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vendredi 14 février 2025

You are not Alone (Vous n'êtes pas seuls) de Philippe Lupien et Marie-Hélène Viens (2024) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Depuis plus de dix ans maintenant, les québécois Philippe Lupien et Marie-Hélène Viens collaborent ensemble pour apporter leur vision du septième art. Un travail de longue haleine qui après être transparu à travers trois courts-métrage a fini par aboutir en 2024 avec You are not Alone (Vous n'êtes pas seuls), leur premier long-métrage. Une œuvre étrange, qui apparemment ne sait pas très bien sur quel pied danser puisque les deux réalisateurs y abordent deux aspects de la nouvelle vie quotidienne d'un jeune homme qui supporte mal sa séparation d'avec son ancienne petite amie. D'un côté, la rencontre tout à fait crédible entre Léo Biron (Pier-Luc Funk) et Rita St-Laurent (Marianne Fortier) et de l'autre, la convergence entre l'attitude du jeune homme qui se sentait littéralement disparaître et l'arrivée de John (François Papineau), un chauffeur de taxi qui un soir l'aida à réparer sa voiture et qui depuis ne cesse d'avoir d'inquiétantes intentions à son sujet. Des motivations qui ne semblent avoir rien de commun avec les faits-divers criminels qui touchent n'importe quelle société dite ''civilisée''. Non, ici, il s'agit plutôt d'évoquer l'hypothèse d'une tentative d'abduction par un extraterrestre se cachant sous les traits d'un homme d'une cinquantaine d'années. Les deux réalisateurs et scénaristes faisant ainsi des économies de moyens sur des effets-spéciaux qui auraient sans doute coûté trop chers s'ils avaient dû faire appel à des maquillages prosthétiques ou à l'emploi d'images de synthèse... Ici, le côté surnaturel du récit est emballé sous la forme la plus pure qui puisse exister : quelques éclairages bien sentis et une posture parfois (involontairement) amusante de François Papineau suffisent presque à concrétiser la présence sur le sol canadien (et peut-être même mondial, qui sait), d'une civilisation extraterrestre dont on ne saura d'ailleurs jamais les véritables intentions. Hostile ou bienveillant, il n'empêche que John se montre particulièrement insistant. Au point de retrouver sa ''proie'' jusque dans ce nouveau foyer qui l'accueil. Ce petit appartement où vit la délicieuse Rita, une jolie jeune femme qui au commencement n'avait fait que commander une pizza (Léo est livreur pour le compte d'une propriétaire de pizzeria campée par Sandrine Bisson) et qui lors de la livraison semble être tombée sous le charme de Léo. Un... ''coup de foudre'' que partagera d'ailleurs instantanément le jeune homme.


L'arrivée de Rita arrive donc à point nommé, au moment où Léo lâche littéralement la bride avec sa propre existence et son entourage. Se reconstruisant peu à peu auprès de celle qui deviendra par la force des choses sa nouvelle petite amie, l'un et l'autre vont finir par devoir affronter celui qui traque le garçon. Leur amour survivra-t-il à cette étrange expérience ? La conclusion nous le dira très certainement. Mais jusque là, Philippe Lupien et Marie-Hélène Viens nous plongent avec You are not Alone au cœur d'une intrigue amoureuse assez touchante. Entre la rencontre, les premiers regards, suivi du premier échange de salives et jusqu'à cette séquence où le couple se retrouve dans le lit de Rita, les deux réalisateurs filment avec application la relation entre ces deux êtres qui l'un comme l'autre semblaient attendre chacun de leur côté qu'arrive celui et celle qui allait leur permettre enfin de pouvoir vivre pour eux et pour l'autre. De ce point de vue là, nulle doute que de nous conter une belle histoire d'amour entre deux jeunes adultes est un projet parfaitement accompli. Ce qui semble par contre beaucoup moins évident lorsqu'il s'agit de souligner la sous-intrigue tournant autour de John et Léo. Entre ce nouvel exemple de Body Snatcher, ce sous-genre de la science-fiction sublimé en 1978 par l'indétrônable Invasion of the Body Snatchers de Philip Kaufman, et sa victime, Léo, le compromis qui a pris dix ans de l'existence de leurs auteurs pour aboutir à l'objet que nous avons devant les yeux est de l'avis de certains, le point faible du récit. Et il est vrai que dans le fond, la présence de John à l'écran dans ce qui demeurera sans doute comme une belle histoire d'amour mais un piètre film de science-fiction, reste futile. Il ne s'en dégage pas moins de You are not Alone une atmosphère presque unique que l'on ne rencontre généralement que dans ce type très original de science-fiction, où les repères habituels sont gommés au profit d'une approche inédite. La bande musicale de Pierre-Philippe côté où la photographie d'Ariel Méthot n'y étant évidemment pas étrangers. Avec ses cent-cinq minutes, on aurait pu croire que le film allait tomber dans un ennui sans fin, mais même si certains reprochent justement au long-métrage sa lenteur, celle-ci participe souvent de l'envoûtement généralisé que procurent le rythme parfois neurasthénique, l'ambiance sonore, la photographie ou plus simplement la remarquable interprétation de ses deux principaux acteurs. Une très belle surprise...

 

lundi 3 février 2025

Ils sont parmi nous de Jérôme Léger (2024) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Sans même avoir lu le plus petit synopsis qui soit ni même avoir jeté un œil à la moindre bande-annonce, à la seule évocation de son titre, la série québécoise Ils sont parmi nous semble d'emblée désigner la possibilité d'une rencontre extraterrestre entre les protagonistes du récit et des êtres venus d'une galaxie lointaine. La Classification de Hynek s'agissant de l'observation d'ovnis ou mieux encore d'une rencontre rapprochée avec les passagers de l'un d'entre eux (dont la plus extraordinaire demeure celle du troisième type), jusqu'à ce que nous soient très officiellement révélées d’hypothétiques rencontres avec des petits hommes verts ou gris, le doux rêveur qui espère chaque fois qu'il lève la tête vers le ciel tomber sur un Objet Volant Non Identifié doit pour l'instant ronger son frein et passer par la fiction pour donner corps et réalité à sa passion. Clémence Dargent et Martin Douaire créèrent en 2021 l'excellente série française OVNI(s) réalisée par Antony Cordier. Laquelle se basait sur le Groupe d'études des phénomènes aérospatiaux non identifiés plus connu sous l'acronyme Gepan et dont la spécificité est comme son nom l'indique d'étudier le phénomène Ovni depuis la seconde moitié des années soixante-dix. S'agissant de la série québécoise créée cette fois-ci par Jérôme Léger et Raphaël Côté, les personnages principaux du récit évoluent au sein de la fantaisiste Agence Canadienne de la Conformité Aérospatiale. Dirigée par Jocelyn Terreault (Gildor Roy), l'A.C.C.A connaît des heures douloureuses depuis que le ministre de la sécurité René Ryan (Stéphane Crête) a pris la décision de fermer et de mettre un terme au financement de l'agence une bonne fois pour toute. Alors que certains membres de la petite équipe en sont réduits à se demander ce qu'ils vont devenir, c'est précisément le jour de l'annonce de la fermeture de l'A.C.C.A que Béatrice Thomas (Julianne Côté) est engagée à l'agence. Devant le désarroi de certains de ses nouveaux collèges et de Jocelyn Terreault, la jeune femme envisage l'idée de monter de toute pièce une fausse apparition d'ovni dans le ciel afin d'intéresser l'opinion publique et ainsi faire revenir le ministre sur sa décision. Le soir même, elle et son nouveau patron se rendent dans un champ et enregistrent le drone que Béatrice a emporté avec elle, lequel a l'allure d'une petite soucoupe volante.


