Artisan des effets
photographiques sur divers longs-métrages de science-fiction (2001,
l'odyssée de l'espace
de Stanley Kubrick, Rencontre du troisième type
de Steven Spielberg, Blade Runner
de Ridley Scott) et producteur, le réalisateur américain Douglas
Trumbull a lui-même mis en scène quelques projets, et parmi eux,
deux longs-métrages. En 1972 tout d'abord, avec le film de
science-fiction culte Silent Running.
Puis onze ans plus tard, Brainstorm,
dernière incartade dans les salles obscures pour Douglas Trumbull
avant d'entamer une carrière ponctuée d'une dizaine de
courts-métrages. Ce second film, loin d'être anodin, a l'avantage
d'être interprété par une joli brochette d'acteurs. Avec en tête
le toujours formidable Christopher Walken dans le rôle du docteur
Michael Anthony Brace. Un scientifique qui depuis des années
travaille sur un dispositif devant permettre d'enregistrer sur bande
magnétique, tout ce que le cerveau humain contient d'émotions. La
chose se concrétisant à travers des images transmises par un casque
relié à un ordinateur gigantesque. Car comme on le découvre très
rapidement, à l'époque, on ne concevait encore les
super-ordinateurs que comme d'énormes machines prenant la place de
pièces entières, reliés par d'innombrables câbles électriques.
C'est dans ce contexte scientifique relativement crédible pour
l'époque (le travail sur le son et l'image est approximativement ce
à quoi l'on peut s'attendre au milieu des années quatre-vingt) et
où le Bluetooth et la Wi-fi ne sont sans doute encore que des
concepts très éloignés de la réalité, que l'on retrouve
également l'actrice américaine Natalie Wood. Disparue trop
rapidement à l'âge de quarante-trois ans dans des circonstances
plus que suspectes (son corps fut retrouvé noyé près de l'île
Santa Catalina après qu'elle ait passé une soirée arrosée à bord
d'un yacht auprès de son époux Robert Wagner (la série Pour
l'amour du risque,
La tour infernale de
John Guillermin), celle qui fut l'une des héroïnes La
Fureur de vivre
de Nicholas Ray en 1955 ou de West Side Story de
Jerome Robbins et Robert Wise six ans plus tard tournait Brainstorm
au moment de son décès...
Le
long-métrage de Douglas Trumbull ne verra le jour sur les écrans
américains que deux ans plus tard et en 1984 dans notre pays. Notons
que le duo que forme Christopher Walken et Natalie Wood (qui dans le
cas présent incarne son épouse Karen) est complété par la
présence à l'écran de la formidable actrice Louise Fletcher dans
le rôle du docteur Lillian Reynolds, et qui loin de la tyrannique
infirmière Mildred Ratched dans le chef-d’œuvre de Miloš Forman
Vol au dessus d'un nid de coucou
réalisé six ans auparavant interprète celle qui aux côtés du
docteur Michael Anthony Brace est à l'origine du projet qui
contrairement à ce que pourrait laisser croire le titre du film, ne
porte pas le nom de Brainstorm.
Terme que justifiera plus tard la présence inévitable de l'armée
qui fort logiquement tentera de récupérer le bébé des deux
scientifiques pour son profit personnel. Visions stroboscopiques et
vue à la première personne sont l'essentiel du rendu du procédé
affiché à l'écran. Ça n'est donc pas pour ses effets-spéciaux
que l'on appréciera tout d'abord le film de Douglas Trumbull mais
plutôt pour ce combat entre la science et l'armée, à laquelle se
joint le FBI
représenté ici à travers le personnage de Landan Marks
qu'interprète l'acteur Donald Hotton. Parmi les seconds rôles nous
retrouvons Cliff Robertson qui en 1969 remporta l'Oscar du meilleur
acteur dans Charly de
Ralph Nelson ou Alan Fudge que les fans de la série L'Homme
de l'Atlantide
reconnaîtront puisqu'il y incarna le personnage de C.W.Crawford.
Brainstorm
est un étrange petit film. Entre série B ambitieuse parcourue de
séquences formidables que l'on doit surtout à l'interprétation de
ses acteurs (Louise Fletcher en tête), affrontement
militaro-scientifique, et séquences parfois ennuyeuses ou inutiles,
on passe devant l’œuvre de l'américain, un agréable moment lors
duquel, forcément, l'on se range du côté de nos valeureux
chercheurs plutôt que de ceux qui cherchent à les espionner. Au jeu
du chat et de la souris, pas sûr que les grands pontes de l'armée
en sortent vainqueurs. Entre nominations et récompenses, Brainstormi
remporta notamment les Saturn Award de la meilleure actrice et de la
meilleure musique pour Louise Fletcher et James Horner...
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