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lundi 31 mars 2025

Transformations de Jay Kamen (1988) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Parmi les nombreuses productions estampillées Empire International Pictures l'on trouve Ghoulies de Luca Bercovici, Troll deJohn Carl Buechler, TerrorVision de Ted Nicolaou, From Beyond de Stuart Gordon, Crepozoids de David DeCocteau, Intruder de Scott Spiegel ou encore Prison de Renny Harlin. De la série B, voire X, Y ou Z dans le meilleur et le pire des cas. Transformations de Jay Kamen se trouve à lisière des uns et des autres, mêlant comme parfois chez le distributeur Charles Band, différents univers empruntant à la science-fiction, l'horreur ou le fantastique. Dans des décors que l'on raccordera parfois à ceux des séries L'âge de cristal et Battlestar Galactica, l'astronaute John Wolf (Wolfgang Shadduck dans la version originale) est aux commandes d'une navette qui vient s'échouer à la surface de la colonie pénitentiaire Hephaestus IV. Une planète qui ''accueille'' en majorité des criminels exilés afin d'y travailler de force dans des mines. Là, John Wolf (Rex Smith) fait la connaissance de la très jolie Miranda (Lisa Langlois). Jeune infirmière née illégalement sur Hephaestus IV . En effet, alors que les femmes transférée à la surface de la planète sont en général stérilisées pour ne pas avoir d'enfants, la mère de Miranda fut épargnée par le médecin qui s'occupa d'elle durant sa grossesse. Aujourd'hui infirmière devant assumer seule les soins des habitants de la planète, la jeune femme est chargée de veiller sur John, lequel est contraint de demeurer sur place jusqu'à la réparation de sa navette. Les règles ici sont simples : à la première transgression des lois qui régissent Hephaestus IV, c'est la mort. Ce qui n'empêchera pas notre vaillant héros de quitter sa chambre d’hôpital pour aller faire un tour dans le bar de la station...L'on découvre un chaud lapin en la personne de John. Il faut dire que tout autant qu'elles soient grimées comme des créatures humanoïdes vaguement extraterrestres, les actrices sont souvent d'une grande beauté et d'un physique agréable. John va en profiter pour s'assurer que son ''matos'' fonctionne encore depuis qu'il a atterri sur la planète. Mais ce que lui et les habitants de Hephaestus IV ne savent pas encore, c'est qu'il est atteint d'une étrange maladie particulièrement contagieuse qui provoque une horrible mutation. La ''Transformation'' du titre, laquelle est en relation directe avec un ''rêve'' étrange qu'il fit à bord de son engin... Travaillant plus tard sur la supervision sonore de longs-métrages populaires comme À la poursuite d'Octobre Rouge de John McTiernan, Mort ou vif de Sam Raimi ou encore Independence Day de Roland Emmerich, Jay Kamen a durant sa carrière, multiplié les casquettes :


Monteur, auteur d'une bande originale pour le court-métrage Not Your Time qu'il réalisa lui-même en 2010, producteur et parfois même acteur pour son propre compte, le réalisateur signe avec Transformations une comédie de science-fiction horrifique visiblement à petit budget. Comme semblent l'indiquer les décors et les costumes. Techniquement largué, le long-métrage est un salmigondis d'idées et d'approches visuelles et esthétiques empruntées ici et là, que l'on retrouve donc parfois dans les séries évoquées plus haut mais aussi dans ce qui deviendra beaucoup plus tard l'un des fonds de commerce de la science-fiction sur grand écran : la dystopie. S'il n'est pas le premier à évoquer l'hypothèse de transformer une planète en prison puisque John Carpenter en avait déjà posé les bases avec le génial New-York 1997 en 1981, il précède de quatre années le ALIEN³ de David Fincher qui ne sera donc réalisé que quelques années plus tard ou ces films futuristes qui prennent pour cadre des prison spatiales comme Fortress 2 : Réincarcération de Geoff Murphy en 2000, Dante 01 de Marc Caro ou Lock Out (Sécurité maximale) de James Mather et Stephen St. Leger. Transformations fait œuvre de parent pauvre du genre et n'apparaît donc pas très sérieux. D'autant plus que le personnage incarné de manière plutôt légère par Rex Smith n'arrange pas les choses. Notons que parmi les interprètes secondaires l'on retrouve l'acteur Patrick Macnee, rendu célèbre pour le rôle de John Steed dans la série télévisée britannique Chapeau melon et bottes de cuir dès le début des années 1960 en Angleterre. Doté d'effets-spéciaux parfois cradingues directement liés à la lente mutation du héros ou à la créature qui en est directement la cause, le film de Jay Kamen n'est pas déplaisant à regarder. Et ce, même si les quelques séquences ''horizontales'' sont filmées sans trop d'engouement. On rêve à l'idylle entre John et Miranda qui décidément envoûte par son charme. Une Miranda qui, dans la version française, change subitement et étrangement de prénom pour s'appeler ensuite Muriel ! Bref, Transformations est une petite série B sympathique qui mérite d'être découverte... une fois, pas deux !

 

mardi 11 mars 2025

Companion de Drew Hancock (2025) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Pour son tout premier long-métrage, le réalisateur et scénariste américain Drew Hancock a signé l'une meilleures surprises de ce début d'année 2025. Difficile en effet de n'y point voir un mélange des genres si intelligent que Companion réunira aussi bien les amateurs de comédies, de thrillers que certains fans de science-fiction. Il va par contre dès le départ falloir se faire à l'idée de ne surtout pas avoir la curiosité de jeter un œil à la bande-annonce. Pire, une fois que l'erreur aura été commise, certains twists survenant lors du récit n'auront pas tout à fait la même saveur. Il devient par conséquent assez compliqué d'évoquer Companion sans être contraint d'en révéler certains soubassements. Dès lors, quel type d'informations peut-on divulguer sans se retrouver sous un flot d'insultes lancées par celles et ceux qui ne l'auraient pas encore découvert ? Et bien pour commencer, que le film budgété à hauteur de dix millions de dollars est tout d'abord incarné par la très craquante Sophie Thatcher qui à l'image interprète Iris, la compagne de Josh (Jack Quaid, fils des acteurs Dennis Quaid et Meg Ryan) dont elle est follement éprise. Le couple est convié à retrouver trois amis dans la luxueuse propriété d'un certain Sergey (Rupert Friend), un riche homme d'affaire qui les accueille donc chez lui pour quelques jours. Iris est angoissée à l'idée de se retrouver ainsi en réunion. D'autant plus que la compagne de leur hôte (Megan Suri dans le rôle de Kat) l'accueille assez froidement. Pour compléter le tableau, Eli (Harvey Guillén) et Patrick (Lukas Gage) forment un couple homosexuel lui aussi très amoureux. Je sais déjà ce que certains penseront d'emblée au fil du récit. Déployant une configuration qui semble entrer de plain-pied dans la mouvance Woke, Companion se satisfait suffisamment de son ton très second degré pour que l'approche semble-t-il parfois très opportuniste ne gâche absolument pas le spectacle. Tourné dans un cadre aéré et lumineux, le long-métrage de Drew Hancock démarre donc comme une sempiternelle réunion de camarades qui le temps d'un week-end feront la fête avant que ne survienne un imprévu. Sauf que la voie que choisi l'auteur est beaucoup plus nuancée. Bon, maintenant, très chers amis, permettez-moi d'en révéler un peu plus sur son contenu. Et si vous ne l'avez pas encore vu, je vous conseille d'arrêter tout de suite la lecture de cet article.