Filmant la séquence, le duo (enfin, surtout Jocelyn) se rend bien compte du désastreux résultat et décide de retourner à l'agence sans pour autant exploiter leur enregistrement. Pourtant, non loin de là, un couple d'influenceurs a assisté au vol du drone sans soupçonner la présence de Béatrice et de son patron. Persuadés d'avoir filmé une soucoupe volante, les deux jeunes gens vont alors partager leur découverte sur les réseaux sociaux... Réalisé par Jérôme Léger et produite par la société de production de cinéma et de télévision canadienne Pixcom fondée par Jacquelin Bouchard en 1987, Ils sont parmi nous est une mini-série fort sympathique pour laquelle va sans doute falloir prendre quelques précautions avant de lancer sa projection. En effet, la particularité de l'accent québécois et d'une partie du vocabulaire employé contraindra sans doute tout ou partie du public hexagonal à regarder les huit épisodes de la saison agrémentés de sous-titres. À défaut de quoi, l'expérience risque de se révéler compliquée. Et même, si l'on finit par s'accoutumer à l'idée de jongler entre ce que l'on entend et ce qui est écrit au bas de l'image, il faudra sans doute malgré tout un court moment d'adaptation. L'une des particularités de Ils sont parmi nous s'inscrit dans la courte durée des épisodes qui oscillent entre dix et quinze minutes pour un total se rapprochant finalement de celle d'un téléfilm ou d'un long-métrage cinéma. Essentiellement tournée dans les locaux de la dite A.C.C.A, la série ressemble à un ersatz de Caméra café (sans sa machine à boissons) où l'humour est ici aussi très présent. Au vu de l'évolution de l'intrigue il va évidemment difficile de ranger Ils sont parmi nous dans le genre science-fiction tant le sujet tient de la supercherie. L'on passe un très agréable moment devant une poignée d'interprètes et de personnages fort sympathiques (en dehors de l'excellent Stéphane Crête qui incarne un ministre de la sécurité parfaitement imbuvable !). La courte durée n'est en soit pas vraiment gênante puisque le réalisateur va droit à l'essentiel. Les coupures causées par les génériques de débuts et de fin sont relativement courtes et ne laissent donc pas le temps au téléspectateur de ''sortir'' du concept. Notons que la toute fin laisse la porte ouverte à une éventuelle seconde saison que l'on espère découvrir très bientôt...

 

dimanche 2 février 2025

Silo - saison 2 de Graham Yost (2024) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

À l'issue de la première et brillante saison de la série de science-fiction américaine Silo, son créateur Graham Yost avait déployé lors de la conclusion, l'idée selon laquelle il existait de nombreux autres endroits comme celui où vivent les protagonistes. L'héroïne Juliette Nichols (Rebecca Ferguson) avait été contrainte et forcée d'aller s'occuper du nettoyage de la caméra extérieur. Laquelle avait fait le choix de n'en rien faire et d'aller explorer ce qui pouvait se cacher au delà de la colline. Cette ''frontière'' qu'aucun de ceux qui furent jetés dehors avant elle ne parvinrent à atteindre. À l'intérieur du Silo 17, les habitants devinrent témoins de la scène et les plus proches amis de Juliette, convaincus qu'elle avait pu y survivre. Dès le 15 novembre 2024 et jusqu'au 17 janvier dernier, la plateforme Apple TV+ a diffusé l'intégralité des dix épisodes de la seconde saison. Et en faisant aventurer son héroïne dans un second Silo, Graham Yost permet à cette nouvelle fournée d'être découpée en deux parties bien distinctes. Car l'on retrouve bien évidemment tous les protagonistes de la première saison mais aussi de nouveaux personnages, eux, issus de ce second silo dont on devine le sort qui lui fut accordé dès l'entrée de Juliette à l'intérieur. Une réplique que l'on aurait pu supposer de parfaite si un événement d'ampleur exceptionnelle n'avait pas pousser ses habitants à se réfugier à l'extérieur pour y mourir dans d'atroces conditions. Silo saison 2 repousse de très loin les conditions de vie de ses habitants. Entre un Tim Robbins plus magistral que jamais dans le rôle du maire Bernard Holland et que le créateur de la série implique davantage que lors de la précédente saison. L'on retrouve également le rappeur américain Common dans le rôle de Robert Sims ou l'excellent Chinaza Uche dans celui du nouveau shérif Paul Billings qui depuis le départ de Juliette a pris sa place. Alors que dans le principal silo où s'était jusque là située l'action lors des dix premiers épisodes diffusés pour la première fois à partir du 5 mai 2023 toujours sur Apple TV+ la révolte gronde de plus en plus, la question de la viabilité à l'extérieur n'est plus la seule et unique raison de douter de la part de ses habitants puisque beaucoup émettent un doute quant à la sincérité de ses dirigeants.


Tandis que diverses stratégies de conquêtes se développent au sein de la population, Juliette explore ce nouveau silo dont la désagrégation est l'un des aspects les plus remarquables de cette nouvelle saison. Résultat d'une révolte dont les conséquences se lisent sur chaque mètre-carré. Des décors sombres, formidablement dégradés, amples et pourtant claustrophobes qui rendent à côté la vie du silo où vivent les compagnons de Juliette presque envisageable. Alors que l'on retrouve la totalité des interprètes présents lors de la première saison, l'arrivée de notre héroïne dans ce nouveau silo offre l'opportunité de faire connaissance avec un nouveau protagoniste en la personne de Solo. Personnage complexe brillamment incarné par le méconnaissable Steve Zahn. Cette partie du scénario, qu'il s'agisse de Solo lui-même, de l'endroit où il vit et des découvertes primordiales que Juliette aura l'occasion de faire lors de son long périple dans ces angoissants dédales est le parfait miroir de ce que sont en train de vivre ses compagnons. Un préambule à la catastrophe qui pourrait éventuellement se produire cette fois-ci dans le silo numéro 17. Silo saison 2 pénètre encore davantage l'esprit du spectateur et cela en dépit de quelques défauts qui à force de marteler la ''toute puissance'' de l'héroïne finit au bout du compte par la décrédibiliser. En effet, si Rebecca Ferguson demeure irréprochable, son personnage est traité de manière un peu trop ostentatoire. Figurant plus que jamais la super-héroïne sur laquelle repose les attentes du (des) silo(s), Juliette survit à tout. Une infection plus proche de la gangrène que de la simple petite coupure au doigt, à une fléchette plantée dans l'épaule, à un accident de décompression suite à une plongée en profondeur et, dans ce dernier cas, à ce qui aurait logiquement dû la condamner à l'hypothermie et donc... à la mort. Imaginez : Juliette au fond d'un silo dont la partie inférieure est inondée sur des dizaines de mètres de profondeur, sans combinaison adaptée, les bras nus et, cerise sur le gâteau, une remontée en apnée ! Bref, invraisemblable. Mais fort heureusement l'on parvient à mettre de côté ces absurdités tant cette seconde saison demeure passionnante. Des enjeux, nombreux, et surtout des personnages tour à tour attachants et monstrueux. La palme de la plus formidable crapule revenant évidemment sans conteste à Tim Robbins !

