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dimanche 12 janvier 2025

Invasion (saison 1) de Simon Kinberg et David Weil (2021) - ★★★★★★★★★☆

 



Alors que la troisième saison est prévue pour cette année, la série de Simon Kinberg et David Weil Invasion est à l'origine une commande de la plateforme de streaming en continu Apple TV+ qui sollicita alors auprès des deux hommes la création d'une série de science-fiction en dix épisodes. Laquelle sera diffusée pour la première fois dès le 22 octobre 2021. Côté mise en scène, la tâche est confiée à plusieurs réalisateurs dont Amanda Marsalis ou Brad Anderson, auteur notamment des géniaux Happy Accidents en 2000, Session 9 en 2001 et The Machinist en 2004. Dans cette série de science-fiction nous contant les aventures d'une poignée d'humains confrontés à d'indicibles créatures venues de l'espace, l'un des principaux atouts demeure justement de ne pas avoir concentré son récit autour d'un unique personnage ou d'avoir situé l'action sur un territoire unique. En effet, Invasion s'intéresse à quatre d'entre eux. L'on découvre ainsi tout d'abord les visages d'Aneesha Malik (l'actrice franco-iranienne Golshifteh Farahani), de Mitsuki Yamato (la nippo-australienne Shioli Kutsuna), de Trevante Cole (le canadien Shamier Anderson) et du jeune Capsar Morrow (le britannique Billy Barrat). La première est immigrée d'origine moyen-orientale, mère de deux enfants et épouse de Ahmed (Firas Nassar). Aneesha découvre bientôt que ce dernier la trompe avec une influenceuse. La seconde est la compagne d'une astronaute qui lors d'une mission spatiale en partie organisée par la JASA pour laquelle elle travaille elle-même (l'équivalent au Japon de la NASA) a perdu la vie lors d'une collision survenue en orbite autour de la Terre. Le troisième, lui, est un soldat de l'armée américaine envoyé en Afghanistan qui va perdre ses compagnons lors d'une attaque survenue en plein désert. Quant au dernier, victime en outre de harcèlement à son école, le jeune garçon et une quinzaine de ses camarades vont être celles d'un grave accident qui causera la mort de leur accompagnateur lors d'une sortie scolaire.


Tous ces personnages qui n'ont rien en commun si ce n'est de vivre sur la même planète mais dans des régions très éloignées les unes des autres vont avoir en commun de vivre la plus terrifiante expérience de leur vie. Le soucis avec lequel les scénaristes (une dizaine environ) ont caractérisé chacun de ces principaux protagonistes est en contrepartie ce qui semble avoir causé des désagréments chez certains des téléspectateurs. En effet, lors de cette première saison d'Invasion, le but principal semble être moins de proposer un spectacle pyrotechnique doté d'effets-spéciaux numériques dernier cri que de s'intéresser au plus près de cette poignée de héros qui, on le devine, seront au centre de cette invasion extraterrestre des plus hostile. D'un autre côté, c'est sans doute justement cette approche très précisément axée sur la personnalité des protagonistes, sur leur quotidien précédant les premiers indices laissant supposer l'intervention d'une espèce venant d'un autre système solaire qui fait la très grande force de cette première saison. Ce que certains nomment par ''ennui'' est de fait l'aveu des auteurs de la série d'un amour pour leur ''bébé''. Une manière comme une autre de démontrer que Invasion ne sera pas que le pur produit des desiderata d'une production qui veut engranger de l'argent coûte que coûte. Les scénaristes construisent donc tout d'abord le récit autour des personnages principaux et de leurs proches plutôt que de nous asséner directement la vision de créatures belliqueuses dont l'apparence nous laisse malgré tout espérer qu'elles ne sont pas les seules impliquées dans l'invasion.


C'est ainsi qu'Aneesha et sa famille y sont décrits comme des immigrés qui malgré les apparences ne sont pas parfaitement intégrés. La présence de Mitsuki Yamato au sein du récit et la relation qu'elle entretient avec son amante, l'astronaute Hinata Murai qu'incarne l'actrice japonaise Rinko Kikuchi évoque le difficile statut des homosexuels au Japon, pays où notamment, le mariage entre personnes du même sexe est toujours interdit. Trevante Cole, lui, est déchiré entre son envie de retrouver celle qu'il aime mais qui veut le quitter et le désir de retrouver ses compagnons d'arme disparus. Quant à Caspar, lui et ses camarades évoluent dans un contexte social difficile qui maintient certaines tensions entre personnes de même milieu (sa confrontation permanente avec la petite frappe Montgomery Cuttermill qu'interprète le jeune acteur américain Paddy Holland). Le fait de principalement concentrer le récit autour de ces quelques personnages permet à la série, contrairement à ce que prétendent certains, d'être parfaitement rythmée. Et si l'action n'est pas de prime abord le soucis majeur de ses auteurs, le suspens et la lente évolution du thème de l'invasion extraterrestre font d'Invasion une série redoutablement efficace. S'il est vrai que l'on ne voit pas précisément où sont passés les deux-cent millions de budget (les effets-spéciaux demeurant pour l'instant plutôt discrets), les auteurs de la série ont d'abord su créer leur propre univers. Entre science(-fiction), anthropologie et drame, Invasion fut reconduite pour une seconde saison deux ans plus tard, en 2023. Notons enfin la superbe partition musicale de Max Richter qui nimbe cette première saison d'une atmosphère véritablement envoûtante. C'est donc en toute logique que devrait arriver cette année sur nos écrans la troisième, que l'on espère aussi brillante que celle-ci...

