de certaines séquences vues par le passé. Autant dire que le réalisateur et ses interprètes parmi lesquels Halle Berry et Patrick Wilson ne bousculeront pas nos habitudes. Que le film déroule son intrigue sur Terre ou dans l'espace, il y a donc là, de quoi bayer aux corneilles durant cent-vingt minutes...

mercredi 9 février 2022

Brainstorm de Douglas Trumbull (1983) - ★★★★★★★☆☆☆

 


Artisan des effets photographiques sur divers longs-métrages de science-fiction (2001, l'odyssée de l'espace de Stanley Kubrick, Rencontre du troisième type de Steven Spielberg, Blade Runner de Ridley Scott) et producteur, le réalisateur américain Douglas Trumbull a lui-même mis en scène quelques projets, et parmi eux, deux longs-métrages. En 1972 tout d'abord, avec le film de science-fiction culte Silent Running. Puis onze ans plus tard, Brainstorm, dernière incartade dans les salles obscures pour Douglas Trumbull avant d'entamer une carrière ponctuée d'une dizaine de courts-métrages. Ce second film, loin d'être anodin, a l'avantage d'être interprété par une joli brochette d'acteurs. Avec en tête le toujours formidable Christopher Walken dans le rôle du docteur Michael Anthony Brace. Un scientifique qui depuis des années travaille sur un dispositif devant permettre d'enregistrer sur bande magnétique, tout ce que le cerveau humain contient d'émotions. La chose se concrétisant à travers des images transmises par un casque relié à un ordinateur gigantesque. Car comme on le découvre très rapidement, à l'époque, on ne concevait encore les super-ordinateurs que comme d'énormes machines prenant la place de pièces entières, reliés par d'innombrables câbles électriques. C'est dans ce contexte scientifique relativement crédible pour l'époque (le travail sur le son et l'image est approximativement ce à quoi l'on peut s'attendre au milieu des années quatre-vingt) et où le Bluetooth et la Wi-fi ne sont sans doute encore que des concepts très éloignés de la réalité, que l'on retrouve également l'actrice américaine Natalie Wood. Disparue trop rapidement à l'âge de quarante-trois ans dans des circonstances plus que suspectes (son corps fut retrouvé noyé près de l'île Santa Catalina après qu'elle ait passé une soirée arrosée à bord d'un yacht auprès de son époux Robert Wagner (la série Pour l'amour du risque, La tour infernale de John Guillermin), celle qui fut l'une des héroïnes La Fureur de vivre de Nicholas Ray en 1955 ou de West Side Story de Jerome Robbins et Robert Wise six ans plus tard tournait Brainstorm au moment de son décès...


Le long-métrage de Douglas Trumbull ne verra le jour sur les écrans américains que deux ans plus tard et en 1984 dans notre pays. Notons que le duo que forme Christopher Walken et Natalie Wood (qui dans le cas présent incarne son épouse Karen) est complété par la présence à l'écran de la formidable actrice Louise Fletcher dans le rôle du docteur Lillian Reynolds, et qui loin de la tyrannique infirmière Mildred Ratched dans le chef-d’œuvre de Miloš Forman Vol au dessus d'un nid de coucou réalisé six ans auparavant interprète celle qui aux côtés du docteur Michael Anthony Brace est à l'origine du projet qui contrairement à ce que pourrait laisser croire le titre du film, ne porte pas le nom de Brainstorm. Terme que justifiera plus tard la présence inévitable de l'armée qui fort logiquement tentera de récupérer le bébé des deux scientifiques pour son profit personnel. Visions stroboscopiques et vue à la première personne sont l'essentiel du rendu du procédé affiché à l'écran. Ça n'est donc pas pour ses effets-spéciaux que l'on appréciera tout d'abord le film de Douglas Trumbull mais plutôt pour ce combat entre la science et l'armée, à laquelle se joint le FBI représenté ici à travers le personnage de Landan Marks qu'interprète l'acteur Donald Hotton. Parmi les seconds rôles nous retrouvons Cliff Robertson qui en 1969 remporta l'Oscar du meilleur acteur dans Charly de Ralph Nelson ou Alan Fudge que les fans de la série L'Homme de l'Atlantide reconnaîtront puisqu'il y incarna le personnage de C.W.Crawford. Brainstorm est un étrange petit film. Entre série B ambitieuse parcourue de séquences formidables que l'on doit surtout à l'interprétation de ses acteurs (Louise Fletcher en tête), affrontement militaro-scientifique, et séquences parfois ennuyeuses ou inutiles, on passe devant l’œuvre de l'américain, un agréable moment lors duquel, forcément, l'on se range du côté de nos valeureux chercheurs plutôt que de ceux qui cherchent à les espionner. Au jeu du chat et de la souris, pas sûr que les grands pontes de l'armée en sortent vainqueurs. Entre nominations et récompenses, Brainstormi remporta notamment les Saturn Award de la meilleure actrice et de la meilleure musique pour Louise Fletcher et James Horner...

