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dimanche 14 juillet 2024

Dorosute no Hate de Bokura de Junta Yamaguchi (2022) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Sujet Ô combien fascinant que le voyage dans le temps ainsi que tout ce qui y est rattaché, comme les paradoxes et les boucles temporelles, le réalisateur japonais Junta Yamaguchi a signé pour son premier long-métrage en 2020 l'une des œuvres de science-fiction parmi les plus incroyables, improbables mais surtout techniquement et scénaristiquement les plus abouties. Imaginez que vous travailliez dans un restaurant rattaché à un immeuble de plusieurs étages et qu'un téléviseur installé au cinquième étage diffuse des images vieilles de deux minutes seulement. Jusqu'ici, rien de forcément stupéfiant. Du moins jusqu'à ce que le locataire de l'appartement se rende compte qu'il peut communiquer en direct avec l'image de son double projetée à l'écran. On devine alors très rapidement la suite des événements. Du moins ceux qui se produiront lors des deux minutes à venir. Sachant que le jeune homme témoin de cet événement extraordinaire vient de se voir agir deux minutes dans le futur, celui-ci quitte son appartement afin de se rendre au restaurant pour se placer ''à son tour'' devant l'écran posté dans la salle de restauration et d'y tenir les mêmes propos que son double deux minutes plus tôt. Face à ce même écran, le voici désormais confronté à un autre double dont l'image le projette deux minutes dans le passé. Lors de cette séquence, le jeune homme tient les propos de son premier double tandis que le second tient ceux que lui-même tenait il y a deux minutes. Si rien ne paraît vraiment très clair, que l'on se rassure, le concept est en réalité plus simple qu'il n'en a l'air. D'autant plus que jusqu'à ce moment très précis, un seul personnage interagit avec ce phénomène de boucle temporelle jusqu'à ce qu'intervienne une employée du restaurant. On sent que là, les choses vont se corser. Car stupéfait par ce qu'il vient de vivre, le jeune homme va partager son expérience non seulement avec la jeune femme mais également avec plusieurs autres personnages qui petit à petit vont venir se greffer au récit.


Autant dire que Dorosute no Hate de Bokura plus connu en Occident sous le titre Beyond the Infinite two Minutes va très rapidement donner le vertige au spectateur. Quitter la pièce ne serait-ce qu'une ou deux minutes n'engendrera pourtant pas forcément une quelconque gène puisque malgré sa courte durée de soixante-dix minutes, l'un des seuls défauts du long-métrage est sa redondance. On pourra donc rattraper l'une d'entre elles avec la suivante. L'un des aspects les plus remarquables de Dorosute no Hate de Bokura est par contre le fait que Junta Yamaguchi ait tourné son film en un seul plan-séquence. Un procédé qui devient de plus en plus courant mais qui au sujet de cette comédie de science-fiction pourrait paraître totalement irréalisable. Vue la complexité du scénario qui sur papier semble relativement simple mais qui une fois la caméra en main (en fait, un smartphone) va demander au réalisateur et à ses interprètes une très grande minutie, il faudra à toute l'équipe, au delà du simple concept de plan-séquence, penser à tout ce supplément de scènes à filmer afin de projeter au cœur du récit ces images de personnages doubles, triples, quadruplés, etc... qui interviendront à travers l'écran de téléviseurs projetant des images du futur et du passé. Si l'on sent bien que d'un point de vue scénaristique le film faiblit quelque peu lors du dernier quart-d'heure, Dorosute no Hate de Bokura demeure une véritable prouesse technique. À moins d'être physicien, il est quasiment impossible d'analyser la construction du récit dans son intégralité dans l'espoir d'y dénicher une quelconque incohérence. Même si parfois l'on se demande pourquoi tel ou tel personnage ne contrarie pas le futur auquel il vient d'assister en choisissant de donner une tournure différente aux événements qui se produiront lors des deux prochaines minutes à venir, certains d'entre eux privilégieront de s'en tenir aux images qu'ils viennent de voir afin de les reproduire et ainsi éviter tout paradoxe temporel. Bref, que l'on croit à la possibilité d'un tel phénomène, Dorosute no Hate de Bokura n'en demeure pas moins une œuvre cohérente et vertigineuse...

