samedi 28 mai 2022

Starcrash de Luigi Cozzi (1979) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Quel rapport entre Maniac de William Lustig, The Last Horror Film de David Winters et Starcrash de Luigi Cozzi... ? La présence à l'image de l'immense Joe Spinell et de la sublime Caroline Munroe. Celle qui fut l'une des proies de l'un des tueurs en série de fiction les plus flippants de l'histoire du cinéma fut un an auparavant l'héroïne de l'un des nanars italiens les plus décomplexés. Et pourtant, à bien y réfléchir, Luigi Cozzi semble avoir très honnêtement et surtout très naïvement tenté d'apporter sa propre vision du cinéma de science-fiction grand public avec cette alternative ô combien nanardesque du classique réalisé en 1976 par George Lucas, La guerre des étoiles. D'emblée l'on écartera toute comparaison autre que celle d'une science-fiction foisonnante, (pas toujours très) inspirée, visant tous les types de public, du plus jeune au plus vieux et du néophyte au fans rompu au genre. Ce qui n'est déjà pas si mal. Starcrash a tout du grand nanar. L'ambition d'atteindre des sommets infranchissables malgré un budget trois fois moins important que pour la concurrence américaine. Cette ambition qui transparaît d'ailleurs même dans le doublage français, signe qu'à l'internationale, sans doute furent nombreux ceux qui estimèrent que le long-métrage du réalisateur italien méritait que l'on améliore le produit d'origine en confiant les voix principales à Jean Roche, notamment doubleur de Tom Skerritt dans Alien de Ridley Scott, de l'acteur Johnny Weissmuller à cinq reprises et même, (fruit du hasard?), de Biggs Darklighter dans La guerre des étoiles, ainsi qu'à Évelyne Séléna qui fut la voix de Sue Ellen Ewing dans la série télévisée américaine (et culte) Dallas ainsi que celle de.... devinez.... Oui, celle de la Princesse Leia de La guerre des étoiles, une fois encore. Inutile d'espérer faire croire plus longtemps que la relation entre l'un et l'autre des deux films n'est que le fruit du hasard...


Maquettes de vaisseaux en plastique, espace coloré constitué d'étoiles jaunes et de planètes rouges, bleues, vertes,etc..., costumes ultra-kitsch, mais aussi (et pour pouvoir revenir une fois de plus sur la principale source d'inspiration du film), des sabres-laser et la présence d'un robot au doux nom de Elias (costume sous lequel se planque l'acteur Judd Hamilton) qui renvoie inévitablement au C-3PO de... Et oui, encore et toujours La guerre des étoiles. C'est sûr, ça commence à faire beaucoup. L'emploi d'idées pas toutes neuves ne s'arrêtant pas là, Luigi Cozzi va en remettre une couche en s'éloignant cette-fois des emprunts faits à George Lucas. Outre la présence d'un Davil Hasseloff aux yeux recouverts de rimel ou d'hommes des cavernes débarquant sans prévenir, le réalisateur italien ne sachant peut-être plus trop où donner de la tête afin de rendre le spectacle encore plus attractif, celui-ci ose carrément plagier (il n'y a vraiment pas d'autre mot) l'un des classiques du cinéma d'aventures fantastiques signé de Don Chaffey en 1963. En effet, Luigi Cozzi puise dans cette œuvre toujours aussi remarquable qu'est Jason et les argonautes en s'inspirant de l'une des séquences les plus folles et impressionnantes du long-métrage : celle où les hommes de Jason (appelés argonautes), affrontent l'immense colosse de bronze Talos sur l'île de Crête. Une séquence hallucinante tant son rapprochement avec celle qui fut à l'époque animée par le spécialiste de la Stop-Motion Ray Harrihausen est indubitable !


