Roland Emmerich est
l'équivalent d'un Luc Besson en mode mégalomanie. Un gamin auquel
l'on confie assez d'argent pour donner vie à ses délires, à ses
fantasmes, quitte à jeter des dizaines et des dizaines de millions
de dollars par la fenêtre. Moins ''riche'' qu'un Valérian et
la Cité des mille planètes signé du réalisateur français
il y a cinq ans (presque deux-cent millions de billets verts de
budget), le germano-américain s'est vu confier la coquette somme de
cent-cinquante millions de dollars pour le tournage de son dernier
long-métrage Moonfall, trois
ans après que soit sorti sur les écrans le film de guerre Midway
autre long-métrage à gros budget financé à hauteur de cent
millions de dollars. Habitué des blockbusters, Roland Emmerich a la
chance d'avoir un cercle de fans tandis qu'une partie des cinéphiles
se complaisent très objectivement à dire du mal de pratiquement
tout ce que le bonhomme produit au moins depuis presque quinze ans.
Car avant cela, Stargate : la porte des
étoiles,
Independence Day et
plus encore Le jour d'après
pouvaient encore laisser supposer que le réalisateur pouvait tirer
le meilleur parti-pris ou presque de la science-fiction ou du cinéma
catastrophe. À ce dernier, c'est avec une autre forme de
complaisance que l'on aura eu tôt fait d'y adjoindre le suffixe
''ique''
tant certaines de ses œuvres futures allaient se montrer
parfaitement indigestes. Et parmi celles-ci, l'infâme 2012,
le ridicule Independence Day: Resurgence
(séquelle tellement piteuse de Independence Day
que
le troisième volet imaginé dès 2019 sera finalement oublié pour
Moonfall).
Fidèle scénariste de Roland Emmerich depuis 2004 et Le
jour d'après,
l'autrichien Harald Kloser s'est attelé auprès du réalisateur à
l'écriture de ce qui s'avère une fois encore un film
catastroph(iqu)e dans tous les sens du terme...
Repoussant
sans cesse les limites de l'improbable, la Terre est désormais en
danger depuis que le docteur en mégastructures K. C. Houseman
(l'acteur John Bradley-West) a remarqué que la Lune a quitté son
orbite initiale. Un personnage légèrement à l'ouest comme les
affectionne apparemment Roland Emmerich puisqu'il évoque
sensiblement Charlie Frost qu'incarnait Woody Harrelson dans 2012...
Commence alors pour lui la tentative de convaincre du
désastre à venir. Et en premier lieu, Brian Harper et Jo Fowler,
deux anciens astronautes qui dix ans auparavant se virent confier une
mission dans l'espace qui tourna en partie à la catastrophe lorsque
le premier fut témoin de l'apparition d'un mystérieux essaim noir
qui provoqua la mort d'un troisième astronaute. Dix ans plus tard,
Brian ne fait plus partie de la Nasa mais alors qu'il rejette la
thèse que vient de lui servir sur un plateau K. C. Houseman, il est
bien obligé d'accepter le fait que bientôt, toute trace de vie sur
Terre sera anéantie. Résumé relativement succinct de Moonfall,
la richesse de son scénario en fait également son principal
adversaire. En effet, trop ambitieuse, l'écriture de Roland
Emmerich, de Harald Kloser mais également de Spenser Cohen est
responsable d'une œuvre confuse et très souvent maladroite.
Contraint d'opérer des coupes invraisemblables, le film se perd dans
des considérations absurdes et relevant parfois du complotisme. À
la recherche d'une certaine crédibilité, le réalisateur
germano-américain s'empare en outre de l'une des plus ambitieuses
rechercjes actuelles chères à la Nasa
en évoquant la présence dans l'univers de sphères de Dyson, des
mégastructures captant l'énergie des étoiles...
Dans
le cas présent, l'évocation s'y fait à travers un puits long de
vingt-cinq kilomètres environ pratiqué à la surface de la Lune qui
quitte ainsi son orbite pour s'approcher à grands pas de notre
planète. Avec tout ce que cela sous-entend de catastrophes
naturelles bien évidemment. Au titre desquelles on retrouve
l'habituel raz de marée. Si Roland Emmerich semble s'être un peu
calmé et si sa gourmandise en matière d'effets-spéciaux semble
s'être apaisée, on a droit à quelques monumentales séquences en
images de synthèses aussi grandiloquentes et impressionnantes
qu'abracadabrantes. Toujours ce besoin d'en mettre plein la vue, de
justifier le budget, mais sans pour autant prendre soin d'apporter un
quelconque sens du réalisme au sujet invoqué. Surtout, Moonfall
aligne les clichés comme le font en général ce genre de
longs-métrages et encore plus lorsqu'ils sont signés de la main de
Roland Emmerich. D'où ce sentiment éternel de revoir sans cesse le
même film, les catastrophes n'étant que de vulgaires copier/coller
de certaines séquences vues par le passé. Autant dire que le
réalisateur et ses interprètes parmi lesquels Halle Berry et
Patrick Wilson ne bousculeront pas nos habitudes. Que le film déroule
son intrigue sur Terre ou dans l'espace, il y a donc là, de quoi
bayer aux corneilles durant cent-vingt minutes...
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