Affichage des articles dont le libellé est Voyage dans le temps. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Voyage dans le temps. Afficher tous les articles

samedi 29 avril 2023

Synchronic d'Aaron Moorhead et Justin Benson (2020) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Depuis quasiment leurs débuts, les réalisateurs Aaron Moorhead et Justin Benson travaillent en commun sur des projets scénaristiquement, artistiquement et dans leur accomplissement, relativement ambitieux. Grosse sensation en 2014, Spring évoquait l'étrange relation entre un jeune américain nouvellement installé en Italie et une femme très belle mais abritant un très lourd secret. Trois ans plus tard, les deux hommes confirmaient tout le bien que l'on pouvait penser d'eux avec The Endless et son étrange communauté qui ''refusait'' de vieillir. Alors qu'il nous tarde qu'en France sorte leur nouveau projet Something in the Dirt dont le sujet semble être aussi passionnant que pour leurs précédentes collaborations, Aaron Moorhead et Justin Benson ont entre temps et par la suite tourné divers épisodes pour les séries télévisées The Twilight Zone, Archive 81, Moon Knight et Loki. Il ont malheureusement aussi ''commis'' en 2019 le curieux Synchronic dont la thématique ne dépareille évidemment avec ce que les deux réalisateurs (et scénariste en ce qui concerne le second) ont l'habitude de proposer à leur public. Ici, le sujet de la drogue, dans une œuvre mâtinée de science-fiction. Rien de neuf me direz-vous puisque d'autres avant eux se sont lancés dans ce genre d'aventures psychotropico-anticipative (quoique en terme d'anticipation, on pourra trouver le concept ''légèrement'' improbable). Synchronic met en scène deux ambulanciers-urgentistes travaillant sur le sol de la Nouvelle-Orléans où une nouvelle drogue de synthèse connue sous le nom de Synchronic est récemment arrivée sur le marché et fait des ravages parmi la population. Steve Denube (l'acteur Anthony Mackie) vit seul et de rencontres sans lendemains. Atteint d'une tumeur du cerveau, il est collègue avec Dennis Dannelly (Jamies Dornan), marié à Tara et père de Brianna qui vient tout juste de fêter ses dix-huit ans. Lorsque celle-ci disparaît, Steve décide de la retrouver en employant un moyen hors du commun. En effet, ayant lui-même exploré les possibilités du Synchronic, il a découvert que la drogue permettait de voyager pour un cours moment dans le passé. Convaincu que Brianna en a consommé avant de disparaître, Steve multiplie les expériences afin de retrouver la trace de la jeune femme...


Le récit a beau évoquer Dieu, l'univers, Albert Einstein ou Stephen Hopkins, ça n'est pas ici que les amateurs de hard-science qui s'auto-évaluent comme de grands connaisseurs du sujet du voyage dans le temps prendront leur pied. À vrai dire, pour l'instant Synchronic est la proposition la plus faiblarde des deux réalisateurs qui semblent avoir ici perdu de leur inspiration. C'est d'autant plus dommage que le début était prometteur avec ce couple visiblement sous l'influence de la drogue, victimes d'hallucinations directement projetées devant nos yeux. Un délire visuel, court, mais presque intense, proche de la ''vision'' d'Alex Garland et de son décevant Annihilation sorti directement sur la plateforme Netflix un an auparavant. Et puis, plus rien, ou presque. De ces œuvres qui sur le papier dénotent l'ambition de leurs auteurs mais qui une fois mis en route, laissent peu de place à l'imagination et s'avèrent à l'inverse du synopsis, incroyablement fades. C'est donc le cas ici, où le récit se concentre quasiment exclusivement autour du personnage interprété par l'acteur afro-américain Anthony Mackie. Quelques courtes séquences laissant présager de ce qu'aurait pu être le long-métrage viennent confirmer que l'on est passés à côté de quelque chose de grand : Des situations d'urgence cauchemardesques, des visions du passé anxiogènes, de la S-F de haute volée, tout ceci n'étant finalement qu'un fétu de paille partant en fumée après seulement quinze minutes. Quelques visions nihilistes d’individus sous l'influence de la puissante drogue de synthèse ne suffisent pas à rendre intéressant ce récit qui de surcroît nous plonge à diverses époques d'un pauvreté visuelle étonnante chez nos deux réalisateurs. Auto-produit, écrit, réalisé, monté et photographié par l'un ou (et) l'autre des deux réalisateurs, Synchronic est une déception hautement dispensable. Concernant les voyages dans le temps,il sera plutôt conseiller de retourner voir du coté des classiques du genre. Au hasard, Time After Time de Nicholas Meyer, Retour vers le futur 1 & 2 de Robert Zemeckis, ou encore, le meilleur de ceux traitant des paradoxes temporels, Predestination des frères Michael et Peter Spierig...