[SPOIL]. Dès le lendemain de leur arrivée chez Sergey, Josh conseille à Iris d'aller se détendre au bord du lac qui jouxte la propriété. Rejointe rapidement par l'hôte des lieux, celui-ci se montre particulièrement entreprenant. Témoignant d'ailleurs de la complicité de sa compagne Kat et du petit ami d'Iris ! Agressée sexuellement puis étranglée, la jeune femme se défend en sortant de sa poche un couteau (dont la présence, rassurez-vous, n'est pas inopinée) avant ce l'enfoncer dans la gorge de Sergey [fin du SPOIL]. Une fois de retour dans la demeure et le haut du corps ensanglanté, Iris affirme que Sergey a tenté de la tuer et qu'elle n'a fait que se défendre. Si jusque là Companion avait tout de la comédie gentillette et propre sur elle, le film prend évidemment un nouveau ton avec ce meurtre particulièrement graphique. Un drame qui va mettre en lumière une vérité à laquelle le spectateur qui avait eu la bonne idée de ne pas regarder la bande-annonce ne s'attendait certainement pas. [SPOIL] En effet, l'on découvre avec effarement qu'Iris n'est pas tout à fait la jeune femme qu'elle semblait être jusque là. D'où l'aspect ''fantastique'' du film se référant à un certain type de science-fiction très à la mode convainquant la domotique et la robotique. Au sujet de cette dernière, l'on apprend donc que la jeune femme est un androïde. Une thématique et une attitude notamment de la part de Josh qui posent le problème de l'asservissement de la femme par l'homme qui dans le cas présent exploite sexuellement et domestiquement celle qui partage sa vie. Représentation parfaite de la femme à laquelle, comble de l'ironie, le compagnon réduit son pourcentage d'intelligence à 40%, Iris symbolise ainsi ces femmes brutalisées et soumises aux hommes et dont elles font régulièrement les frais de la misogynie et du patriarcat [fin du SPOIL]. Une fois mise en évidence la non réalité organique d'iris, le film aurait pu reposer sur ce simple constat pour n'être plus qu'une histoire de révolte et de vengeance de la femme/machine envers l'homme qui la contrôle. Mais non puisque le réalisateur et scénariste imagine une diabolique machination qui va tourner court et être à l'origine d'une succession d'événements tournant au carnage. Companion parvient à se renouveler sans cesse et nous offre ainsi un spectacle très divertissant et sans temps morts. Bref, une œuvre hybride où se côtoient humour noir, thriller et science-fiction dystopique. Un régal...

 

lundi 24 février 2025

Proximity d'Eric Demeusy (2020) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Premier long-métrage du réalisateur, scénariste, producteur et concepteur d'effets-spéciaux américain Eric Demeusy, Proximity aborde le sujet de l'abduction d'un jeune adulte par des extraterrestres. En ouverture l'on assiste à l'enlèvement d'un bûcheron prénommé Carl à la toute fin des années soixante-dix. Une séquence pleine de bruit et de fureur qui ne laisse rien présager de bon. Trop d'effets démonstratifs tuant directement dans l’œuf tout mystère propre au phénomène. L'auteur n'engage donc pas le récit dans l'hypothèse du doute concernant la réalité de cette disparition. Selon lui, les petits hommes gris, verts ou... marrons (!!!) existent bel et bien et n'en déplaise à ceux qui doutent encore de leur existence, il va désormais falloir vivre avec cette certitude sans que jamais l'on ne puisse mettre en contradiction les paroles ou les preuves du jeune protagoniste avec l'éventualité selon laquelle tout ne relèverait que de la paranoïa ou du complotisme. Cinquante ans plus tard, un bolide s'écrase sur notre planète. Du moins les premières images semblent-elles aller dans ce sens avant que ne réapparaisse devant les yeux de l'ingénieur en informatique Isaac (l'acteur Ryan Masson), cette même soucoupe volante qui apparu en 1979 devant ceux de Carl. Armé d'une caméra, le jeune homme est alors confronté à un alien qu'il parvient à filmer avant de prendre la fuite. Une échappée qui ne lui servira à rien puisque Isaac sera abducté avant de réapparaître trois jours plus tard sans avoir le moindre souvenir de ce qu'il a vécu durant les soixante-douze dernières heures. Par chance, sa caméra elle aussi est revenue de cet intrigant ''voyage'' qu'il a fait les soixante-douze dernières heures. Et avec elle, le témoignage vidéo de l'événement. Partageant les images sur Internet, lesquelles deviennent très rapidement virales, celles-ci vont attirer autant de sceptiques que de croyants. Invité (piégé?) sur un plateau de télévision, Isaac témoigne... en vain... Au fil du récit, le jeune homme fait la connaissance de Sara (Highdee Kuan) qui comme lui paraît avoir vécu la même expérience ainsi que celle de Zed (Christian Prentice), un pirate informatique qui de son côté va aider les deux jeunes gens à entrer en contact avec Carl qui depuis sans enlèvement et sa réapparition vit retranché en un lieu gardé secret et qui depuis passe le plus clair de son temps à ''écouter les étoiles''.