 

dimanche 16 janvier 2022

Le camion de la mort (1982) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

Tout comme New York 1997 de John Carpenter et Alien de Ridley Scott, Mad max de l'australien George Miller fut à l'origine de nombreux plagiats. L'Italie, les États-Unis, et même la France ont prélevé leur part du gâteau sans pour autant être jamais capables d'égaler et encore moins de surpasser les deux premiers volets de cette remarquable franchise qui depuis 2015 en compte temporairement quatre (le cinquième à venir ayant été envisagé par le réalisateur sous la forme d'un préquelle). Le camion de la mort de Harley Cokeliss fait partie de cette vague de longs-métrages situant leur intrigue sur des terres devenues sauvages et hostiles à la suite d'un conflit nucléaire à l'échelle mondiale. Seule originalité de ce film dont le titre original demeure Warlords of the 21st Century (que l'on traduira chez nous sous le titre Les seigneurs de guerre du 21e siècle), ses origines : En effet, Le camion de la mort ne provient ni de l'hexagone, ni de la botte et n'a pas traversé l'Atlantique jusqu'à nous. Non, le film vient d'une île située à deux-mille kilomètres au sud-est de l'Australie, la Nouvelle-Zélande. Géographiquement donc plus proche de George Miller que de Pierre-William Glenn, auteur du nanardesque Terminus avec notre Johnny Hallyday national, son contenu est par contre relativement semblable à celui qui fut proposé dans cette production franco-allemande que le réalisateur français tourna en 1986. Autant dire que le long-métrage de Harley Cokeliss ne brille pas de mille feux et s’avérera pour certains relativement pénible à regarder...


Bien que le nom de Harley Cokeliss soit notamment apparu aux génériques des séries télévisées Xena, la guerrière en 1995 et des Nouveaux Professionnels quatre ans plus tard, ce réalisateur qui tourna en tout et pour tout une dizaine de longs-métrages signe ici un sous-Mad Max assez peu intéressant. Dans des décors pourtant aussi déserts que ceux du second volet de la franchise de George Miller, le néo-zélandais ne s'affranchit pas vraiment des codes et exploite pas mal des idées nées de l'imagination de l'australien et de son scénariste de l'époque, James McCausland. Ici, le récit oppose le héros Hunter (interprété par l'acteur Michael Beck qui fut notamment en 1979, le personnage principal du film culte de Walter Hill, Les guerriers de la nuit) à un tyran du nom de colonel Straker (James Wainwright), lequel, aux commandes d'un camion blindé, fait régner la terreur dans la région. Et notamment auprès d'une communauté dont les membres, qui plutôt que d'être revenus à l'état de bêtes sauvages et sanguinaires ont choisi de vivre paisiblement et en toute démocratie. Du moins, jusqu'à ce que le fameux Colonel Straker et sa bande de mercenaires sans pitié en viennent à prendre possession des lieux alors que ce dernier est à l'origine parti rechercher sa fille Corlie (l'actrice Annie McEnroe) qui refuse de partager les curieuses ''valeurs'' de son père...


Michael Beck endosse donc le costume de loup solitaire mâtiné de bon samaritain, toujours prêt à chevaucher son éternelle moto (qu'il ''nourrit'' à l'aide de méthane produit à base de, dit-il : ''merde de poulet''!) pour aider la veuve et l'orphelin. Et ici, en l'occurrence, la belle Corlie. Sans prendre conscience des conséquences puisque la tranquillité de la communauté va en être totalement chamboulée. Au regard de Mad Max, Le camion de la mort fait peine à voir. Mais le principal atout de ce genre de production, du moins à l'époque, c'est sa situation géographique et le retour à un mode de vie dont est bannie pratiquement toute forme de technologie. Un désert, un soleil écrasant, des collines environnantes et des routes qui ne mènent qu'à des coupe-gorges et voilà le tout emballé sous les oripeaux de la science-fiction post-apocalyptique. Le camion de la mort... c'est comment dire... comme si on avait tout piqué à un grand cinéaste. À commencer par les idées, puis le casting (qui, je dois être honnête, s'en sort honnorablement), les décors, tout cela avant de prendre en otage l'équipe technique. Au mieux, le long-métrage de Harley Cokeliss ressemble à un épisode ''augmenté'' de L'agence tous risques ou de McGyver à la sauce post-apocalyptique. Rien de bien réjouissant, mais un soir d'hiver, ça peut toujours le faire à condition que l'on ne soit pas trop exigeant...

