dimanche 11 décembre 2022

Significant Other (Une obsession venue d'ailleurs) de Dan Berk et Robert Olsen (2022) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Significant Other (curieusement traduit chez nous sous le titre Une obsession venue d'ailleurs) est le dernier long-métrage réalisé par le binôme Dan Berk et Robert Olsen après le court-métrage Dispatch en 2014 et les formats longs Body, The Stakelander et Villains respectivement réalisés en 2015, 2016 et 2019. Voguant jusque là entre horreur, comédie, drame et thriller, ces deux là s'attaquent désormais à la science-fiction. Et force est de reconnaître qu'il y avait bien longtemps que l'on n'avait pas rencontré chose aussi étrange dans le domaine. Pourtant moins énigmatique que l'excellent Under the Skin que réalisa Jonathan Glazer en 2013 mais parfois tout aussi pesant et isolationniste que le troublant Honeymoon de Leigh Janiak en 2014, Significant Other (littéralement, Ma moitié) semble tout d'abord prendre sa source aux mêmes origines que les différentes variations sur le thème des voleurs de corps dont les premières traces remontent en 1955 avec le roman de Jack Finney originellement traduit chez nous sous le titre Graines d'épouvante. Un ouvrage maintes fois adapté sur grand écran puisque pas moins de cinq longs-métrages virent le jour entre 1956 et 2007 (Tout d'abord L'Invasion des profanateurs de sépultures de Don Siegel, L'Invasion des profanateurs de Philip Kaufman en 1978, Body Snatchers d'Abel Ferrara en 1993 et enfin Invasion d'Oliver Hirschbiegel et Invasion of the Pod People tout deux réalisés en 2007). Une thématique insinuant le remplacement de l'espèce humaine par une entité venue d'ailleurs qui fut reprise à d'autres occasions également. Tel The Faculty de Robert Rodriguez en 1998, le médiocre Rupture de Steven Shainberg en 2017, le Assimilate de John Murlowski deux ans plus tard et même le génial Invasion Los Angeles de John Carpenter qu'il ne faudrait surtout pas omettre. On le voit, les petits hommes gris (ou verts, c'est selon) qui aiment se soustraire à la présence de l'homme n'ont pas fini de faire parler d'eux. C'est donc encore une fois le cas avec Significant Other qui situe son action au beau milieu d'une forêt qu'ont décidé de parcourir, sac sur les épaules, le couple formé de Ruth (Maika Monroe) et Harry (Jake Lacy). Un couple amoureux. Lui veut faire sa déclaration entre deux énormes pins et au bord d'un précipice tandis qu'elle n'est pas très chaude. Une rencontre avec un phénomène dont le spectateur découvrira la source dès l'entame va bien évidemment tout remettre en question...


Effets-spéciaux discrets mais relativement efficaces, musique envoûtante (signée de Oliver Coates), caractérisation des principaux protagonistes inhabituelle, interprétation parfois approximative, mais mise en scène sobre et tangible font que tout se tient assez bien finalement. Après une première moitié qui ne tient que sur de faibles fondations en terme d'écriture, la suite promet quelques rebondissements dont une révélation contrecarrant complètement l'impression qu'avaient pu tout d'abord nous laisser l'un et l'autre des personnages. Réduit au strict minimum, le long-métrage de Dan Berk et Robert Olsen ne conviera qu'une toute petite poignée de seconds rôles et se concentrera avant tout sur son duo d'amoureux ''perdu'' dans une forêt on ne peut plus angoissante. Malgré l'apparente simplicité de la mise en scène et l'emploi abusif de Jump Scares qui tous se ressemblent (l'un après l'autre, Ruth et Harry sont surpris par l'arrivée soudaine de leur conjoint dans leur dos) et sont marqués par de maladroits déclenchements sonores, le spectateur sera peut-être surpris de découvrir quelques fondus enchaînés prouvant les réelles qualités en matière de recherche esthétique de la part des deux réalisateurs. Des séquences parfois bluffantes de beauté qui tranchent avec la monotonie de la mise en scène. Monotonie qui participe cependant au climat d'angoisse qui s'installe dès que la nuit tombe, laissant notre jeune couple face à cet inconnu que l'on sait malheureusement déjà venu d'ailleurs. Quelques plans gore viennent superficiellement épicer le récit qui n'avait cependant pas besoin de ces quelques étalages sanguinolents pour faire son petit effet. Si quelques passages paraissent au premier abord plutôt absurdes, ils trouvent en réalité leur justification lors des séquences qui vont leur succéder. Le budget du film étant visiblement limité, le film n'a pas l'ampleur des Grandes Œuvres de la science-fiction mais mérite tout de même l'intérêt des amateurs du genre. Une thématique abordée, au fond, de manière restreinte puisque Significant Other se transforme ensuite en un objet horrifique non dénué d'un certain humour. On regrettera malgré tout la dernière séquence située à bord d'une voiture, laquelle s'avère parfaitement inutile.... signe d'une éventuelle séquelle... ?

 

samedi 15 octobre 2022

Moon 44 de Roland Emmerich (1990) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

Moon 44 de Roland Emmerich s'inscrit dans un certain type de longs-métrages de science-fiction qui le condamne d'emblée à finir ses jours au rayon ''nanars''. Il s'agit du quatrième film du réalisateur allemand et de sa seconde incartade dans le domaine de la science-fiction six ans après Le principe de l'Arche de Noé en 1984. L'intrigue se déroule en 2038 alors que sur Terre la quasi-totalité des ressources naturelles sont épuisées. Moon 44 est le nom d'une Lune située dans une galaxie lointaine et divers groupes espèrent pouvoir mettre la main dessus. Parmi eux se trouve une corporation déjà basée sur place. Mais depuis quelques temps, les vaisseaux chargés de transporter de précieux minerais extraits sur place semblent régulièrement être détournés. C'est ainsi qu'un agent est envoyé sur place aux côtés d'une quantité non négligeable de prisonniers ayant accepté de le suivre dans une mission de sécurité. Afin de protéger le site, ceux-ci vont être formés au pilotage d'hélicoptères de défense et d'attaque surarmés auprès de jeunes techniciens. Malheureusement, rien ne va vraiment se dérouler comme prévu. Les tensions montent rapidement entre les prisonniers et les techniciens... Plongé dans dans une brume quasi-permanente (surtout lors des vols d'essais), Moon 44 est plus proche de la vague de nanars italiens qui virent le jour à la suite d'Alien, le huitième passager et de sa suite Aliens, le retour que de ces derniers. Nous sommes au tout début des années quatre-vingt dix et certaines technologies désormais courantes ne sont évidemment pas encore d'actualité à l'époque. Si les technologies employées dans le film pouvaient encore faire illusion en ce temps là, aujourd'hui l'on peut se demander comment en 2038, les écrans peuvent encore être à tubes cathodiques et les consoles munies de boutons aussi disgracieux. C'est tout là le paradoxe d'une œuvre de science-fiction barbare où l'évocation d'un futur incertain était bridé par des limites en terme d'effets-spéciaux numériques. Un concept qui n'a d'ailleurs pas sa place dans ce contexte puisque chaque visuel y fait appel au ''génie'' des créateurs d'effets-spéciaux en ''dur''...


