Afin de clore cette année
2021 en matière de science-fiction, évocation d'un petit film
datant de 1958 qui malgré la désagréable impression qu'il dégage
au départ s'avère au final plutôt sympathique. Grouillant d'un
nombre conséquent d'invraisemblances, Missile to the Moon
de Richard E. Cunha, auteur la même année du terriblement mauvais
She Demons
ou de Frankenstein's Daughter quelques
mois plus tard est aussi surréaliste dans le développement de son
récit que généreux dans la multiplication de ses péripéties. En
préambule, sachons qu'il s'agit ici d'un remake de Cat-Women
of the Moon d'Arthur
Hilton qui cinq ans auparavant sortit sur les écrans de cinéma
américains. Renvoyées dans leur pénates, les femmes-chats du titre
sont désormais remplacées par des naïades à la peau au teint
azuréen du plus kitschissime effet (sachant que le film fut à l'origine tourné en noir et blanc avant d'être colorisé) ! Dans des décors et des
costumes ''dignes'' de ceux de la série originale Star
Trek,
nos délicieuses jeunes femmes d'origine extraterrestre venues
coloniser notre planète sont demeurées jusqu'à présent dans une
grotte lunaire à l'intérieur de laquelle l'oxygène se raréfie peu
à peu. Mais avant de faire leur connaissance, nous découvrons tout
d'abord Dirk Green (Michael Whalen) qui dans son coin a fabriqué une
fusée qu'il destine à un voyage vers la Lune. Faire décoller
l'engin sans équipage n'étant pas la meilleure chose à faire ni la
meilleure idée à avoir, l'ingénieur et pilote va profiter de la
présence clandestine de Lon (l'acteur Gary Clarke) et de Gary (Tommy
Cook), deux truands qui se sont planqués à l'intérieur de la fusée
après leur évasion, afin de la faire décoller cette nuit-même.
Contre l'avis de son ami et assistant Steve Dayton (Richard Travis)
qui pourtant, et en compagnie de son épouse June (Cathy Downs), va
s'introduire dans la fusée avant même qu'elle ne décolle du sol
terrestre...
Je
ne sais pas ce qu'en pensent les autres, mais mettre deux
assistants-criminels aux commandes d'une fusée en partance pour
l'espace ne me paraît pas l'idée la plus brillante qui puisse
surgir du cerveau d'une homme aussi intelligent que Dirk Green. Cette
première partie du long-métrage écoulée, on ne peut être que
frappé de désolation face à la rapidité avec laquelle ces
quelques événements se sont enchaînés et par l'absence de moyens
évidents mis en œuvre. Ici, la réflexion se résume à quelques
rares lignes de dialogue. Quant au contexte, n'imaginez même pas
découvrir un immense hangar à l'intérieur duquel s'affaireraient
toute une équipe d'ingénieurs et de scientifiques. Pas
d'ordinateurs gigantesques remplissant des pièces entières et
diffusant son et lumière. Une fois la fusée lancée, rien de bien
miraculeux ne s'y déroule si ce n'est l'inquiétant comportement de
l'un des deux fugitifs dont les hormones sont en ébullition. Au
regard du spectacle visuel qui nous attend, les intérieurs de la
fusées ne sont pas encore ce qui demeure le pire en terme de décors.
Une agression sexuelle et un mort plus tard (Dirk décède après
s'être pris sur le crâne une batterie pesant le poids d'un âne
mort mais aussi et surtout, APRES avoir confié à son ami Steve un
étrange médaillon), voilà que notre couple d'amoureux et nos deux
criminels atterrissent sur la surface de la Lune. Et là, comment
dire... tout devient comme dans un rêve mêlant le meilleur (pour
l'époque) au pire. Entre des rochers mus d'une existence propre
s'attaquant à nos cosmonautes du dimanche, ''DES'' créature''S''
des ténèbres qui se compteront finalement au nombre pitoyable de
UNE et une seule (en fait, l'un des Craignos
Monsters les
plus ridicules qu'il ait été donné de voir apparaître sur un
écran de cinéma sous forme d'araignée se déplaçant piteusement)
et un parterre d’amazones dirigées par une reine au doux nom de
Lido (K.T. Stevens), Missile to the Moon
semble perdre un peu le fil de son récit...
Mais
que nenni ! [ATTENTION, SPOIL!] : à l'intérieur d'une
grotte mystérieusement éclairée à la torche (quand on vient juste
de découvrir que le ciel lunaire est bleu ou qu'il existe une poche
d'oxygène permettant de respirer, plus rien ne peut nous étonner),
des décors et des costumes façon ''Rome
Antique''
et un Climax
qui tombe finalement moins comme un cheveu dans la soupe qu'il n'y
paraît : sans doute l'idée la plus génialement incongrue du
récit : en effet, l'on apprend que le pauvre Dirk Green qui n'a
malheureusement pas survécu au voyage en fusée fut un colon
d'origine extraterrestre intégré à l'espèce humaine afin d'y
étudier la possibilité pour Lido et ses amazones d'y vivre. Malgré
l'apparente confusion, le réalisateur Arthur Hilton ainsi que ses
scénaristes H.E. Barrie et Vincent Fotre savent très exactement où
il vont. Malgré le ridicule de certains aspects du film (mon dieu
cette araignée digne de trôner parmi les créatures du Muppet
Show)
et les incohérences qui tentent vainement d'annihiler tout l'intérêt
de l'histoire, Missile to the Moon
peut ’enorgueillir d'apparaître comme une sorte de long épisode
de la série originale Star Trek
duquel le capitaine Kirk, Spock et le docteur McCoy auraient été
remplacés par des alter ego provenant d'un multivers. Bien que
demeurant tout à fait improbable, le récit tient solidement sur ses
fondations et le plaisir de suivre les aventures de nos terriens face
à nos amazones peinturlurées est bien réel...
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