 

mercredi 1 janvier 2025

Omni Loop de Bernardo Britto (2024) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Space-opera, Dystopies, Uchronies, Cyberpunk, Post-Apocalypse, Guerres intergalactiques, Voyages dans le temps... La science-fiction est d'un point de vue littéraire et cinématographique, un vaste champ d'expérimentations qui permet à tout à chacun de trouver son bonheur sans pour autant que les amateurs de l'un ou l'autre de ses sous-genres ne donnent du coude à leurs voisins. Concernant le Voyage dans le temps, celui-ci se définie parfois lui-même en sous catégories. Du simple fait de voyager dans le passé ou dans le futur en passant par certains phénomènes comme les boucles ou les paradoxes temporels. Si la récurrence de cette dernière est quasiment systématique et agit de la même manière que l'effet papillon (lequel consiste en une succession d'événements perturbés par une action provoquée antérieurement), les boucles temporelles lui apportent majoritairement matière à modifier le futur à travers des actions se produisant dans le passé. L'un des plus remarquables exemples de ce que l'on nomme ''Boucle de causalité'' ou ''Paradoxe de l'écrivain'' demeure le formidable Prédestination des frères Michael et Peter Spierig sorti en 2014. Plus connu et sans doute beaucoup plus ludique en ce sens où les phénomènes qui s'y produisent sont parfaitement simples à comprendre, l'on retiendra également le génial Un jour sans fin de Harold Ramis qui lui vit le jour en 1993. Une approche du genre beaucoup plus ''Familiale'' que l'on conseillera donc en priorité à toutes celles et ceux qui voudraient pour la première fois de leur existence se pencher sur ce genre véritablement passionnant. Le voyage dans le temps et les boucles temporelles connaissant depuis un certain nombre d'années une recrudescence au cinéma et à la télévision (et pas une ''recrue d'essence'' comme il m'est déjà arrivé de l'écrire, sic!), le regain d'intérêt du public vis à vis d'un sujet qui, sans mauvais jeu de mots, à tendance à tourner en rond, donne parfois naissance à des œuvres tout à fait inattendues. À l'image de l'un de ses tout derniers représentants, intitulé Omni Loop, et dans lequel, le réalisateur et scénariste brésilien Bernardo Britto offre une très intéressante alternative à la grosse machinerie américaine. S'il s'agit là encore d'évoquer le Voyage dans le temps ainsi que les Boucles temporelles, celui-ci les envisage d'une toute autre façon.


La partition musicale analogique de la compositrice américaine Kaitlyn Aurelia Smith participe à merveille à l’émulsion entre les personnages, le récit et le sujet des Boucles temporelles...


Phénomène souvent incontrôlé auxquels les protagonistes des récits tentent généralement d'échapper, l'héroïne ici incarnée par la formidable Mary-Louise Parker reproduit la ''séquence'' de manière indéfinie afin de résoudre l'une des questions fondamentales qui se posent lorsque l'opportunité de revenir en arrière pour changer certains faits se présente. Un désir ouvertement prononcé par Zoya Lowe, l'héroïne en question, mais également une contrainte forcée puisque cette quinquagénaire se sait condamnée à mourir dans cinq jours. Cinq pas plus. Et autant de journées qu'elle revit, inlassablement, en avalant une étrange gélule qui la fait donc revenir dans un tout récent passé. Ancienne physicienne, Zoya a travaillé il y a longtemps sur cette étrange gélule dont elle avait découvert une boite à moitié remplie dans le jardin familial alors qu'elle n'était encore qu'une adolescente. Découvrant lors de son premier usage le pouvoir de celle-ci, elle en usa lors de ses ''brillantes'' études lui ouvrant par la suite les portes d'une grande entreprises de recherches scientifiques. Ici, le temps est une monnaie dont le prix n'est pas négociable. À moins que Zoya ne parvienne à déterminer la composition de la gélule afin que le voyage de cinq jours se transforme en mois et pourquoi pas, en années. Elle va pour cela demander de l'aide à Paula (excellente Ayo Edebiri), une jeune étudiante en sciences qu'elle va tout d'abord tenter de convaincre de l'existence de cette boucle temporelle dans laquelle elle s'est enfermée afin que la jeune femme l'aide à résoudre l'épineux problème de cette gélule qui restreint le voyage dans le passé à cinq jours... Plus qu'une œuvre de science-fiction, Omni Loop est un drame très touchant, évoquant la famille et renvoyant donc le genre à certaines de ses fondations : tout reprendre depuis le début afin de modifier certains événements. Comme ici, les rapports de Zoya vis à vis de sa fille Jayne (Hannah Pearl Utt) qu'elle a quelque peu délaissée au profit de son métier. Le duo formé par Mary-Louise Parker et Ayo Edebiri est très touchant. Au fil de l'épreuve qu'elles vivront ensemble, leur relation deviendra presque celui d'une mère et de sa fille. Dénué de tout effet-spécial ou presque (''l'évaporation'' de Zoya ou ce trou noir qui la ronge), Omni Loop est une grande réussite, toute en émotion et en sensibilité. Parfois intimiste sans jamais être rébarbatif mais aussi très ludique dans la forme que prend le montage du récit. L'on notera en outre la présence inattendue de l'acteur Harris Yulin dans le rôle du professeur Duselberg. Bref, Bernardo Britto réussit le pari de mêler drame et science-fiction. Une brillante démonstration portée par l'émouvante interprétation de ses deux principales protagonistes...

 

lundi 9 décembre 2024

Slingshot de Mikael Håfström (2024) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Frère de l'acteur Ben Affleck, Casey Affleck multiplie les casquettes. Acteur, producteur, scénariste et réalisateur d'un premier long-métrage qui devrait bientôt voir le jour dans le courant de l'année 2025 sous le titre Far Bright Star, il incarne dans Slingshot un ambitieux astronaute prénommé John qui fut sélectionné pour une mission vers Titan, l'une des lunes de Saturne. Alors que le voyage dans l'espace a démarré voilà plusieurs mois, son placement en stase devient de plus en plus éprouvant. Réveillé par intervalles de quatre-vingt dix jours, il peut compter sur la participation de Nash (Tomer Kapon) et du capitaine Franks (Laurence Fishburne). Lors d'un énième réveil, John est le témoin d'un incident qui provoque des dommages ''superficiels'' sur la structure du vaisseau. En inspectant l'intérieur d'une trappe, il constate en effet qu'une paroi est déformée. À leur réveil, Nash et Franks ne constatent aucune anomalie mais le premier des deux commence à ressentir le besoin de faire chemin inverse vers la Terre. Une opinion que ne partage pas le capitaine Frank ni même John qui préfère se ranger du côté du commandant de bord. Au fil des périodes qui séparent les moments d'éveil des trois hommes de leur hibernation, les tensions montent entre eux. Imperturbable, Franks adopte une attitude posée. Son seul objectif : mener à bien la mission. Nash, lui, sombre peu à peu dans la paranoïa, persuadé que la mission est vouée à l'échec. Quant à John, il se réfugie constamment dans le souvenir de sa petite amie restée sur terre, Zoe (Emily Beecham)... Encore une œuvre de science-fiction concentrant une nouvelle fois son intrigue autour du voyage dans l'espace à destination d'un astre (ici, la lune Titan, laquelle est l'un des quatre-vingt deux satellites orbitant autour de la sixième des huit planètes de notre système solaire) proche de sa planète, Saturne. Et encore une fois, pour son dernier long-métrage, le réalisateur suèdois Mikael Håfström opte pour une observation minimaliste et claustrophobe des rapports humains et de leur environnement. Le principal cachet de Slingshot demeure dans ces quelques ''sorties extra-spatiales'' qui évoquent la relation entre John et Zoe.


