Si le premier vol spatial
orbital eu lieu le 6 octobre 1957, ce furent les russes qui
envoyèrent le satellite Spoutnik 1
en orbite autour de notre planète. Pour l'instant, l'engin est à
l'époque vide de toute présence humaine. Il faudra attendre le 3
novembre de la même année pour que le projet soviétique lance en
orbite la chienne russe Laïka à bord de Spoutnik
2.
Il faudra attendre quatre années supplémentaires pour qu'un homme
puisse enfin effectuer pour la première fois, un vol dans l'espace.
Une fois encore dans l'histoire de la conquête spatiale, c'est
l'Union Soviétique qui prendra de l'avance sur les États-Unis en y
envoyant le 12 avril 1961 le célèbre cosmonaute Youri Alekseïevitch
Gagarine. Jusque là, l'hypothèse selon laquelle un jour il sera
possible d'envoyer un homme dans l'espace est décrite dans un
certain nombre de longs-métrages de fiction parmi lesquels Satellite
in the Sky
demeura en 1956, comme l'une des propositions les plus sérieuses.
Car c'est bien au premier degré que le réalisateur Paul Dickson qui
débutait sa carrière quelques années auparavant en tournant toute
une série de documentaires et de courts-métrages aborde ce qui sera
son troisième film personnel (il aura réalisé en 1954 l'anthologie
Tale of three Women
en collaboration avec Thelma Connell) sur un ton moins
''divertissant'' que ne l'entreprendront d'autres cinéastes. Ce qui
n'empêchera pas Satellite in the Sky
d'appliquer à son œuvre les sempiternels gimmick qui dans les
années cinquante étaient parfaitement reconnaissables dans le genre
qui nous intéresse ici, soit, la science-fiction...
L'élément
féminin y étant une ''donnée'' perpétuellement rare, son
expression est figurée par la présence non plus de la fille d'un
scientifique comme cela était majoritairement le cas mais d'une
journaliste. Vouée à son métier au point qu'elle se retrouvera
directement au cœur de l'intrigue en se positionnant en passagère
clandestine à bord du Stardust.
Un projet de navette sur lequel travaillent depuis cinq ans une
équipe de scientifiques. Mais de là à l'envoyer déjà dans
l'espace avec à son bord un groupe de cosmonautes, il n'est pas
encore question. Car l'équipe formée autour du Commandant Michael
Hayden (l'acteur Kieron Moore) et Larry Noble (Jimmy Hanley) doivent
tout d'abord travailler sur un nouveau carburant capable de permettre
à un engin de quitter l'atmosphère pour se positionner en orbite
autour de notre planète. Après avoir obtenu des résultats plus que
convaincants, la presse est convoquée et parmi elle, la jeune et
ambitieuse Kim Hamilton (Lois Maxwell). Une opposante qui dénigre
l'idée de faire prendre des risques à des hommes capables de mettre
en péril leur vie dans la conquête de l'espace. D'abord considéré
comme un projet strictement scientifique, la veille de leur départ
pour les étoiles, Michael Hayden et Larry Noble apprennent de la
bouche du professeur Merrity (Donald Wolfit) que la mission à bord
du Stardust
sera chargée de tester un nouveau modèle de bombe atomique qui
devra exploser dans l'espace afin de réduire les effets
indésirables. Mais une fois à bord de la navette désormais en
orbite autour de la Terre avec à son bord l'équipage constitué de
cinq hommes et de la journaliste qui s'est introduite sans
autorisation, le lancement de la bombe se déroule mal. Ses
propulseurs tombent en panne et par un phénomène d'attraction
naturelle, l'ogive et le Stardust
restent irrémédiablement ''collés'' l'un à l'autre. L'explosion
de la bombe ayant été programmée dans neuf heures, c'est le temps
qu'il reste au Commandant Michael Hayden et son équipe pour trouver
un moyen de séparer la navette de la bombe...
Comme
dans tout film de science-fiction de l'époque, les violons
envahissent l'atmosphère, allant même jusqu'à s'emballer lorsque
les couples s'embrassent dans de voluptueux baisers
cinématographiques. Des séquences qui fort heureusement s'avèrent
plutôt rares puisque l'essentiel de l'intrigue tourne autour de ce
projet de bombe qui va forcément engendrer un certain désarroi
parmi les membres de l'équipe de scientifiques. C'est ainsi donc
qu'intervient l'armée avec tout ce qu'elle suppose de machiavélisme
même si l'on se rendra compte que pour une fois, celle-ci semblera
vouloir prendre autant de soin pour les cosmonautes au moment du
danger que pour la bombe qui se révélera en réalité le projet
principal. Bien que Satellite in the Sky
semble avoir été assez mal accueilli à l'époque de sa sortie, le
long-métrage de Paul Dickson est d'assez bonne facture. Les
effets-spéciaux à base de maquettes sont plutôt crédibles et
l'interprétation à la hauteur des ambitions du projet. Le
réalisateur s'y connaît en terme de mise en scène et passe d'un
cadre à l'autre, donnant ainsi à l'ensemble un rythme qui n'est pas
indéniable. Sans être transcendante, la caractérisation des
personnages est suffisamment détaillée. L'on assiste en parallèle
à l'aventure spatiale ainsi qu'à une réunion d'urgence entre
scientifiques et militaires. L’œuvre de Paul Dickson semble
cependant avoir été expurgée de certaines séquences. Comme
l'évocation d'un modèle expérimental de navette chargée de
rapatrier les cosmonautes mais dont on n'entendra pas plus parler par
la suite. Satellite in the Sky
paraît vouloir se rapprocher au plus près de la vérité mais se
termine dans un final, me semble-t-il, vite expédié. Mais à part
ce menu détail, le film est une franche réussite et n'a, malgré
les décennie qui se sont écoulées depuis, pas trop mal vieilli...