 

lundi 13 décembre 2021

Droste no Hate de Bokura de Junta Yamaguchi (2021) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Le voyage dans le temps est un concept qui a fait les beaux jours de la littérature, du jeu vidéo et plus encore du septième art dans le domaine de la science-fiction. Mais à trop vouloir exploiter le filon, il a donné naissance à des dizaines de clones dont les pires représentants ont vu le jour ces dernières années. Des copier-collés souvent fades qui ne peuvent, au mieux, que contenter celles et ceux qui attendent en trépignant d'impatience l'arrivée prochaine de l’œuvre majeure qui parviendra comme au temps de C'était demain de Nicholas Meyer en 1979, Retour vers le futur de Robert Zemeckis en 1985 ou plus récemment Prédestination de Michael et Peter Spierig, à redorer le blason de l'un des sujets les plus passionnants du cinéma. Imaginer faire un tour pour revivre les plus grandes périodes de notre Histoire ou au contraire, imaginer à quoi pourrait ressembler notre avenir si peu reluisant puisse-t-on l'imaginer. Un sujet qui semble plus ou moins intéresser le réalisateur japonais Junta Yamaguchi qui avec Droste no Hate de Bokura est sans doute parvenu à s'écarter de la thématique habituelle pour la prolonger en lui adjoignant une ''protubérance'' qui ici trouve une logique pertinente. Tout le monde connaît l'effet Droste sans pour autant systématiquement connaître sa signification. L'effet Droste est ce principe de récursivité que l'on retrouve notamment dans la nature ou plus simplement sur certains emballages de produits de consommation. Ce principe même consistant à répéter à l'infini une image tout en la reproduisant en arrière-plan dans des dimensions moins importantes...


Plus simplement connu sous le nom d'Effet Vache-qui-rit, c'est peut-être sans doute effectivement cette célèbre marque de fromage qui résume le plus simplement du monde l'effet Droste avec sa vache dont les boucles d'oreilles reproduisent très exactement l'emballage. Plus que le thème du voyage dans le temps, des supposés paradoxes temporels qui y sont souvent liés et donc des conséquences découlant de la manipulation de ce même temps, c'est donc bien ici l'effet Droste qui ajoute sa plus-value au long-métrage de Junta Yamaguchi. Une alternative sans doute moins friquée et visuellement moins riche que le Tenet de Christopher Nolan mais pas moins inventive dans l'élaboration de son concept et son approche faussement minimaliste. Bien que Droste no Hate de Bokura puisse à la longue devenir ennuyeux une fois le concept absorbé, il faut reconnaître au réalisateur japonais un certain génie dans sa mise en scène. Car l'idée de mêler voyage dans le temps (ici, deux minutes dans le futur ou dans le passé) et paradoxes temporels (lequel n'est finalement que survolé) à l'effet Droste implique un cahier des charges particulièrement solide en terme de mise en scène et d'écriture. Surtout lorsque le spectateur recherchera la petite bête remettant en question la crédibilité de tel ou tel événement se déroulant à l'image. Filmé en un plan-séquence (réel ou non, cela n'a aucune importance) Droste no Hate de Bokura transforme une paire de téléviseurs en portes donnant sur le passé et sur l'avenir...


Deux minutes seulement durant lesquelles une poignée de personnages vont croiser leurs doubles lors de séquences absolument jouissives qui font preuve d'une belle maîtrise au niveau de la narration et du montage. Des séquences qui forcément reviennent en boucle avec ce décalage de deux minutes, annonçant des idées d'écriture là encore, remarquablement jubilatoires. Un concept qui au moment même où l'on pourrait évoquer les limites et la redondance fait justement intervenir le concept de l'effet Droste. L'aventure est ainsi relancée au bout d'une demi-heure environ et projette le récit dans un futur qui aurait dû s'avérer lointain mais que le budget, les simples éléments de décors ou les conditions de tournage réduisent à sa plus simple expression. C'est donc à ce niveau que le film de Junta Yamaguchi trouve ses faiblesses. On rêve déjà de ce que pourrait donner un tel sujet mis entre les mains d'un grand cinéaste bénéficiant d'un budget suffisamment confortable pour donner vie à tous les aspects qui entourent voyage dans le temps et effet Droste. Reste que Droste no Hate de Bokura est une bonne surprise qui n'abusera pas de notre temps puisque sa durée n'excède pas les soixante-dix minutes...

 

LinkWithin

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...