vendredi 24 juin 2022

Cloverfield de Matt Reeves (2008) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Cloverfield demeure sans doute comme la franchise cinématographique à laquelle il manque le plus de fil conducteur. En effet, chaque épisode semble être indépendant des autres même si un lien ténu paraît raccorder les second et troisième volets au premier. Réalisé en 2008 par le génial Matt Reeves (Let me in, La planète des singes:suprématie, The Batman), Cloverfield va rapporter à ses producteurs six fois la mise de départ. L'un des points forts de ce found footage, ce sont bien évidemment ses excellents effets-spéciaux et cette manière si particulière de traiter le sujet comme le ferait un grand reporter en plein conflit militaire. Tout commence à l'époque par un énigmatique teaser qui laisse celles et ceux qui le découvrent avec leurs interrogations ainsi qu'un site étrange sur lequel le voyageur égaré mais néanmoins curieux pouvait relever quelques informations. Comme tout bon et mauvais film des genres qui dans le cas présent peuvent être considérés de catastrophe et de science-fiction, l'intrigue ne plonge pas directement les protagonistes au cœur du sensationnel événement qui va couvrir l'intrigue durant les soixante-cinq minutes à venir. D'ici à ce que l'attention des convives d'une fête organisée en l'honneur de Robert Hawkins (l'acteur Michael Stahl-David) soit détournée par un ''incident'' se déroulant pratiquement sous leurs fenêtres, il va falloir se frapper quasiment vingt minutes de métrage sans doute censées caractériser une poignée de personnages pour lesquels nous n'aurons malheureusement pas d'empathie particulière. Le but étant de suivre les péripéties de Robert, celui-ci est accompagné de Lily Ford (Jessica Lucas), de Marlena Diamond (Lizzy Caplan) mais aussi et surtout de son meilleur ami Hudson Platt (T.J.Miller) sans lequel, bien entendu, nous n'aurions assisté à aucune des images devant lesquelles nous allons demeurer figés puisqu'il est celui qui tiendra la caméra jusque dans les dernières minutes. L'action se déroule de nuit, dans les rue de New York, le 22 mai 2009. Mais après que les personnages nous aient été présentés, un bruit sourd et une énorme secousse interrompent les festivités. Dehors, c'est le chaos. Des centaines d'individus courent dans une même direction, tentant d'échapper à l'immense silhouette qui se profile au loin entre les buildings. En fait, une créature ayant surgit des eaux et dévastant tout sur son passage...


On pense bien entendu à la série de Kaijū qui déferla sur le Japon dès le milieu des années cinquante avec le premier d'entre eux, Gojira de Ishirō Honda. Et dans une moindre mesure à son adaptation cinquante-quatre ans plus tard sur le territoire américain avec le médiocre Godzilla de Roland Emmerich en 2018. Dix ans plus tard, le producteur J.J.Abrahms (Armageddon, Star Trek Into Darkness, Mission Impossible 3, 4, 5, 6, 7) va calmer tout le monde en produisant ce Cloverfield que personne n'attendait vraiment au tournant à part, sans doute, les fervents admirateurs vénérant Godzilla, Mothra, Gamera, King Ghidorah ou plus simplement King Kong... Pour bien comprendre les origines de la créature, il faudrait se référer au troisième volet de la franchise intitulé The Cloverfield Paradox et dans lequel la supposition selon laquelle le monstre aurait émergé du fond des océans est fausse. Un détail qui en 2008 apparaît sans importance puisque l'essentiel demeure pour l'instant la survie de l'espèce humaine concentrée sur la ''Grande Pomme'' et notamment celle de nos jeunes héros qui braveront tous les dangers dans l'espoir de retrouver l'ex petite amie de Robert, Elisabeth McIntyre (l'actrice Odette Yustman). Entre une armée qui n'hésite pas à envoyer la grosse artillerie au mépris du danger, une créature immense qui joue aux dominos avec les buildings, la traversée d'un tunnel infesté de rats mais aussi de bestioles arachnéennes, l'extraction de Beth au sommet d'un gratte-(à)ciel(ouvert), on n'a pas vraiment le temps de se tourner les pouces.