Autre soucis rencontré par Moon 44 : certains de ses personnages eux-mêmes. Dans une grande majorité, et sans avoir à l'esprit de mettre forcément en avant de tout jeunes adultes façon ''jeunisme'', les personnages manquent de crédibilité. Si de nos jours il est de coutume sur grand écran que des ''gamins'' soient suffisamment intelligents pour prendre le contrôle d'un vaisseau, à l'époque le concept était déjà moins courant et donc difficilement compréhensible. Mais ce qui dépasse ici les bornes est sans doute dans l'emploi de prisonniers tous plus abrutis les uns que les autres et auxquels est pourtant confiée la délicate tâche de sécuriser un site d'extraction. D'où des séquences que l'on a plus souvent l'habitude de rencontrer dans les cellules ou les douches d'une prison qu'à bord d'un vaisseau spatial ! Si Brian Thompson (Cobra de George Cosmatos, Full Contact de Sheldon Lettich, ou la série X-Files dans laquelle il interpréta le rôle récurrent d'un extra-terrestre polymorphe) n'est pas le plus mauvais acteur que l'on ait pu croiser sur un écran de cinéma, sa seule trogne laisse moins envisager au spectateur qu'il assistera à une œuvre subtile et profonde que ce qu'elle est réellement : bourrine, testostéronée, aux dialogues primaires et à l'intrigue rudimentaire. Oui, le quatrième long-métrage de Roland Emmerich n'est rien de moins, rien de plus qu'un petit film de science-fiction au scénario ultra-basique (les personnages multiplient les essais à la surface d'une lune au visuel atroce et jouent de leurs muscles d'un côté et de leur matière grise de l'autre) et au jeu souvent outré. Malgré la présence de l'actrice Lisa Eichhorn dans le rôle de Terry Morgan, Moon 44 manque cruellement de charme et de féminité. Quant aux présences de Michael Paré dans le rôle principal de Felix Stone et de Malcom McDowell dans celui du major Lee, celles-ci ne relèvent malheureusement pas le niveau du film. Vite vu, vite oublié...


 

mercredi 28 septembre 2022

A Boy and his Dog (Apocalypse 2024) de L.Q. Jones (1975) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

''Ce futur si proche, vous le vivrez peut-être...''. C'est vrai qu'il est proche puisque comme l'annonce l'affiche française de A Boy and his Dog traduit sous le titre de Apocalypse 2024, la fin du monde devrait être pour dans deux ans. Par contre, il va falloir que les dirigeants de notre planète mettent les bouchées doubles puisque ça n'est pas une hypothétique troisième guerre mondiale qui a réduit notre planète à un immense désert mais une quatrième. Qui a duré seulement cinq jours. Alors que Poutine menace aujourd'hui l'Occident d'employer l'arme nucléaire, le monde dans lequel évolue Vic (héros de ce long-métrage incarné par l'acteur Don Johnson que le monde entier connaît sous les traits de l'inspecteur James Crockett dans la série Deux flics à Miami) n'est plus qu'une vaste plaine recouverte de sable où les pilleurs font la loi. Le film ressemble en cela énormément au classique de l'australien George Miller, Mad Max 2. à tel point que A Boy and his Dog s'ouvre sur l'attaque d'innocents dont est témoin Vic comme le fut avant lui le héros du classique de la science-fiction post-apocalyptique postérieur de huit années. On peut donc considérer que le long-métrage de L.Q. Jones est l'ancêtre de celui de l'australien, servant plus ou moins officiellement de source d'inspiration aux péripéties de Max Rockatansky ! Comme l'indique d'emblée le titre original, on retrouvait d'ailleurs déjà dans A Boy and his Dog un homme affublé d'un chien. Lequel est cete fois-ci semble-t-il doté de la parole. Un détail qui posera sans doute jusqu'à la fin des aventures de ce drôle de personnage qui parfois s'active sans prendre le temps de réfléchir, des questions. Et une, en particulier : doit-on comprendre que Blood (c'est son nom), doublé dans la version originale par Tim Mcintire, est réellement doté de la parole ou le chien n'agit-il ainsi qu'à travers la pensée de son maître ? Un peu comme le Tom Hanks de Seul au monde, œuvre de Robert Zemeckis dans laquelle le personnage de Chuck Noland créait un partenaire en la personne d'un ballon ? Quelques détails viennent corroborer le fait que Blood soit réellement affublé d'une voix puisqu'il semble notamment capable d'indiquer à Vic la présence de ''femelles'' dans les parages...


Qu'il s'agisse du titre original ou de sa traduction française, l'un comme l'autre, les titres reflètent assez bien le contenu du film. Même si l'on préférera le titre américain, lequel crée une certaine empathie pour ses deux principaux protagonistes. Et pourtant, le caractère du personnage campé par Don Johnson peut s'avérer parfois relativement agaçant. Agissant sans réfléchir et ne faisant de compromis que dans son seul intérêt, Vic est finalement assez peu attrayant. Contrairement au chien dont on louera l'interprétation. Sans doute le meilleur ''acteur'' d'un long-métrage adapté de l’œuvre littéraire éponyme d'Harlan Ellison publiée six ans avant la sortie en salle du film de L.Q. Jones. Un réalisateur dont on se souvient davantage du visage que du nom (un pseudonyme qu'il conservera après l'avoir porté dans Le Cri de la victoire de Raoul Walsh) puisqu'il interpréta nombre de personnages dans divers thrillers et westerns. Durant sa carrière de réalisateur, L.Q. Jones tournera A Boy and his Dog, donc, mais avant lui le western The Devil's Bedroom onze ans auparavant ainsi qu'un épisode de la série culte Hulk en 1980. Plongés dans un monde post-apocalyptique, Vic et Blood vont croiser la route de brigands, voleurs de nourriture et assassins sans morale. Si la mort rode dans ce monde en surface où les denrées se font rares, il existe cependant un ''monde d'en bas'' dont l'entrée est symbolisée par une porte noire accessible grâce à une carte. Un lieu où décide de se rendre Vic contre l'avis de Blood qui le prévient des dangers potentiels. Une menace qui à la surface semble tout d'abord prendre la forme de trois individus dont le réalisateur cache scrupuleusement l'apparence. Trois hommes dont ne découvrons que les jambes et qui vont utiliser Quilla June Holmes (l'actrice Susanne Benton) comme appât...