Un couple qui cache moins ses ambitions que les sentiments qu'ils éprouvent l'un pour l'autre. En fait, des séquences qui servent aussi et surtout à remplir les vides d'un script qui sans elles tournerait à vide. Car ici, rien ne semble plus éloigné de la science-fiction ambitieuse des blockbusters américains que la vision de Mikael Håfström et de ses scénaristes R. Scoot Adams et Nathan Parker. La petitesse des décors est à l'aune du caractère anxiogène qu'imprime le réalisateur. Un huis-clos qu'un événement d'apparence anodine va rendre plus oppressant encore qu'il ne l'était déjà. Ici, la question des ressources permettant de survivre à un très long voyage dans l'espace est moins primordiale que la santé mentale des passagers d'une navette dont la conception est remise en question. Au fil du récit, le spectateur aura surtout l'occasion de comprendre que le point d'orgue de cette histoire somme toute commune tient moins dans le voyage vers Titan et dans sa réussite que dans les confrontations perpétuelles qui opposent John, Nash et le capitaine Franks. Slingshot prendra d'ailleurs un virage tout à fait inédit, crédibilisant ainsi la série de faits étranges qui se dérouleront sur place. Trente-quatre ans après avoir incarné Jimmy Jump dans le chef-d’œuvre d'Abel Ferrara, The King of New York et un quart de siècle après avoir interprété le rôle de Morpheus dans le premier volet de la tétralogie Matrix, Laurence Fishburne se fond dans la peau d'un commandant de bord trop posé, trop doux, trop raisonnable pour être tout à fait honnête. Plus qu'un voyage à des millions de kilomètres de notre planète, Slingshot ancre son récit dans l'esprit de son principal protagoniste et théorise sur les conséquences d'un voyage de plusieurs années loin de chez soit. Bien que la forme l'éloigne des grosses productions américaines gavées d'effets-spéciaux, Slingshot est une sympathique proposition de Space Opera, bien que très peu ouverte vers l'extérieur (seul le hublot de la passerelle permet à ses passagers d'avoir une vue de l'espace). Avec sa moustache, Ben Affleck nous rappelle certaines grandes heures de l'acteur Michael Biehn, lorsque le personnage qu'il incarnait dans Abyss de James Cameron était en proie au syndrome nerveux des hautes pressions...

 

lundi 11 novembre 2024

Concrete Utopia de Tae-hwa Eom (2023) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Quatrième long-métrage de Tae-hwa Eom après sa collaboration en 2011 aux côtés de quatre autres cinéastes sud-coréens sur Chon-Cheol-Sal-In et deux autres réalisés seuls en 2013 et 2016, Concrete Utopia est semble-t-il un énième film de science-fiction dystopique à la différence où celui-ci se déroule presque exclusivement au sein d'un complexe urbanistique dont seul un immeuble est resté debout après qu'une catastrophe naturelle dont on ignore l'ampleur a effacé de la carte la ville de Séoul. Démarrant plus ou moins à la manière de Frissons de David Cronenberg à travers sa description d'un complexe d'immeubles offrant d'idylliques conditions d'existence, l'un des derniers représentants du genre n'y va pas avec le dos de la cuillère et offre une vision dramatique d'une situation qui l'était déjà lorsque survint la dite catastrophe. Une tremblement de terre mêlé à un soulèvement de terrain dont l'envergure visuelle n'a absolument rien à envier aux productions américaines. À ce titre, les effets-spéciaux réalisés par une véritable armada de professionnels de tous horizons nous en mettent plein la vue. De ce véritable raz de marée produit par un gigantesque tas de débris où s'entremêlent immeubles détruits, véhicules et autres structures réalisées par la main de l'homme ne vont survivre que quelques centaines d'hommes, de femmes et d'enfants. Dont une moitié environ auront le privilège de vivre dans le seul immeuble qui tient encore debout. Leur statut de propriétaire les rend effectivement prioritaires et condamne les autres à demeurer à l'extérieur alors que les températures sont bien en dessous de zéro. Comme dans toute bonne dystopie ou film catastrophe, le sujet est ici tout d'abord pour les personnages de s'organiser autour d'un groupe formé par un homme élu par la majorité. Un type étrange et au départ bizarrement mal à l'aise mais qui au fil du temps va s'avérer de plus en plus impliqué dans ses nouvelles fonctions. Si le spectateur devine très rapidement la vérité qui l'entoure, les personnages, eux, mettront du temps à s'en apercevoir.


Mêlant science-fiction et thriller, Concrete Utopia concentre la thématique de la reconstruction sociale autour d'un immeuble où certains auront à cœur d'abriter chez eux des individus que la nouvelle loi instaurée refuse pourtant d'accueillir. Le réalisateur sud-coréen semble ici produire une analogie avec la submersion migratoire qui pour certains pose problème. Charriant ainsi son comptant d'anti et de pros migration avec tout ce que cela peut engendrer de désordre et de questions morales. Tae-hwa Eom injecte en outre d'autres critères qui ne vont rien arranger, comme le statut de ce résident aux pleins pouvoirs dont l'attitude va très rapidement déranger Myung Hwa (Park Bo-Young), une jeune infirmière qui s'interroge sur le comportement et l'identité de Young Tak (Lee Byrung-Hun) tandis que son compagnon Min Sung (Park Seo-Joon) et les autres résidents de l'immeuble se contentent de suivre les ordres. Plus que le psychopathe que semble être Young Tak, ce personnage hautement ambigu est surtout le reflet de ces individus dont il s'agit de faire une exception dans nos sociétés dès lors qu'ils contribuent concrètement à leur essor. Celui-ci sauva effectivement l'immeuble d'un incendie en se jetant littéralement au cœur des flammes et fut donc considéré comme un héros sans que ne soit jamais demandée la preuve de son identité. Le long-métrage flirte parfois avec l'horreur à travers cet appartement numéro 902 qui abrite la mère théorique de cet homme mais dont la vérité va plus tard être révélée. Mais Concrete Utopia ne fait pas que produire des scènes exclusivement situées à l'intérieur de l'immeuble et propose également quelques virées à l'extérieur du complexe afin que les hommes les plus solides et courageux trouvent de quoi boire et manger et ainsi subvenir aux besoins de la communauté. En résulte une vision démente d'une ville de Séoul totalement détruite, où les ruines s’enchevêtrent et où d'éventuels guets-apens peuvent se produire. À ce titre, les décors s'avèrent aussi remarquables que la catastrophe qui les façonna au début du long-métrage. Si le sujet de Concrete Utopia n’œuvre pas toujours avec finesse et si le film s'avère parfois un poil trop long, on ne demande désormais plus qu'à voir la suite ainsi que la série déjà annoncées pour un proche avenir...

