Le variant Omicron
est-il réellement inspiré d'un film de science-fiction sorti en
1963 ? Non, bien évidemment. Pourtant, un internaute s'est sans
doute cru malin en essayant de nous faire croire le contraire en
partageant sur Faceboobs
une affiche qui peut au premier abord s'avérer fort intrigante vue
le titre qu'elle porte, The Omicron Variant.
Une accroche (''The Day the Earth was Turned into a
Cemetery !''), mais surtout
le nom d'un réalisateur que les amateurs de science-fiction
connaissent sans doute pour avoir été l'auteur d'un seul
long-métrage intitulé Phase IV,
un certain Saul Bass. Le subterfuge tombe donc d'emblée et seuls ce
qui n'y bitent rien dans le domaine auraient pu continuer à croire
en cette incroyable coïncidence pourtant née de l'esprit farceur de
la réalisatrice irlandaise Becky Cheatle qui créa le montage avant
de le publier ensuite sur son compte Twitter.
Il existe en revanche un long-métrage datant bien de cette même
année 1963 et s'intitulant Omicron.
Il s'agit là encore d'une œuvre mélangeant science-fiction et
comédie. Réalisé et scénarisé par l'italien Ugo Gregoretti, le
film met en scène les acteurs Renato Salvatori, Rosemary Dexter et
Gaetano Quartararo au cœur d'un récit tournant autour d'un
extraterrestre investissant le corps d'un ouvrier afin d'étudier
notre planète et ses habitants et d'y examiner la possibilité de
venir la conquérir...
S'il
ne s'agit pas d'un fake, le contenu du film s'avère particulièrement
étonnant et prophétique. Voire même, troublant. Le récit
s'articule autour du personnage d'Angelo Trabucco, un employé de
l'usine SMS
retrouvé mort dans une canalisation mais qui tout juste avant que
son autopsie ne démarre se réveille par miracle. Objet de
curiosité de la part des scientifiques, de la presse et du public,
Angelo semble désormais doté d'atouts physiques hors-norme tandis
qu'il a perdu la parole et ne semble plus avoir toutes ses capacités
intellectuelles. Les médecins lui réapprennent à marcher, mais
s'efforcent vainement à lui faire comprendre l'importance de se
nourrir. S'épuisant à force de rester éveillé, ce que ne savent
pas les docteurs et qu'ils préféreront ignorer jusqu'au bout, c'est
qu'en réalité, Angelo n'est plus qu'une enveloppe physique dont se
sert Omicron, un extraterrestre venu d'une planète lointaine chargé
d'accumuler un maximum d'informations sur les coutumes et les
pratiques des hommes afin de savoir si une éventuelle invasion de la
Terre est envisageable. Mais avant cela, Angelo/Omicron va reprendre
sa place au sein de l'entreprise qui l'employait jusqu'ici.
Travaillant à la chaîne, il s'avère bien plus rapide que ses
collègues qu'il finit par se mettre à dos. En effet, son employeur
Midollo (l'acteur Gaetano Quartararo), au vu des performances
atteintes par Angelo, décide que les autres employés devront
désormais s'aligner sur ses performances...
Bien
que Omicron
soit une comédie de science-fiction, nous ne retiendrons que très
brièvement l'aspect humoristique de l’œuvre pour n'en retenir que
le brillant message qui nous est délivré. Cette farce qui met en
scène l'acteur italien Renato Salvatori qui outre ses quelques
singeries (Omicron a tendance à mimer les hommes de manière fort
caricaturale) fait le constat d'une société dont les dérives ne
cessent de se répercuter à travers le temps. Le film s'avère
beaucoup plus profond qu'il n'y paraît. Le réalisateur italien Ugo
Gregoretti dont il s'agissait ici du troisième long-métrage
cinématographique (si l'on ne tient pas compte de l'anthologie
Rogopag
qu'il réalisa en compagnie de Jean-Luc Godard, Pier Paolo Pasolini
et Roberto Rossellini en 1963) signe une œuvre visionnaire très
critique. Mais aussi et surtout allégorique et pamphlétaire puisque
à travers les rapports que transmet l'extraterrestre sous les traits
duquel se cache donc l'acteur Renato Salvatori, Omicron
décrit une société consumériste qui profite d'abord aux plus
riches au détriment du prolétariat, appuyant donc sur une méthode
économique en circuit fermé. Le film évoque également
l'exploitation de son personnel et notamment celui d'Angelo/Omicron,
constituant ainsi un point de départ vers la révolte des ouvriers
et l'évocation d'un éventuel conflit avec leurs employeurs. Le
long-métrage évoquant également les rapports entre hommes et
femmes, on s'étonnera d'y voir abordé plus de cinquante ans en
arrière le sujet de la Non-binarité
qui tente aujourd'hui à dérégler toute identification précise
entre l'homme et la femme. Le film d'Ugo Gregoretti s'avère au final
une étude sociale concise, admirablement écrite et mise en scène
qui malgré ses prétentions humoristiques peut à la longue faire
froid dans le dos. Une brillante réussite...
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