Car si la nourriture se fait rare, les femmes également, semble-t-il. Attiré par la beauté de la jeune femme, Vic va se rendre dans le monde d'en bas où il va être capturé par les membres du Comité dirigé par trois individus dont un certain Lou Craddock (Jason Robards) et une certaine Mez Smith (Helene Winston). Le monde d'en bas tranche avec celui de la surface. Coloré, ''vivant'', il n'en est pas moins cauchemardesque. C'est presque l'univers de l'écrivain Lewis Carroll et notamment celui d'Alice au pays des merveilles qui y est convoqué. Dans cet univers apparemment idyllique où sont célébrés des dizaine de mariages et où les festivités vont bon train, le Comité mène la vie dure aux rebelles qui tentent de renverser l'état d'hégémonie qui règne dans ce bas monde. Condamnant à mort ceux qui tentent de renverser les membres du Comité. A Boy and his Dog est une œuvre de science-fiction aussi étonnante que déroutante, située dans un univers féérico-cauchemardesque mais souffrant d'une réalisation et d'une écriture parfois brouillonnes. Ce qui n'empêche pas le long-métrage de s'avérer intéressant à comparer à la vague de films post-apocalyptiques qui naîtront par la suite. On y appréciera surtout les rapports entre le maître et son chien même si le premier manque sensiblement d'humanité (Blood semble en effet ne servir que de guide à son maître) et l'étrangeté de l'univers lié au monde d'en bas. Pour le reste, le scénario de Harlan Ellison et L.Q. Jones se montre un peu léger...

 

Planet Dune de Glenn Campbell et Tammy Klein (2022) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆

 


 

Ça y est, je l'ai découverte, la seconde partie de l'adaptation cinématographique de Dune. Alors que sa sortie était à l'origine prévue pour 2023, celle-ci a débarqué plus tôt que prévu. Un an après que le réalisateur canadien Denis Villeneuve ait essuyé les plâtres de nombreuses critiques plus ou moins justifiées (certains se découvrant alors subitement un amour immodéré pour la piteuse version réalisée par David Lynch en 1984), celui-ci semble avoir choisi de jeter l'éponge puisque la suite que l'on s'attendait à voir apparaître sous le titre Dune : Partie 2 et qui finalement s'est révélée à nous sous celui de Planet Dune a été récemment produite par... The Asylum ! Et oui, comble de l'horreur, la production de cette suite n'étant donc plus assurée par Legendary Pictures (société de production notamment à l'origine de Batman Begins de Christopher Nolan, de Man of Steel de Zack Snyder ou de Crimson Peak de Guillermo del Toro), la responsabilité en incombe donc au distributeur américain généralement spécialisé dans la production de Mockbusters... et... je... commence... à comprendre... mon erreur ! Je me disais aussi qu'avec une affiche aussi laide reprenant le concept du Ver des sables dans une approche esthétique déplorable avait de quoi laisser dubitatif. S'explique alors également le titre : Planet Dune. Rien à voir avec un quelconque prolongement du long-métrage du réalisateur canadien sorti sur les écrans l'année passée. Un ou deux oufs de soulagement plus tard, on se rend bien vite compte que le film de Glenn Campbell et Tammy Klein ne s'inspire que de très loin du roman de Franck Herbert bien que derrière son concept de Mockbuster se cachent évidemment de serviles manipulations. Comme celle de conserver quelques aspects du roman ou du long-métrage de Denis Villeneuve pour faire croire aux innocentes et naïves victimes qui seraient tombées dans le panneau qu'il s'agit bien d'une œuvre directement rattachée à l'univers de l’Épice, de la maison Atréides, des Harkonnens ou des célèbres Vers des sables !


Visuellement, Planet Dune est évidemment très laid et l'on ne doute pas un seul instant que le film n'ait pas bénéficié des mêmes cent soixante-cinq millions que le long-métrage de Denis Villeneuve. S'agissant d'une production directement liée à The Asylum, les effets-spéciaux sont typiques de ceux que l'on retrouve chez ce distributeur. Des CGI bas de gamme rendant le tout superficiel. Ajouté à cela, quelques formidables incohérences : prenons par exemple les vers (victimes d'une perte de poids importante en comparaison du Dune de Denis Villeneuve) qui, si l'on prend en compte le fait qu'ils ne semblent pas être en mesure de quitter les sables (on en voit un buter contre un rocher), ne devraient par exemple pas être en mesure de pénétrer l'intérieur d'un vaisseau. Et pourtant... Le script met au centre de l'aventure le lieutenant Astrid, une astronaute qui lors du sauvetage d'un cosmonaute d'origine russe s'est attirée les foudres de ses supérieurs en désobéissant à leurs ordres (sachant que dans le futur, des accords ont été conclus afin qu'aucun état n'interfère avec un autre). Dégradée, sa supérieure directe (Sean Young dans le rôle de Chase) lui octroie par amitié une mission de sauvetage à bord d'un vieux vaisseau. Accompagnée par trois autres membres, Astrid va devoir poser l'engin et son équipage à la surface d'une planète désertique afin de sauver les survivants d'une base implantée sur place. Mais c'était sans compter sur la présence de vers des sables géants contre lesquels tous vont devoir tenter de survivre...