Alors que le petit groupe ainsi formé attend le retour prochain des extraterrestres, des agents du gouvernement sont lancés à leurs trousses... En réalité, entre l'abduction d'Isaac et l'apparition de cette intelligence venue d'une autre galaxie, il va s'en passer des choses. Beaucoup (trop) de choses à vrai dire. Une cascade d'événements plus ou moins crédibles ou admirables selon que le spectateur se situe ou non du côté des passionnés d'ufologie se référant à des phénomènes décrits de manière réalistes. Le principal défaut d'Eric Demeusy et donc de Proximity est cette gourmandise avec laquelle l'auteur ajoute des données qui sortent le film du cadre strict de la science-fiction. D'un côté, le film décrit vaguement le traitement infligé aux victimes d'enlèvements par des extraterrestres. Isaac et Sara portent effectivement un émetteur sous la peau et des radios révèlent notamment chez le jeune homme une fracture interne qui n'a rien de commun avec ce que rencontrent en général les victimes de chutes ou d'accidents. L'on a droit en outre à la présence d'une organisation gouvernementale dédiée à l'étude des phénomènes extraterrestres qui va notamment piéger Isaac. Une organisation au sein de laquelle l'on retrouve les habituels ''Men in Black'' mais aussi de manière plutôt curieuse et pittoresque, des androïdes dont la voix et l'apparence déclencheront sans aucun doute possible, des barres de rire auprès des spectateurs. Proximity est donc plus qu'un pur film de science-fiction drainant tout un tas de poncifs parmi lesquels il est tout de même heureux de constater que les extraterrestres n'apparaissent pas comme d'affreuses créatures insectifères. D'un autre côté, sans doute fasciné par la franchise Star Wars et ses Stormtroopers, le réalisateur crée des machines dont les railleries qu'elles génèrent raisonneront bien après la fin de la projection. À cela, Eric Demeusy ajoute à son jeune héros un super-pouvoir, des antagonistes caricaturaux au possible mais aussi, une bande son parfois imbitable. Entre pop ultra-commerciale à destination du public adolescent et envolées se distinguant par une approche aventureuse se rattachant davantage à l'univers d'Indiana Jones que de la science-fiction, Proximity demeure une œuvre parfaitement innocente. On ne s'y ennuie effectivement pas mais le mélange des genres et des idées finit d'en faire un film totalement oubliable une fois le récit arrivé à terme...

 

samedi 15 février 2025

Elevation de George Nolfi (2025) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Entre le bruit et l'odeur, on a désormais droit à tout en matière de science-fiction. A Quiet Place de John Krasinski et ses supers prédateurs guidés par le son qu’émettent les survivants de notre espèce après que des créatures monstrueuses aient décimé la quasi totalité de l'humanité et des espèces animales terrestres. Bird Box de Susanne Bier dans lequel une mère et ses deux enfants tentent de survivre dans un monde ou voir et regarder sont devenus synonymes de danger. The Silence de John R. Leonetti dans lequel, cette fois-ci, des créatures ''ptérodactyliennes'' coordonnent leurs attaques au son que produisent une fois encore nos congénères. En janvier dernier a débarqué sur Prime Video un concept pas tout à fait neuf puisqu'il repose à son tour sur le sens aigu d'envahisseurs là encore monstrueux et hybrides semblant être le croisement de plusieurs créatures d'origines diverses. Il ne s'agit cependant pas d'une civilisation venue d'une autre galaxie puisque apparemment, d'immenses gouffres sont apparus sur notre planète pour libérer voilà plusieurs années des monstres qui vivaient jusque là sous la croûte terrestre. Et bé, ça commence bien. Et généralement, lorsque l'on dit que ça commence bien, ben... faut comprendre l'inverse. C'est donc sans aucun sens de l'imagination que les scénaristes John Glenn, Kenny Ryan et Jacob Roman s'y sont mis à trois pour nous pondre un script d'une cataclysmique pauvreté. Déjà que jusqu'ici le concept de créatures ayant développé des capacités d'adaptation en fonction de certains sens afin de traquer l'Homme avait très rapidement montré ses limites (ce qui n'empêcha pas de voir surgir une suite puis une préquelle au long-métrage de John Krasinski), les trois hommes n'ont apporté comme seule nouveauté au moulin du genre pratiquement prédéfini qu'est la science-fiction horrifique. Celle de créatures guidées par le souffre dégagé par leurs proies. Ce fameux dioxyde de carbone que n'importe lequel d'entre nous rejette lors de toute expiration. En indiquant très précisément à quelle hauteur sur terre les dites créatures ne peuvent aller au delà, une frontière invisible est ainsi créée et permet aux survivants de connaître des temps de répit avant de se lancer dans de périlleuses aventures lorsqu'il s'agit de se réapprovisionner en nourriture. Ou comme ici, en médicaments puisque comme cela est très souvent le cas, le jeune fils du héros est atteint d'une maladie grave qui le condamne à utiliser des filtres à oxygène qui viennent régulièrement à manquer.


Le père de Hunter (Danny Boyd Jr.) est incarné par l'acteur et producteur américain Anthony Mackie qui depuis une vingtaine d'années enchaîne les rôles au cinéma où il s'est notamment vu offrir le rôle du super-héros Le Faucon dans plusieurs longs-métrages de l'univers cinématographique Marvel entre 2014 et 2019. À ses côtés, les actrices Morena Baccarin et Maddie Hasson qui interprètent respectivement les rôles de Nina et de Katie. Une brune et une blonde qui dans cet univers post-apocalyptique et dystopique ne trouvent rien de mieux à faire que de se crêper le chignon ! Alors que la première est convaincue de pouvoir créer une arme qui pourra débarrasser l'humanité restante de ces créatures apparemment invulnérables aux armes à feu, le trio d'adultes va devoir descendre de leur refuge situé au sommet d'une montagne (comme toutes les communautés de la régions qui ne communiquent plus qu'à l'aide de drapeaux!) pour trouver en ville les filtres dont a besoin le fils de Will qu'incarne donc Anthony Mackie. L'occasion pour nos trois personnages de passer par diverses étapes de stress puisqu'ils seront confrontés aux dites créatures. Ouais, bon, ben c'est vraiment pas terrible tout ça. Et si Elevation ne dure que quatre-vingt dix minutes, au bout d'une demi-heure on commence déjà à en avoir marre tant les personnages sont mal campés et mal caractérisés. La mise en scène est d'un classicisme qui confine à l'ennui et les dialogues d'une vacuité étourdissante ! Allez, on va tout de même reconnaître que le film est parfois amusant. En effet, bien involontairement d'ailleurs, il arrive que l'on pouffe de rire devant quelques absurdités. Comme lors de cette séquence qui suit la séparation de Will qui retourne au refuge et de Nina restée dans un laboratoire afin de tester diverses munitions de sa propre conception. Will perd le contrôle de sa voiture et se retrouve alors à pieds et poursuivi par trois créatures. Alors qu'il vient d'utiliser inutilement les quelques cartouches qui lui restait, au moment où il aurait dû rendre son dernier souffle, voilà que survient tout à coup Nina, enfin prête à en découvre avec les bestioles ! L'arrivée de la jeune femme étant temporellement incohérente, forcément, ça pause question sur le sérieux de l'écriture des trois scénaristes et sur la mise en scène de George Nolfi. Mais bon, c'est pas trop grave vu que même sans cette drôlissime coquille, le film serait demeuré de toute manière d'une indigence crasse. Un film à éviter, donc. Surtout si l'on connaît déjà les quelques exemples de cités plus haut...

