C'est à la surface de
Titan, plus grand satellite naturel de Saturne que Créature
(The
Titan Find)
de William Malone situe son action. Une lune sur laquelle une race
d'extraterrestre élurent domicile bien avant que l'homme y foule sa
surface puisque en préambule nous découvrons deux chercheurs de la
multinationale NTI
à l'intérieur d'un laboratoire où se trouve notamment un bocal à
l'intérieur duquel est enfermé un œuf... D'emblée, le rapport
qu'entretient ce long-métrage de science-fiction horrifique avec
l'un des classiques du genre réalisé par Ridley Scott en 1979 est
évident. Comme nous le démontreront les événements à venir,
Créature
cultive en effet de nombreux points communs avec Alien,
chef-d’œuvre que beaucoup ont tenté de copier sans jamais y
parvenir. On pense notamment aux transalpins Alien
2 – Sulla Terra
de Ciro Ippolito et Alien, la Créature des
Abysses
d'Antonio Margheriti en 1989 (bien que celui-ci se déroule sur Terre
et s'inspire plutôt de la séquelle officielle Aliens,
le retour
réalisée par James Cameron en 1986) ainsi qu'aux américains
Inseminoid de
Norman J. Warren en 1981 ou La galaxie de la
terreur
de Bruce D. Clark sorti la même année. Deux exemples à peu près
convenables et bénéficiant même d'une aura bien méritée auprès
des amateurs du genre. Créature,
lui, est plus proche des longs-métrages italiens d'un point de vue
qualitatif. En effet, si le générique laisse présager une œuvre
plutôt ambitieuse et visuellement attrayante, cette fausse
impression ne durera malheureusement pas longtemps...
Lorsque
l'on ne paie pas sa facture d'électricité, voilà ce qui arrive :
on se retrouve plongé dans une obscurité presque totale, à peine
parcourue de quelques éclairages qui eux-mêmes vont connaître un
sort peu enviable puisque ''dérangés'' par une brume permanente
tentant là encore, de s'inspirer de l'ambiance remarquable qui
plongea les sept membres de l'équipage du Nostromo
à
la surface de la planète LV-426
dans Alien.
Mais alors qu'en 1979 Ridley Scott bénéficiait déjà de son
immense talent de réalisateur, de la présence à l'écriture de Dan
O'Bannon (réalisateur du Retour des
morts-vivants en
1985), du compositeur Jerry Goldsmith, de la photographie de Derek
Vanlint mais peut-être plus encore du remarquable travail du
designer et sculpteur suisse Hans Ruedi Giger, William Malone doit
quant à lui se contenter de son propre scénario, de la photographie
de Harry Mathias, de la partition de Thomas Chase et Steve Rucker ou
de la direction artistique de Michael Novotny. Pourtant réalisé six
ans plus tard, Creature
ne parvient jamais à surpasser son modèle ni même atteindre le
dixième de ses qualités. La faute à un nombre invraisemblable de
défauts dont un scénario qui outre le fait qu'il pompe sans
vergogne l’œuvre du réalisateur britanico-américain n'est même
pas capable de nous proposer un spectacle satisfaisant. Si William
Malone tente de retrouver l'esprit d'Alien,
ses coursives, l'ambiance sinistre et anxiogène qui courrait à la
surface de LV-426,
sa prodigieuse créature ou ses meurtres admirablement mis en scène,
c'est peine perdue. Son film est d'un ennui abyssal. Si sombre que
l'on passe son temps à écarquiller les yeux. Mais qui demeure tout
de même une curiosité à plus d'un titre...
D'abord parce que le réalisateur
s'ingénie à reprendre tout ou partie du scénario de Ridley Scott,
à travers la découverte de l’œuf, cette manière de filmer le
vaisseau de l'équipage par en dessous pour lui offrir une certaine
ampleur, à parcourir de sa caméra les nombreux couloir où se situe
l'action et à afficher une créature qui, ô miracle, possède une
nette différence avec celle conçue par le suisse des années
auparavant : en effet, la créature du titre est ici capable de
prendre le contrôle de ses victimes une fois celles-ci décédées.
Une ''originalité'' malheureusement insuffisante qui ne permet
absolument pas d'adhérer au concept. Comme la présence de l'acteur
allemand Klaus Kinski qui apparaît lors de rares occasions dans un
rôle qui semble loin de ses performances les plus marquantes (ses
divers participations aux œuvres de l'immense Werner Herzog) mais
plus proche d'une fonction alimentaire. À ses côtés, nous
retrouvons notamment l'acteur Stan Ivar qui apparu dans de nombreuses
séries télévisées dont La petite maison dans la
prairie où il tint le rôle
récurrent de John Carter en 1982 et 1983. Quant à la charmante
Wendy Schaal, le réalisateur Joe Dante en fit quelque peu son égérie
puisqu'on la découvrit dans plusieurs de ses longs-métrages parmi
lesquels L'Aventure intérieure en
1987 ou Small Soldiers
douze ans plus tard. Créature
sonne pour ces trois interprètes comme une erreur de parcours
(Kinski en connaîtra malheureusement d'autres). Véritable plagiat
du chef-d’œuvre de Ridley Scott (le final en est un exemple
particulièrement frappant), on s'y ennuie terriblement. Ponctué de
ventres mous très bavards, même les séquences d'action sont
ratées. Au beau milieu d'une légion d'avatars plus ou moins réussis
de Alien, on
optera donc plutôt pour Inseminoid
ou La galaxie de la terreur...