Les effets-spéciaux se montrent remarquables et renvoient aux dinosaures de Jurassic Park de Steven Spielberg. À la différence duquel Matt Reeves traite son sujet sous l'angle du reportage. Found Footage oblige, la caméra tremble souvent, pouvant ainsi causer quelques céphalées, mais dans l'ensemble, la lecture des événements est assez claire. Non content de relancer la mode des monstres géants avec infiniment plus de talent que Roland Emmerich dix ans auparavant, Cloverfield se permet quelques incartades dans le domaine de l'horreur plutôt convaincantes mais plonge surtout le spectateur au cœur du chaos, là où le danger est tout d'abord représenté par le cri inquiétant de la créature (il sera intéressant de se pencher sur la lecture d'articles consacrés au Bloop qui semble avoir servi de source d'inspiration au film). Si l'on devine peut-être trop rapidement quelle est la teneur du danger, Matt Reeves se retient malgré tout de filmer la créature dans son ensemble et exploite l'environnement new-yorkais, l'obscurité, le désordre qui règne et quelques éclairages bien sentis pour nous l'exposer avec parcimonie. Il faudra patienter jusqu'en 2016 avant de voir débarquer sur les écrans 10 Cloverfield Lane de Dan Trachtenberg et deux de plus pour découvrir cette fois-ci sur Netflix, le troisième opus The Cloverfield Paradox de Julius Onah. Notons qu'en 2018 est sorti sur les écrans le long-métrage Overlord de Julius Avery. Prévu pour être à l'origine le quatrième segment de la franchise, il s'avérera n'avoir finalement aucun lien. L'on attend cependant avec impatience la sortie prochaine (aucune date précise n'est avancée) du quatrième volet pour l'instant intitulé Cloverfield Sequel. Il s'agirait apparemment de la suite directe du film de Matt Reeves. En espérant pouvoir apporter prochainement de plus amples informations...

 

mercredi 15 juin 2022

Chronical : 2067 de Seth Lamey (2022) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


L'Australie fut l'un des fleurons (plutôt avare) de la science-fiction dans les années soixante-dix/quatre-vingt. D'emblée l'on pense évidemment aux deux premiers volets de la franchise post-apocalyptique Mad Max réalisés par George Miller. Beaucoup plus tard l'on eu même droit à l'un des plus incroyables longs-métrages tournant autour des boucles et paradoxes temporels, Prédestination de Michael et Peter Spierig. Nous pourrions élargir le spectre en ajoutant à cette très courte liste différents thèmes fantastiques (genre avec lequel la science-fiction se confond parfois) que revêtent les classiques de Peter Weir que sont La dernière vague et Les voitures qui ont mangé Paris, Harlequin de Simon Wincer ou Patrick de Richard Franklin mais ce serait s''éloigner un peu trop du sujet qui nous intéresse ici. Chronical : 2067 de Seth Lamey est le second long-métrage du réalisateur australien. Sa thématique risque tout d'abord de faire bondir les amateurs de science-fiction de leur siège. Imaginez donc qu'à la surface de notre planète l'air soit devenu irrespirable et que soit prise la décision d'envoyer dans le futur un homme capable de s'y renseigner afin de trouver une solution pour sauver l'humanité. Je sais ce que vous vous dites. Que le réalisateur et scénariste australien ne s'est apparemment pas trop emmerdé avec ce qui aurait dû lui servir de créativité puisque d'origine, le synopsis semble emprunter son ''originalité'' au formidable scénario que David Webb Peoples et Janet Peoples développèrent au milieu des années quatre-vingt dix pour le chef-d’œuvre de Terry Gilliam, L'armée des douze singes. Un script lui-même inspiré par le court-métrage français de Chris Marker La Jetée qui, soit dit en passant, est au mieux un roman-photo sonorisé, au pire une soirée diapositives terriblement ennuyeuse. En tous les cas, une œuvre beaucoup trop surestimée, n'en déplaise à son grand nombre de fans qui le portent aux nues de la science-fiction...


