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vendredi 5 janvier 2024

High Life de Claire Denis (2018) - ★★★★★★★★☆☆


 


 

Ce qu'il y a de remarquable et donc de fondamentalement indispensable lorsque l'on se lance dans une œuvre cinématographique est de percevoir l'angle sous lequel son auteur l'a envisagé. D'autres pourtant nous poussent vers une voie bien différente. Une fois absorbée la contemplation, il faut parfois bien admettre que le spectateur est LE chaînons manquant qui complète parmi les projets les plus inattendus, ce qui d'apparence peut en quelques occasions paraître comme inabouti. Ces vides qu'il faut absolument remplir, en construisant intellectuellement et au fil du récit, de détails qu'ont volontairement omis d'intégrer ou d'annoter scénaristes et réalisateurs. Atypique jusqu'à devenir parfois inconfortable, l'univers de Claire Denis s'étendait en 2018 au delà des seules frontières terrestres pour emporter avec elle, protagonistes et spectateurs jusqu'aux confins de l'univers. Là où tout semble possible. Où la mort veille semble-t-il à emporter tous ceux qui s'y risquent mais où il n'est peut-être pas inimaginable de penser qu'un ailleurs existe. Nous conter un récit aussi extraordinairement ambitieux et le faire à bord d'un vaisseau qui a tout l'air d'avoir été construit pour les besoins d'un bon gros nanar transalpin des années quatre-vingt est en soit, un acte aussi insensé que d'envoyer à des milliards de kilomètres de notre planète, des repris de justice pour aller vérifier ce qu'il peut se cacher de l'autre côté d'un trou noir. En somme, la première pierre à elle seule fascinante d'un projet de science-fiction qui ne se bornera pas à suivre le chemin ultra balisé du genre. Et pourtant, l'entrée en matière plongera certainement une partie du public dans un état de somnolence quasi immédiat. Supportant avec aussi peu de patience que le héros incarné par Robert Pattinson ce rejeton braillant sans interruption, les divagations ''monolinguales'' du héros risquent tour d'abord d'exaspérer avant que ne surviennent enfin de leur vivant, ces compagnons apparemment raides morts qu'il vient tout juste d'envoyer faire un voyage dans l'espace. Car High Life de Claire Denis est essentiellement construit sous forme de flash-back. Un confinement regroupant donc une dizaine d' hommes et de femmes condamnés à de lourdes peines de prison et qui ont fait le choix de participer à une expérience qu'ils savent suicidaire : approcher un trou noir et plonger en son cœur. Pris dans la tourmente d'une expédition sans espoir de retour, la tension monte entre les uns et les autres. D'autant plus que les hommes s'accordent pour faire don de leur sperme tandis que les femmes acceptent d'être fécondées.


Sous le prisme de l'hypocrite recherche scientifique, le film condamne d'anciens taulards à une inévitable condamnation à mort...



Et tout ceci sous l'égide du docteur Dibs qu'interprète l'actrice française Juliette Binoche dont le sex-appeal n'a jamais été aussi puissant tout en étant franchement inquiétant, voire même dérangeant. De ce voyage aux implications scientifiques, conquérantes et biologiques, Claire Denis élabore une sorte de Trip spatial absolument démentiel, ponctué de quelques visions dantesques (la salle de baise), construisant son œuvre autour de l'âme humaine, de sa capacité à se surpasser et des dérives qu'impose ce moment très précis où la résistance chimiquement morale de l'esprit humain succombe devant une trop forte pression. L'espace, immense étendue, figurant en un instant précis le placenta et le liquide amniotique. Avant toute chose et surtout celle de se lancer dans l'aventure High Life, il faut comprendre que le long-métrage de Claire Denis, ça n'est ni Star Wars ni même Star Trek dont l'approche nettement plus profonde et intellectuelle que l’œuvre de George Lucas est déjà un prétexte pour rebuter les amateurs de blockubusters de science-fiction (chose qui est pourtant malheureusement non avérée au sein de la dernière trinité de films qui furent tournés entre 2009 et 2015). Ici, la française aborde le passionnant mystère qui entoure les trous noirs en mode ''film d'auteur''. Avec tout ce que le concept peut avoir de rebutant. Un rythme lent, voire pesant, que l'ancienne assistante de Robert Enrico, de Jacques Rivette et fan de Jim Jarmusch et de Wim Wenders saupoudre fort heureusement de fulgurances presque inattendues. L'intrigue semble parfois se complaire dans une outrancière accumulation de propos tournant autour du sexe. Des actes qui nourrissent cependant le récit et fonctionnent comme une épidémie de désirs irrépressibles dont le patient zéro serait le docteur Dibs que la réalisatrice et les scénaristes Jean-Pol Fargeau et Geoff Cox décrivent comme porteuse d'un ''sexe en plastique''. Comprendre que cette femme hautement désirable n'aurait au fond d'humain que le désir de procréation par procuration. Décors et photographies participent de l'étrangeté et de l'inconfort du récit. Tout comme la partition musicale du musicien britannique Stuart A. Staples, chanteur du groupe Tindersticks. Autant prévenir celles et ceux qui voudraient que Claire Denis leur apporte une réponse s'agissant du phénomène des trous noir. La réalisatrice préfère cependant abandonner le spectateur à l'expectative lors d'un final laissant l'ultime question en suspens. Au delà de cette seule interrogation, High Life est une œuvre puissamment évocatrice, hypnotique et fulgurante. Sans doute l'une des meilleures propositions de science-fiction à la française pour une coproduction franco-germano-anglo-américano-polonaise...