lundi 21 octobre 2024

T.I.M de Spencer Brown (2023) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Premier long-métrage du réalisateur, scénariste et acteur britannique Spencer Brown, T.I.M est l'un des nombreux films de science-fiction et d'épouvante qui traitent des problèmes rencontrés avec l'intelligence artificielle. Si le concept remonte au milieu des années 1900 lorsque le scientifique américain Warren Weaver évoqua la possibilité que des machines pourraient traduire un jour et de manière autonome des documents dans des langues étrangères ou lorsque le mathématicien britannique Alan Turing employa le terme d'Intelligence Artificielle pour la première fois en 1950, la démonstration de ses vastes étendues devront par contre attendre longtemps avant d'être exploitées sur grand écran. Moins récent qu'il n'y paraît, le sujet fut notamment et indirectement traité dans le chef-d’œuvre de Stanley Kubrick, 2001, l'odyssée de l'espace en 1968 à travers l'ordinateur de bord HAL 9000 du vaisseau spatial Discovery One. Proposant l'éventualité de complications liées à un dysfonctionnement interne de la machine, le film se proposait ainsi de mettre en danger son ''créateur'', dans un combat acharné entre l'homme et la machine. Une thématique que l'on retrouvera bien des années plus tard dans le premier volet de la franchise Terminator ainsi que dans ses suites. Film dans lequel James Cameron opposait l'humanité à une prise du pouvoir par les machines dans un futur pas si lointain de nous. Ses héros menant là aussi un combat dans le présent tout aussi obstiné contre un organisme cybernétique (ou Cyborg) modèle T-800. Entre ces deux classiques de la science-fiction où pointent une grande part de nos peurs, l'on pourrait également citer l'officier scientifique Ash qui lors d'un twist remarquablement saisissant dévoilera sa véritable origine d'Androïde dans le Alien de Ridley Scott en 1979. Mais HAL 9000, le T-800 et ASH ne représentant qu'une toute petite poignée, mais pas des moindres, d'une foule de propositions dans le domaine de l'intelligence artificielle, le cinéma en a vu naître depuis des légions sur grand écran. Un autre genre s'est imposé dans un registre légèrement éloigné de la science-fiction pour se rapprocher davantage du fantastique. Ponctuellement et de façon quasi métronomique, le cinéma dit d'horreur a depuis Child's Play de Tom Holland en 1986 mis en scène des ''jouets'' tout d'abord créés à l'attention des enfants, art qui se perpétue encore de nos jours, avant d'encourager la production de machines cette fois-ci réalisées à l'attention de leurs parents. Au départ, des systèmes électroniques ou mécaniques mus par l'esprit d'un défunt maléfique ou atteints de défaillances. Plus tard, et avec la mode des films de fantômes et de démons l'on a vu émerger toute une foule de longs-métrages comme Annabelle de John R. Leonetti en 2014. Entre-temps, le genre est revenu à l'une de ses premières amours croisée à l'origine au détour d'un xénomorphe à occire !


Des années après l'androïde de Alien, ceux de Blade Runner ou de Terminator, d'autres ont montré le bout de leur nez sous un jour tout d'abord optimiste avant de révéler leur véritable nature. Deux exemples avec Ex Machina d'Alex Garland en 2015 et M3GAN de Gerard Johnstone qui contrairement aux autres s'inscrivent dans le contexte chaleureux du foyer familial où tout danger semble tout d'abord être écarté. La technologie avançant à grands pas et sans doute plus rapidement que le septième art qui ne fait généralement que ressasser les mêmes obsessions, T.I.M se révèle donc n'être qu'une énième itération d'un sujet qui pourtant continue de faire frémir à l'idée qu'un tel dispositif d'intelligence Artificielle couplé à la domotique puisse être mis en place dans la demeure de n'importe quels particuliers ! Fraîchement débarquée dans l'entreprise Integrate Robotic et chargée par son PDG d'améliorer le fonctionnement d'automates à l'apparence et au comportement très proches de l'homme, Abi, ainsi son époux, sont contraints par le PDG de la boite d'accueillir l'humanoïde T.I.M dans leur nouvelle demeure. Sorte d'aide-ménager en mode 10.0, capable d'accomplir n'importe quelle tâche tout en étant en possession de restrictions qui l'empêchent notamment d'entrer physiquement en contact avec l'humain. Programmé pour n'obéir qu'à Abi (incarnée par l'une des actuelles égéries du cinéma d'épouvante que l'on a pu notamment découvrir dans Barbare en 2022, dans Bird Box : Barcelona en 2023 ou dans Les guetteurs cette année), T.I.M va rapidement se découvrir un intérêt pour la très jolie jeune femme au grand dam de Paul, son époux avec lequel elle espère très prochainement avoir un enfant. Première remarque plutôt positive à faire à l'encontre du long-métrage de Spencer Brown : son Cyborg, interprété par Eamon Farren s'avère relativement troublant. De ce fait, l'acteur imprime à son personnage une attitude dérangeante de type intrusive. Si le réalisateur ne prend pas de gants et nous plonge quasiment instantanément au cœur de l'intrigue, c'est parce qu'il a sans doute conscience que son public sait très précisément à quoi il a à faire. Si la formule n'est évidemment pas toute neuve, T.I.M est capable tout comme ses prédécesseurs de créer un climat d'angoisse et d'oppression propre à ce type de sujet où l'épouse est incapable de voir ce que trame le cyborg tandis que son époux tente par tous les moyens, mais sans jamais y parvenir, de lui ouvrir les yeux. Si l'on connaît déjà le fin mot de l'histoire, on ne peut cependant s'empêcher d'angoisser sur le sort des protagonistes et de s'agacer devant ce calme impérial qu'affiche en permanence l'antagoniste du récit. Le long-métrage de Spencer Brown n'est certes pas très original mais il a au moins le mérite de faire aussi bien que les autres films du genre. Bref, si vous aimez le concept, T.I.M ne vous décevra que si vous vous attendiez à un minimum d'originalité...

 

jeudi 15 août 2024

Storage 24 de Johannes Roberts (2011) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

Pour ce nouvel article, nous allons évoquer un petit film de science-fiction datant de l'année 2011. Que pourrons-nous retenir de véritablement vertueux dans cette petite production anglaise intitulée Storage 24 ? Que les interprètes semblent faire tout ce qu'ils peuvent pour garder leur sang-froid devant ce script indigent qui leur fut mis entre les mains ? Sans doute... Car à part leur implication, si petite soit leur contribution à rendre passionnant le récit, le long-métrage doit tout d'abord s'observer comme un petit film de science-fiction condamné aux services en ligne de VOD... Le genre de production britannique dotée d'un budget inférieur à deux millions de sterling qui situe son action dans un décor unique qui aura au moins l'avantage d'être original. Celui d'un entrepôt de stockage réservé aux particuliers et où vont notamment se retrouver cinq amis prénommés Nikki, Shelley, Mark, Charlie et Chris. Lesquels sont respectivement incarnés par Laura Haddock, Antonia Campbell-Hugues, Colin O'Donoghue, Noël Clarke et Jamie Thomas King... Sous ses airs de film d'horreur et de science-fiction dans lequel nos quatre protagonistes vont se retrouver enfermés dans l'entrepôt en question ainsi qu'aux prises avec un alien qui semble s'être échappé d'un avion qui s'est écrasé en plein cœur de Londres, Storage 24 va surtout nous bassiner durant des dizaines de minutes à travers la délicate relation entre les uns et les autres. Nikki a quitté Charlie. Une situation que celui-ci semble accepter avec la plus grande difficulté. S'ils sont de nouveau réunis dans cet entrepôt, c'est justement parce que la jeune femme a proposé que son ex petit ami vienne récupérer les affaires qu'elle y avait entreposé.