 

dimanche 2 février 2025

Silo - saison 2 de Graham Yost (2024) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

À l'issue de la première et brillante saison de la série de science-fiction américaine Silo, son créateur Graham Yost avait déployé lors de la conclusion, l'idée selon laquelle il existait de nombreux autres endroits comme celui où vivent les protagonistes. L'héroïne Juliette Nichols (Rebecca Ferguson) avait été contrainte et forcée d'aller s'occuper du nettoyage de la caméra extérieur. Laquelle avait fait le choix de n'en rien faire et d'aller explorer ce qui pouvait se cacher au delà de la colline. Cette ''frontière'' qu'aucun de ceux qui furent jetés dehors avant elle ne parvinrent à atteindre. À l'intérieur du Silo 17, les habitants devinrent témoins de la scène et les plus proches amis de Juliette, convaincus qu'elle avait pu y survivre. Dès le 15 novembre 2024 et jusqu'au 17 janvier dernier, la plateforme Apple TV+ a diffusé l'intégralité des dix épisodes de la seconde saison. Et en faisant aventurer son héroïne dans un second Silo, Graham Yost permet à cette nouvelle fournée d'être découpée en deux parties bien distinctes. Car l'on retrouve bien évidemment tous les protagonistes de la première saison mais aussi de nouveaux personnages, eux, issus de ce second silo dont on devine le sort qui lui fut accordé dès l'entrée de Juliette à l'intérieur. Une réplique que l'on aurait pu supposer de parfaite si un événement d'ampleur exceptionnelle n'avait pas pousser ses habitants à se réfugier à l'extérieur pour y mourir dans d'atroces conditions. Silo saison 2 repousse de très loin les conditions de vie de ses habitants. Entre un Tim Robbins plus magistral que jamais dans le rôle du maire Bernard Holland et que le créateur de la série implique davantage que lors de la précédente saison. L'on retrouve également le rappeur américain Common dans le rôle de Robert Sims ou l'excellent Chinaza Uche dans celui du nouveau shérif Paul Billings qui depuis le départ de Juliette a pris sa place. Alors que dans le principal silo où s'était jusque là située l'action lors des dix premiers épisodes diffusés pour la première fois à partir du 5 mai 2023 toujours sur Apple TV+ la révolte gronde de plus en plus, la question de la viabilité à l'extérieur n'est plus la seule et unique raison de douter de la part de ses habitants puisque beaucoup émettent un doute quant à la sincérité de ses dirigeants.


Tandis que diverses stratégies de conquêtes se développent au sein de la population, Juliette explore ce nouveau silo dont la désagrégation est l'un des aspects les plus remarquables de cette nouvelle saison. Résultat d'une révolte dont les conséquences se lisent sur chaque mètre-carré. Des décors sombres, formidablement dégradés, amples et pourtant claustrophobes qui rendent à côté la vie du silo où vivent les compagnons de Juliette presque envisageable. Alors que l'on retrouve la totalité des interprètes présents lors de la première saison, l'arrivée de notre héroïne dans ce nouveau silo offre l'opportunité de faire connaissance avec un nouveau protagoniste en la personne de Solo. Personnage complexe brillamment incarné par le méconnaissable Steve Zahn. Cette partie du scénario, qu'il s'agisse de Solo lui-même, de l'endroit où il vit et des découvertes primordiales que Juliette aura l'occasion de faire lors de son long périple dans ces angoissants dédales est le parfait miroir de ce que sont en train de vivre ses compagnons. Un préambule à la catastrophe qui pourrait éventuellement se produire cette fois-ci dans le silo numéro 17. Silo saison 2 pénètre encore davantage l'esprit du spectateur et cela en dépit de quelques défauts qui à force de marteler la ''toute puissance'' de l'héroïne finit au bout du compte par la décrédibiliser. En effet, si Rebecca Ferguson demeure irréprochable, son personnage est traité de manière un peu trop ostentatoire. Figurant plus que jamais la super-héroïne sur laquelle repose les attentes du (des) silo(s), Juliette survit à tout. Une infection plus proche de la gangrène que de la simple petite coupure au doigt, à une fléchette plantée dans l'épaule, à un accident de décompression suite à une plongée en profondeur et, dans ce dernier cas, à ce qui aurait logiquement dû la condamner à l'hypothermie et donc... à la mort. Imaginez : Juliette au fond d'un silo dont la partie inférieure est inondée sur des dizaines de mètres de profondeur, sans combinaison adaptée, les bras nus et, cerise sur le gâteau, une remontée en apnée ! Bref, invraisemblable. Mais fort heureusement l'on parvient à mettre de côté ces absurdités tant cette seconde saison demeure passionnante. Des enjeux, nombreux, et surtout des personnages tour à tour attachants et monstrueux. La palme de la plus formidable crapule revenant évidemment sans conteste à Tim Robbins !

 

dimanche 12 janvier 2025

Invasion (saison 1) de Simon Kinberg et David Weil (2021) - ★★★★★★★★★☆

 



Alors que la troisième saison est prévue pour cette année, la série de Simon Kinberg et David Weil Invasion est à l'origine une commande de la plateforme de streaming en continu Apple TV+ qui sollicita alors auprès des deux hommes la création d'une série de science-fiction en dix épisodes. Laquelle sera diffusée pour la première fois dès le 22 octobre 2021. Côté mise en scène, la tâche est confiée à plusieurs réalisateurs dont Amanda Marsalis ou Brad Anderson, auteur notamment des géniaux Happy Accidents en 2000, Session 9 en 2001 et The Machinist en 2004. Dans cette série de science-fiction nous contant les aventures d'une poignée d'humains confrontés à d'indicibles créatures venues de l'espace, l'un des principaux atouts demeure justement de ne pas avoir concentré son récit autour d'un unique personnage ou d'avoir situé l'action sur un territoire unique. En effet, Invasion s'intéresse à quatre d'entre eux. L'on découvre ainsi tout d'abord les visages d'Aneesha Malik (l'actrice franco-iranienne Golshifteh Farahani), de Mitsuki Yamato (la nippo-australienne Shioli Kutsuna), de Trevante Cole (le canadien Shamier Anderson) et du jeune Capsar Morrow (le britannique Billy Barrat). La première est immigrée d'origine moyen-orientale, mère de deux enfants et épouse de Ahmed (Firas Nassar). Aneesha découvre bientôt que ce dernier la trompe avec une influenceuse. La seconde est la compagne d'une astronaute qui lors d'une mission spatiale en partie organisée par la JASA pour laquelle elle travaille elle-même (l'équivalent au Japon de la NASA) a perdu la vie lors d'une collision survenue en orbite autour de la Terre. Le troisième, lui, est un soldat de l'armée américaine envoyé en Afghanistan qui va perdre ses compagnons lors d'une attaque survenue en plein désert. Quant au dernier, victime en outre de harcèlement à son école, le jeune garçon et une quinzaine de ses camarades vont être celles d'un grave accident qui causera la mort de leur accompagnateur lors d'une sortie scolaire.