 

jeudi 7 novembre 2024

Pendant ce temps sur Terre de Jérémy Clapin (2024) - ★★★★★★★★☆☆

 


Comme me le faisait remarquer ma compagne au démarrage de la projection de Pendant ce temps sur Terre de Jérémy Clapin, lorsque notre beau pays s'engage dans ce type d'expérience cinématographique, on peut parfois s'attendre au pire. C'est vrai. Mais il arrive également que l'on soit très agréablement surpris. La science-fiction à la française semble avoir encore de beaux jours devant elle à la seule condition que le public soit en mesure de lui accorder toute l'attention qu'elle mérite. Pendant ce temps sur Terre risque de causer une scission entre les amateurs de blockbusters et ceux qui aiment à fourrager dans des espaces jusqu'ici inexplorés et dont le but premier est moins de remplir les coffres des producteurs que de narrer un récit où sont conviés le beau et le sensible. Ici, le spectacle ne revêt jamais l'habituel apparat qu'on lui connaît lorsqu'il s'agit de nous conter le récit d'une aventure spatiale à bord d'un vaisseau et en compagnie de son équipage. Presque tout semble être dit lorsqu'en entame l'on comprends que le frère d'Elsa, jeune femme de vingt-trois ans incarnée à l'écran par l'actrice franco-britannique Megan Northam, a disparu au court d'une mission dans l'espace. Un drame qui pose d'emblée les bases d'une réflexion s'agissant des sacrifices auxquels l'on serait prêts à se risquer pour revoir un membre de sa famille décédé. C'est là tout l'enjeu d'une œuvre qui en outre renouvelle l'une des plus remarquables traditions en matière de science-fiction : le Body-Snatching. Une pratique ayant un très lointain rapport avec une pratique bien terrienne consistant à dérober des cadavres afin d'en faire bénéficier certaines écoles de médecine mais dont le sens diverge quelque peu lorsque l'on évoque la thématique de l'invasion extraterrestre.


Parmi tant d'autres, L'invasion des profanateurs de sépultures de Don Siegel et ses remakes (dont le meilleur d'entre tous, L'invasion des profanateurs de Philip Kaufman), The Thing de John Carpenter (qui fut lui-même le remake de La chose d'un autre monde de Christian Nyby et l'adaptation du roman Who Goes There ? de John W. Campbell) le très divertissant The Faculty de Robert Rodriguez ou le troublant Under the Skin de Jonathan Glazer ont tous d'une manière ou d'une autre participé à cette inquiétante mésaventure consistant en l'appropriation d'un corps humain bien vivant au profit d'une entité extraterrestre visant à prendre sa place afin de se fondre discrètement dans la masse et ainsi envahir notre planète en toute discrétion. Lorsque l'on apprend que le concept fut à l'origine de dizaines d’œuvres cinématographique, le premier réflexe voudrait que l'on se demande où se situe l'intérêt d'en rajouter une couche à une thématique qui semble avoir déjà été étudiée sous toutes les coutures. En forme de cours magistral lors duquel il étudie et élude la question, Jérémy Clapin répond à ses éventuels détracteurs en signant une œuvre véritablement envoûtante. L'on ne reprochera pas à sa principale interprète son incarnation, laquelle s'avère irréprochable. Megan Northam porte effectivement la quasi totalité du récit sur ses épaules. Quasi puisque à côté de sa très sensible performance l'on a droit à une mise en scène sobre mais très majoritairement ponctuée de séquences qui nous happent.


Le minimalisme avec lequel le réalisateur réalise chaque plan est contrebalancé par une quiétude troublée par une bande-son addictive. Laquelle, signée du compositeur Dan Levy, œuvre pour beaucoup dans cette impression de flottement qui se dégage du long-métrage et qui laisse une étrange impression d'égarement chez le spectateur. Poétique, Pendant ce temps sur Terre l'est également. Avec ses quelques incursions dans le domaine de l'animation, cette dernière, loin d'être ridicule ou de créer une distanciation avec l'univers décrit jusqu'ici, est un moyen d'évoquer l'intime relation de l'héroïne avec son frère désormais disparu dans l'espace autrement qu'à travers la seule voix-off de ce dernier (l'acteur Dimitri Doré). Ersatz de l'art auquel se consacra tout d'abord le réalisateur (comme en témoigne son premier long-métrage tout en animation, J'ai perdu mon corps en 2019), ces quelques trop rares séquences révèlent une sensibilité que l'on imaginait mal pouvoir être révélée à travers des dessins mais qui réellement ajoutent une profondeur déjà bien présente au sein du récit. Bref, on sort de la projection subjugué par le talent avec lequel Jérémy Clapin est parvenu à nous happer avec cette histoire sobrement mise en scène et superbement interprétée par Megan Northam...

 

Time Cut de Hannah Macpherson (2024) - ★★★★★☆☆☆☆☆


 

Si vous n'aimez pas les films de science-fiction axés sur les voyages dans le temps, les boucles ou les paradoxes temporels, si vous connaissez Happy Birthdead et sa suite tous deux réalisés par Christopher London, si vous n'êtes pas issu des dernières générations ou si vous n'avez pas gardé votre âme d'enfant ou d'adolescent, inutile de vous attarder devant Time Cut de Hannah Macpherson. Son second long-métrage huit ans après le film d'horreur Sickhouse. Si vous vous attendiez au renouveau de la science-fiction où des protagonistes voyagent entre passé, présent et futur, vous vous mettez le majeur dans l’œil jusqu'à la dernière phalange. Non content de reprendre le thème du tueur voyageant entre 2003 et 2024 pour y assouvir sa soif de meurtres, Time Cut n'a même pas l'idée Ô combien séduisante de reproduire en forme de boucle temporelle un même événement dans l'espoir que les protagonistes parviennent à résoudre une série de quatre meurtres qui vingt ans après qu'ils aient été commis n'a jamais permis d'arrêter leur auteur ! Fort d'une référence connue de tous puisque l'un des principaux personnages évoque Retour le futur, celui-ci affirme sans sourciller que la seule conséquence qui ait pu découler du voyage dans le temps effectué par Marty McFly et par le professeur Emmett Brown fut la disparition de l'adolescent sur une photo ! L'inculture du dialoguiste de Time Cut s'exprime donc ici avec une certaine arrogance. Genre : ''Tu connais Retour vers le futur ?'' L'autre : ''Ouais, bien sûr...''. ''Et... tu l'as vu ?'' L'autre : ''Bah non !''. Lorsque t'es devant une porte d'entrée sécurisée mais que t'as pas le code pour l'ouvrir, tu te retrouves démuni, à regarder tes chaussures et à attendre qu'une âme charitable te propose d'entrer. Hannah Macpherson nous convie à une histoire simple...Tellement d'ailleurs qu'elle se sent contrainte d'expliciter certaines séquences pourtant très claires à comprendre. Visant d'emblée un public adolescent, Time Cut (qui j'oubliais de le préciser est disponible sur Netflix) propose donc un récit simpl...issime. Pas le genre à vous triturer les méninges contrairement au chef-d’œuvre des frères Michael et Peter Spierig, Prédestination.