Là où tout se complique, c'est lorsque Charlie découvre que son ami Mark entretient désormais une relation avec Nikki ! Dans des décors grisâtres semblant parfois avoir été empruntés au jeu vidéo conceptuel Mirror's Edge en mode souterrain, les environnements sont fades et répétitifs. Comme un jeu vidéo dont les concepteurs n'auraient fait que reproduire invariablement au fil des niveaux, les mêmes et uniques décors ! Bref, Storage 24 est visuellement triste. L'on s'accordera par contre sur le fait que ces dits environnements peuvent être le terrain de jeu parfait pour une créature cherchant à ôter la vie de celles et ceux de nos semblables qui croiseront son chemin. Le long-métrage de Johannes Roberts, c'est un peu comme l'accouplement bâtard entre le Soap Opera Les feux de l'amour et le Alien de Ridley Scott. Les dialogues n'ont évidemment pas le moindre intérêt même si, pour une fois, le scénario nous épargne les habituels protagonistes bas du front. Confrontés à une créature prosthétiquement digne des grandes heures du cinéma transalpin des années quatre-vingt lorsque celui-ci offrait à la pelle des Mockbusters de science-fiction, Nos héros vont reproduire à l'envi toute une partie des séquences emblématiques du chef-d’œuvre de Ridley Scott qu'aura intégré Johannes Roberts dans son imaginaire... dDéplacements au sein de corridors labyrinthiques, dans des couloirs de ventilation très étroits, attaques subites de l'alien, le réalisateur pousse même le vice à reproduire la fameuse séquence de Alien 3 de David Fincher dans laquelle Ripley se retrouvait avec la gueule du xénomorphe à seulement quelques centimètre de son visage ! En dehors de quelques séquences d'action relativement rares, reconnaissons que Storage 24 est vraiment chiant ! Des CGI d'une autre époque, un scénario et une mise en scène flemmards et des lignes de dialogues insipides....

 

samedi 25 mai 2024

Light de Matt Woollard (2024) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆

 


 

Attention, attention! Vous vous apprêtez à vivre l'une des expériences cinématographiques parmi les plus inattendues. Avec son pitch, Light semble nous promettre une aventure digne des deux premiers volets de la franchise Alien. Une alternative dont les ambitions ne seront jamais atteintes. Car plutôt que de nous offrir une science-fiction extrêmement tendue et en vase clos ou opposant des soldats suréquipés à de très hostiles créatures xénomorphes, le réalisateur Matt Woollard nous ''gratifie'' d'une expérience dont les qualificatifs même les plus virulents n'auront jamais suffisamment grâce aux yeux de celles et ceux qui s'y seront laissés piégés. Pour un premier long-métrage, l'auteur qui jusque là n'avait réalisé que le court The Hike dix ans auparavant réussit l'exploit de retenir en otage le spectateur, lequel va très vite être happé par l'indigence de la mise en scène, de l'interprétation, du montage et de tout ou presque ce qui constitue l'architecture technique et artistique de Light. Matt Woolard ne nous laisse absolument pas le choix. Enfermés dans un bocal emplit d'une brume aussi plaisante à subir qu'un gaz moutarde ou lacrymogène jeté au sein de manifestants, le film est une expérience à ne surtout pas prendre à la légère. Surtout si l'on a choisi de la regarder jusqu'au bout. Il n'est pas rare d'exprimer le vide qui caractérise certaines œuvres. Lesquelles souffrent généralement de tares innombrables et dignes d'être évoquées. Sachez-le : Light les enfonce toutes ! Sans distinction de genre, ce minuscule film de science-fiction visuellement opaque restera sans doute comme l'une des ultimes expériences dans le domaine du remplissage par le vide. Concrètement, Matt Woollard, lequel en est également le scénariste, nous invite à suivre les pas de Niu, Tallie, Avel et d'un gamin, rescapés d'un vaisseau qui vient de s'écraser sur le sol d'une planète particulièrement hostile. Chacun est séparé des autres et vue la purée de pois que les survivants et les spectateurs vont subir de la toute première à la toute dernière minute, la lumière du titre sera la bienvenue... enfin, en théorie. Parce qu'en pratique, l'expérience va s'avérer des plus problématique. Durant presque cent minutes, c'est à dire une éternité et même bien au-delà, Matt Woollard va filmer ses protagonistes de près... de très près... de trop près, même. L'architecture des lieux part d'un principe simple à comprendre.


Quand on n'a pas de pognon pour filmer en gros plans ou en plans larges un décor et ses divers mobiliers, on attend qu'une épaisse brume fasse son apparition et envahisse le tout dans ses moindres interstices. Apparemment, le technicien chargé de la machine à créer de la brume (qui dû engloutir la majeure partie du budget, cela va sans dire) s'est emmêlé les pinceaux et n'a pas dû bien lire la notice concernant la façon de l'arrêter. Putain de brouillard, non mais, ça ressemble presque à une blague. Y'en a partout. Et quand je dis partout, ça veut dire partout. Chaque plan, chaque lieu, c'est à se demander pourquoi Matt Woollard n'a pas plutôt choisi de titrer son film Fog plutôt que Light. Et tiens, tant qu'à changer le titre, il aurait tout aussi bien pu l'appeler Parkinson ou encore Je tourne mon film avec le bras droit amputé et le gauche paralysé... Non content de subir l'agressive présence d'une brume artificielle à peine dérangée par d'étranges silhouettes et lueurs de type extraterrestres, le spectateur constate avec effroi que le réalisateur semble incapable de stabiliser sa caméra. Et l'on n'évoque ici rien de commun avec la mise en scène épileptique d'un quelconque Found-Footage. Ici, rien d'autre ne justifie que celle-ci bouge avec autant de ténacité que l'absence totale de talent du réalisateur. Et c'était sans compter sur l'un des très gros points noirs du long-métrage. Car outre la mise en scène, donc, mais aussi l'écriture particulièrement flemmarde (les événements tournent en boucle) ou les dialogues d'une vacuité et d'une mièvrerie qui donneraient la gerbe aux fans absolus de Philippe Clair, le montage pose problème. Soit Matt Woollard y était aux abonnés absents, soit celui qui fut chargé de monter le film fut un schizophrène dont le cerveau fut au bord de l'implosion et qui en céphaloclastophile averti, s'est dit que de partager sa passion pour les casse-têtes devait forcément passer par un montage chaotique ! Bref, vous l'aurez compris, Light est raté sur toute la ligne. Rien à sauver du naufrage, pas mêmes ses protagonistes. On serait presque tenté de voir en la personne de Matt Woolard un type suffisamment atteint de troubles de la personnalité histrionique pour pondre une œuvre si mauvaise qu'elle ferait fatalement parler d'elle. Peine perdue puisque jusqu'à aujourd'hui, les documents qui évoquent Light s'avèrent excessivement rares... Tant mieux !