 

samedi 15 janvier 2022

Créature (The Titan Find) de William Malone (1985) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆

 


 

C'est à la surface de Titan, plus grand satellite naturel de Saturne que Créature (The Titan Find) de William Malone situe son action. Une lune sur laquelle une race d'extraterrestre élurent domicile bien avant que l'homme y foule sa surface puisque en préambule nous découvrons deux chercheurs de la multinationale NTI à l'intérieur d'un laboratoire où se trouve notamment un bocal à l'intérieur duquel est enfermé un œuf... D'emblée, le rapport qu'entretient ce long-métrage de science-fiction horrifique avec l'un des classiques du genre réalisé par Ridley Scott en 1979 est évident. Comme nous le démontreront les événements à venir, Créature cultive en effet de nombreux points communs avec Alien, chef-d’œuvre que beaucoup ont tenté de copier sans jamais y parvenir. On pense notamment aux transalpins Alien 2 – Sulla Terra de Ciro Ippolito et Alien, la Créature des Abysses d'Antonio Margheriti en 1989 (bien que celui-ci se déroule sur Terre et s'inspire plutôt de la séquelle officielle Aliens, le retour réalisée par James Cameron en 1986) ainsi qu'aux américains Inseminoid de Norman J. Warren en 1981 ou La galaxie de la terreur de Bruce D. Clark sorti la même année. Deux exemples à peu près convenables et bénéficiant même d'une aura bien méritée auprès des amateurs du genre. Créature, lui, est plus proche des longs-métrages italiens d'un point de vue qualitatif. En effet, si le générique laisse présager une œuvre plutôt ambitieuse et visuellement attrayante, cette fausse impression ne durera malheureusement pas longtemps...


Lorsque l'on ne paie pas sa facture d'électricité, voilà ce qui arrive : on se retrouve plongé dans une obscurité presque totale, à peine parcourue de quelques éclairages qui eux-mêmes vont connaître un sort peu enviable puisque ''dérangés'' par une brume permanente tentant là encore, de s'inspirer de l'ambiance remarquable qui plongea les sept membres de l'équipage du Nostromo à la surface de la planète LV-426 dans Alien. Mais alors qu'en 1979 Ridley Scott bénéficiait déjà de son immense talent de réalisateur, de la présence à l'écriture de Dan O'Bannon (réalisateur du Retour des morts-vivants en 1985), du compositeur Jerry Goldsmith, de la photographie de Derek Vanlint mais peut-être plus encore du remarquable travail du designer et sculpteur suisse Hans Ruedi Giger, William Malone doit quant à lui se contenter de son propre scénario, de la photographie de Harry Mathias, de la partition de Thomas Chase et Steve Rucker ou de la direction artistique de Michael Novotny. Pourtant réalisé six ans plus tard, Creature ne parvient jamais à surpasser son modèle ni même atteindre le dixième de ses qualités. La faute à un nombre invraisemblable de défauts dont un scénario qui outre le fait qu'il pompe sans vergogne l’œuvre du réalisateur britanico-américain n'est même pas capable de nous proposer un spectacle satisfaisant. Si William Malone tente de retrouver l'esprit d'Alien, ses coursives, l'ambiance sinistre et anxiogène qui courrait à la surface de LV-426, sa prodigieuse créature ou ses meurtres admirablement mis en scène, c'est peine perdue. Son film est d'un ennui abyssal. Si sombre que l'on passe son temps à écarquiller les yeux. Mais qui demeure tout de même une curiosité à plus d'un titre...


D'abord parce que le réalisateur s'ingénie à reprendre tout ou partie du scénario de Ridley Scott, à travers la découverte de l’œuf, cette manière de filmer le vaisseau de l'équipage par en dessous pour lui offrir une certaine ampleur, à parcourir de sa caméra les nombreux couloir où se situe l'action et à afficher une créature qui, ô miracle, possède une nette différence avec celle conçue par le suisse des années auparavant : en effet, la créature du titre est ici capable de prendre le contrôle de ses victimes une fois celles-ci décédées. Une ''originalité'' malheureusement insuffisante qui ne permet absolument pas d'adhérer au concept. Comme la présence de l'acteur allemand Klaus Kinski qui apparaît lors de rares occasions dans un rôle qui semble loin de ses performances les plus marquantes (ses divers participations aux œuvres de l'immense Werner Herzog) mais plus proche d'une fonction alimentaire. À ses côtés, nous retrouvons notamment l'acteur Stan Ivar qui apparu dans de nombreuses séries télévisées dont La petite maison dans la prairie où il tint le rôle récurrent de John Carter en 1982 et 1983. Quant à la charmante Wendy Schaal, le réalisateur Joe Dante en fit quelque peu son égérie puisqu'on la découvrit dans plusieurs de ses longs-métrages parmi lesquels L'Aventure intérieure en 1987 ou Small Soldiers douze ans plus tard. Créature sonne pour ces trois interprètes comme une erreur de parcours (Kinski en connaîtra malheureusement d'autres). Véritable plagiat du chef-d’œuvre de Ridley Scott (le final en est un exemple particulièrement frappant), on s'y ennuie terriblement. Ponctué de ventres mous très bavards, même les séquences d'action sont ratées. Au beau milieu d'une légion d'avatars plus ou moins réussis de Alien, on optera donc plutôt pour Inseminoid ou La galaxie de la terreur...

 

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