 

jeudi 26 novembre 2020

Prishelets d'Alexander Kulikov (2018) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆

 



Après un peu plus de deux mois de silence, nouvel article consacré comme il se doit à la science-fiction. Afin de désencrasser les lieux rouillés par tant d'inactivité, un film russe. En effet, Prishelets (qui dans sa langue d'origine veut dire extraterrestres) nous vient de l'état le plus vaste de notre petite planète bleue. Réalisé par le russe Alexander Kulikov dont il s'agit du tout premier long-métrage, il est tout d'abord difficile d'imaginer que l’œuvre puisse manquer de cette rigueur relative à ce cinéma de science-fiction slave qui à travers les décennies a laissé aux cinéphiles du monde entier, de très bons souvenirs en la matière. N'oublions pas non plus que lors de la Course à l'espace, les russes furent les premiers à avoir envoyé un homme, le célèbre Youri Alexeïevitch Gagarine, dans l'espace. Mais depuis, de l'eau a coulé sous les ponts. Les américains ont envoyé leurs propres astronautes tout là-haut et semblent même avoir été les premiers à avoir foulé la surface de la Lune. Le cinéma s'est très rapidement emparé de ce fascinant projet qui consiste à envoyer les hommes dans l'espace. Les frontières n'existant désormais plus en terme d'effets-spéciaux, la seule barrière qui demeure encore reste les limites qu'imposent l'esprit humain et son sens de l'imagination...


Terminés les voyages vers la Lune. Désormais, et ce depuis de nombreuses années, la nouvelle star se prénomme Mars. Quatrième planète de notre système solaire, Mars a été au centre de plusieurs dizaines de longs-métrages. Les principales nations se sont penchées sur d'éventuelles explorations de sa surface par la voie de la fiction et ce jusqu'à très récemment avec Seul sur Mars de Ridley Scott en 2015 et Prishelets, donc, qui nous intéresse dans le cas présent. La première impression demeure relativement mitigée. La surface de la planète rouge et ses environnements puent les CGI basse résolution et le module d'exploration qui s'en approche ressemble à un immense cirque volant. Pas de quoi crier au génie. Zooms, dé-zooms, mouvements de caméra dans la salle des opérations située sur Terre, tout concourt pour plonger le spectateur au cœur d'une fiction cherchant apparemment le réalisme à tout crin. Du moins, durant les toutes premières minutes. Instruments à vents héroïquo-grandiloquents, image léchée, sans aspérités, bruit assourdissant d'une tempête en approche (mais que foutent les météorologistes?), astronaute (enfin.... caméra) secoué dans tous les sens, Prishelets veut très clairement en mettre plein la vue quitte à en faire des tonnes...


