Quelle déception. Si
l'on a du mal à imaginer que Le monstre qui vient de l'espace
(The Incredible Melting Man)
pourrait être autre chose qu'une sympathique série B de
science-fiction horrifique, on pouvait malgré tout espérer que le
résultat soit nettement plus satisfaisant que celui qui
s'étale à l'écran. Un brin trompeur, le titre français tente de
nous faire croire que le monstre en question serait originaire d'un
autre monde. Mais bien qu'il descende en effet du ciel, celui-ci est
humain et s'avère le seul survivant de l'expédition Scorpion
V dont
le projet était à l'origine de survoler les anneaux de Saturne. À
son retour sur Terre, Steve West atterrit directement à l’hôpital.
Devenu radioactif, celui-ci se met à fondre inexorablement et se
trouve doté d'un appétit féroce pour la chair humaine. Allez
savoir pourquoi, nous n'aurons aucune explication vraisemblable à ce
sujet. Des chercheurs, un shérif, une créature dégoulinante et
quelques cadavres disséminés ça et là en chemin, Le
monstre qui vient de l'espace
avait de quoi satisfaire l'appétit des amateurs de petites
productions horrifiques américaines des années 70-80.
Malheureusement, si le long-métrage de William Sachs (son troisième
après le western horrifique South of Hell
Mountain
en 1971 et le film de guerre There Is No 13 en
1974) bénéficie de la présence du maquilleur Rick Baker, lequel
fut chargé de concevoir les effets-spéciaux (ceux-ci demeurant l'un
des rares points positifs du film) et notamment la créature en
question, le film s'avère d'un indicible ennui. Tout commence
cependant sous les meilleures augures. Une fois échappé de
l'hôpital, Steve West, désormais défiguré, commence à fondre au
point de laisser derrière lui des indices sur son état de
décomposition. De larges pans de peau par ici, une oreille par là
ou un œil un peu plus loin... En la matière, les effets-spéciaux
de Rick Baker s'avèrent réussis et franchement peu appétissants.
Le pauvre astronaute n'a littéralement plus que la peau sur les
os...
Principalement
interprété par Burr DeBenning dans le rôle du docteur Ted Nelson
et Alex Rebar dans celui de la créature/Steve West (on remarquera
également la courte présence de l'acteur afro-américain Lisle
Wilson qui quatre ans plus tôt décédait sous les coups de couteau
de l'une des sœurs siamoises de Soeurs de sang
de Brian De Palma), l'intrigue se déroule sur une durée
relativement courte puisque dès le lendemain matin, tout sera
terminé... ou presque comme l'évoquera une information divulguée à
la radio. Mais d'ici là, il va falloir se coltiner des séquences
interminables et répétitives situées dans une campagne pas tout à
fait déserte puisque à défaut de nourrir le récit à travers un
scénario solide, William Sachs permettra à sa créature de tuer
quelques rares hommes et femmes ayant eu le malheur de croiser son
chemin. C'est mou, jamais terrifiant, et seule quelques visions
cradingues de la créature parviennent à maintenir un semblant
d'intérêt. Une chose est certaine, une fois le film terminé, on
n'aura sans doute jamais envie de trouver une quelconque raison de
s'y replonger. Le monstre qui vient de l'espace
n'est même pas un bon nanar devant lequel se poiler. Le film tente
un virage parfois humoristique à travers une bande musicale
inappropriée pour une œuvre de science-fiction horrifique mais là
encore, pas le moindre risque de se froisser le moindre muscle
zygomatique. Les amateurs de gore s'amuseront sans doute en relevant
l'étonnante ressemblance entre la créature qui à la fin meurt dans
de dégoulinantes circonstances et l'une des séquences gorissimes du
film culte que le réalisateur Jim Muro réalisa dix ans plus tard
(on parle évidemment de Street Trash)
lors de laquelle un clochard se mettait à fondre, le dos collé à
un mur. Quant on en vient à chercher des références comme celle-ci
et que l'on est par conséquent incapable de créer sa propre
personnalité, c'est souvent que tout va mal. Un fait que ne fait que
confirmer Le monstre qui vient de l'espace.
Un titre et un synopsis accrocheurs pour un résultat, pas du tout à
la hauteur...
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