Tous ces personnages qui n'ont rien en commun si ce n'est de vivre sur la même planète mais dans des régions très éloignées les unes des autres vont avoir en commun de vivre la plus terrifiante expérience de leur vie. Le soucis avec lequel les scénaristes (une dizaine environ) ont caractérisé chacun de ces principaux protagonistes est en contrepartie ce qui semble avoir causé des désagréments chez certains des téléspectateurs. En effet, lors de cette première saison d'Invasion, le but principal semble être moins de proposer un spectacle pyrotechnique doté d'effets-spéciaux numériques dernier cri que de s'intéresser au plus près de cette poignée de héros qui, on le devine, seront au centre de cette invasion extraterrestre des plus hostile. D'un autre côté, c'est sans doute justement cette approche très précisément axée sur la personnalité des protagonistes, sur leur quotidien précédant les premiers indices laissant supposer l'intervention d'une espèce venant d'un autre système solaire qui fait la très grande force de cette première saison. Ce que certains nomment par ''ennui'' est de fait l'aveu des auteurs de la série d'un amour pour leur ''bébé''. Une manière comme une autre de démontrer que Invasion ne sera pas que le pur produit des desiderata d'une production qui veut engranger de l'argent coûte que coûte. Les scénaristes construisent donc tout d'abord le récit autour des personnages principaux et de leurs proches plutôt que de nous asséner directement la vision de créatures belliqueuses dont l'apparence nous laisse malgré tout espérer qu'elles ne sont pas les seules impliquées dans l'invasion.


C'est ainsi qu'Aneesha et sa famille y sont décrits comme des immigrés qui malgré les apparences ne sont pas parfaitement intégrés. La présence de Mitsuki Yamato au sein du récit et la relation qu'elle entretient avec son amante, l'astronaute Hinata Murai qu'incarne l'actrice japonaise Rinko Kikuchi évoque le difficile statut des homosexuels au Japon, pays où notamment, le mariage entre personnes du même sexe est toujours interdit. Trevante Cole, lui, est déchiré entre son envie de retrouver celle qu'il aime mais qui veut le quitter et le désir de retrouver ses compagnons d'arme disparus. Quant à Caspar, lui et ses camarades évoluent dans un contexte social difficile qui maintient certaines tensions entre personnes de même milieu (sa confrontation permanente avec la petite frappe Montgomery Cuttermill qu'interprète le jeune acteur américain Paddy Holland). Le fait de principalement concentrer le récit autour de ces quelques personnages permet à la série, contrairement à ce que prétendent certains, d'être parfaitement rythmée. Et si l'action n'est pas de prime abord le soucis majeur de ses auteurs, le suspens et la lente évolution du thème de l'invasion extraterrestre font d'Invasion une série redoutablement efficace. S'il est vrai que l'on ne voit pas précisément où sont passés les deux-cent millions de budget (les effets-spéciaux demeurant pour l'instant plutôt discrets), les auteurs de la série ont d'abord su créer leur propre univers. Entre science(-fiction), anthropologie et drame, Invasion fut reconduite pour une seconde saison deux ans plus tard, en 2023. Notons enfin la superbe partition musicale de Max Richter qui nimbe cette première saison d'une atmosphère véritablement envoûtante. C'est donc en toute logique que devrait arriver cette année sur nos écrans la troisième, que l'on espère aussi brillante que celle-ci...

mercredi 1 janvier 2025

Omni Loop de Bernardo Britto (2024) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Space-opera, Dystopies, Uchronies, Cyberpunk, Post-Apocalypse, Guerres intergalactiques, Voyages dans le temps... La science-fiction est d'un point de vue littéraire et cinématographique, un vaste champ d'expérimentations qui permet à tout à chacun de trouver son bonheur sans pour autant que les amateurs de l'un ou l'autre de ses sous-genres ne donnent du coude à leurs voisins. Concernant le Voyage dans le temps, celui-ci se définie parfois lui-même en sous catégories. Du simple fait de voyager dans le passé ou dans le futur en passant par certains phénomènes comme les boucles ou les paradoxes temporels. Si la récurrence de cette dernière est quasiment systématique et agit de la même manière que l'effet papillon (lequel consiste en une succession d'événements perturbés par une action provoquée antérieurement), les boucles temporelles lui apportent majoritairement matière à modifier le futur à travers des actions se produisant dans le passé. L'un des plus remarquables exemples de ce que l'on nomme ''Boucle de causalité'' ou ''Paradoxe de l'écrivain'' demeure le formidable Prédestination des frères Michael et Peter Spierig sorti en 2014. Plus connu et sans doute beaucoup plus ludique en ce sens où les phénomènes qui s'y produisent sont parfaitement simples à comprendre, l'on retiendra également le génial Un jour sans fin de Harold Ramis qui lui vit le jour en 1993. Une approche du genre beaucoup plus ''Familiale'' que l'on conseillera donc en priorité à toutes celles et ceux qui voudraient pour la première fois de leur existence se pencher sur ce genre véritablement passionnant. Le voyage dans le temps et les boucles temporelles connaissant depuis un certain nombre d'années une recrudescence au cinéma et à la télévision (et pas une ''recrue d'essence'' comme il m'est déjà arrivé de l'écrire, sic!), le regain d'intérêt du public vis à vis d'un sujet qui, sans mauvais jeu de mots, à tendance à tourner en rond, donne parfois naissance à des œuvres tout à fait inattendues. À l'image de l'un de ses tout derniers représentants, intitulé Omni Loop, et dans lequel, le réalisateur et scénariste brésilien Bernardo Britto offre une très intéressante alternative à la grosse machinerie américaine. S'il s'agit là encore d'évoquer le Voyage dans le temps ainsi que les Boucles temporelles, celui-ci les envisage d'une toute autre façon.


La partition musicale analogique de la compositrice américaine Kaitlyn Aurelia Smith participe à merveille à l’émulsion entre les personnages, le récit et le sujet des Boucles temporelles...


