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jeudi 16 décembre 2021

Satellite in the Sky de Paul Dickson (1956) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Si le premier vol spatial orbital eu lieu le 6 octobre 1957, ce furent les russes qui envoyèrent le satellite Spoutnik 1 en orbite autour de notre planète. Pour l'instant, l'engin est à l'époque vide de toute présence humaine. Il faudra attendre le 3 novembre de la même année pour que le projet soviétique lance en orbite la chienne russe Laïka à bord de Spoutnik 2. Il faudra attendre quatre années supplémentaires pour qu'un homme puisse enfin effectuer pour la première fois, un vol dans l'espace. Une fois encore dans l'histoire de la conquête spatiale, c'est l'Union Soviétique qui prendra de l'avance sur les États-Unis en y envoyant le 12 avril 1961 le célèbre cosmonaute Youri Alekseïevitch Gagarine. Jusque là, l'hypothèse selon laquelle un jour il sera possible d'envoyer un homme dans l'espace est décrite dans un certain nombre de longs-métrages de fiction parmi lesquels Satellite in the Sky demeura en 1956, comme l'une des propositions les plus sérieuses. Car c'est bien au premier degré que le réalisateur Paul Dickson qui débutait sa carrière quelques années auparavant en tournant toute une série de documentaires et de courts-métrages aborde ce qui sera son troisième film personnel (il aura réalisé en 1954 l'anthologie Tale of three Women en collaboration avec Thelma Connell) sur un ton moins ''divertissant'' que ne l'entreprendront d'autres cinéastes. Ce qui n'empêchera pas Satellite in the Sky d'appliquer à son œuvre les sempiternels gimmick qui dans les années cinquante étaient parfaitement reconnaissables dans le genre qui nous intéresse ici, soit, la science-fiction...


L'élément féminin y étant une ''donnée'' perpétuellement rare, son expression est figurée par la présence non plus de la fille d'un scientifique comme cela était majoritairement le cas mais d'une journaliste. Vouée à son métier au point qu'elle se retrouvera directement au cœur de l'intrigue en se positionnant en passagère clandestine à bord du Stardust. Un projet de navette sur lequel travaillent depuis cinq ans une équipe de scientifiques. Mais de là à l'envoyer déjà dans l'espace avec à son bord un groupe de cosmonautes, il n'est pas encore question. Car l'équipe formée autour du Commandant Michael Hayden (l'acteur Kieron Moore) et Larry Noble (Jimmy Hanley) doivent tout d'abord travailler sur un nouveau carburant capable de permettre à un engin de quitter l'atmosphère pour se positionner en orbite autour de notre planète. Après avoir obtenu des résultats plus que convaincants, la presse est convoquée et parmi elle, la jeune et ambitieuse Kim Hamilton (Lois Maxwell). Une opposante qui dénigre l'idée de faire prendre des risques à des hommes capables de mettre en péril leur vie dans la conquête de l'espace. D'abord considéré comme un projet strictement scientifique, la veille de leur départ pour les étoiles, Michael Hayden et Larry Noble apprennent de la bouche du professeur Merrity (Donald Wolfit) que la mission à bord du Stardust sera chargée de tester un nouveau modèle de bombe atomique qui devra exploser dans l'espace afin de réduire les effets indésirables. Mais une fois à bord de la navette désormais en orbite autour de la Terre avec à son bord l'équipage constitué de cinq hommes et de la journaliste qui s'est introduite sans autorisation, le lancement de la bombe se déroule mal. Ses propulseurs tombent en panne et par un phénomène d'attraction naturelle, l'ogive et le Stardust restent irrémédiablement ''collés'' l'un à l'autre. L'explosion de la bombe ayant été programmée dans neuf heures, c'est le temps qu'il reste au Commandant Michael Hayden et son équipe pour trouver un moyen de séparer la navette de la bombe...


Comme dans tout film de science-fiction de l'époque, les violons envahissent l'atmosphère, allant même jusqu'à s'emballer lorsque les couples s'embrassent dans de voluptueux baisers cinématographiques. Des séquences qui fort heureusement s'avèrent plutôt rares puisque l'essentiel de l'intrigue tourne autour de ce projet de bombe qui va forcément engendrer un certain désarroi parmi les membres de l'équipe de scientifiques. C'est ainsi donc qu'intervient l'armée avec tout ce qu'elle suppose de machiavélisme même si l'on se rendra compte que pour une fois, celle-ci semblera vouloir prendre autant de soin pour les cosmonautes au moment du danger que pour la bombe qui se révélera en réalité le projet principal. Bien que Satellite in the Sky semble avoir été assez mal accueilli à l'époque de sa sortie, le long-métrage de Paul Dickson est d'assez bonne facture. Les effets-spéciaux à base de maquettes sont plutôt crédibles et l'interprétation à la hauteur des ambitions du projet. Le réalisateur s'y connaît en terme de mise en scène et passe d'un cadre à l'autre, donnant ainsi à l'ensemble un rythme qui n'est pas indéniable. Sans être transcendante, la caractérisation des personnages est suffisamment détaillée. L'on assiste en parallèle à l'aventure spatiale ainsi qu'à une réunion d'urgence entre scientifiques et militaires. L’œuvre de Paul Dickson semble cependant avoir été expurgée de certaines séquences. Comme l'évocation d'un modèle expérimental de navette chargée de rapatrier les cosmonautes mais dont on n'entendra pas plus parler par la suite. Satellite in the Sky paraît vouloir se rapprocher au plus près de la vérité mais se termine dans un final, me semble-t-il, vite expédié. Mais à part ce menu détail, le film est une franche réussite et n'a, malgré les décennie qui se sont écoulées depuis, pas trop mal vieilli...