La profondeur de l'univers de Franck Herbert ayant ici fondu comme neige au soleil, on se retrouve avec un scénario écrit à quatre mains par Lauren Pritchard et Joe Roche parfaitement inintéressant. D'un classicisme repoussant les frontières de l'ennui, le film contient fort heureusement quelques séquences nanardesques du plus bel (et involontaire) effet ! L'un des sommets demeurant sans doute la séquence lors de laquelle deux représentants de sexe masculin situés dans une grotte tentent d'échapper à un vers. À elle seule, cette scène mérite l'attention des amateurs de nanars. Entre l'intégration de CGI totalement ratée et les deux acteurs tentant de nous faire croire qu'ils font usage de leurs forces afin de tirer une corde, la séquence pourrait bien devenir le nouvel emblème du Nanar ! Si seulement tout le film avait pu être de cet acabit. Mais du nanar jusqu'au navet il n'y a parfois qu'un tout petit pas à franchir. Un saut dans le néant que Planet Dune parvient malheureusement à franchir sans problèmes. Autant dire que perdre un peu moins d'une heure trente n'a aucun intérêt. Le film de Glenn Campbell et Tammy Klein n'aidera malheureusement pas les plus impatients à attendre jusqu'à la sortie de la seconde partie du diptyque consacré par le réalisateur canadien à l'univers de Dune...

 

samedi 24 septembre 2022

Alien : Mission sous haute tension (Alien Fury: Countdown to Invasion) de Rob Hedden (2000) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

Typique de la majorité des productions télévisuelles de science-fiction du début des années 2000, Alien : Mission sous haute tension (Alien Fury: Countdown to Invasion) n'est pas le genre de téléfilm à faire des remous dans sa catégorie. Écrit et réalisé par Rob Hedden dont la carrière est quasiment entièrement consacrée à la télévision, Alien : Mission sous haute tension met en scène le directeur d'un département de la défense américaine responsable de la surveillance de l'espace, à la recherche du moindre signe pouvant être émis par des extraterrestres. Alors qu'est menacée de fermeture la STRAW (le département en question), Bill Templer (l'acteur Dale Midkiff) ne trouve rien de mieux que d'évoquer la présence d'aliens installés dans l'un des cratères de la Lune. Il trafique ainsi des photos prises par un satellite et ceux qui voulaient jusqu'à maintenant fermer la division pour des raisons budgétaires s'intéressent désormais à l'affaire. Bientôt, certains agents découvrent cependant que le canular n'en est plus un : en effet, la présence d'extraterrestres s'avère bien réelle. Mais alors que l'un des employés de la STRAW s'est emparé de documents confidentiels afin de révéler la vérité au monde, il est pris en chasse par Ava Zurich (Chyna), la chef de sécurité du département. En outre, l'inspecteur Kevin Anjanette (Dondre T. Whitfield) s'intéresse de très près à l'affaire et décide d'enquêter de son côté...


Les amateurs de films d'horreur en général et de la franchise Vendredi 13 en particulier ne peuvent ignorer l'existence du réalisateur Rob Hedden puisqu'en 1989, il réalisa lui-même le huitième chapitre des aventures de Jason Voorhees, Vendredi 13, chapitre 8: L'ultime retour ainsi que deux épisodes de la série inspirée des méfaits de celui qui demeure toujours l'un des plus célèbres tueurs masqués de fiction. Cependant, avec Alien : Mission sous haute tension, nous nous retrouvons dans une autre catégorie de cinéma. De la science-fiction de bas étage, visuellement pénible à soutenir malgré un script de base plutôt intéressant. Imaginez : des extraterrestres établis sur la surface de la Lune et la menace prochaine d'une invasion ! Mais encore aurait-il fallut que le réalisateur et scénariste se donne les moyens d'offrir au projet les ressources nécessaires pour que le projet ressemble à autre chose qu'à une production à peine digne de figurer au catalogue de The Asylum !


Car Alien : Mission sous haute tension est... comment dire... laid! Durant une bonne moitié du récit, on hésite à appuyer sur stop pour ranger le dvd dans son boîtier et laisser le tout prendre la poussière tout en bas d'une étagère. Il est sans doute courant d'exprimer la chose de cette manière mais c'est encore comme ustensile pouvant caler un meuble bancal que le film et son support peuvent encore espérer avoir une utilité. Bon, reconnaissons que même si visuellement le téléfilm de Rob Hedden ne change pas d'un iota, les choses s'accélérant par la suite, on s'ennuie un peu moins lorsque les événements se précipitent, que l'on apprend la réalité de ce qui jusque là n'apparaissait que comme un canular, que le flic de service se lance dans la prospection et que Bill Templer, tout aussi ''toc'' qu'apparaisse son personnage, montre son vrai visage. Si j'osais, j'affirmerais que Alien : Mission sous haute tension est à ranger dans la catégorie des films du type L'invasion des profanateurs de sépultures ou de la série Les envahisseurs. SI J'OSAIS !!! Mais comme je me dégonfle assez facilement, je dirais plutôt qu'il s'intègre en réalité plus facilement dans celle des bonnes grosses daubes qui pullulent dans le genre. Une idée originale mais une mise en scène et une interprétation souvent plus que médiocres. Les effets-spéciaux ? C'est simple, ils sont aux abonnés absents. Tellement plus simple de cacher des envahisseurs derrière l'apparence d'êtres humains. Ce qui permet d'économiser pas mal de billets verts en terme de maquillages. Et dans le genre, Rob Hedden ne s'est pas fait prier ! Bref, passez votre chemin...

 

mercredi 21 septembre 2022

Riders to the Stars de Richard Carlson (1954) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

La science-fiction, ça n'est pas que d'étranges créatures venues d'ailleurs ou l'exploration de planètes lointaines. C'est d'abord la science des hommes mise à contribution de la conquête spatiale. C'est donc avec un certain réalisme qu'en 1954 le réalisateur américain Richard Carlson met en scène son premier long-métrage Riders to the Stars. Une œuvre construite de manière crédible et s'éloignant des récits farfelus qui voyaient de grotesques extraterrestres envahir le sol de notre planète. Les ambitions du long-métrages n'étant ni la conquête de la Lune et encore moins celle de Mars, le sujet tourne autour d'une mission à venir lors de laquelle des hommes seront choisis afin de récupérer au dessus de nos têtes et avant qu'ils ne traversent notre atmosphère, des minuscules astéroïdes ayant la capacité de conserver leur intégrité. En effet, contrairement à ce qu'ont récemment laissé envisager les débris d'une fusée devenus cassant au contact des rayonnements présents dans l'espace, l'étude de la compositions des astéroïdes pourrait permettre d'envisager de futurs voyages spatiaux habités. Rappelons que nous ne sommes qu'en 1954 et que le soviétique Youri Gagarine, premier homme à voyager dans l'espace, ne le fera à bord du Vostok que le 12 avril 1961. D'ici à ce que l'homme quitte l'atmosphère terrestre, les fantasmes vont bon train et l'imaginaire des scénaristes étant florissant, l'hypothétique danger que représente une sortie dans l'espace prend ici une allure tout à fait inattendue. Avec sérieux, le scénariste Curt Siodmak adapte l'histoire d'Ivan Tors avant de la soumettre au réalisateur Richard Carlson qui plutôt que de proposer un produit finit à la stricte destination du grand public observe une attention toute particulière envers le réalisme. C'est ainsi que Riders to the Stars prendra son temps pour envoyer sa poignée d'hommes dans l'espace. Car avant de voir les docteurs Richard Stanton et Jerry Lockwood s'envoler à bord de différentes fusées, les spectateurs auront droit à toute une série de tests et d'examens parmi lesquels un passage obligé dans une centrifugeuse montant jusqu'à 12G. Soit, autant de fois le poids d'un homme !