Doté d'une musique tonitruante qui donnera des maux de têtes aux mélomanes de bon goût, le long-métrage de Hannah Macpherson semble avoir en outre fait l'économie de moyens mis en œuvre en matière d'effets-spéciaux. Si la machine à voyager dans le temps est d'une conception, il est vrai, relativement originale, la réalisatrice et son scénariste Michael Kennedy auraient pu nous épargner un voyage de vingt ans dans le passé et nous conter cette même histoire de tueur en série s'attaquant à de jeunes étudiants décérébrés au présent. Car en dehors de la rencontre entre deux sœurs dont l'une fut justement tuée en 2003 (on devine dès le départ quels seront les enjeux du récit une fois sa sœur retournées vingt ans en arrière, quelques jours seulement avant que la série de crimes ne commence), le récit se refuse presque systématiquement à jouer avec les paradoxes temporels. Ceux-ci interviennent malgré tout à quelques éparses occasions (la mort d'un vigile de supermarché). On s'amuse parfois devant certains détails comme ces décors très abîmés qui retrouvent dans le passé leur prime jeunesse mais pour celles et ceux qui apprécient tout particulièrement cet aspect de la thématique des voyages dans le temps, son évocation est ici un peu légère. En fait,Time Cut s'adresse si bien au jeune public que les plus anciens risquent de faire grise mine devant ce spectacle très naïvement mis en scène. Une expérience qui peut s'avérer intéressante lorsque l'on se lance pour la toute première fois dans ce genre de concept mais qui montre en revanche très rapidement ses limites lorsque l'on est un habitué du genre. Notons enfin que ses jeunes interprètes parmi lesquels nous trouvons notamment Madison Bailey, Antonia Gentry et Michael Shanks sont plutôt satisfaisant même si là encore, l'attitude qu'ils arborent parfois aura tendance à friser les cheveux de ceux qui n'apprécient guère la trop grande mansuétude avec laquelle la réalisatrice traite ses personnages...

 

lundi 28 octobre 2024

Subservience de S.K.Dale (2024) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Les traits du visage figés par l'emploi excessif du botox et les lèvres gonflées en mode ''saucisses Knacki de chez Herta'', l'actrice et mannequin américaine Megan Fox était la candidate idéale pour incarner Alice. Une androïde reconstituant à la perfection les traits et les personnalité d'une femme. Alors que son épouse Maggie (Madeline Zima) attend à l’hôpital l'arrivée prochaine d'une transplantation du cœur, Nick (l'acteur italien Michele Morrone) et leur fille Isla (Matilda Firth) déambulent dans une convention consacrée aux nouvelles technologies lorsque la jeune fille tombe sous le charme d'un androïde femelle dont la tâche principale est de subvenir aux besoins ménagers de ses futurs propriétaires. Alors que la gamine supplie son père de l'acheter, Nick accepte et accueille dans leur demeure celle qui se fait rapidement appeler Alice (héroïne du roman de Lewis Carroll, Les Aventures d'Alice au pays des merveilles). Programmées pour venir en aide à ce dernier, celle-ci montre très rapidement un intérêt pour l'homme de la maison. En effet, sans le savoir, Nick a permis à l'androïde de désactiver certaines restrictions liées à la sécurité. Belle jeune ''femme'' aux contours parfaits, Alice s'impose comme une bonne cuisinière, une excellente assistante maternelle et, au grand dam de Nick, une séductrice très convaincante. Alors que Maggie attend toujours son nouveau cœur, Nick se laisse séduire par Alice qui se montre de plus en plus insistante. Au point que la jeune ''femme'' va peu à peu se montrer de plus en plus agressive envers son entourage. Jusqu'à mettre en péril l'existence de son propriétaire et de sa famille... Quelques temps après avoir découvert T.I.M de Spencer Brown dans lequel l'actrice Georgina Campbell était en proie au même type de problèmes causés par un androïde de sexe masculin prêt à tout entreprendre afin de prendre la place de l'époux incarné par Mark Rowley, voici donc que débarque Subservience du réalisateur, scénariste et producteur S.K.Dale. Pour son second long-métrage après le thriller psychologique Till Death en 2021, le cinéaste signe une œuvre de science-fiction qui très rapidement bifurque vers le thriller et l'épouvante avant de noyer le tout en un melting-pot réunissant ces trois genres pour une ambition versant dans le sous-Terminator.


Mais d'ici là, le réalisateur adapte le scénario de Will Honley et April Maguire sous forme de thriller moite et sexy plutôt indigeste. D'autant plus que viennent se greffer des incohérences de taille. Car à trop vouloir démontrer la malfaisance de son ''héroïne'' robotisée, S.K.Dale lui prête une attitude inquiétante de manière beaucoup trop précoce. Ceci étant appuyé par la partition musicale de Jed Palmer ! De plus, on voit mal comment un androïde programmé pour effectuer des tâches ménagères deviendrait aussi subitement attiré par son propriétaire au point de le relancer sans cesse afin d'avoir des rapports sexuels avec lui. Habillée de manière sexy, la bouche en cul de poule et le regard un peu trop chafouin pour être honnête, Alice cache très mal ses intentions. Autre invraisemblance : alors que Maggie est de retour chez elle et au vu des quelques événements qui se sont produits jusqu'ici, il est incompréhensible de voir Nick conserver auprès de sa petite famille un Androïde dont l'attitude s'avère très inquiétante. Si Alice semble être le pendant féminin de T.I.M, elle semble être encore davantage celui du T-800. Surtout lors du final qui la montre aussi résistante que le fameux cyborg du classique de James Cameron, Terminator ! Viennent s'ajouter au sujet principal quelques sous-intrigues plutôt intéressantes mais jamais arrivées à terme. Comme l'usage d'androïdes dans la société en lieu et place de simples serveurs de bars, d'ouvriers en bâtiment ou de personnels hospitaliers ! Malgré ses quelques défauts et l'extrême redondance du sujet qui fait florès dans le domaine de la science-fiction, la seconde moitié du long-métrage tient véritablement le spectateur en haleine avec une Megan Fox forcément inexpressive mais dont la résistance physique et l'acharnement avec lequel son personnage insiste pour se faire aimer de son propriétaire sont parfois glaçants ! Bref, si vous êtes coutumier du genre, Subservience vous paraîtra peut-être bien fade, voire monotone. À moins que vous ne vous lassiez jamais de ce genre d'expérience cinématographique ? Le long-métrage de S.K.Dale reste en tout cas très efficace à défaut d'innover. De plus, le final laisse augurer d'une éventuelle séquelle dont le sujet prendrait des proportions d'ordre mondial à la manière du ''Soulèvement des machines'' propre à la saga initiée en 1984 par James Cameron...

