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mercredi 22 décembre 2021

Omicron de Ugo Gregoretti (1963) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Le variant Omicron est-il réellement inspiré d'un film de science-fiction sorti en 1963 ? Non, bien évidemment. Pourtant, un internaute s'est sans doute cru malin en essayant de nous faire croire le contraire en partageant sur Faceboobs une affiche qui peut au premier abord s'avérer fort intrigante vue le titre qu'elle porte, The Omicron Variant. Une accroche (''The Day the Earth was Turned into a Cemetery !''), mais surtout le nom d'un réalisateur que les amateurs de science-fiction connaissent sans doute pour avoir été l'auteur d'un seul long-métrage intitulé Phase IV, un certain Saul Bass. Le subterfuge tombe donc d'emblée et seuls ce qui n'y bitent rien dans le domaine auraient pu continuer à croire en cette incroyable coïncidence pourtant née de l'esprit farceur de la réalisatrice irlandaise Becky Cheatle qui créa le montage avant de le publier ensuite sur son compte Twitter. Il existe en revanche un long-métrage datant bien de cette même année 1963 et s'intitulant Omicron. Il s'agit là encore d'une œuvre mélangeant science-fiction et comédie. Réalisé et scénarisé par l'italien Ugo Gregoretti, le film met en scène les acteurs Renato Salvatori, Rosemary Dexter et Gaetano Quartararo au cœur d'un récit tournant autour d'un extraterrestre investissant le corps d'un ouvrier afin d'étudier notre planète et ses habitants et d'y examiner la possibilité de venir la conquérir...


S'il ne s'agit pas d'un fake, le contenu du film s'avère particulièrement étonnant et prophétique. Voire même, troublant. Le récit s'articule autour du personnage d'Angelo Trabucco, un employé de l'usine SMS retrouvé mort dans une canalisation mais qui tout juste avant que son autopsie ne démarre se réveille par miracle. Objet de curiosité de la part des scientifiques, de la presse et du public, Angelo semble désormais doté d'atouts physiques hors-norme tandis qu'il a perdu la parole et ne semble plus avoir toutes ses capacités intellectuelles. Les médecins lui réapprennent à marcher, mais s'efforcent vainement à lui faire comprendre l'importance de se nourrir. S'épuisant à force de rester éveillé, ce que ne savent pas les docteurs et qu'ils préféreront ignorer jusqu'au bout, c'est qu'en réalité, Angelo n'est plus qu'une enveloppe physique dont se sert Omicron, un extraterrestre venu d'une planète lointaine chargé d'accumuler un maximum d'informations sur les coutumes et les pratiques des hommes afin de savoir si une éventuelle invasion de la Terre est envisageable. Mais avant cela, Angelo/Omicron va reprendre sa place au sein de l'entreprise qui l'employait jusqu'ici. Travaillant à la chaîne, il s'avère bien plus rapide que ses collègues qu'il finit par se mettre à dos. En effet, son employeur Midollo (l'acteur Gaetano Quartararo), au vu des performances atteintes par Angelo, décide que les autres employés devront désormais s'aligner sur ses performances...


Bien que Omicron soit une comédie de science-fiction, nous ne retiendrons que très brièvement l'aspect humoristique de l’œuvre pour n'en retenir que le brillant message qui nous est délivré. Cette farce qui met en scène l'acteur italien Renato Salvatori qui outre ses quelques singeries (Omicron a tendance à mimer les hommes de manière fort caricaturale) fait le constat d'une société dont les dérives ne cessent de se répercuter à travers le temps. Le film s'avère beaucoup plus profond qu'il n'y paraît. Le réalisateur italien Ugo Gregoretti dont il s'agissait ici du troisième long-métrage cinématographique (si l'on ne tient pas compte de l'anthologie Rogopag qu'il réalisa en compagnie de Jean-Luc Godard, Pier Paolo Pasolini et Roberto Rossellini en 1963) signe une œuvre visionnaire très critique. Mais aussi et surtout allégorique et pamphlétaire puisque à travers les rapports que transmet l'extraterrestre sous les traits duquel se cache donc l'acteur Renato Salvatori, Omicron décrit une société consumériste qui profite d'abord aux plus riches au détriment du prolétariat, appuyant donc sur une méthode économique en circuit fermé. Le film évoque également l'exploitation de son personnel et notamment celui d'Angelo/Omicron, constituant ainsi un point de départ vers la révolte des ouvriers et l'évocation d'un éventuel conflit avec leurs employeurs. Le long-métrage évoquant également les rapports entre hommes et femmes, on s'étonnera d'y voir abordé plus de cinquante ans en arrière le sujet de la Non-binarité qui tente aujourd'hui à dérégler toute identification précise entre l'homme et la femme. Le film d'Ugo Gregoretti s'avère au final une étude sociale concise, admirablement écrite et mise en scène qui malgré ses prétentions humoristiques peut à la longue faire froid dans le dos. Une brillante réussite...

 

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