Caroline Munroe, ce sont ses magnifiques yeux noirs, son regard intense et son affolante silhouette, aux côtés d'un Marjoe Gortner tout sourire, ancien adepte du mouvement Réveil Religieux qui a beau ici montrer toutes ses dents mais qui ne parvient pas à faire tout à fait oublier le sinistre personnage du soldat réserviste Jody Joad qu'il tint dans l'excellent film catastrophe Tremblement de terre de Mark Robson (œuvre qui fut nommée à cinq reprises aux Oscars de 1975 et remporta ceux du meilleur son et des meilleurs effets visuels). Face à ce duo qui incarne les aventuriers Stella Star et Akton dont la mission est de défaire l'infâme Comte Zarth Arn, l'acteur Joe Spinell, inoubliable dans Maniac, ce cauchemar urbain réaliste, gore et morbide, incarne le méchant du film. Mais plutôt que de conserver l'incroyable aura que lui procure son impressionnant visage, l'acteur y perd de sa superbe. En cause, des costumes et une coiffure absolument ridicules que l'on n'oserait peut-être même pas faire endosser à un représentant du phénomène Queer ! Starcrash ressemble à un grand fourre-tout manquant de cohérence. À trop vouloir bourrer son œuvre jusqu'à la gueule de bonnes intentions, Luigi Cozzi finit par perdre le public, d'autant plus que le film n'est en réalité, pas vraiment passionnant et doté d'effets-spéciaux pas toujours très réussis. Reste que les adeptes de séries plus Z que B y trouveront là un candidat de poids. Le nanar kitsch par excellence...

 

mercredi 25 mai 2022

La Terra dei Figli de Claudio Cupellini (2022) - ★★★★★★☆☆☆☆

 

 


 

''Sur les causes et les motifs qui menèrent à la fin, on aurait pu écrire des chapitres entiers dans des livres d'histoire... Mais après la fin, aucun livre ne fut plus écrit''... Mais un film, lui, prit la relève et nous conta ce qu'il advint de notre planète et de son humanité après qu'un étrange fléau ait mis fin à toute civilisation... Il semblerait que depuis peu, le cinéma fantastique, horrifique et de science-fiction italien connaisse une résurgence comme l'a récemment souligné avec une indiscutable crédibilité, le chef-d’œuvre de Gabriele Mainetti. Freaks Out. Serait-ce au tour du réalisateur Claudio Cupellini de nous prouver à nouveau que le bon côté de la chose se situe désormais dans le camp de celles et ceux qui s'expriment AUSSI avec leurs mains ? Ce long-métrage dont on attend probablement (ou bien sans doute) un peu trop s'intitule La Terra dei Figli (Le pays des enfants). L'espoir se trouve peut-être à quelques années de distance dans un futur que dépeint cette œuvre de science-fiction post-apocalyptique rendue disponible en VOD depuis hier. CRAINTE... Car a priori l'on assiste à une boucle temporelle qui indéfiniment ramène toujours le cinéma au point de départ. De ces univers qui dépeignent un monde dévasté, où l'homme, quelque soit sa constitution, tente de survivre par ses propres moyens. Avec plus ou moins de rage ou de sagesse. Le pays de la mozzarella di bufala, du carpaccio ou des lasagnes est un habitué ancestral de ce sous-genre qui dans les années quatre-vingt notamment, a donné naissance à une progéniture parfois informe mais dont une grande majorité de ses exemplaires a gagné ses galons de films cultes ! Aujourd'hui, reproduire ces miraculeuses bobines est mission pratiquement impossible. Seuls des ersatz survitaminés, bourrés de CGI mal fagotés, tentent de reproduire la recette sans jamais y parvenir. Manque des ingrédients devenus introuvables qui portaient, au hasard, les noms devenus d'une certaine manière, ''prestigieux'', de Bruno Mattei (Les rats de Manhattan), Sergio Martino (2019, après la chute de New York) ou Enzo G. Castellari (Les guerriers du Bronx)... et la liste est encore longue...