 

jeudi 16 décembre 2021

Satellite in the Sky de Paul Dickson (1956) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Si le premier vol spatial orbital eu lieu le 6 octobre 1957, ce furent les russes qui envoyèrent le satellite Spoutnik 1 en orbite autour de notre planète. Pour l'instant, l'engin est à l'époque vide de toute présence humaine. Il faudra attendre le 3 novembre de la même année pour que le projet soviétique lance en orbite la chienne russe Laïka à bord de Spoutnik 2. Il faudra attendre quatre années supplémentaires pour qu'un homme puisse enfin effectuer pour la première fois, un vol dans l'espace. Une fois encore dans l'histoire de la conquête spatiale, c'est l'Union Soviétique qui prendra de l'avance sur les États-Unis en y envoyant le 12 avril 1961 le célèbre cosmonaute Youri Alekseïevitch Gagarine. Jusque là, l'hypothèse selon laquelle un jour il sera possible d'envoyer un homme dans l'espace est décrite dans un certain nombre de longs-métrages de fiction parmi lesquels Satellite in the Sky demeura en 1956, comme l'une des propositions les plus sérieuses. Car c'est bien au premier degré que le réalisateur Paul Dickson qui débutait sa carrière quelques années auparavant en tournant toute une série de documentaires et de courts-métrages aborde ce qui sera son troisième film personnel (il aura réalisé en 1954 l'anthologie Tale of three Women en collaboration avec Thelma Connell) sur un ton moins ''divertissant'' que ne l'entreprendront d'autres cinéastes. Ce qui n'empêchera pas Satellite in the Sky d'appliquer à son œuvre les sempiternels gimmick qui dans les années cinquante étaient parfaitement reconnaissables dans le genre qui nous intéresse ici, soit, la science-fiction...


L'élément féminin y étant une ''donnée'' perpétuellement rare, son expression est figurée par la présence non plus de la fille d'un scientifique comme cela était majoritairement le cas mais d'une journaliste. Vouée à son métier au point qu'elle se retrouvera directement au cœur de l'intrigue en se positionnant en passagère clandestine à bord du Stardust. Un projet de navette sur lequel travaillent depuis cinq ans une équipe de scientifiques. Mais de là à l'envoyer déjà dans l'espace avec à son bord un groupe de cosmonautes, il n'est pas encore question. Car l'équipe formée autour du Commandant Michael Hayden (l'acteur Kieron Moore) et Larry Noble (Jimmy Hanley) doivent tout d'abord travailler sur un nouveau carburant capable de permettre à un engin de quitter l'atmosphère pour se positionner en orbite autour de notre planète. Après avoir obtenu des résultats plus que convaincants, la presse est convoquée et parmi elle, la jeune et ambitieuse Kim Hamilton (Lois Maxwell). Une opposante qui dénigre l'idée de faire prendre des risques à des hommes capables de mettre en péril leur vie dans la conquête de l'espace. D'abord considéré comme un projet strictement scientifique, la veille de leur départ pour les étoiles, Michael Hayden et Larry Noble apprennent de la bouche du professeur Merrity (Donald Wolfit) que la mission à bord du Stardust sera chargée de tester un nouveau modèle de bombe atomique qui devra exploser dans l'espace afin de réduire les effets indésirables. Mais une fois à bord de la navette désormais en orbite autour de la Terre avec à son bord l'équipage constitué de cinq hommes et de la journaliste qui s'est introduite sans autorisation, le lancement de la bombe se déroule mal. Ses propulseurs tombent en panne et par un phénomène d'attraction naturelle, l'ogive et le Stardust restent irrémédiablement ''collés'' l'un à l'autre. L'explosion de la bombe ayant été programmée dans neuf heures, c'est le temps qu'il reste au Commandant Michael Hayden et son équipe pour trouver un moyen de séparer la navette de la bombe...


Comme dans tout film de science-fiction de l'époque, les violons envahissent l'atmosphère, allant même jusqu'à s'emballer lorsque les couples s'embrassent dans de voluptueux baisers cinématographiques. Des séquences qui fort heureusement s'avèrent plutôt rares puisque l'essentiel de l'intrigue tourne autour de ce projet de bombe qui va forcément engendrer un certain désarroi parmi les membres de l'équipe de scientifiques. C'est ainsi donc qu'intervient l'armée avec tout ce qu'elle suppose de machiavélisme même si l'on se rendra compte que pour une fois, celle-ci semblera vouloir prendre autant de soin pour les cosmonautes au moment du danger que pour la bombe qui se révélera en réalité le projet principal. Bien que Satellite in the Sky semble avoir été assez mal accueilli à l'époque de sa sortie, le long-métrage de Paul Dickson est d'assez bonne facture. Les effets-spéciaux à base de maquettes sont plutôt crédibles et l'interprétation à la hauteur des ambitions du projet. Le réalisateur s'y connaît en terme de mise en scène et passe d'un cadre à l'autre, donnant ainsi à l'ensemble un rythme qui n'est pas indéniable. Sans être transcendante, la caractérisation des personnages est suffisamment détaillée. L'on assiste en parallèle à l'aventure spatiale ainsi qu'à une réunion d'urgence entre scientifiques et militaires. L’œuvre de Paul Dickson semble cependant avoir été expurgée de certaines séquences. Comme l'évocation d'un modèle expérimental de navette chargée de rapatrier les cosmonautes mais dont on n'entendra pas plus parler par la suite. Satellite in the Sky paraît vouloir se rapprocher au plus près de la vérité mais se termine dans un final, me semble-t-il, vite expédié. Mais à part ce menu détail, le film est une franche réussite et n'a, malgré les décennie qui se sont écoulées depuis, pas trop mal vieilli...