 

mardi 30 juin 2020

La Révolte des Triffides de Steve Sekely (1963) - ★★★★★★★☆☆☆



À l'origine de La Révolte des Triffides, un roman. Celui écrit par l'écrivain britannique John Wyndham édité pour la première fois en 1951, The Day of the Triffids. Auteur du célèbre roman Village of the damned qui fut à son tour à l'origine de deux adaptations cinématographiques majeures de la science-fiction (Le Village des Damnés de Wolf Rilla en 1960 et la version éponyme de John Carpenter réalisée en 1995), John Wyndham publie son premier ouvrage littéraire en 1919 (Vivisection) mais patiente jusqu'en 1931 pour connaître son premier succès intitulé Worlds to Barter. Entre science-fiction et policier, son cœur balance. Pourtant, c'est bien dans la première de ces deux catégorie que le britannique connaîtra ses plus gros succès dont The Day of the Triffids justement, auquel plusieurs réalisateurs ont tenté de rendre hommage, la version du cinéaste hongrois Steve Sekely n'ayant pas à rougir malgré l'âge avancé de son adaptation qui accuse en 2020 les cinquante-sept ans. Si l'évocation d'une invasion de la Terre par des organisme d'ordre végétal n'est pas rarissime dans la littérature fantastique, parmi les quelques exemples d'ouvrages mettant en scène des plantes hostiles, il en est un dont certains éléments rappellent l'ouvrage de John Wyndham.

En effet, The Invasion of the Body Snatchers de Jack Finney qui fut édité pour la première fois en 1955 et fut lui-même adapté à au moins quatre reprises (pour les version dites ''officielles'') partage des ressemblances avec l’œuvre du britannique...La première adaptation du roman de John Wyndham prend pour cadre le Londres du milieu des années soixante. Alors que l'annonce d'un spectacle au dessus de leur tête a attiré des hommes et des femmes à lever tous au même moment les yeux vers le ciel, tous ceux qui ont assisté à l'éruption solaire annoncée par la presse ont été victimes de cécité. En Angleterre, en France, aux États-Unis, au Japon et partout ailleurs dans le monde, c'est l'état d'urgence. L'humanité ne peut plus compter que sur les quelques personnes ayant conservé la vue. Parmi eux se trouve William Masen qui eut la chance durant l'événement d'avoir eut le visage emmailloté sous une épaisse couche de bandages à la suite d'une opération de chirurgie. Lui et quelques autres vont mettre à profit leur capacité à voir pour tenter de sauver l'humanité d'un mal encore plus incroyable que le ''simple'' fait d'être devenu aveugle. Lors de l’éruption solaire, des météorites se sont écrasées sur Terre apportant avec elle des créatures végétales hostiles dont la morsure est fatale.

Ne nous y trompons pas. Si La Révolte des Triffide à l'air de provenir du territoire américain, c'est bien d'une œuvre britannique dont il s'agit. Exit donc vampires à dents pointues et goules en tous genres. La menace vient de l'espace et va transformer notre planète en un vaste capharnaüm transformant quatre-vingt dix neuf pour cent de la population mondiale en individus atteints de cécité. Devant la catastrophe, divers comportements peuvent être soulignés. Il y a parmi ceux qui furent épargnés par le mal, certains qui ont choisi de réagir en travaillant sur une arme pouvant éradiquer l'invasion des Triffide. Ces plantes qui contrairement à ce que l'on pourrait imaginer existent bien et sont issues de modification génétiques produites par l'homme demeurent pourtant bien différentes dans le cas présent. En effet, dans l’œuvre de Steve Sekely elles sont capables de se mouvoir par elles-mêmes et possèdent des protubérances qu'elles dressent devant elles afin de piquer ou de mordre leur proie. Nous sommes en 1963 et forcément, les effets-spéciaux n'ont rien de commun avec ce que l'on connaît de nos jours. Cependant, ne crachons pas trop vite dans la soupe car même si ces plante ne peuvent raisonnablement pas effrayer quiconque les voit débarquer sur un écran de cinéma ou de télévision de nos jours, on a vu pire dans le domaine des ''Craignos Monsters''.

À dire vrai, La Révolte des Triffide est un sympathique divertissement. Entre épouvante, science-fiction, avec cette minuscule petite touche de romance qui n’envahit heureusement pas trop la pellicule. Cependant, le film souffre de sa trop grande durée. Une heure et trente-quatre minutes, c'est bien trop de temps accordé au scénario de Bernard Gordon qui s'attarde trop longuement sur des séquences inutiles. Sans doute aurait-il été intéressant d'approfondir le sentiment de folie qui s'empare d'une part de la population plutôt que de simplement la survoler. Sans trop faire de vagues, Howard Keel, Nicole Maurey, Janette Scott, Kieron Moore, Mervyn Johns et les autres interprètes font le taf. À noter que plusieurs autres adaptations ont vu le jour les décennies à venir. En 1981, une relecture de Douglas Livingstone réalisée par Ken Hannam prit la forme d'une série en six épisodes intitulée The Day of the Triffids. Il faudra ensuite patienter jusqu'en 2009 pour retrouver une nouvelle fois sur le petit écran ces horribles créatures végétales avec une mini-série en deux épisodes également intitulée The Day of the Triffids mais cette fois-ci réalisée par Nick Copus...

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