Phénomène souvent incontrôlé auxquels les protagonistes des récits tentent généralement d'échapper, l'héroïne ici incarnée par la formidable Mary-Louise Parker reproduit la ''séquence'' de manière indéfinie afin de résoudre l'une des questions fondamentales qui se posent lorsque l'opportunité de revenir en arrière pour changer certains faits se présente. Un désir ouvertement prononcé par Zoya Lowe, l'héroïne en question, mais également une contrainte forcée puisque cette quinquagénaire se sait condamnée à mourir dans cinq jours. Cinq pas plus. Et autant de journées qu'elle revit, inlassablement, en avalant une étrange gélule qui la fait donc revenir dans un tout récent passé. Ancienne physicienne, Zoya a travaillé il y a longtemps sur cette étrange gélule dont elle avait découvert une boite à moitié remplie dans le jardin familial alors qu'elle n'était encore qu'une adolescente. Découvrant lors de son premier usage le pouvoir de celle-ci, elle en usa lors de ses ''brillantes'' études lui ouvrant par la suite les portes d'une grande entreprises de recherches scientifiques. Ici, le temps est une monnaie dont le prix n'est pas négociable. À moins que Zoya ne parvienne à déterminer la composition de la gélule afin que le voyage de cinq jours se transforme en mois et pourquoi pas, en années. Elle va pour cela demander de l'aide à Paula (excellente Ayo Edebiri), une jeune étudiante en sciences qu'elle va tout d'abord tenter de convaincre de l'existence de cette boucle temporelle dans laquelle elle s'est enfermée afin que la jeune femme l'aide à résoudre l'épineux problème de cette gélule qui restreint le voyage dans le passé à cinq jours... Plus qu'une œuvre de science-fiction, Omni Loop est un drame très touchant, évoquant la famille et renvoyant donc le genre à certaines de ses fondations : tout reprendre depuis le début afin de modifier certains événements. Comme ici, les rapports de Zoya vis à vis de sa fille Jayne (Hannah Pearl Utt) qu'elle a quelque peu délaissée au profit de son métier. Le duo formé par Mary-Louise Parker et Ayo Edebiri est très touchant. Au fil de l'épreuve qu'elles vivront ensemble, leur relation deviendra presque celui d'une mère et de sa fille. Dénué de tout effet-spécial ou presque (''l'évaporation'' de Zoya ou ce trou noir qui la ronge), Omni Loop est une grande réussite, toute en émotion et en sensibilité. Parfois intimiste sans jamais être rébarbatif mais aussi très ludique dans la forme que prend le montage du récit. L'on notera en outre la présence inattendue de l'acteur Harris Yulin dans le rôle du professeur Duselberg. Bref, Bernardo Britto réussit le pari de mêler drame et science-fiction. Une brillante démonstration portée par l'émouvante interprétation de ses deux principales protagonistes...

 

dimanche 15 décembre 2024

The First de Beau Willimon (2018) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Le funeste destin de la série The First m'évoque une chanson. L'Aquoiboniste de Jane Birkin. En fait, tout dans cette série américaine de science-fiction créée par Beau Willimon et diffusée pour la première fois sur la plateforme HULU renvoie ne serait-ce qu'au titre de cette sympathique mélodie écrite et composée par Serge Gainsbourg. Cet aquoibon dont se parent souvent les producteurs lorsqu'un programme cinématographique ou télévisuel ne remplit ni le cahier des charges, ni les poches de leurs créanciers ! Aquoibon donner aux spectateurs les premières miettes d'un concept fort encourageant, si peu original soit-il (la conquête spatiale vers la planète Mars étant devenue l’apanage de nombreuses séries et longs-métrages), pour ensuite leur retirer la fourchette, le couteau et l'assiette du ''délicieux'' plat qu'ils avaient devant leurs yeux. Si l'on se réfère à son seul titre, The First n'a d'emblée rien de très prometteur. Le premier. Okay, mais de quoi ? Par contre, si l'on suit le synopsis et la richesse que cache l'idée d'une colonisation de la Planète Rouge, là c'est autre chose. Et d'ailleurs, à ce sujet, la série démarre plutôt bien puisque d'emblée, nous sommes en 2033 et l'on assiste au décollage d'une fusée à destination de Mars... laquelle explose en plein vol, faisant ainsi d'une partie des spectateurs venus assister à l'événement, des familles endeuillées ! Dès lors, un procès va opposer ces dernières, les dirigeants de la société privée VISTA qui collabore avec la NASA ainsi que les membres du Congrès s'agissant de la pérennité du projet. L'on apprend également qu'il faudra patienter presque deux ans et la prochaine fenêtre de tir pour envoyer la prochaine fusée et son nouvel équipage à destination de Mars. Deux ans ! Et autant de raisons proprement absurdes pour les scénaristes de se concentrer presque exclusivement sur la caractérisation des personnages. Et c'est bien là que le bât blesse. Faisant ainsi des créateurs, des réalisateurs (Deniz Gamze Ergüven, Agnieszka Holland, Ariel Kleiman et Daniel Sackheim) et des scénaristes (Beau Willimon, AJ Marechal, Francesca Sloane, Francine Volpe, Julian Breece, Carla Ching et Christal Henry) les complices d'une œuvre presque mensongère. 

 

Du moins en ce qui concerne la forme sous laquelle va se présenter cette première saison qui selon les dires de celles et ceux qui l'ont découverte dans son intégralité (huit épisodes en tout) se passe exclusivement sur le sol terrestre. On n'en voudra évidemment pas aux auteurs de cette série mettant en scène l'acteur Sean Penn dans le rôle de l'astronaute Tom Hagerty et l'actrice Natascha McElhone dans celui de l'une des responsables du projet, Laz Ingram, d'avoir voulu accorder une très grande importance à la caractérisation des principaux personnages, mais de là à les garder les pieds sur Terre tout au long de la saison alors que les spectateurs ne rêvaient que de voir un groupe d'astronautes prendre son envol vers la Planète Rouge, on peut comprendre que ceux-ci se soient rapidement désolidarisés du concept, causant ainsi d'irrémédiables dommages sur la continuité de la série ! Aquoibon, donc, se farcir les affres des uns et des autres même si au moins un épisode s'avère émotionnellement très bien écrit (le second, intitulé Ce qui est nécessaire) ? Entre ce qu'attendaient les téléspectateurs et l'approche des scénaristes, forcément, cela ne pouvait pas matcher. D'autant plus qu'en terme d'émotion, justement, l'on passe d'un épisode très réussi à un autre dont le contenu est d'une faiblesse scénaristique crasse (le troisième, Cycles). Si l'on conjugue ainsi le propos mensonger qui voudrait que la série transporte ses protagonistes à plus de soixante millions de kilomètres de notre planète à des sous-intrigues dont la qualité d'écriture joue au yo-yo et varie donc selon leurs auteurs et leur inspiration, rien d'étonnant à ce que The First n'ait pas trouvé son public. Réduire ne serait-ce que de moitié l'exposition sur Terre pour ensuite lancer les personnages dans cette grande aventure spatiale qu'est la conquête de Mars aurait sans doute renversé la vapeur et nourrit l'espoir d'une seconde saison viable et riche en promesses...