 

jeudi 22 juillet 2021

Settlers de Wyatt Rockefeller (2021) - ★★★★★★★☆☆☆

 



Total Recall de Paul Verhoeven, Red Planet d'Antony Hoffman, deux exemples de longs-métrages qui évoquent le sujet de la terraformation sur la quatrième planète de notre système solaire. Mars, connue également sous le nom de planète rouge. C'est là que c'est installée une famille de terriens composée de Reza, son épouse Lisa et leur fille Remmy. Régulièrement attaqués par des pillards, Reza et les siens vivent sur une vaste propriété qui semble avoir appartenu à une famille hostile aux habitants de la Terre. N'en pouvant plus des assauts permanents d'étrangers tentant régulièrement de prendre possession des lieux, Reza décide de régler définitivement leurs comptes. Pourtant, après quelques temps, le père de famille ne réapparaît pas et à sa place débarque Jerry, né sur Mars, et qui compte bien se réapproprier les lieux qu'il affirme être la propriété de ses parents disparus... Ce premier long-métrage réalisé par Wyatt Rockefeller d'abord craindre un voyage intérieur quelque peu ennuyeux. Surtout si l'on ne se penche pas au départ sur le synopsis et que l'on imagine être une énième variation sur le thème de Robinson Crusoé transposé dans une œuvre de science-fiction. Car il y est effectivement question de naufrage (celui de cette attachante famille qu'interprètent l'américaine Brooklynn Prince, le britannique Jonny Lee Miller et la franco-algérienne Sofia Boutella) et d'une rencontre entre deux individus (Lisa et Jerry qu'incarne le charismatique acteur portoricain Ismael Cruz Cordova) qui de loin, peut se considérer comme une version décalée de la rencontre entre Robinson Crusoé et le sauvage Vendredi...


L'un des intérêts de Settlers est bien évidemment la question des lieux où se déroule l'intrigue. On s'étonne au départ de la possibilité pour ses colons d'y respirer à l'air libre. Est alors engagée une foule de questions qui peuvent aller de la simple supposition que les lieux aient été mis sous cloche, jusqu'à exprimer l'idée un peu folle que ceux-ci puissent n'être qu'une alternative au holodeck des différentes séries Star Trek servant de décors à des expériences sur la vie ailleurs que sur notre planète. Puis survient l'assaut des dits étrangers, transformant l'apparente quiétude de la petite famille en sous-Mad Max à poils et sans les moyens où le génie de l'australien George Miller. On espérait un peu d'agitation sans pour autant s'attendre à un long-métrage virant du côté obscure d'une approche primitive. Ce qui fort heureusement ne tardera pas à s'estomper pour se pencher sur les rapports entre Lisa, sa fille Remmy et l'étranger Jerry. Des rapports oscillant entre regards en coin mâtinés de suspicion et jeux de séduction beaucoup plus pervers qu'ils n'y paraissent. À moins que là encore, la peur de la solitude n'y vienne mettre son grain de sel. Le couple formé par Sofia Boutella et Ismael Cruz Cordova s'avère relativement troublant et maintient une partie de l'intérêt qui réside également dans la présence de la jeune Brooklynn Prince, sobre et mature, se trouvant un compagnon en la ''personne'' de Steve, un robot utilitaire qui, chose étonnante, est capable d'apprendre au point de.... enfin, ça, vous le découvrirez par vous-même.

Settlers s'apparente parfois à un western avec ses décors poussiéreux, ses plans larges, sa décrépitude mais son rythme parfois lent ne l'empêche cependant pas de constituer une œuvre très intéressante qui fait autant référence au roman de Daniel Defoe Robinson Crusoé (bien que le film soit uniquement basé sur le scénario écrit par le réalisateur lui-même) qu'à ces histoires sordides de séquestration qui régulièrement noircissent les pages de la presse papier. Cependant, il ne sera pas interdit de demeurer circonspect face à des choix curieux, et notamment lors d'un final qui justifie certains propos mais n'expliquent en revanche pas du tout certains moyens de survivance. Des invraisemblances qui nuisent fort heureusement dans de toutes petites proportions à ce premier long-métrage d'un réalisateur très prometteur et donc, à suivre de très près...


mardi 18 août 2020

Sunshine de Danny Boyle (2007) - ★★★★★★★★☆☆



Nous sommes en 2057 et le Soleil est en train de mourir. Depuis plusieurs années, le vaisseau Icarus II parcourt la distance qui sépare la Terre de l'astre solaire sans lequel toute vie sur notre planète est condamnée à disparaître. Cinq hommes et deux femmes constituent les membres de l'équipage chargé de se rapprocher le plus possible du Soleil afin d'y envoyer une gigantesque bombe nucléaire qui permettra de le réactiver. Mais aux abord de la planète Mercure, ils reçoivent un étrange écho provenant de Icarus I, la précédente mission chargée d'effectuer une tâche similaire mais qui avait totalement disparu sept ans auparavant. Décision est prise de modifier temporairement la route de Icarus II afin de retrouver Icarus I et de récupérer la bombe à laquelle le vaisseau est rattaché. En récupérant celle-ci, les membres de l'équipage se donnent une chance supplémentaire d'accomplir leur mission. Malheureusement, un grave accident atteignant plusieurs panneaux de Icarus II va être le début de complications multiples pour le commandant Kaneda, ainsi que pour Capa, Cassie et les autres. Face aux multiples dangers et aux décisions auxquelles ils vont devoir faire face, chacun à leur tour, les membres vont devoir sacrifier leur propre existence pour que puisse survivre sur Terre, l'humanité...