Une surenchère surtout auditive qui procurera moins de plaisir que de maux de têtes. Des céphalées sans doute également provoquées par un scénario maladroit qui partage l'intrigue entre une sorte de Robinson échoué sur la surface de Mars (sujet évidemment beaucoup moins bien exploité que dans l’œuvre de Ridley Scott), un chef de projet qui tente tout ce qu'il peut pour sauver l'homme en question, la passion à des millions de kilomètres de distance de la responsable du service de santé (interprétée par l'actrice Anna Banshchikova) pour l'astronaute Chapaev, ou encore un show télévisé sacrifiant pour le roi Audimat, du temps de survie de celui que l'on surnomme alors désormais le Martien. Le développement psychologique de l'astronaute étant revu à la baisse, l'ossature de Prishelets tient sur le bling bling de son programme télévisé superficiel bien dans l'air du temps avec, toujours et encore, cette insupportable musique de fond electro-pop-fm qui a pris le relais des instruments à vent. Impossible d'éprouver le moindre frisson devant ce nanar spatial. Ou plutôt, navet intersidéral qui parvient avec davantage de malheur que de bonheur à maintenir l'attention du spectateur en évoquant la présence dans les environs du lieu de crash du module d'exploration d'une présence extraterrestre. Dire que Prishelets est mauvais est un euphémisme. Doublage grossier, voire grotesque, effets-spéciaux moyens, personnages inintéressants au possible (eh oh ! Elle est passée où la caractérisation?), la palme revenant sans doute à l'acteur Grigoriy Siyatvinda, insupportable dans le rôle de l'animateur. Un personnage représentatif du naufrage artistique que représente le long-métrage d'Alexander Kulikov. Quant à la morale de fin. Totalement improbable... Un conseil : passez votre chemin et envolez-vous vers d'autres horizons...

samedi 2 mars 2019

Solis de Carl Strathie (2017) - (ma note: ★★★★★★☆☆☆☆) (celle d'Anna: ★★★★★★★☆☆☆)



Ce visage au sourire satanique, tordu, inquiétant... cette longue moustache barrant son visage comme une peinture angoissante d'un Village People sorti tout droit d'un monde envahi par des millions de morts revenus à la vie afin de hanter les vivants... Steven Ogg n'est certainement pas l'acteur canadien le plus célèbre dans l'hexagone, il est pourtant parmi ceux dont on a retenu la silhouette et ce sourire plus flippant encore que celui du Joker. Après avoir incarné à vingt et une reprises l'horrible personnage de Simon dans la série télévisée The Walking Dead et après y avoir connu un sort peu enviable (il y a bien une justice dans ce bas monde), Steven Ogg a troqué son costume de cow-boy post-apocalyptique pour celui d'astronaute dans l'un des rares long-métrages dans lesquels il a tourné depuis le début de sa carrière d'acteur à la toute fin des année quatre-vingt dix. Premier long-métrage du cinéaste Carl Strathie dont le prochain film, Dark Encounters devrait mélanger horreur et science-fiction (le titre ne laissant aucun doute là-dessus), Solis repose entièrement sur les épaules du personnage incarné par Steven Ogg puisqu'à part un cadavre particulièrement silencieux (et salement amoché) lui tenant compagnie et une voix, au départ, franchement peu aimable, l'acteur doit composer avec un décor sommaire et pas franchement chaleureux (une capsule de sauvetage aux allures de minuscule hangar désaffecté) et des extérieurs dont on ne découvrira que quelques bribes à travers l'unique hublot de l'engin.

Démarrant sous les meilleurs auspices avec des premières images plutôt envoûtantes, limite 'New age', la partition musicale de Solis, écrite par le compositeur David Stone Hamilton, finit par très rapidement s'emballer pour devenir épique, voire, grandiloquente. Derrière l'apparence rustre et sommaire des décors et d'un scénario relativement simple à comprendre, on sent pointer une certaine ambition que les limites budgétaires et scénaristiques freinent sensiblement. N'ayant très concrètement pas les moyens financiers alloués au cinéaste mexicain Alfonso Cuarón pour son Gravity, le canadien est contraint de faire avec des bouts de ficelle et, Ô miracle, y parvient dans une certaine mesure.

L'un des principaux atouts est forcément la présence de Steven Ogg qui aurait pu s'économiser dans un long-métrages aux allures d’œuvre contemplative et spatiale mais préfère exploiter tout le potentiel de son jeu d'acteur. Seul en contact avec le Commandant Roberts dont on n'entendra que la voix et dont on ne verra jamais les traits sous lesquels aurait dû se présenter l'actrice Alice Lowe, l'acteur est contraint d'assurer le spectacle dans un cadre on ne peut plus exigu et qui servira de décors dans une grande majorité des séquences en dehors d'une scène située en extérieur.