 

samedi 26 octobre 2024

Distant de Will Speck et Josh Gordon (2024) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

Depuis leurs débuts en 1997 avec le court-métrage Angry Boy, les réalisateurs Will Speck et Josh Gordon ne se sont plus lâchés la grappe, jusqu'en cette année 2024 où ils ont osé donner naissance à un énième long-métrage de science-fiction prenant pour thème un vaisseau (ici, de type cargo comme dans Alien, le huitième passager de Ridley Scott) avec à son bord, une centaine de passagers placés en stase (comme dans Passengers de Morten Tyldum). Leur réveil est à l'origine prévu dans quelques années mais après que le vaisseau ait été percuté par un astéroïde (comme dans Passengers de Morten Tyldum), ceux-ci sortent de leur long sommeil (comme dans... Passengers de Morten Tyldum ou presque...) et sont éjectés à bord de capsules individuelles qui les dirigent en direction d'une planète située à proximité. Des cent passagers, seuls trois d'entre eux vont survivre, s'écrasant comme des merd[censuré] à sa surface. Pour l'instant, chuuuuut, faut pas le répéter, mais le scénariste Spencer Cohen aimerait nous convaincre que seul l'ingénieur Andy Ramirez (l'acteur Anthony Ramos) a survécu à la catastrophe..... À l'intérieur de sa capsule, laquelle est visiblement conçue pour supporter n'importe quel choc, Andy atterrit donc sur un sol meuble, ce qui arrange bien les affaires de ce type qui visiblement n'était pas vraiment préparé à ce qui vient de lui arriver. Alors, les gars ! On informe pas le personnel des formalités d'usage dans ce type de configuration, hein ? Parce que notre sympathique Andy a tout de même tendance à s'inquiéter des manœuvres effectuées par l'intelligence artificielle avant que la capsule ne soit éjectée du vaisseau ! Une entité prénommée L.E.O.N.A.R.D personnifiée en langue shakespearienne par l'acteur Zachary Quinto. Bref, coincé dans son minuscule habitacle dont, je le rappelle, les matériaux semblent être à l'épreuve de n'importe quel choc ou débris qui entrerait en collision avec lui, voilà qu'à l'aide d'un tout petit extincteur visiblement fabriqué à partir de matériaux plastifiés, Andy brise sans la moindre difficulté l'épais hublot qui donne sur cette Terre on ne peut moins... Promise.


À l'extérieur, l'air est irrespirable et il reste à l'ingénieur, moins de la moitié de sa réserve d'oxygène. Parti voir si d'autres que lui ont survécu, Andy tombe nez à nez avec Dwayne (Kristofer Hivju), un membre de l'équipage aussi fin d'esprit qu'un sous-officier de l'armée américaine (c'est dire si les neurones ne se bousculent pas vraiment dans son crâne). Un personnage très secondaire qui va rapidement disparaître, happé par une hideuse créature de forme arachnoïde. Il est d'ailleurs conseillé aux spectateurs d'être particulièrement vigilants (en gros, interdit de s'endormir devant le film ou de regarder ailleurs, hein Anna ?) car la séquence est très rapide et comme la visibilité est aussi nette qu'au fin fond du cul d'une vache, on conseillerait presque aux spectateurs de suivre Distant une paire de jumelles en infrarouges vissée sur le nez ! Combien coûta le long-métrage de Will Speck et Josh Gordon ? J'en sais rien. Mais sans doute pas très cher vu que les deux cinéastes ont choisi de plonger leur film dans une obscurité quasi permanente. En mode ''Cache-misère''. À dire vrai, les premières minutes sont relativement séduisantes. Produit par Dreamworks, Distant commence plutôt bien. Effets-spéciaux léchés et rythme nerveux, on a vraiment envie d'y croire. Mais ensuite, patatras ! Tout s'effondre. Et à une vitesse fulgurante. Le pire qui pouvait arriver au film était d'y ajouter le personnage de Naomi Callowey (Naomi Scott). Une autre survivante qui à une dizaine de kilomètres du site où s'est écrasée la capsule d'Andy, appelle à l'aide. L'occasion, pour l'ingénieur, de se racheter d'une faute comme nous le découvrirons plus tard. Distant est aussi plaisant à suivre que 65 - la Terre d'avant de Scott Beck et Bryan Woods. À croire que réaliser un film à deux n'est pas la vraiment meilleure idée ! Malgré sa courte durée, Distant est très bavard. Des dialogues aussi interminables qu'inintéressants. Des créatures grotesques et un décor minimaliste (en dehors des ruines du vaisseau, sous-exploitées) plongé sous des vents de particules qui noient littéralement la scène ! Bref, une œuvre d'une confondante banalité, au sous-texte mièvre, et surtout très agaçante de par la seule présence de Naomi Scott à laquelle on aimerait bien clouer le bec !

 

mercredi 23 octobre 2024

Survivre de Frédéric Jardin (2024) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Cinq millions d'euros. C'est le budget qui fut alloué au dernier long-métrage du réalisateur français Frédéric Jardin. Après avoir tourné un thriller et une poignée de comédies (romantiques ou dramatiques), ce cinéaste né à Paris le 24 mai 1968 a choisi un genre cinématographique très en vogue et pour lequel le cinéma américain est toujours prêt à produire des œuvres à coup de centaines de millions de dollars. C'est donc doté d'un budget ridicule que Frédéric Jardin se lance dans un projet ambitieux malgré de faibles moyens et reposant sur un script que l'on doit à Alexandre Coquelle et Mathieu Ouillion. Projet auquel ont notamment accepté de participer l'actrice française Émilie Dequenne et le yougoslave Arben Bajraktaraj. Un quart de siècle après avoir fait ses débuts dans Rosetta de Jean-Pierre et Luc Dardenne pour lequel elle remporta le prix d'interprétation féminine au festival de Cannes en 1999, Émilie Dequenne incarne dans Survivre une épouse et une mère de famille transformée en héroïne inattendue lorsqu'un événement d'ampleur mondiale survient lorsqu'elle et sa famille sont à bord de leur petite embarcation. Tandis que Julia a échappé de justesse à la noyade alors qu'elle se baignait en plein océan, sauvée par son mari Tom (l'acteur allemand Andreas Pietschmann), une inversion des pôles magnétiques terrestres cause un véritable cataclysme. Secoués par une tempête qui a fait échouer le bateau, elle et sa famille découvrent à leur réveil que les océans ont disparu et que les continents sont désormais probablement engloutis sous les eaux... Au départ, Survivre est plutôt encourageant. La première partie se déroulant à bord du bateau est rondement menée. Une approche certes minimaliste au vu du faible financement dont à bénéficié le long-métrage de Frédéric Jardin et pourtant, cela fonctionne parfaitement. Si les mouvements de caméra qui tentent de retranscrire la houle qui fait tanguer l'embarcation peuvent faire sourire, le réalisateur permet à son œuvre de prendre une toute autre dimension lorsque les protagonistes voient s'écraser dans les océans, des satellites en feu. Une vision anxiogène de la fin du monde sans doute rudimentaire mais qui laisse malgré tout espérer le meilleur pour la suite. Venu de nulle part et sans que le scénario n'apporte de motivations très claires quant à son comportement, un individu louche doté d'un harpon et accompagné par un chien va très rapidement se montrer agressif envers la petite famille qui sera endeuillée par la mort du père. Ce tueur impitoyable qui poursuivra les survivants à travers à les abysses des océans désormais débarrassées de la moindre trace d'eau est incarné à l'écran par Arben Bajraktaraj.