Révélé en 1994 grâce à l'excellent thriller Petits Meurtres entre Amis, le réalisateur britannique Danny Boyle n'a cessé de marquer les esprits au fil de longs-métrages explorant des genres et des thématiques sans cesse différents. De Trainspotting en 1996 où il retrouve pour la seconde fois l'acteur Ewan McGregor qu'il révéla deux ans plus tôt, en passant par le film d'infectés 28 Jours plus Tard en 2002, Slumdog Millionaire en 2008 ou 127 Heures quatre ans plus tard. Avec Sunshine, il s'attaque à la science-fiction. Une œuvre qui semble avoir digéré tout un courant puisque les sources d'inspiration semblent nombreuses. On pense évidemment à 2001, l'Odyssée de l'Espace de Stanley Kubrick pour la rigueur visuelle du long-métrage de Danny Boyle et plus tard, au chef-d’œuvre de Ridley Scott Alien, le Huitième Passager dont les coursives du Nostromo, l'ambiance pesante et l'univers claustrophobe ne sont pas sans rappeler ce qui se joue lors de la dernière partie de Sunshine. On retrouve au générique, d'excellents interprètes. À l'image tout d'abord du japonais Hiroyuki Sanada, ''popularisé'' chez nous par la saga d'épouvante Ring de Hideo Nakata. Pourtant, c'est depuis bien plus longtemps que cet acteur charismatique est devenu célèbre. En effet, dès 1979 il incarna le personnage de Ayato dans la série culte San Ku Laï. On le retrouvera en 2010 dans Lost ou en 2014 dans la série inachevée Extant. À ses côtés, outre les personnages de Mace, Corazon, Searle ou Harvey respectivement interprétés par Chris Evans, Michelle Yeoh, Cliff Curtis et Troy Garity, on retrouve dans le rôle principal de Capa l'acteur Cillian Murphy (l'épouvantail de The Dark Knight de Christopher Nolan en 2008), dans celui de Cassie, l'un des deux seuls membres de sexe féminin l'actrice Rose Byrne et dans celui du grand méchant Pinbacker (car il y a un grand méchant), Mark Strong...

Si visuellement on ne pourra pas reprocher grand-chose à Sunshine, qu'il s'agisse des décors entre salle à manger, poste de pilotage, salle de relaxation et coursives ou des effets-spéciaux numériques qui ont plutôt bien vieilli malgré les treize ans d'âge du film, les scientifiques en herbe argueront sans doute de l'improbabilité d'un projet consistant à envoyer une bombe, même gigantesque (dont la masse est dans le cas présent comparée à celle de l'île de Manathan) sur la surface du Soleil afin de le réactiver. Lorsque l'on connaît les dimensions du soleil (un rayon de 696 340 kilomètres contre à peine un peu plus de 6 300 pour notre planète), il devient illusoire d'imaginer résoudre une telle situation de catastrophe dans des conditions aussi désespérées. Mais heureusement, le film ne concentre finalement qu'une petite partie à ce sujet pour se concentrer sur les rapports entre les membres de l'équipage. Entre accords, désaccords, prises de décisions délicates et sacrifices. Impossible de s'ennuyer un seul instant. Si le spectacle visuel est remarquable, Danny Boyle n'en oublie cependant pas d'y injecter une forte dose d'action, pas toujours crédible comme le veut généralement la tradition dans ce genre de blockbusters (qui pour une fois ne charge pas trop la mule). On pourra regretter une dernière partie versant dans l'épouvante et l'horreur sans jamais véritablement apporter d'élément convaincant à une œuvre qui n'avait surtout pas besoin de ça pour réussir à séduire les néophytes comme les passionnés de s-f. Ajoutez à tout ce qui fait l'intérêt et les quelques petites maladresses de Sunshine la superbe et très Ambient partition musicale signée du compositeur britannique John Murphy et vous obtenez un excellent film de science-fiction...

mardi 30 juin 2020

La Révolte des Triffides de Steve Sekely (1963) - ★★★★★★★☆☆☆



À l'origine de La Révolte des Triffides, un roman. Celui écrit par l'écrivain britannique John Wyndham édité pour la première fois en 1951, The Day of the Triffids. Auteur du célèbre roman Village of the damned qui fut à son tour à l'origine de deux adaptations cinématographiques majeures de la science-fiction (Le Village des Damnés de Wolf Rilla en 1960 et la version éponyme de John Carpenter réalisée en 1995), John Wyndham publie son premier ouvrage littéraire en 1919 (Vivisection) mais patiente jusqu'en 1931 pour connaître son premier succès intitulé Worlds to Barter. Entre science-fiction et policier, son cœur balance. Pourtant, c'est bien dans la première de ces deux catégorie que le britannique connaîtra ses plus gros succès dont The Day of the Triffids justement, auquel plusieurs réalisateurs ont tenté de rendre hommage, la version du cinéaste hongrois Steve Sekely n'ayant pas à rougir malgré l'âge avancé de son adaptation qui accuse en 2020 les cinquante-sept ans. Si l'évocation d'une invasion de la Terre par des organisme d'ordre végétal n'est pas rarissime dans la littérature fantastique, parmi les quelques exemples d'ouvrages mettant en scène des plantes hostiles, il en est un dont certains éléments rappellent l'ouvrage de John Wyndham.

En effet, The Invasion of the Body Snatchers de Jack Finney qui fut édité pour la première fois en 1955 et fut lui-même adapté à au moins quatre reprises (pour les version dites ''officielles'') partage des ressemblances avec l’œuvre du britannique...La première adaptation du roman de John Wyndham prend pour cadre le Londres du milieu des années soixante. Alors que l'annonce d'un spectacle au dessus de leur tête a attiré des hommes et des femmes à lever tous au même moment les yeux vers le ciel, tous ceux qui ont assisté à l'éruption solaire annoncée par la presse ont été victimes de cécité. En Angleterre, en France, aux États-Unis, au Japon et partout ailleurs dans le monde, c'est l'état d'urgence. L'humanité ne peut plus compter que sur les quelques personnes ayant conservé la vue. Parmi eux se trouve William Masen qui eut la chance durant l'événement d'avoir eut le visage emmailloté sous une épaisse couche de bandages à la suite d'une opération de chirurgie. Lui et quelques autres vont mettre à profit leur capacité à voir pour tenter de sauver l'humanité d'un mal encore plus incroyable que le ''simple'' fait d'être devenu aveugle. Lors de l’éruption solaire, des météorites se sont écrasées sur Terre apportant avec elle des créatures végétales hostiles dont la morsure est fatale.

Ne nous y trompons pas. Si La Révolte des Triffide à l'air de provenir du territoire américain, c'est bien d'une œuvre britannique dont il s'agit. Exit donc vampires à dents pointues et goules en tous genres. La menace vient de l'espace et va transformer notre planète en un vaste capharnaüm transformant quatre-vingt dix neuf pour cent de la population mondiale en individus atteints de cécité. Devant la catastrophe, divers comportements peuvent être soulignés. Il y a parmi ceux qui furent épargnés par le mal, certains qui ont choisi de réagir en travaillant sur une arme pouvant éradiquer l'invasion des Triffide. Ces plantes qui contrairement à ce que l'on pourrait imaginer existent bien et sont issues de modification génétiques produites par l'homme demeurent pourtant bien différentes dans le cas présent. En effet, dans l’œuvre de Steve Sekely elles sont capables de se mouvoir par elles-mêmes et possèdent des protubérances qu'elles dressent devant elles afin de piquer ou de mordre leur proie. Nous sommes en 1963 et forcément, les effets-spéciaux n'ont rien de commun avec ce que l'on connaît de nos jours. Cependant, ne crachons pas trop vite dans la soupe car même si ces plante ne peuvent raisonnablement pas effrayer quiconque les voit débarquer sur un écran de cinéma ou de télévision de nos jours, on a vu pire dans le domaine des ''Craignos Monsters''.

