Durant trois années,
entre 1989 et 1991, la Belgique fut au centre d'un certain nombre
d'observations d'ovnis. Des milliers de témoins affirmèrent avoir
vu au dessus de leur tête des engins de forme généralement
triangulaire ayant la particularité de ne produire aucun son. Sur la
base d'archives télévisuelles, le réalisateur belge Jérôme
Vandewattyne et les scénaristes Jérôme Di Egidio et Kamal
Messaoudi remontent le fil des événements avant d'y intégrer un
journaliste et un cameraman imaginaires qui auraient disparu après
avoir enquêté sur ce que l'on nommera alors, la Vague Belge...
Deux ans auparavant, en France, fut diffusée l'excellente série
OVNI(s)
consacrée au Groupe d'études des phénomènes aérospatiaux non
identifiés plus connu sous le nom de Gepan.
Une mise en forme humoristique qui trouve avec The
Belgian Wave
une alternative totalement barrée. Les passionnés de soucoupes
volantes, de vaisseaux spatiaux et d'extraterrestres risquent
cependant d'être incommodés par cette approche qui loin de faire la
part des choses entre réel et fiction préfère prendre des chemins
de travers sous acide ! En 2017, Jérôme Vandewattyne réalisait
le mockumentaire Spit'n'Split.
Un canular tournant autour d'un groupe de rock fictif. Sans inventer
la totalité des faits qui sont retranscrits dans son second
long-métrage, le belge signe avec
The Belgian Wave une
œuvre dont on peut se demander dans quelles proportions ses auteurs
ne se seraient surtout pas entendu pour donner une image assez peu
élogieuse du phénomène d'ovnis. Car outre les quelques documents
d'époque que l'on a l'occasion d'y découvrir, le long-métrage met
en scène des personnages imaginaires tellement excentriques que leur
seule parole tenterait à décrédibiliser le phénomène. Des
individus face auxquels les deux protagonistes du récit ne
dépareilleraient d'ailleurs pas fondamentalement puisque dans le
choix de mettre en scène l'actrice de petite taille Karen De Paduwa
ou l'acteur Karim Barras dans celui d'Elzo Vaerenbergh, consommateur
effréné de LSD,
Jérôme Vandewattyne crée un univers richement coloré et
délirant, sorte de La Vegas Parano
pour amateurs de petits hommes gris !
The Belgian Wave
est excessif à tous points de vue. Ne se contraignant à aucunes
limites, le cinéaste dépasse le cadre simple de l'enquête
journalistique visant à retrouver la trace d'un certain Marc
Varenberg et de son cameraman pour s'enfoncer dans les méandres d'un
psychisme éclaté. Celui d'Elzo Vaerenbergh qui, n'en déplaise aux
ufologues, prend tellement de place au sein du récit que le sujet de
fond est parfois remisé en arrière-plan. C'est tout l'humour belge
que l'on retrouve ici. Un peu noir mais surtout, véritablement
absurde. Une œuvre qui parfois peu assommer les spectateurs à force
de vouloir trop en faire en matière de délire visuel. La
photographie est intéressante bien qu'exagérément colorée. Les
teintes pètent littéralement de partout tandis que l'on partage à
maintes occasions les phases de défonce de l'enquêteur. La présence
de Karen De Paduwa, sorte de Mimie Mathy du plat pays temporise le
tout même si sa présence semble à elle seule être un pied de nez
au sérieux que voudrait entourer la thématique. The
Belgian Wave ne
fera certainement pas d'ombre au cinéma outre-atlantique et il
semble d'ailleurs évident que ça n'est absolument pas ce que
recherche Jérôme Vandewattyne. En forme de long épisode de X-Files
sous acide où Dana Scully aurait été atteinte dès sa naissance de
nanisme diastrophique et où Fox Mulder aurait troqué ses graines de
tournesol contre des micro-doses de LSD,
on ne sort par de l'expérience tout à fait indemne. Et pas
forcément pour les bonnes raisons. Au final, est-ce le but recherché
par Jérôme Vandewattyne, mais les véritables extraterrestres
semblent bien provenir de notre propre planète. Le réalisateur
belge profite d'un authentique fait-divers pour dézinguer ses
témoins en les faisant passer pour des illuminés. Les intégristes
diront sans doute que le bonhomme exagère, qu'il manque de sérieux
ou de respect vis à vis des témoins qu'il caricature. Mais voyons
plutôt The Belgian Wave
comme une comédie potache, très conne sur les bords, mais pas
inintéressante non plus...
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