Une planète hostile, balayée par les vents, sans soleil. Une
créature qui pond ses œufs dans le corps de ceux qui ont le malheur
de passer à proximité. Une femme et deux hommes qui foulaient le
sol de la planète lorsque l'un d'eux est ramené inconscient dans
une infirmerie avec dans le ventre, une créature qui ne tardera pas
à en sortir de la plus effroyable manière qui soit. Un xénomorphe
qui grandit rapidement et sème la mort autour de lui en parcourant
les coursives d'un complexe scientifique. Et plus tard, un commando
chargé d'éliminer la bestiole... D'emblée, on croirait lire là le
résumé d'un mix entre Alien, le huitième passager
de Ridley Scott et sa séquelle Aliens, le retour
de James Cameron. Sauf que dans le cas présent, inutile de compter
sur le talent du plasticien, designer, sculpteur et graphiste suisse
Hans Ruedi Giger. Les décors n'ont plus rien de commun avec ceux que
ce génie imagina pour le chef-d’œuvre de Ridley Scott
(contrairement à ce que laissent supposer le xénomorphe et les
décors du second, James Cameron ne fit pas appel à ses services
pour le second opus) . Ni même avec la créature qui, dans Xtro
2 : The second Encounter,
va bientôt déambuler dans des locaux d'une tristesse esthétique
déprimante. Réalisé par Harry Bromley Davenport qui neuf ans
auparavant signa le premier volet de ce qui deviendra avec le temps
la trilogie Xtro,
si celui-ci avait réussi à se faire remarquer
par son étrangeté (de la mise en scène, en passant par son
ambiance et jusqu'à son très curieux extraterrestre), on ne peut
pas dire qu'il fasse partie des œuvres de science-fiction que l'on
cite parmi nos cinq ou six préférées (à moins que...). Malgré
tout, Xtro
premier du nom remportera Le grand prix du festival du film
fantastique de Paris en 1983, sans doute davantage en raison de son
originalité que pour ses véritables qualités de mise en scène ou
d'interprétation. Tellement sombre et déprimant que Harry Bromley
Davenport aura sans doute exprimé le besoin de disparaître de la
circulation durant les neuf années suivantes, jusqu'à son retour en
1991...
Mis
en scène par le même réalisateur et portant le même titre que son
prédécesseur, on pouvait supposer que Xtro 2 :
The second Encounter serait
la suite plus ou moins directe du premier volet de la trilogie. Que
nenni. Bien que le réalisateur ait choisi de reprendre le même
titre, les longs-métrages n'ont absolument rien en commun en dehors
de la présence d'une créature extraterrestre. Ceux qui apprécièrent
l'étonnante silhouette de l'alien neuf ans auparavant risquent de
très rapidement déchanter. Celle qui parcours désormais des
coursives plongées dans une obscurité bleutée du plus immonde
effet ressemble davantage à celle d'un incommensurable nanar italien
signé deux ans auparavant par Antonio Margheriti, Alien
La Créature Des Abysse (Alien
degli abissi).
Nettement moins réjouissant que les perles Z de Bruno Matteï, Xtro
2 : The second Encounter bénéficie
en outre d'un remarquable doublage en français pour quiconque
préfère généralement les versions françaises. Vu que cette suite
n'entretient aucun rapport avec l'original, forcément, les
interprètes changent également. Désormais, il faudra compter sur
les présences de l'acteur Jan-Michael Vincent, dont le doublage en
français n'arrange en rien sa déplorable prestation (surtout connu
pour avoir été l'un des acteurs principaux de la série télévisée
Supercopter,
cette incartade dans le domaine de la science-fiction ne sera pas la
seule de sa carrière puisqu'on l'aura notamment découvert en 1980
dans The Return
de Greydon Clark (suite de l'excellente série B horrifique Terreur
extraterrestre)
ou dix ans plus tard dans Alienator
de Fred Olen Ray. À ses côtés, les acteurs Paul Koslo, Nicholas
Lea ou Jano Frandsen. Du côté des actrices féminines, on retrouve
dans le rôle de l'infirmière Lisa Myers l'actrice Rachel Hayward et
dans celui du docteur Julie Casserly, Tara Buckman, dont le ''regard
chaleureux'' nous rappellera sans peine celui d'une lanceuse de poids
germano-soviétique fixant son objectif !
On
sent bien que Harry Bromley Davenport a mis toutes ses billes, ses
espoirs et son énergie dans Xtro 2 : The second
Encounter.
Malheureusement, l'absence de véritable personnage attachant se fait
rapidement ressentir. Il devient alors difficile de se soucier des
uns et des autres. Ne parlons même pas du commando chargé de tuer
la créature. Ultra caricaturaux, leurs interprètes donnent en
permanence l'impression de jouer à celui qui a la plus grosse.
Est-il besoin d'évoquer la photographie de Nathaniel Massey ?
Non, surtout que dans le genre, le spectateur devra se munir d'une
lampe-frontale s'il veut pouvoir convenablement suivre les péripéties
des personnages. L'ensemble est d'une laideur repoussante. Chaque
recoin ressemble au précédent et les éclairages sont souvent aux
abonnés absents. C'est peut-être finalement le doublage en français
qui sauve Xtro 2 : The second Encounter du
néant dans lequel il aurait sinon été condamné. Sans lui, le film
de Harry Bromley Davenport n'aurait été qu'un énième navet. Mais
les voix françaises sont si souvent risibles que le film bascule
automatiquement de la catégorie des navets
à celle, beaucoup plus ''prestigieuse'', des nanars...