Ambitieux et parfois très joli même si certains décors (ceux de cités détruites) arborent une désespérante artificialité, Chronical : 2067 mêle voyage dans le temps, post-apocalyptique et donc, science-fiction. Drame également, avec le récit de ce jeune homme qui décidément n'a pas de chance dans la vie. Imaginez donc : un père scientifique qui se suicide alors que son fils n'est encore qu'un enfant. Une mère qui perd la vie durant un guet-apens alors que son rejeton n'a pas encore atteint l'âge de l'adolescence. Une petite amie qui beaucoup plus tard, sera atteinte d'une très grave maladie. Et puis, un sort qui s'acharne sur le jeune homme qu'est devenu Ethan Whyte : seul espoir de l'humanité, guidé par des scientifiques et par un intriguant message venu du futur s'affichant sur un panneau lumineux digne de ceux qui l'on trouve dans les Trains Express Régionaux français (oh, ça va, je rigole.......... en fait, non, je suis vraiment sérieux), lequel enjoint Ethan a faire le voyage vers le futur en se positionnant dans une étrange machine en forme de réacteur d'avion de ligne ! Tout seul... Comme un grand... Le poignet engoncé dans un drôle de boîtier électronique impossible à ôter que son père lui a ''offert'' il y a donc très longtemps avant de disparaître. Si quatre-cent ans plus tard l'air est redevenu respirable, certaines petites baies dont nos parents nous ont toujours dit de nous méfier demeurent quant à elle toujours aussi toxiques. Empoisonné et délirant, proche de la mort, Ethan voit surgir du passé (et donc de son présent) son ami Jude Mathers avec lequel il va entreprendre de trouver le remède au mal qui décime l'humanité en 2067...


Drôle de choix que d'avoir choisi l'acteur Kodi Smit-McPhee afin d'incarner Ethan Whyte. Celui-ci dégage effectivement très peu de charisme contrairement à son compagnon de route, l'acteur Ryan Kwanten. Mais bon, tout étant question de goût, on ne va pas s'éterniser sur le sujet. Comme nombre de films de science-fiction modernes,Seth Lamey attache beaucoup d'importance à la psychologie de son principal personnage. En découlent des séquences lors desquelles l'émotion tente une percée sans malheureusement y parvenir. Bien au contraire puisque c'est l'ennui qui s'impose à intervalles réguliers. Déjà que le film, sans être d'une mollesse à toutes épreuves, n'est pas très bien rythmé et qu'il perd les spectateurs dans un brouillard scénaristique aussi artificiel que la plupart des décors, l'ambitieux récit tombe malheureusement régulièrement à plat. Moralisateur et démagogue, on se doute bien qu'à un moment donné l'histoire va tordre le cou au concept de base pour nous trimballer dans un récit où la morale le disputera à la corruption et au nauséabond. La portée ''fantastique'' du récit est balayée par un ouragan faussement émotionnel qui veut que l'intérêt du sujet se porte moins sur l'espoir d'une humanité à l'agonie reposant sur un seul homme que sur les rapports qu'il entretient avec l'image de son père disparu et avec lequel il ''communiquera'' à travers des hologrammes. Pompeux, vain et ennuyeux, Chronical : 2067 arbore parfois de jolis décors qui promettaient à l'origine de superbes séquences d'exploration mais là encore, c'est la désillusion. Entre incohérences, propagande et confusion, le film du réalisateur australien est une assez mauvaise surprise dont la seule qualité sera de nous donner envie de redécouvrir le chef-d’œuvre de Terry Gilliam. Ce qui d'une certaine manière, n'est déjà pas si mal...

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