L'exploration de l'espace s'avère finalement moins intéressante que la formation des futurs pilotes de fusée à proprement parler. Cela est en partie dû à des effets-spéciaux particulièrement médiocres. Si durant plus d'une heure on croit à cette histoire pourtant passablement invraisemblable (un voyage d'à peine quinze minutes dans l'espace afin de récupérer ''à la volée'' des échantillons d'astéroïdes) et à peine gangrenée par l'une de ces sempiternelles bluettes qui étaient de mises à l'époque dans ce genre de production, les vingt dernières minutes approchent le désastre artistique. Si la sobriété des décors servant de laboratoire demeure cohérente, les futures visions intérieures des fusées, la terre vue de l'espace et les effets-spéciaux d'une manière générale sont de facture terriblement laides et datées. C'est d'autant plus dommage que les acteurs William Lundigan, Herbert Marshall, Richard Carlson ou Martha Hyer font le job ! Vues les qualités de la première partie (la plus longue), on pouvait exiger une exploration digne de nos attentes. Notons que le réalisateur (qui était également acteur) s'offre l'un des principaux rôles et que le film use de documents télévisés authentiques datant de la seconde guerre mondiale. Des archives américaines relatant divers lancements de la fameuse V-2 qui était de fabrication allemande. Malgré le sérieux de la démarche, le film sera à l'époque considéré de fantaisiste par le New York Time et relativement terne. On ne pourra nier le fait que le film n'est pas vraiment à destination du grand public. À vrai dire, le film est surtout une déception en raison d'un final totalement bâclé. Quant à Richard Carlson ''réalisateur'', il tournera trois autres longs-métrages cinéma avant de se tourner presque définitivement vers le petit écran...

 

vendredi 24 juin 2022

Cloverfield de Matt Reeves (2008) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Cloverfield demeure sans doute comme la franchise cinématographique à laquelle il manque le plus de fil conducteur. En effet, chaque épisode semble être indépendant des autres même si un lien ténu paraît raccorder les second et troisième volets au premier. Réalisé en 2008 par le génial Matt Reeves (Let me in, La planète des singes:suprématie, The Batman), Cloverfield va rapporter à ses producteurs six fois la mise de départ. L'un des points forts de ce found footage, ce sont bien évidemment ses excellents effets-spéciaux et cette manière si particulière de traiter le sujet comme le ferait un grand reporter en plein conflit militaire. Tout commence à l'époque par un énigmatique teaser qui laisse celles et ceux qui le découvrent avec leurs interrogations ainsi qu'un site étrange sur lequel le voyageur égaré mais néanmoins curieux pouvait relever quelques informations. Comme tout bon et mauvais film des genres qui dans le cas présent peuvent être considérés de catastrophe et de science-fiction, l'intrigue ne plonge pas directement les protagonistes au cœur du sensationnel événement qui va couvrir l'intrigue durant les soixante-cinq minutes à venir. D'ici à ce que l'attention des convives d'une fête organisée en l'honneur de Robert Hawkins (l'acteur Michael Stahl-David) soit détournée par un ''incident'' se déroulant pratiquement sous leurs fenêtres, il va falloir se frapper quasiment vingt minutes de métrage sans doute censées caractériser une poignée de personnages pour lesquels nous n'aurons malheureusement pas d'empathie particulière. Le but étant de suivre les péripéties de Robert, celui-ci est accompagné de Lily Ford (Jessica Lucas), de Marlena Diamond (Lizzy Caplan) mais aussi et surtout de son meilleur ami Hudson Platt (T.J.Miller) sans lequel, bien entendu, nous n'aurions assisté à aucune des images devant lesquelles nous allons demeurer figés puisqu'il est celui qui tiendra la caméra jusque dans les dernières minutes. L'action se déroule de nuit, dans les rue de New York, le 22 mai 2009. Mais après que les personnages nous aient été présentés, un bruit sourd et une énorme secousse interrompent les festivités. Dehors, c'est le chaos. Des centaines d'individus courent dans une même direction, tentant d'échapper à l'immense silhouette qui se profile au loin entre les buildings. En fait, une créature ayant surgit des eaux et dévastant tout sur son passage...


On pense bien entendu à la série de Kaijū qui déferla sur le Japon dès le milieu des années cinquante avec le premier d'entre eux, Gojira de Ishirō Honda. Et dans une moindre mesure à son adaptation cinquante-quatre ans plus tard sur le territoire américain avec le médiocre Godzilla de Roland Emmerich en 2018. Dix ans plus tard, le producteur J.J.Abrahms (Armageddon, Star Trek Into Darkness, Mission Impossible 3, 4, 5, 6, 7) va calmer tout le monde en produisant ce Cloverfield que personne n'attendait vraiment au tournant à part, sans doute, les fervents admirateurs vénérant Godzilla, Mothra, Gamera, King Ghidorah ou plus simplement King Kong... Pour bien comprendre les origines de la créature, il faudrait se référer au troisième volet de la franchise intitulé The Cloverfield Paradox et dans lequel la supposition selon laquelle le monstre aurait émergé du fond des océans est fausse. Un détail qui en 2008 apparaît sans importance puisque l'essentiel demeure pour l'instant la survie de l'espèce humaine concentrée sur la ''Grande Pomme'' et notamment celle de nos jeunes héros qui braveront tous les dangers dans l'espoir de retrouver l'ex petite amie de Robert, Elisabeth McIntyre (l'actrice Odette Yustman). Entre une armée qui n'hésite pas à envoyer la grosse artillerie au mépris du danger, une créature immense qui joue aux dominos avec les buildings, la traversée d'un tunnel infesté de rats mais aussi de bestioles arachnéennes, l'extraction de Beth au sommet d'un gratte-(à)ciel(ouvert), on n'a pas vraiment le temps de se tourner les pouces.