À dire vrai, La Révolte des Triffide est un sympathique divertissement. Entre épouvante, science-fiction, avec cette minuscule petite touche de romance qui n’envahit heureusement pas trop la pellicule. Cependant, le film souffre de sa trop grande durée. Une heure et trente-quatre minutes, c'est bien trop de temps accordé au scénario de Bernard Gordon qui s'attarde trop longuement sur des séquences inutiles. Sans doute aurait-il été intéressant d'approfondir le sentiment de folie qui s'empare d'une part de la population plutôt que de simplement la survoler. Sans trop faire de vagues, Howard Keel, Nicole Maurey, Janette Scott, Kieron Moore, Mervyn Johns et les autres interprètes font le taf. À noter que plusieurs autres adaptations ont vu le jour les décennies à venir. En 1981, une relecture de Douglas Livingstone réalisée par Ken Hannam prit la forme d'une série en six épisodes intitulée The Day of the Triffids. Il faudra ensuite patienter jusqu'en 2009 pour retrouver une nouvelle fois sur le petit écran ces horribles créatures végétales avec une mini-série en deux épisodes également intitulée The Day of the Triffids mais cette fois-ci réalisée par Nick Copus...

jeudi 4 juin 2020

Blood Beast from Outer Space de John Gilling (1965) - ★★★★★★★☆☆☆



Blood Beast from Outer Space, c'est de la bonne vieille science-fiction du milieu des années soixante. En noir et blanc et à nouveau basé sur l'un des deux grands thèmes de l'époque. Et puisque nous sommes en Angleterre en non pas aux États-Unis, ça n'est pas d'une allégorie sur la peur de l’ennemi soviétique dont il s'agit mais d'un message de paix. Bon, évidemment, ça ne saute pas tout de suite aux yeux. Parce que des femmes qui disparaissent sans laisser de traces, un scientifique qui meurt d'effroi devant une incarnation venue de Ganymède, troisième étoile de Jupiter, et sa jeune assistante témoin de cette horrible apparition, ça laisse plutôt le sentiment des prémices d'une invasion venue de l'espace. Tout commence avec la chute d'une météorite. Alors que l'armée a déjà envoyé sur place plusieurs contingents de soldats afin de sécuriser la zone, les docteurs Morley et Jack Costain ainsi que leur assistante Ann Barlow débarquent avec un document officiel leur accordant le droit de s'approcher du site. Il prennent contact avec un officier de l'armée qui les conduit jusqu'à l'endroit où est censé se trouver un énorme cratère et en lieu et place duquel se trouve un étrange objet de forme sphérique qui ne semble avoir rien de naturel...

Les scientifiques épaulés par l'armée transportent le minuscule objet dans un laboratoire où ils tentent de l'examiner. Mais alors qu'ils n'ont pas dormi depuis trente-six heures, les docteurs Morley et Jack Costain décident de prendre un peu de repos tandis qu'Ann, elle, reste afin de terminer ce qu'elle avait commencé. Dans la pièce d'à côté, l'objet devient lumineux et provoque alors de violents maux de tête chez Ann qui manque de s'évanouir. S'approchant de la sphère, sa main est attrapée par celle d'une créature hideuse qui tente de s'emparer de la jeune femme. Mais heureusement pour elle, elle parvient à donner l'alerte et fait fuir la créature. Au retour des docteurs, Morley s'isole seul dans la pièce où se trouve la sphère et tente une expérience. Dans la pièce d'à côté, Jack, Ann et un officiel entendent Morley s'adresser à quelqu'un. Et ce quelqu'un n'est autre que la créature qu'à croisé plus tôt la jeune assistante. Une vision tellement terrifiante que lorsque Jack, Ann et l'officier ouvrent la pièce dans laquelle Morley s'était isolé, celui-ci est découvert mort, le visage marqué par la peur...

Blood Beast from Outer Space est réalisé en 1965 par le britannique John Gilling. Celui-ci n'en est pas à sa première expérience cinématographique puisqu'il débute sa carrière avec le moyen-métrage A Matter of Murder en 1949 (après avoir réalisé le court Escape from Broadmoor l'année précédente). Parmi ses faits d'arme, L'Impasse aux Violences en 1960, L'Invasion des Morts-Vivants en 1966 et La Femme Reptile la même année demeurent les plus connus. Blood Beast from Outer Space ressemble quant à lui à nombre de films de science-fiction de l'époque desquels découlent souvent des message moralisateurs dont l'Homme ne sort que très rarement grandit. Une comète qui s'écrase, une créature qui s'en échappe, des thèmes récurrents qui trouvent ici une alternative scénaristique plutôt intéressante. L'un des thèmes abordés dans Blood Beast from Outer Space, c'est la téléportation. Et même si le terme reste imprécis en la matière, l’œuvre de John Giling évoque bien le transfert d'un organisme vivant sur l'une des Lune de Jupiter vers notre planète. Popularisée par Kurt Neumann et La Mouche Noire en 1958 (et par sa suite ainsi que le sublime remake de David Cronenberg The Fly en 1986) et plus encore par la franchise Star Trek plus proche dans l'esprit du film de John Gilling puisque de science-fiction là encore, il s'agit, c'est donc le mode de déplacement qu'utilise celui qui se fera appeler Medra. Et qui dans l'ombre, est interprété par l'acteur Robert Crewdson.