 

lundi 9 décembre 2024

Slingshot de Mikael Håfström (2024) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Frère de l'acteur Ben Affleck, Casey Affleck multiplie les casquettes. Acteur, producteur, scénariste et réalisateur d'un premier long-métrage qui devrait bientôt voir le jour dans le courant de l'année 2025 sous le titre Far Bright Star, il incarne dans Slingshot un ambitieux astronaute prénommé John qui fut sélectionné pour une mission vers Titan, l'une des lunes de Saturne. Alors que le voyage dans l'espace a démarré voilà plusieurs mois, son placement en stase devient de plus en plus éprouvant. Réveillé par intervalles de quatre-vingt dix jours, il peut compter sur la participation de Nash (Tomer Kapon) et du capitaine Franks (Laurence Fishburne). Lors d'un énième réveil, John est le témoin d'un incident qui provoque des dommages ''superficiels'' sur la structure du vaisseau. En inspectant l'intérieur d'une trappe, il constate en effet qu'une paroi est déformée. À leur réveil, Nash et Franks ne constatent aucune anomalie mais le premier des deux commence à ressentir le besoin de faire chemin inverse vers la Terre. Une opinion que ne partage pas le capitaine Frank ni même John qui préfère se ranger du côté du commandant de bord. Au fil des périodes qui séparent les moments d'éveil des trois hommes de leur hibernation, les tensions montent entre eux. Imperturbable, Franks adopte une attitude posée. Son seul objectif : mener à bien la mission. Nash, lui, sombre peu à peu dans la paranoïa, persuadé que la mission est vouée à l'échec. Quant à John, il se réfugie constamment dans le souvenir de sa petite amie restée sur terre, Zoe (Emily Beecham)... Encore une œuvre de science-fiction concentrant une nouvelle fois son intrigue autour du voyage dans l'espace à destination d'un astre (ici, la lune Titan, laquelle est l'un des quatre-vingt deux satellites orbitant autour de la sixième des huit planètes de notre système solaire) proche de sa planète, Saturne. Et encore une fois, pour son dernier long-métrage, le réalisateur suèdois Mikael Håfström opte pour une observation minimaliste et claustrophobe des rapports humains et de leur environnement. Le principal cachet de Slingshot demeure dans ces quelques ''sorties extra-spatiales'' qui évoquent la relation entre John et Zoe.


Un couple qui cache moins ses ambitions que les sentiments qu'ils éprouvent l'un pour l'autre. En fait, des séquences qui servent aussi et surtout à remplir les vides d'un script qui sans elles tournerait à vide. Car ici, rien ne semble plus éloigné de la science-fiction ambitieuse des blockbusters américains que la vision de Mikael Håfström et de ses scénaristes R. Scoot Adams et Nathan Parker. La petitesse des décors est à l'aune du caractère anxiogène qu'imprime le réalisateur. Un huis-clos qu'un événement d'apparence anodine va rendre plus oppressant encore qu'il ne l'était déjà. Ici, la question des ressources permettant de survivre à un très long voyage dans l'espace est moins primordiale que la santé mentale des passagers d'une navette dont la conception est remise en question. Au fil du récit, le spectateur aura surtout l'occasion de comprendre que le point d'orgue de cette histoire somme toute commune tient moins dans le voyage vers Titan et dans sa réussite que dans les confrontations perpétuelles qui opposent John, Nash et le capitaine Franks. Slingshot prendra d'ailleurs un virage tout à fait inédit, crédibilisant ainsi la série de faits étranges qui se dérouleront sur place. Trente-quatre ans après avoir incarné Jimmy Jump dans le chef-d’œuvre d'Abel Ferrara, The King of New York et un quart de siècle après avoir interprété le rôle de Morpheus dans le premier volet de la tétralogie Matrix, Laurence Fishburne se fond dans la peau d'un commandant de bord trop posé, trop doux, trop raisonnable pour être tout à fait honnête. Plus qu'un voyage à des millions de kilomètres de notre planète, Slingshot ancre son récit dans l'esprit de son principal protagoniste et théorise sur les conséquences d'un voyage de plusieurs années loin de chez soit. Bien que la forme l'éloigne des grosses productions américaines gavées d'effets-spéciaux, Slingshot est une sympathique proposition de Space Opera, bien que très peu ouverte vers l'extérieur (seul le hublot de la passerelle permet à ses passagers d'avoir une vue de l'espace). Avec sa moustache, Ben Affleck nous rappelle certaines grandes heures de l'acteur Michael Biehn, lorsque le personnage qu'il incarnait dans Abyss de James Cameron était en proie au syndrome nerveux des hautes pressions...

 

lundi 18 novembre 2024

Night Drive de Meghan Leon et Brad Baruh (2019) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Premier long-métrage réalisé en collaboration entre la monteuse et scénariste Meghan Leon et le metteur en scène et producteur Brad Baruh, Night Drive est un thriller qui sent aussi bien le souffre et le cynisme de part l'attitude totalement détachée de son héroïne Charlotte (Sophie Dalah) fasse à l'adversité qu'il semble être un objet filmique apparemment mal dégrossi dans la conception de son script. En cause, plusieurs événements apparemment invraisemblables mais qui pourtant trouveront leur justification une fois enclenché l'étonnant dernier acte. Cours puisque n'excédant pas les quatre-vingt deux minutes, les deux réalisateurs mettent en place avec Night Drive, un récit dont le gros de l'action se situe à l'intérieur d'un véhicule conduit par Russell (AJ Bowen). L'inventeur d'une application qui depuis a revendu ses parts dans la société pour se reconvertir ensuite dans le VTC (ou Voiture de Transport avec Chauffeur). C'est donc par une nuit calme, à Los Angeles, qu'il accueille dans l'habitacle de son véhicule, Charlotte. Jeune femme aux oreilles percées, au regard plein de malice et surtout très généreuse avec le chauffeur auquel elle donne d'emblée cinq-cent dollars afin que celui-ci l'emmène là où elle le désire sans qu'il ne pose de questions. Lors d'un premier arrêt durant lequel Charlotte s'introduit dans une demeure pour en ressortir accompagnée d'une mystérieuse petite mallette, son ancien compagnon surgit par la porte principale, forçant ainsi la jeune femme et Russell à démarrer à toute berzingue pour s'en éloigner le plus rapidement possible. En direction de leur nouvelle destination, et alors que le chauffeur et sa cliente partagent des banalités, un homme traverse la route et se fait renverser. Ne sachant comment agir, Russell, dont la moralité se situe tout de même à quelques crans au dessus de celle de Charlotte, prend la décision de transporter le corps de la victime encore vivante jusqu'à un hôpital. Malheureusement, pour lui et la jeune femme, les choses ne vont faire que s'aggraver au fil de la nuit... Si l'idée qui entoure la première heure est séduisante quoique relativement rudimentaire, le cadre nocturne et donc l'ambiance générale du long-métrage offrent une plus-value au long-métrage de Meghan Leon et Brad Baruh.