Les effets-spéciaux se montrent remarquables et renvoient aux dinosaures de Jurassic Park de Steven Spielberg. À la différence duquel Matt Reeves traite son sujet sous l'angle du reportage. Found Footage oblige, la caméra tremble souvent, pouvant ainsi causer quelques céphalées, mais dans l'ensemble, la lecture des événements est assez claire. Non content de relancer la mode des monstres géants avec infiniment plus de talent que Roland Emmerich dix ans auparavant, Cloverfield se permet quelques incartades dans le domaine de l'horreur plutôt convaincantes mais plonge surtout le spectateur au cœur du chaos, là où le danger est tout d'abord représenté par le cri inquiétant de la créature (il sera intéressant de se pencher sur la lecture d'articles consacrés au Bloop qui semble avoir servi de source d'inspiration au film). Si l'on devine peut-être trop rapidement quelle est la teneur du danger, Matt Reeves se retient malgré tout de filmer la créature dans son ensemble et exploite l'environnement new-yorkais, l'obscurité, le désordre qui règne et quelques éclairages bien sentis pour nous l'exposer avec parcimonie. Il faudra patienter jusqu'en 2016 avant de voir débarquer sur les écrans 10 Cloverfield Lane de Dan Trachtenberg et deux de plus pour découvrir cette fois-ci sur Netflix, le troisième opus The Cloverfield Paradox de Julius Onah. Notons qu'en 2018 est sorti sur les écrans le long-métrage Overlord de Julius Avery. Prévu pour être à l'origine le quatrième segment de la franchise, il s'avérera n'avoir finalement aucun lien. L'on attend cependant avec impatience la sortie prochaine (aucune date précise n'est avancée) du quatrième volet pour l'instant intitulé Cloverfield Sequel. Il s'agirait apparemment de la suite directe du film de Matt Reeves. En espérant pouvoir apporter prochainement de plus amples informations...

 

mercredi 15 juin 2022

Chronical : 2067 de Seth Lamey (2022) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


L'Australie fut l'un des fleurons (plutôt avare) de la science-fiction dans les années soixante-dix/quatre-vingt. D'emblée l'on pense évidemment aux deux premiers volets de la franchise post-apocalyptique Mad Max réalisés par George Miller. Beaucoup plus tard l'on eu même droit à l'un des plus incroyables longs-métrages tournant autour des boucles et paradoxes temporels, Prédestination de Michael et Peter Spierig. Nous pourrions élargir le spectre en ajoutant à cette très courte liste différents thèmes fantastiques (genre avec lequel la science-fiction se confond parfois) que revêtent les classiques de Peter Weir que sont La dernière vague et Les voitures qui ont mangé Paris, Harlequin de Simon Wincer ou Patrick de Richard Franklin mais ce serait s''éloigner un peu trop du sujet qui nous intéresse ici. Chronical : 2067 de Seth Lamey est le second long-métrage du réalisateur australien. Sa thématique risque tout d'abord de faire bondir les amateurs de science-fiction de leur siège. Imaginez donc qu'à la surface de notre planète l'air soit devenu irrespirable et que soit prise la décision d'envoyer dans le futur un homme capable de s'y renseigner afin de trouver une solution pour sauver l'humanité. Je sais ce que vous vous dites. Que le réalisateur et scénariste australien ne s'est apparemment pas trop emmerdé avec ce qui aurait dû lui servir de créativité puisque d'origine, le synopsis semble emprunter son ''originalité'' au formidable scénario que David Webb Peoples et Janet Peoples développèrent au milieu des années quatre-vingt dix pour le chef-d’œuvre de Terry Gilliam, L'armée des douze singes. Un script lui-même inspiré par le court-métrage français de Chris Marker La Jetée qui, soit dit en passant, est au mieux un roman-photo sonorisé, au pire une soirée diapositives terriblement ennuyeuse. En tous les cas, une œuvre beaucoup trop surestimée, n'en déplaise à son grand nombre de fans qui le portent aux nues de la science-fiction...


Ambitieux et parfois très joli même si certains décors (ceux de cités détruites) arborent une désespérante artificialité, Chronical : 2067 mêle voyage dans le temps, post-apocalyptique et donc, science-fiction. Drame également, avec le récit de ce jeune homme qui décidément n'a pas de chance dans la vie. Imaginez donc : un père scientifique qui se suicide alors que son fils n'est encore qu'un enfant. Une mère qui perd la vie durant un guet-apens alors que son rejeton n'a pas encore atteint l'âge de l'adolescence. Une petite amie qui beaucoup plus tard, sera atteinte d'une très grave maladie. Et puis, un sort qui s'acharne sur le jeune homme qu'est devenu Ethan Whyte : seul espoir de l'humanité, guidé par des scientifiques et par un intriguant message venu du futur s'affichant sur un panneau lumineux digne de ceux qui l'on trouve dans les Trains Express Régionaux français (oh, ça va, je rigole.......... en fait, non, je suis vraiment sérieux), lequel enjoint Ethan a faire le voyage vers le futur en se positionnant dans une étrange machine en forme de réacteur d'avion de ligne ! Tout seul... Comme un grand... Le poignet engoncé dans un drôle de boîtier électronique impossible à ôter que son père lui a ''offert'' il y a donc très longtemps avant de disparaître. Si quatre-cent ans plus tard l'air est redevenu respirable, certaines petites baies dont nos parents nous ont toujours dit de nous méfier demeurent quant à elle toujours aussi toxiques. Empoisonné et délirant, proche de la mort, Ethan voit surgir du passé (et donc de son présent) son ami Jude Mathers avec lequel il va entreprendre de trouver le remède au mal qui décime l'humanité en 2067...


