Si vous n'aimez pas les
films de science-fiction axés sur les voyages dans le temps, les
boucles ou les paradoxes temporels, si vous connaissez Happy
Birthdead
et sa suite tous deux réalisés par Christopher London, si vous
n'êtes pas issu des dernières générations ou si vous n'avez pas
gardé votre âme d'enfant ou d'adolescent, inutile de vous attarder
devant Time Cut
de Hannah Macpherson. Son second long-métrage huit ans après le
film d'horreur Sickhouse.
Si vous vous attendiez au renouveau de la science-fiction où des
protagonistes voyagent entre passé, présent et futur, vous vous
mettez le majeur dans l’œil jusqu'à la dernière phalange. Non
content de reprendre le thème du tueur voyageant entre 2003 et 2024
pour y assouvir sa soif de meurtres, Time Cut
n'a même pas l'idée Ô combien séduisante de reproduire en forme
de boucle temporelle un même événement dans l'espoir que les
protagonistes parviennent à résoudre une série de quatre meurtres
qui vingt ans après qu'ils aient été commis n'a jamais permis
d'arrêter leur auteur ! Fort d'une référence connue de tous
puisque l'un des principaux personnages évoque Retour
le futur,
celui-ci affirme sans sourciller que la seule conséquence qui ait
pu découler du voyage dans le temps effectué par Marty McFly et par
le professeur Emmett Brown fut la disparition de l'adolescent sur une
photo ! L'inculture du dialoguiste de Time
Cut s'exprime
donc ici avec une certaine arrogance. Genre : ''Tu
connais
Retour vers le futur ?''
L'autre : ''Ouais,
bien sûr...''.
''Et... tu l'as
vu ?''
L'autre : ''Bah
non !''.
Lorsque t'es devant une porte d'entrée sécurisée mais que t'as pas
le code pour l'ouvrir, tu te retrouves démuni, à regarder tes
chaussures et à attendre qu'une âme charitable te propose d'entrer.
Hannah Macpherson nous convie à une histoire simple...Tellement
d'ailleurs qu'elle se sent contrainte d'expliciter certaines
séquences pourtant très claires à comprendre. Visant d'emblée un
public adolescent, Time Cut
(qui j'oubliais de le préciser est disponible sur Netflix)
propose donc un récit simpl...issime. Pas le genre à vous triturer
les méninges contrairement au chef-d’œuvre des frères Michael et
Peter Spierig, Prédestination.
Doté
d'une musique tonitruante qui donnera des maux de têtes aux
mélomanes de bon goût, le long-métrage de Hannah Macpherson
semble avoir en outre fait l'économie de moyens mis en œuvre en
matière d'effets-spéciaux. Si la machine à voyager dans le temps
est d'une conception, il est vrai, relativement originale, la
réalisatrice et son scénariste Michael Kennedy auraient pu nous
épargner un voyage de vingt ans dans le passé et nous conter cette
même histoire de tueur en série s'attaquant à de jeunes étudiants
décérébrés au présent. Car en dehors de la rencontre entre deux
sœurs dont l'une fut justement tuée en 2003 (on devine dès le
départ quels seront les enjeux du récit une fois sa sœur
retournées vingt ans en arrière, quelques jours seulement avant que
la série de crimes ne commence), le récit se refuse presque
systématiquement à jouer avec les paradoxes temporels. Ceux-ci
interviennent malgré tout à quelques éparses occasions (la mort
d'un vigile de supermarché). On s'amuse parfois devant certains
détails comme ces décors très abîmés qui retrouvent dans le
passé leur prime jeunesse mais pour celles et ceux qui apprécient
tout particulièrement cet aspect de la thématique des voyages dans
le temps, son évocation est ici un peu légère. En fait,Time
Cut
s'adresse si bien au jeune public que les plus anciens risquent de
faire grise mine devant ce spectacle très naïvement mis en scène.
Une expérience qui peut s'avérer intéressante lorsque l'on se
lance pour la toute première fois dans ce genre de concept mais qui
montre en revanche très rapidement ses limites lorsque l'on est un
habitué du genre. Notons enfin que ses jeunes interprètes parmi
lesquels nous trouvons notamment Madison Bailey, Antonia Gentry et
Michael Shanks sont plutôt satisfaisant même si là encore,
l'attitude qu'ils arborent parfois aura tendance à friser les
cheveux de ceux qui n'apprécient guère la trop grande mansuétude
avec laquelle la réalisatrice traite ses personnages...
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