L'on peut trouver repoussante la jeune Charlotte dont l'attitude montre une moralité plus que discutable face à l'horreur d'une situation qui ne cessera de dégénérer, face à un Russell paniqué. Difficile donc de s'attacher à cette jeune femme alors qu'il est déjà beaucoup plus simple d'éprouver de l'empathie pour le chauffeur VTC ! Sa courte durée permet à Night Drive d'éviter de trop s'appesantir et ainsi aller droit à l'essentiel. Difficile pari que de maintenir l'intérêt d'une œuvre dont les plans extérieurs sont rares et dont le décor principal est l'habitacle d'une voiture. Bien avant que les choses entrent dans l'ordre à la manière d'un puzzle où chaque pièce retrouverait la place qui lui convient, certaines situations paraissent être le fruit de carences scénaristiques rendant le tout improbable. Comme cet homme renversé qui pour Charlotte n'est pas tout à fait inconnu alors qu'il est quasiment inenvisageable que Russell ait pu croiser la route de cet individu qui finit étendu au sol devant le capot de sa voiture. Une coïncidence que le spectateur aura beaucoup de mal à digérer. L'un des points positifs du récit, ou du moins celui dont se servent avec ingéniosité les réalisateurs pour retenir leur public concerne cette boîte récupérée plus tôt dans la soirée par Charlotte et renfermant on ne sait quel ''trésor''. Un objet qui interroge forcément sur son contenu dont le spectateur est empressé de savoir de quoi il s'agit. Rien n'est ici plus éloigné que le concept de la mallette enfermant un magot. Car aussi étonnant que cela pourra paraître, ce qui jusque là arborait les atours d'un thriller somme toute presque anodin prend un virage si inattendu qu'on aurait sans doute apprécié qu'il intervienne un peu plus tôt lors du récit afin qu'il soit exploité à sa juste valeur. Une thématique loin d'être inédite puisque la science-fiction s'en est emparée à de très nombreuses reprises mais qui dans le cas présent demeurera une surprise pour la plupart des spectateurs. Au final,Night Drive se regarde avec plaisir mais ne laissera en revanche aucun souvenir impérissable. Le genre de nuit cauchemardesque dont l'efficacité n'est malheureusement de ce point de vue là, pas tout à fait atteinte...

 

dimanche 17 novembre 2024

The Artifice Girl de Franklin Ritch (2023) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

L'intelligence artificielle est un vaste sujet. Si vaste qu'il est possible de l'aborder de diverses manières. À commencer par la plus brute, comme dans Terminator de James Cameron qui en 1984 avait un point de vue radical dans lequel l'humanité était engagée dans une guerre sanglante et totale contre une armée de machines qu'elle avait pourtant elle-même créée. Le long-métrage théorisait alors sur la possibilité d'un voyage dans le passé afin de sauver celui qui allait dans le futur permettre aux hommes de tenir tête à des androïdes qui en comparaison d'autres exemples de créations humaines liées à l'intelligence artificielle allaient se révéler intellectuellement rudimentaires. Le chemin qui pava la route d'un concept qui pour certains est depuis devenu dangereusement concret rencontra quelques surprises intéressantes. Une liste trop longue pour les relever toutes mais dont on peut notamment évoquer l'excellent EX_MACHINA d'Alex Garland dans lequel le jeune programmeur Caleb (Damhnall Gleeson) ignorait sans doute que sa création prénommée AVA allait, au delà du fait que se posa la question de savoir si elle était dotée d'une conscience ou non, s'arracher de sa ''prison'' pour rejoindre la civilisation. Huit ans plus tard et après des dizaines d'autres tentatives, le réalisateur et scénariste Franklin Ritch réadapte le concept et le repousse dans ses derniers retranchements en évoquant à son tour la question de la conscience mais aussi celle tournant autour des émotions. Tourné sous forme de huis-clos relativement oppressant lors duquel l'on comprend rapidement que celui que l'on soupçonne tout d'abord être un prédateur sexuel évoluant sur les réseaux sociaux n'est en fait que l'un de ceux qui les traquent, The Artifice Girl met en place un stratagème évoluant sur une période de cinquante ans découpée en trois actes. Des soubresauts qui dénotent déjà d'une forte avancée dans le domaine de l'intelligence artificielle jusqu'à l'instant très précis où Cherry, la dite intelligence artificielle dont l'âge et l'apparence physique posent des question d'ordre moral, sera libérée de ses entraves une fois que les objectifs d'origines auront atteint un but inespéré. Notons en particulier l'interprétation de l'actrice américaine Tatum Matthews qui contrairement aux apparences n'a pas l'âge avancé dans le film mais vingt-quatre ans. Incarnant l'intelligence artificielle Cherry, la jeune femme donne la pleine mesure de son talent et révèle ainsi les possibilités infinies d'un tel concept.


Face à un écran immaculé devant lequel l'actrice est projetée en mode DEV (un type de paramètres permettant d'avoir un accès direct aux ressources informatiques d'un programme afin de pouvoir en changer certaines fonctions), trois personnages de chair et de sang. À commencer par Gareth (interprété par Franklin Ritch lui-même), l'homme au cœur du projet initial de traque des pédophiles, véritable génie en informatique dont les compétences ont pour origines un drame terrible dont lui et treize autres enfants furent les victimes il y a un certain nombre d'années. Ensuite, les agents du Gouvernement Deena (Sinda Nichols) et Amos (David Girard) qui après avoir questionné Gareth sur ses fonctions au sein des réseaux sociaux vont travailler à ses côtés durant de nombreuses années. Il est à noter que ce dernier sera beaucoup plus tard incarné par l'acteur Lance Henriksen que les cinéphiles auront eu notamment l'occasion de découvrir justement dans le Terminator de James Cameron en 1984, dans Aliens, le retour lui aussi réalisé par James Cameron deux ans plus tard ou au beau milieu des années quatre-vingt dix dans la série Spin-Off d'X-Files intitulée MillenniuM de Chris Carter. Si The Artifice Girl n'est à proprement parler pas une œuvre portée par une grande ambition visuelle, elle l'est par contre en ce qui concerne son sujet. Et quand bien même le film n'aborde pas le même sujet, l'on rapprochera l’œuvre de Franklin Ritch de celle de Richard Schenkman intitulée quant à elle, The Man from Earth. Deux visions philosophiques bien différentes mais qui se rejoignent dans leur propension à étudier leur thématique en profondeur. En ces termes, The Artifice Girl est parfois relativement complexe à comprendre et certaines terminaisons employées demandent tout d'abord à être décodées afin de livrer avec aisance le message du réalisateur et de son scénariste. D'autant plus que le film n'est pas avare en paroles et que les dialogues s'entrecroisent si rapidement qu'il est parfois difficile de comprendre le cheminement du récit. Le film reste néanmoins l'une des plus intéressantes propositions sur l'intelligence artificielle. Et si aucune date de sortie officielle n'a été annoncée sur grand écran, espérons qu'il sera visible un jour prochain dans les salles obscures...

 

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