L'une des originalités de Blood Beast from Outer Space est de n'avoir pas profité de l'occasion pour évoquer une armée toujours aussi peu vouée à la cause de la science. Si au départ les rapports sont sensibles, les relations s'apaisent finalement entre militaires et scientifiques. Ça n'était pourtant pas gagné car avec cynisme, John Gilling se moque gentiment de l'armée, puis de la science. Et quel meilleur exemple que de citer la séquence durant laquelle le docteur Morley (incarné par l'acteur Maurice Denham) fait le piquet devant un officier ayant du mal à expliquer à son correspondant téléphonique la situation concernant l'objet découvert un peu plus tôt dans la journée ? L'une des scènes de bravoure d'un long-métrage souvent porté sur le dialogue plutôt que sur l'action. Un choix qui dans le cas présent est bien venu puisque les dialogues sont relativement bien écrits et que leurs interprètes sont d'excellents acteurs. Un casting essentiellement constitué d'interprètes masculins au milieu duquel évolue l'actrice Patricia Haines dans le rôle d'Ann Barlow. Mais la vedette du film, plus que la créature, plutôt sommaire, c'est l'acteur John Saxon qui à l'époque n'est âgé que de trente ans. C'est lui qui incarne un docteur Jack Costain plutôt convaincant. S'il s'agit bien d'une œuvre de science-fiction, Blood Beast from Outer Space frôle parfois également l'épouvante, mais de façon relativement discrète. Au final, il s'agit peut-être de l'un des meilleurs films de sa catégorie. Sans vouloir en mettre plein la vue, le réalisateur britannique signe une œuvre de science-fiction qui échappe au ridicule même si la vue d'une main griffue laissait craindre le pire... Surtout, il évite de plomber l'ambiance par la classique romance de pacotille qui accompagne généralement à l'époque ce type de projet...

mercredi 15 avril 2020

The Divide de Xavier Gens (2011) - ★★★★★★★☆☆☆



Au départ, ça commence comme du Luc Besson... Arghhh !!! Xavier Gens filme un cataclysme à travers le regard de son héroïne puis le reflet d'une vitre. Une toute petite poignée de secondes, sans doute parmi les plus colorées de ce Divide signé du réalisateur, scénariste et producteur français Xavier Gens qui après s'être fait la main sur quelques courts-métrages à débuté sur grand écran en 2007 avec deux longs-métrages. Tout d'abord Frontière(s), un ersatz plutôt sympathique du film culte de Tobe Hooper Massacre à la Tronçonneuse, puis avec Hitman, l'adaptation d'un jeu vidéo d'action et d'infiltration éponyme créé par l'entreprise de développement danoise IO Interactive, et sorti sur PC au tout début des années 2000. Suivirent ensuite Lady Blood en 2008 en tant qu'acteur (la suite du Baby Blood d'Alain Robak sorti dix-huit ans auparavant), La Horde en 2009 en tant que producteur, puis The Divide en 2011. Depuis, Xavier Gens à réalisé l'un des segments de l'anthologie horrifique The ABCs of Death en 2012, a réalisé Cold Skin en 2017, puis successivement en 2018 et 2019, a réalisé Budapest et produit Papicha. Comme on peut le constater, pas mal d'horreur, un peu de comédie, de drame et une touche de S-F...

The Divide est une œuvre de science-fiction post-apocalyptique qui paraît au premier abord suivre la trace de certains de ses illustres prédécesseurs. On pense tout d'abord aux plus récents qui à l'époque servent de références : 28 Jours plus Tard de Danny Boyle, sorti en 2002 (et sa formidable séquelle réalisée en 2007 par Juan Carlos Fresnadillo, 28 semaines plus Tard), Le Temps du Loup de Michael Haneke la même année, Le Jour d'Après de Roland Emmerich (preuve que l'allemand est capable de signer autre chose que de la merde!) en 2004, Je suis une Légende de Francis Lawrence en 2007 ou encore La Route de John Hillcoat en 2009. Pourtant, ici, pas de vampires ou d'infectés assoiffés de sang, et la fin du monde ne semble pas être au cœur des préoccupations du réalisateur. Non ce qui semble d'abord fasciner le français, ce sont les rapports humains. Mais loin d'avoir l'intention de nous narrer un joli conte pour petits et grands, Xavier Gens est plus près de ces auteurs pour qui ce genre de situation est l'occasion d'exposer une espèce humaine capable de laisser s'exprimer ses plus vils instincts. Huit rescapés d'un immeuble qui s'est effondré sur ses fondations se sont réfugiés dans le bunker que l'un d'eux à construit de ses propres mains. Deux femmes pour six hommes (dystopie et parité n'ayant ici aucune raison de se côtoyer) qui vont devoir partager le même espace de confinement (dehors, l'air est vicié par des particules radioactives) et le stock de nourriture méticuleusement rassemblé par le propriétaire des lieux (l'acteur américain Michael Biehn qui vingt-sept ans après le film culte de James Cameron Terminator est à nouveau confronté à un univers post-apocalyptique)...

Les personnalités se dessinent alors qu'à l'extérieur, des individus en combinaisons semblent mener des expériences sur de jeunes enfants. Qui de Eva, Marilyn, Mickey, Josh, Adrien, Elvin, Sam et Bobby va résister à l'envie de prendre possession des lieux ? Qui au contraire va profiter de la situation pour montrer son vrai visage et prendre le pouvoir ? Les esprits s'échauffent petit à petit et l'ambiance se fait de plus en plus délétère. Ce ne sont pas tant les quelques saillies sanglantes qui dérangent ici mais la violence psychologique. Si certains tentent de conserver leur intégrité morale (Iván González dans le rôle de Sam), d'autres en revanche s'abandonnent à la fange et à l'impudeur (Rosanna Arquette dans le rôle de Marilyn) ou à la torture psychologique et physique (Michael Eklund parfaitement effrayant dans la peau de Bobby). Xavier Gens accouche d'une œuvre authentiquement cauchemardesque qui prend la théorie de l'évolution du naturaliste Charles Darwin à rebours en faisant de ses rescapés, des individus capables de se comporter pire que des bêtes pour survivre.

Mais pas que... puisqu'il ne s'agit plus seulement de conservation, mais de laisser s'exprimer ce que l'âme humaine a de plus sombre. Le Mal s'empare des esprits mais aussi des corps. Les visages se font blafards, le regard s'injecte de sang, les parasites colonisent le cuir chevelu. Tout chez Xavier Gens se délite pour n'être plus qu'une parodie d'humanité où l'ordre et la morale n'y sont plus pour mettre un frein aux agissements les plus répréhensibles. The Divide est l'une des visions du futur les plus noires et pessimistes que le septième art nous ait offert. En cela, on peut remercier le réalisateur ainsi que ses interprètes, tous formidables, la photographie de Laurent Barès et le score de Jean-Pierre Taïeb de nous avoir offert un voyage aussi pathologiquement mémorable...


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