 

lundi 13 décembre 2021

Droste no Hate de Bokura de Junta Yamaguchi (2021) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Le voyage dans le temps est un concept qui a fait les beaux jours de la littérature, du jeu vidéo et plus encore du septième art dans le domaine de la science-fiction. Mais à trop vouloir exploiter le filon, il a donné naissance à des dizaines de clones dont les pires représentants ont vu le jour ces dernières années. Des copier-collés souvent fades qui ne peuvent, au mieux, que contenter celles et ceux qui attendent en trépignant d'impatience l'arrivée prochaine de l’œuvre majeure qui parviendra comme au temps de C'était demain de Nicholas Meyer en 1979, Retour vers le futur de Robert Zemeckis en 1985 ou plus récemment Prédestination de Michael et Peter Spierig, à redorer le blason de l'un des sujets les plus passionnants du cinéma. Imaginer faire un tour pour revivre les plus grandes périodes de notre Histoire ou au contraire, imaginer à quoi pourrait ressembler notre avenir si peu reluisant puisse-t-on l'imaginer. Un sujet qui semble plus ou moins intéresser le réalisateur japonais Junta Yamaguchi qui avec Droste no Hate de Bokura est sans doute parvenu à s'écarter de la thématique habituelle pour la prolonger en lui adjoignant une ''protubérance'' qui ici trouve une logique pertinente. Tout le monde connaît l'effet Droste sans pour autant systématiquement connaître sa signification. L'effet Droste est ce principe de récursivité que l'on retrouve notamment dans la nature ou plus simplement sur certains emballages de produits de consommation. Ce principe même consistant à répéter à l'infini une image tout en la reproduisant en arrière-plan dans des dimensions moins importantes...


Plus simplement connu sous le nom d'Effet Vache-qui-rit, c'est peut-être sans doute effectivement cette célèbre marque de fromage qui résume le plus simplement du monde l'effet Droste avec sa vache dont les boucles d'oreilles reproduisent très exactement l'emballage. Plus que le thème du voyage dans le temps, des supposés paradoxes temporels qui y sont souvent liés et donc des conséquences découlant de la manipulation de ce même temps, c'est donc bien ici l'effet Droste qui ajoute sa plus-value au long-métrage de Junta Yamaguchi. Une alternative sans doute moins friquée et visuellement moins riche que le Tenet de Christopher Nolan mais pas moins inventive dans l'élaboration de son concept et son approche faussement minimaliste. Bien que Droste no Hate de Bokura puisse à la longue devenir ennuyeux une fois le concept absorbé, il faut reconnaître au réalisateur japonais un certain génie dans sa mise en scène. Car l'idée de mêler voyage dans le temps (ici, deux minutes dans le futur ou dans le passé) et paradoxes temporels (lequel n'est finalement que survolé) à l'effet Droste implique un cahier des charges particulièrement solide en terme de mise en scène et d'écriture. Surtout lorsque le spectateur recherchera la petite bête remettant en question la crédibilité de tel ou tel événement se déroulant à l'image. Filmé en un plan-séquence (réel ou non, cela n'a aucune importance) Droste no Hate de Bokura transforme une paire de téléviseurs en portes donnant sur le passé et sur l'avenir...


Deux minutes seulement durant lesquelles une poignée de personnages vont croiser leurs doubles lors de séquences absolument jouissives qui font preuve d'une belle maîtrise au niveau de la narration et du montage. Des séquences qui forcément reviennent en boucle avec ce décalage de deux minutes, annonçant des idées d'écriture là encore, remarquablement jubilatoires. Un concept qui au moment même où l'on pourrait évoquer les limites et la redondance fait justement intervenir le concept de l'effet Droste. L'aventure est ainsi relancée au bout d'une demi-heure environ et projette le récit dans un futur qui aurait dû s'avérer lointain mais que le budget, les simples éléments de décors ou les conditions de tournage réduisent à sa plus simple expression. C'est donc à ce niveau que le film de Junta Yamaguchi trouve ses faiblesses. On rêve déjà de ce que pourrait donner un tel sujet mis entre les mains d'un grand cinéaste bénéficiant d'un budget suffisamment confortable pour donner vie à tous les aspects qui entourent voyage dans le temps et effet Droste. Reste que Droste no Hate de Bokura est une bonne surprise qui n'abusera pas de notre temps puisque sa durée n'excède pas les soixante-dix minutes...

 

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