Mais trêve d'incertitude et de bavardages et place à l'action. Claudio Cupellini nous épargne malheureusement d'emblée ces mastodontes de verre, de béton et d'acier qui trônèrent au centre des grandes villes, désormais bouffés par une mère Nature redessinant ses propres contours comme une multitude de cancers en phase terminale. Ici, c'est la mer, à perte de vue, précédée par une plage de sable fin jonchée de bois flottants. Puis s'invitent des marécages et quelques bâtisses rudimentaires. Image léchée mais tonalités automnales. La Terra dei Figli se situe dans un tempo qui s'éloigne drastiquement de ce que l'on avait l'habitude de voir quarante ans en arrière. Y domine alors la contemplation. Un univers quasi figé, prostré dans la solitude de sa poignée de protagonistes. Va s'y jouer alors le destin d'un gamin dont le père vient tout juste de disparaître (au sens propre comme au figuré) et qui derrière lui a laissé un carnet de notes. Problème, le jeune ''Il figlio'' qu'interprète l'acteur Leon de la Vallée est illettré et n'est donc pas en mesure de déchiffrer son contenu. Désormais laissé à l'abandon dans un univers potentiellement hostile, l'adolescent décide de quitter le lieu de vie qu'il partageait jusque là avec son père pour découvrir le monde. Une initiation qui aura notamment pour but de trouver sur sa route, celui ou celle qui sera en mesure de lui révéler ce que contient le carnet de notes de son père. Voyage en terres désolées, dans un univers post-apocalyptique et ouvrage en main, on croirait presque le scénario de Claudio Cupellini, Guido Iuculano et Filippo Gravino inspiré par le formidable Livre d'Eli des frères Albert et Allen Hughes et par leurs scénaristes Gary Whitta et Anthony Peckham. Et pourtant, rien de commun puisque La Terra dei Figli est en réalité une adaptation du roman graphique La Terre des Fils de Gipi...


Si le rythme très particulier risque de miner l'intérêt des fans de science-fiction post-apocalyptique italienne de la première heure, ce sera sans doute parce que le réalisateur italien a préféré au sensationnel, choisir une approche plus personnelle et intimiste. Ici, rien de chaotique ni de survolté. Le réalisateur australien George Miller peut dormir sur ses deux oreilles puisque La Terra dei Figli n'est pas de ces œuvres ultra nerveuses et forcément barbares. À force de boire son café sans sucre, on n'en perçoit plus l'amertume. Et bien, c'est ici tout le contraire. Balayé par le vent et écrasé par des couches de nuages successives, le film de Claudio Cupellini s'octroie tout de même quelques moments d'intense péripéties qui ne transformeront pourtant pas finalement l’œuvre en un objet tout à fait remarquable. Entre quête de réponses et désespérance, il manque peut-être un crescendo qui aurait permis de faire avancer le récit vers une stupéfiante conclusion. Bouleversée mais pas bouleversante, la tragédie qui entoure la jeune Maria (l'actrice Maria Roveran) arrive sans doute trop précipitamment. En tout cas, bien trop tôt pour que la caractérisation du personnage permette une réelle empathie vis à vis du spectateur. Pour être tout à fait honnête,ceux qui pensaient que le film manquait de ces quelques éléments qui constituent l'essentiel de ce genre de projet, le voyage ne se fera pas tout à fait sans heurts. Il arrivera même à La Terra dei Figli d'être touchant, certes dans de toutes petites proportions. Une émotion qui pourra se présenter sous la forme d'un homme au visage sans doute abîmé par ce fléau qui détruisit toute civilisation. Au point de regretter que le superbe violoncelle qui accompagne la composition musicale de Francesco Motta n'ait pas marqué plus intensément les aventures du jeune héros. Si le film avait bénéficié dans de plus larges proportions du climat troublant que revêt cette séquence, sans doute aurait-il pu prétendre au titre de l'une des grandes œuvres de science-fiction de l'année 2022. Malheureusement, et malgré ses qualités, La Terra dei Figli risque de s'oublier relativement vite...

 

 