L'histoire tourne autour d'un astronaute, seul survivant d'un accident qui a coûté la vie aux deux seuls autres membres de son équipage. Forcé de fuir à bord d'une capsule de secours, l'ingénieur Troy Holloway constate avec effroi que l'engin se précipite dangereusement vers le Soleil. Fort heureusement, un vaisseau est présent dans le secteur. Le commandant Roberts prend alors la décision de venir en aide à Troy malgré les dangers d'une telle expédition... Solis montre ses limites scénaristique lors de séquences parfois beaucoup trop longues. En choisissant de ralentir le rythme et d'accentuer la durée de certaines péripéties, Carl Strathie remplit les cases vides d'un scénario trop succinct. La plupart des scènes démarrent donc sous les meilleurs augures mais à la longue finissent par se révéler lassantes. La sortie dans l'espace et, PIRE, la fin de Solis s'éternisent à outrance. Des quatre-vingt dix minutes que dure le film, le canadien aurait pu se contenter de n'en faire qu'un moyen-métrage beaucoup plus dynamique. Pa mauvais dans le fond, mais dans la forme, parfois longuet...

mardi 4 septembre 2018

UFO de Ryan Eslinger (2018) - ★★★★★★★★☆☆



Ils sont un certains nombre à avoir aperçu dans le ciel, un OVNI. Les spéculations vont bon train. Sur son origine, ses dimensions. Les autorités cherchent à étouffer l'affaire en prétextant qu'il s'agit d'un modèle d'avion. Certains témoins sont contraints de se taire, d'autres d'apporter de fausses affirmations. Cette affaire qui aurait pu devenir anecdotique va cependant faire l'objet de la ténacité de Derek, un jeune étudiant. Brillant, féru de mathématiques, un brin insolent, mais qui à force de volonté, va peu à peu dénouer le nœud d'une affaire aux proportions que dépassent le commun des mortels. Car si UFO brille par son intelligence et pourra être considéré par les ufologues du monde entier comme l'un des exercices cinématographiques les plus brillants, il sait demeurer ludique. Même pour un profane, comme moi. Qu'il s'agisse des mathématiques. Ou tout simplement du phénomène ovni dont le film nous éclaire sur les manipulations orchestrées par les états du monde entier qui tentent chaque de les étouffer dès que l'un d'eux se présente.

L'une des grandes qualités du long-métrage de Ryan Eslinger, de celles qui pourtant feront bondir (de rage) ou bailler (d'ennui) les amateurs de blockbusters du style Independence Day, est d'avoir su concilier la fiction et la science avec une maîtrise telle que le moins averti en matière d’algorithmes, de mystères entourant les nombres, de théories complotistes ou d'ovnis se sentira à l'aise devant les explications du petit génie en mathématiques. Épuré, sobre, profond, UFO offre une approche idéale au sujet qu'il aborde. Des dialogues jusqu'à l'interprétation en passant par la mise en scène, l’œuvre de Ryan Eslinger brille de mille feux tout en évitant la surenchère visuelle de coutume dans ce genre de films. Avec UFO, c'est la science-fiction qui frappe à notre porte. Elle n'aura que très rarement semblé aussi proche de nous. Le réalisateur prêche ici en faveur des ufologues en mettant en avant les contradictions des sceptiques et de ceux qui veulent faire taire toute rumeur. Le film révèle aussi quelques grandes questions fondamentales restées aujourd'hui sans réponse et présageant de leurs conséquences en cas de résolution :

Est-ce que Dieu Existe ? Que se passe-t-il après la mort ? Sommes-nous seuls dans l'univers ? L'arrivée de cet ovni est pour Derek l'occasion d'aborder son existence sous un angle nouveau. Il lui fallait cette impulsion venue d'ailleurs pour faire les bons choix afin d'avancer. Admirablement incarné par l'acteur Alex Sharp, le film lui oppose le quotidien auquel tout adolescent est confronté. Ella Purnell incarne Natalie, la petite amie de Derek. David Strathairn interprète quant à lui, le rôle du chercheur Franklin Ahis. Mais la grosse surprise du film (et les fans de la série télévisée X-Files ne me contrediront pas), c'est la présence à l'écran de l'actrice Gillian Anderson dans la peau du professeur de Derek, Rebecca Hendricks, une présence émouvante, surtout lorsque l'on sait que l'actrice a définitivement raccrocher les gants concernant la série et le rôle qui la rendirent mondialement célèbre.
En la conviant sur le tournage de UFO, Ryan Eslinger rend non seulement hommage à l'actrice mais également au personnage de Dana Scully qu'elle incarna le long de onze saisons en lui permettant de prolonger virtuellement l'expérience à travers le rôle offert dans son dernier long-métrage. Et dire qu'aucune date de sortie sur grand écran n'est prévue. Un fait honteux et incompréhensible déjà rencontré à maintes reprises (pour exemple, le fabuleux Prédestination de Michael et Peter Spierig). UFO est un très beau film, intelligent, à l'attention des ufologues mais pas seulement. Derrière l'aspect hermétique de certains sujets abordés, il est d'une profondeur qui mérite qu'on lui accorde quatre-vingt dix petites minutes de notre temps...

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