Drôle de choix que d'avoir choisi l'acteur Kodi Smit-McPhee afin d'incarner Ethan Whyte. Celui-ci dégage effectivement très peu de charisme contrairement à son compagnon de route, l'acteur Ryan Kwanten. Mais bon, tout étant question de goût, on ne va pas s'éterniser sur le sujet. Comme nombre de films de science-fiction modernes,Seth Lamey attache beaucoup d'importance à la psychologie de son principal personnage. En découlent des séquences lors desquelles l'émotion tente une percée sans malheureusement y parvenir. Bien au contraire puisque c'est l'ennui qui s'impose à intervalles réguliers. Déjà que le film, sans être d'une mollesse à toutes épreuves, n'est pas très bien rythmé et qu'il perd les spectateurs dans un brouillard scénaristique aussi artificiel que la plupart des décors, l'ambitieux récit tombe malheureusement régulièrement à plat. Moralisateur et démagogue, on se doute bien qu'à un moment donné l'histoire va tordre le cou au concept de base pour nous trimballer dans un récit où la morale le disputera à la corruption et au nauséabond. La portée ''fantastique'' du récit est balayée par un ouragan faussement émotionnel qui veut que l'intérêt du sujet se porte moins sur l'espoir d'une humanité à l'agonie reposant sur un seul homme que sur les rapports qu'il entretient avec l'image de son père disparu et avec lequel il ''communiquera'' à travers des hologrammes. Pompeux, vain et ennuyeux, Chronical : 2067 arbore parfois de jolis décors qui promettaient à l'origine de superbes séquences d'exploration mais là encore, c'est la désillusion. Entre incohérences, propagande et confusion, le film du réalisateur australien est une assez mauvaise surprise dont la seule qualité sera de nous donner envie de redécouvrir le chef-d’œuvre de Terry Gilliam. Ce qui d'une certaine manière, n'est déjà pas si mal...

samedi 28 mai 2022

Starcrash de Luigi Cozzi (1979) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Quel rapport entre Maniac de William Lustig, The Last Horror Film de David Winters et Starcrash de Luigi Cozzi... ? La présence à l'image de l'immense Joe Spinell et de la sublime Caroline Munroe. Celle qui fut l'une des proies de l'un des tueurs en série de fiction les plus flippants de l'histoire du cinéma fut un an auparavant l'héroïne de l'un des nanars italiens les plus décomplexés. Et pourtant, à bien y réfléchir, Luigi Cozzi semble avoir très honnêtement et surtout très naïvement tenté d'apporter sa propre vision du cinéma de science-fiction grand public avec cette alternative ô combien nanardesque du classique réalisé en 1976 par George Lucas, La guerre des étoiles. D'emblée l'on écartera toute comparaison autre que celle d'une science-fiction foisonnante, (pas toujours très) inspirée, visant tous les types de public, du plus jeune au plus vieux et du néophyte au fans rompu au genre. Ce qui n'est déjà pas si mal. Starcrash a tout du grand nanar. L'ambition d'atteindre des sommets infranchissables malgré un budget trois fois moins important que pour la concurrence américaine. Cette ambition qui transparaît d'ailleurs même dans le doublage français, signe qu'à l'internationale, sans doute furent nombreux ceux qui estimèrent que le long-métrage du réalisateur italien méritait que l'on améliore le produit d'origine en confiant les voix principales à Jean Roche, notamment doubleur de Tom Skerritt dans Alien de Ridley Scott, de l'acteur Johnny Weissmuller à cinq reprises et même, (fruit du hasard?), de Biggs Darklighter dans La guerre des étoiles, ainsi qu'à Évelyne Séléna qui fut la voix de Sue Ellen Ewing dans la série télévisée américaine (et culte) Dallas ainsi que celle de.... devinez.... Oui, celle de la Princesse Leia de La guerre des étoiles, une fois encore. Inutile d'espérer faire croire plus longtemps que la relation entre l'un et l'autre des deux films n'est que le fruit du hasard...


Maquettes de vaisseaux en plastique, espace coloré constitué d'étoiles jaunes et de planètes rouges, bleues, vertes,etc..., costumes ultra-kitsch, mais aussi (et pour pouvoir revenir une fois de plus sur la principale source d'inspiration du film), des sabres-laser et la présence d'un robot au doux nom de Elias (costume sous lequel se planque l'acteur Judd Hamilton) qui renvoie inévitablement au C-3PO de... Et oui, encore et toujours La guerre des étoiles. C'est sûr, ça commence à faire beaucoup. L'emploi d'idées pas toutes neuves ne s'arrêtant pas là, Luigi Cozzi va en remettre une couche en s'éloignant cette-fois des emprunts faits à George Lucas. Outre la présence d'un Davil Hasseloff aux yeux recouverts de rimel ou d'hommes des cavernes débarquant sans prévenir, le réalisateur italien ne sachant peut-être plus trop où donner de la tête afin de rendre le spectacle encore plus attractif, celui-ci ose carrément plagier (il n'y a vraiment pas d'autre mot) l'un des classiques du cinéma d'aventures fantastiques signé de Don Chaffey en 1963. En effet, Luigi Cozzi puise dans cette œuvre toujours aussi remarquable qu'est Jason et les argonautes en s'inspirant de l'une des séquences les plus folles et impressionnantes du long-métrage : celle où les hommes de Jason (appelés argonautes), affrontent l'immense colosse de bronze Talos sur l'île de Crête. Une séquence hallucinante tant son rapprochement avec celle qui fut à l'époque animée par le spécialiste de la Stop-Motion Ray Harrihausen est indubitable !


Caroline Munroe, ce sont ses magnifiques yeux noirs, son regard intense et son affolante silhouette, aux côtés d'un Marjoe Gortner tout sourire, ancien adepte du mouvement Réveil Religieux qui a beau ici montrer toutes ses dents mais qui ne parvient pas à faire tout à fait oublier le sinistre personnage du soldat réserviste Jody Joad qu'il tint dans l'excellent film catastrophe Tremblement de terre de Mark Robson (œuvre qui fut nommée à cinq reprises aux Oscars de 1975 et remporta ceux du meilleur son et des meilleurs effets visuels). Face à ce duo qui incarne les aventuriers Stella Star et Akton dont la mission est de défaire l'infâme Comte Zarth Arn, l'acteur Joe Spinell, inoubliable dans Maniac, ce cauchemar urbain réaliste, gore et morbide, incarne le méchant du film. Mais plutôt que de conserver l'incroyable aura que lui procure son impressionnant visage, l'acteur y perd de sa superbe. En cause, des costumes et une coiffure absolument ridicules que l'on n'oserait peut-être même pas faire endosser à un représentant du phénomène Queer ! Starcrash ressemble à un grand fourre-tout manquant de cohérence. À trop vouloir bourrer son œuvre jusqu'à la gueule de bonnes intentions, Luigi Cozzi finit par perdre le public, d'autant plus que le film n'est en réalité, pas vraiment passionnant et doté d'effets-spéciaux pas toujours très réussis. Reste que les adeptes de séries plus Z que B y trouveront là un candidat de poids. Le nanar kitsch par excellence...