lundi 9 mai 2022

Les maîtres du monde (The Puppet Masters) de Stuart Orme (1994) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Devinette : si je vous dis qu'il s'agit d'un long-métrage de science-fiction, que son principal interprète se nomme Donald Sutherland, que le récit tourne autour d'une invasion de créatures extraterrestres, que celles-ci prennent possession du corps de leurs victimes et que ces dernières hurlent en ouvrant grande leur bouche, forcément, tout ceci devrait logiquement vous évoquer l'un des grands classiques du genre réalisé par Philip Kaufman en 1978 et intitulé Invasion of the Body Snatchers. Mais comme vous êtes une bande de petits malins et que vous avez d'emblée jeté un œil à l'affiche qui trône en bas de cet article, vous savez déjà qu'il n'en est rien. À dire vrai, vous allez surtout rapidement vous rendre compte en visionnant The Puppet Masters, tout aussi cheap que puisse s'avérer son titre (tout comme peut d'ailleurs l'être sa traduction française, Les Maîtres du monde), que le long-métrage de Stuart Orme ressemble parfois davantage à un autre grand classique de la science-fiction. Un chef-d’œuvre qui en 1988 remporta notamment le Grand Prix au festival international du film fantastique d'Avoriaz. Un Certain The Hidden, merveille absolue du genre auquel son réalisateur Jack Sholder imprima notamment un rythme quasi ininterrompu, des scènes d'action en veux-tu, en voilà, ainsi que quelques séquences émotion. Car plus que ce qui rapproche The Puppet Masters de l’œuvre de Philip Kaufman, ce sont ces détails particulièrement troublants qui laissent supposer que les trois scénaristes Ted Elliott, Terry Rossio et David S. Goyer aient pu piocher dans le scénario de Jim Couf, l'auteur du script de The Hidden. Et pourtant, que nenni puisque les trois hommes ont surtout adapté pour le grand écran, le roman de l'écrivain américain Robert A. Heinlein qui lui, date de 1951. S'impose alors la question suivante : qui de l’œuf ou de la poule est apparu en premier ?


Nous sommes en 1994. Andrew Nivens (Donald Sutherland) et son fils Sam (Eric Thal) sont envoyés en mission dans la petite ville d'Ambroose située dans l'Iowa. C'est là-bas que parait-il se serait écrasée une soucoupe volante. Accompagnés de Mary Sefton (Julie Warner), une exobiologiste, les deux hommes vont rapidement découvrir qu'il s'y passe des choses étranges. Le vaisseau en question est rapidement devenu l'objet d'une attraction touristique permettant à quiconque accepte de payer la somme de trois dollars d'en visiter l'intérieur. Andrew, Sam et Mary constatent cependant que toutes celles et ceux qui en reviennent se comportent de manière relativement curieuse. Et voici que l'on découvre une autre similitude avec Invasion of the Body Snatchers puisque chaque visiteur laisse le sentiment d'y avoir abandonné toute émotion. Mais alors, quels rapport entretient le long-métrage de Stuart Orme avec celui de Jack Sholder me direz-vous ? La présence de créatures qui, si dans The Hidden, celle-ci se cachait à l'intérieur des organismes, dans The Puppet Masters, elles ont plutôt tendance à se fixer entre les omoplates de leurs victimes. L'on passe alors de l'unique créature à un nombre incalculable. D'où une invasion programmée se disséminant dans toutes les couches de la société, mais avec pour but ultime, prendre possession du corps du président des États-Unis d'Amérique. Comme dans The Hidden dans lequel, la créature tentait de s'emparer du corps du sénateur Holt, probable candidat à la future élection présidentielle...


Stuart Orme ne perd pas un instant et alors que nos trois héros sont sur place, il ne leur faut pas plus d'une poignée de minutes pour deviner et mettre à jour l'invasion. Si le spectateur ne se plaindra pas que les personnages soient jetés aussi rapidement dans le feu de l'action, tout ceci manque par contre cruellement de vraisemblance. À croire que le trio est doté de la faculté d'omniscience. En comparaison des deux mastodontes de la science-fiction évoqués plus haut, The Puppet Masters paraît bien faible. Une sympathique série B tout au plus pourtant nominée au Saturn Award du meilleur film de science-fiction à l'époque. Si d'emblée la présence de Donald Sutherland ravivera d'excellents souvenirs au fans du genre, le film de Stuart Orme s'avère en fin de compte relativement anecdotique. D'autant plus que dans l'approche du mimétisme ou de l'appropriation des organismes humains, on pourra ajouter bien des films lui étant plus ou moins supérieurs. Tels, The Thing et Invasion Los Angeles de John Carpenter, The Faculty de Robert Rodriguez, Body Snatchers d'Abel Ferrara et The Invasion d'Oliver Hirschbiegel et James McTeigue (les troisième et quatrième adaptations du roman L'Invasion des profanateurs de Jack Finney paru en 1955) ou encore dans une moindre mesure, la mini-série Invasion d'Armand Mastroianni avec Luke Perry de la série Beverly Hills 90210 dans laquelle il interprétait le rôle de Dylan McKay... Sympa, sans plus...

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