Un acteur au profil intéressant que le public pu notamment découvrir en 2008 grâce au personnage de Marko qu'il interpréta dans Taken de Pierre Morel. Une fois le corps de Tom laissé derrière eux, Julia et ses deux enfants partent retrouver à des kilomètres de distance un certain Nao (Olivier Ho Hio Hen) avec lequel ils étaient parvenus à communiquer et réussi à lui faire promettre de les aider à sauver Cassie et Ben. Deux adolescents incarnés par Lisa Delamar et Lucas Ebel pour lesquels Survivre est la première occasion de tourner pour le cinéma. Sympathique petit film de science-fiction post-apocalyptique mâtiné de survival, le film de Frédéric Jardin est, au delà du fait que le budget soit minuscule, parfois très maladroit. Doté de magnifiques et stupéfiants décors marocains, Survivre multiplie les invraisemblances. Si la radiocommunication entre la famille et Nao est crédible puisqu'elle ne nécessite pas la présence de satellites en orbite autour de la Terre, il demeure des phénomènes qui ne peuvent empêcher le spectateur de pouffer de rire. Car plus que la menace d'un tueur lancé sur les traces de Julia et de ses deux enfants, c'est bien la présence de milliers (de millions?) d'arthropodes affamés se déplaçant à une stupéfiante vitesse (tout en ayant suffisamment de force pour déplacer le corps d'un homme qui ne doit pas peser loin de quatre-vingt kilos!) qui fait sourire. Derrière le récit se cache ensuite un message écologiste touchant de naïveté, le budget contraignant une fois de plus à quelques sacrifices comme l'observation minimaliste de ces quelques sites qui renvoient aux déchets ménagers ou radioactifs balancés par l'homme dans les océans. Il demeure malgré tout quelques visions marquantes. Comme cet immense cargo posé en travers des anciens fonds marins, charriant des dizaine de containers. Séquence hautement mais involontairement drôle où notre petite famille se retrouve face à ce que l'on suppose être des survivants du Cargo qui refusent de leur venir en aide alors qu'une invasion d'arthropodes se profile à l'horizon. Voir ces derniers se réfugier dans ce qui deviendra fatalement leur tombe est à mourir de rire. Surtout si l'on suppose qu'ils étaient déjà préparé à cette situation puisque l'on comprend qu'ils y font face pour une énième fois ! Et que penser de ces anciens fonds marins ? Sans coraux ? Sans cadavres ou presque d'animaux marins, à part un requin-marteaux et une poignée de minuscules poisson barbotant dans de petites mares putrides ? Bref, si le projet cinématographique n'est pas pleinement, accompli de part ses incohérences scénaristiques ou de part ses limites budgétaires qui imposent à son auteur de faire avec les moyens du bord, Survivre n'en est pas moins une œuvre généreuse, visuellement magnifique et portée par une Émilie Dequenne totalement investie dans son rôle...

 

samedi 25 mai 2024

Light de Matt Woollard (2024) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆

 


 

Attention, attention! Vous vous apprêtez à vivre l'une des expériences cinématographiques parmi les plus inattendues. Avec son pitch, Light semble nous promettre une aventure digne des deux premiers volets de la franchise Alien. Une alternative dont les ambitions ne seront jamais atteintes. Car plutôt que de nous offrir une science-fiction extrêmement tendue et en vase clos ou opposant des soldats suréquipés à de très hostiles créatures xénomorphes, le réalisateur Matt Woollard nous ''gratifie'' d'une expérience dont les qualificatifs même les plus virulents n'auront jamais suffisamment grâce aux yeux de celles et ceux qui s'y seront laissés piégés. Pour un premier long-métrage, l'auteur qui jusque là n'avait réalisé que le court The Hike dix ans auparavant réussit l'exploit de retenir en otage le spectateur, lequel va très vite être happé par l'indigence de la mise en scène, de l'interprétation, du montage et de tout ou presque ce qui constitue l'architecture technique et artistique de Light. Matt Woolard ne nous laisse absolument pas le choix. Enfermés dans un bocal emplit d'une brume aussi plaisante à subir qu'un gaz moutarde ou lacrymogène jeté au sein de manifestants, le film est une expérience à ne surtout pas prendre à la légère. Surtout si l'on a choisi de la regarder jusqu'au bout. Il n'est pas rare d'exprimer le vide qui caractérise certaines œuvres. Lesquelles souffrent généralement de tares innombrables et dignes d'être évoquées. Sachez-le : Light les enfonce toutes ! Sans distinction de genre, ce minuscule film de science-fiction visuellement opaque restera sans doute comme l'une des ultimes expériences dans le domaine du remplissage par le vide. Concrètement, Matt Woollard, lequel en est également le scénariste, nous invite à suivre les pas de Niu, Tallie, Avel et d'un gamin, rescapés d'un vaisseau qui vient de s'écraser sur le sol d'une planète particulièrement hostile. Chacun est séparé des autres et vue la purée de pois que les survivants et les spectateurs vont subir de la toute première à la toute dernière minute, la lumière du titre sera la bienvenue... enfin, en théorie. Parce qu'en pratique, l'expérience va s'avérer des plus problématique. Durant presque cent minutes, c'est à dire une éternité et même bien au-delà, Matt Woollard va filmer ses protagonistes de près... de très près... de trop près, même. L'architecture des lieux part d'un principe simple à comprendre.


Quand on n'a pas de pognon pour filmer en gros plans ou en plans larges un décor et ses divers mobiliers, on attend qu'une épaisse brume fasse son apparition et envahisse le tout dans ses moindres interstices. Apparemment, le technicien chargé de la machine à créer de la brume (qui dû engloutir la majeure partie du budget, cela va sans dire) s'est emmêlé les pinceaux et n'a pas dû bien lire la notice concernant la façon de l'arrêter. Putain de brouillard, non mais, ça ressemble presque à une blague. Y'en a partout. Et quand je dis partout, ça veut dire partout. Chaque plan, chaque lieu, c'est à se demander pourquoi Matt Woollard n'a pas plutôt choisi de titrer son film Fog plutôt que Light. Et tiens, tant qu'à changer le titre, il aurait tout aussi bien pu l'appeler Parkinson ou encore Je tourne mon film avec le bras droit amputé et le gauche paralysé... Non content de subir l'agressive présence d'une brume artificielle à peine dérangée par d'étranges silhouettes et lueurs de type extraterrestres, le spectateur constate avec effroi que le réalisateur semble incapable de stabiliser sa caméra. Et l'on n'évoque ici rien de commun avec la mise en scène épileptique d'un quelconque Found-Footage. Ici, rien d'autre ne justifie que celle-ci bouge avec autant de ténacité que l'absence totale de talent du réalisateur. Et c'était sans compter sur l'un des très gros points noirs du long-métrage. Car outre la mise en scène, donc, mais aussi l'écriture particulièrement flemmarde (les événements tournent en boucle) ou les dialogues d'une vacuité et d'une mièvrerie qui donneraient la gerbe aux fans absolus de Philippe Clair, le montage pose problème. Soit Matt Woollard y était aux abonnés absents, soit celui qui fut chargé de monter le film fut un schizophrène dont le cerveau fut au bord de l'implosion et qui en céphaloclastophile averti, s'est dit que de partager sa passion pour les casse-têtes devait forcément passer par un montage chaotique ! Bref, vous l'aurez compris, Light est raté sur toute la ligne. Rien à sauver du naufrage, pas mêmes ses protagonistes. On serait presque tenté de voir en la personne de Matt Woolard un type suffisamment atteint de troubles de la personnalité histrionique pour pondre une œuvre si mauvaise qu'elle ferait fatalement parler d'elle. Peine perdue puisque jusqu'à aujourd'hui, les documents qui évoquent Light s'avèrent excessivement rares... Tant mieux !

 

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