 

mercredi 25 mai 2022

La Terra dei Figli de Claudio Cupellini (2022) - ★★★★★★☆☆☆☆

 

 


 

''Sur les causes et les motifs qui menèrent à la fin, on aurait pu écrire des chapitres entiers dans des livres d'histoire... Mais après la fin, aucun livre ne fut plus écrit''... Mais un film, lui, prit la relève et nous conta ce qu'il advint de notre planète et de son humanité après qu'un étrange fléau ait mis fin à toute civilisation... Il semblerait que depuis peu, le cinéma fantastique, horrifique et de science-fiction italien connaisse une résurgence comme l'a récemment souligné avec une indiscutable crédibilité, le chef-d’œuvre de Gabriele Mainetti. Freaks Out. Serait-ce au tour du réalisateur Claudio Cupellini de nous prouver à nouveau que le bon côté de la chose se situe désormais dans le camp de celles et ceux qui s'expriment AUSSI avec leurs mains ? Ce long-métrage dont on attend probablement (ou bien sans doute) un peu trop s'intitule La Terra dei Figli (Le pays des enfants). L'espoir se trouve peut-être à quelques années de distance dans un futur que dépeint cette œuvre de science-fiction post-apocalyptique rendue disponible en VOD depuis hier. CRAINTE... Car a priori l'on assiste à une boucle temporelle qui indéfiniment ramène toujours le cinéma au point de départ. De ces univers qui dépeignent un monde dévasté, où l'homme, quelque soit sa constitution, tente de survivre par ses propres moyens. Avec plus ou moins de rage ou de sagesse. Le pays de la mozzarella di bufala, du carpaccio ou des lasagnes est un habitué ancestral de ce sous-genre qui dans les années quatre-vingt notamment, a donné naissance à une progéniture parfois informe mais dont une grande majorité de ses exemplaires a gagné ses galons de films cultes ! Aujourd'hui, reproduire ces miraculeuses bobines est mission pratiquement impossible. Seuls des ersatz survitaminés, bourrés de CGI mal fagotés, tentent de reproduire la recette sans jamais y parvenir. Manque des ingrédients devenus introuvables qui portaient, au hasard, les noms devenus d'une certaine manière, ''prestigieux'', de Bruno Mattei (Les rats de Manhattan), Sergio Martino (2019, après la chute de New York) ou Enzo G. Castellari (Les guerriers du Bronx)... et la liste est encore longue...


Mais trêve d'incertitude et de bavardages et place à l'action. Claudio Cupellini nous épargne malheureusement d'emblée ces mastodontes de verre, de béton et d'acier qui trônèrent au centre des grandes villes, désormais bouffés par une mère Nature redessinant ses propres contours comme une multitude de cancers en phase terminale. Ici, c'est la mer, à perte de vue, précédée par une plage de sable fin jonchée de bois flottants. Puis s'invitent des marécages et quelques bâtisses rudimentaires. Image léchée mais tonalités automnales. La Terra dei Figli se situe dans un tempo qui s'éloigne drastiquement de ce que l'on avait l'habitude de voir quarante ans en arrière. Y domine alors la contemplation. Un univers quasi figé, prostré dans la solitude de sa poignée de protagonistes. Va s'y jouer alors le destin d'un gamin dont le père vient tout juste de disparaître (au sens propre comme au figuré) et qui derrière lui a laissé un carnet de notes. Problème, le jeune ''Il figlio'' qu'interprète l'acteur Leon de la Vallée est illettré et n'est donc pas en mesure de déchiffrer son contenu. Désormais laissé à l'abandon dans un univers potentiellement hostile, l'adolescent décide de quitter le lieu de vie qu'il partageait jusque là avec son père pour découvrir le monde. Une initiation qui aura notamment pour but de trouver sur sa route, celui ou celle qui sera en mesure de lui révéler ce que contient le carnet de notes de son père. Voyage en terres désolées, dans un univers post-apocalyptique et ouvrage en main, on croirait presque le scénario de Claudio Cupellini, Guido Iuculano et Filippo Gravino inspiré par le formidable Livre d'Eli des frères Albert et Allen Hughes et par leurs scénaristes Gary Whitta et Anthony Peckham. Et pourtant, rien de commun puisque La Terra dei Figli est en réalité une adaptation du roman graphique La Terre des Fils de Gipi...


Si le rythme très particulier risque de miner l'intérêt des fans de science-fiction post-apocalyptique italienne de la première heure, ce sera sans doute parce que le réalisateur italien a préféré au sensationnel, choisir une approche plus personnelle et intimiste. Ici, rien de chaotique ni de survolté. Le réalisateur australien George Miller peut dormir sur ses deux oreilles puisque La Terra dei Figli n'est pas de ces œuvres ultra nerveuses et forcément barbares. À force de boire son café sans sucre, on n'en perçoit plus l'amertume. Et bien, c'est ici tout le contraire. Balayé par le vent et écrasé par des couches de nuages successives, le film de Claudio Cupellini s'octroie tout de même quelques moments d'intense péripéties qui ne transformeront pourtant pas finalement l’œuvre en un objet tout à fait remarquable. Entre quête de réponses et désespérance, il manque peut-être un crescendo qui aurait permis de faire avancer le récit vers une stupéfiante conclusion. Bouleversée mais pas bouleversante, la tragédie qui entoure la jeune Maria (l'actrice Maria Roveran) arrive sans doute trop précipitamment. En tout cas, bien trop tôt pour que la caractérisation du personnage permette une réelle empathie vis à vis du spectateur. Pour être tout à fait honnête,ceux qui pensaient que le film manquait de ces quelques éléments qui constituent l'essentiel de ce genre de projet, le voyage ne se fera pas tout à fait sans heurts. Il arrivera même à La Terra dei Figli d'être touchant, certes dans de toutes petites proportions. Une émotion qui pourra se présenter sous la forme d'un homme au visage sans doute abîmé par ce fléau qui détruisit toute civilisation. Au point de regretter que le superbe violoncelle qui accompagne la composition musicale de Francesco Motta n'ait pas marqué plus intensément les aventures du jeune héros. Si le film avait bénéficié dans de plus larges proportions du climat troublant que revêt cette séquence, sans doute aurait-il pu prétendre au titre de l'une des grandes œuvres de science-fiction de l'année 2022. Malheureusement, et malgré ses qualités, La Terra dei Figli risque de s'oublier relativement vite...

 

 

LinkWithin

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...