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samedi 10 mai 2025

The Assessment de Fleur Fortuné (2025) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Après avoir consacré les quinze dernières années à mettre en scène des courts-métrages et des clips vidéos, la réalisatrice et scénariste française Fleur Fortuné a mis en boite son premier long format en 2024. Intitulé The Assessment sur le plan international et L'évaluation dans nos contrées, le film met en scène un couple désirant concevoir un enfant par grossesse extra-utérine (seule technique autorisée par l'état). À une époque où les ressources mondiales se sont épuisées et où vivre en dehors d'immenses dômes protecteurs est devenu périlleux, Mia et Aaryan acceptent de suivre un test psychologique consistant à accueillir chez eux et durant sept jours une évaluatrice qui va devoir confronter le couple à différents types de situations. Dans un cadre ultra-moderne et pourtant relativement peu ''connecté'', la cinéaste française met en scène ses interprètes dans un contexte qui semble avoir été mille fois traité sur grand écran. En ce sens, l'arrivée de l'évaluatrice Virginia ne paraît pas vraiment diverger de ces situations qui à de nombreuses fois sur grand écran ont confronté des couples à des individus hostiles, fait de chair et de sang ou conçus pour améliorer les conditions de leurs propriétaires. Mais très rapidement, The Assessment s'impose comme une valeur sûre dans les domaines de la science-fiction dystopique, le drame et même, l'épouvante comme les spectateurs pourront le découvrir tout au long du récit. Le couple est formé à l'écran par l'américaine Elizabeth Olsen et le britannique Himesh Patel. Quant à la jeune femme qui bientôt va scrupuleusement étudier leur comportement, elle est incarnée par l'actrice suédoise Alicia Vikander. Si ses partenaires sont excellents, l'intérêt du long-métrage repose en grande partie sur l'interprétation de cette dernière, absolument saisissante dans le rôle de cette évaluatrice rigide et qui cache visiblement certains troubles du comportement. The Assessment évoque donc nombre de films portant sur divers sujets tous réunis autour de ce trio et du décor quasiment exclusif bâtit autour d'une luxueuse demeure et d'une plage de sable noir. Si les intérieurs ont été tournés à Cologne en Allemagne, les extérieurs ont quant à eux été filmés dans la partie nord de Tenerife, une île espagnole qui doit la couleur noire de son sable à son origine volcanique. Quel prix est-on près à payer pour obtenir le droit de concevoir un enfant ?


C'est en partie la question à laquelle tente de répondre Fleur Fortuné qui sur la base d'un scénario écrit par Nell Garfath Cox, Dave Thomas et John Donnelly développe un récit qui fait froid dans le dos et fait appel à l'intrusion d'une tierce personne. Véritable jeu de massacre psychologique pourtant bien plus profond qu'il n'y paraît, The Assessment dérange en ce sens où le spectateur peut très bien imaginer qu'une telle situation puisse survenir un jour prochain. La réalisatrice renforce le script de quelques éléments secondaires qui peuvent paraître à l'origine comme des ajouts subalternes mais qui au fil du temps prennent en réalité tout leur sens. Si Eizabeth Olsen et Himesh Patel interprètent parfaitement leur rôle d'éventuels futurs parents soumis aux desiderata de leur ''invitée'', c'est donc bien Alicia Vikander qui retient toute l'attention du spectateur. Tantôt froide, austère, inflexible et tantôt immature, têtue et destructrice (l'actrice se mettant ainsi dans la peau d'une jeune enfant turbulente afin de tester la résistance du couple), la suédoise marque forcément les esprits. Tout comme le scénario, pervers, limpide, astucieux, ambitieux et mature. En reprenant certains codes du film de science-fiction post-apocalyptique tout en les survolant d'un point de vue strictement superficiel lors du final (le film aurait effectivement mérité de se terminer dans l'antre d'Aaryan ou même quelques minutes auparavant lors la séquence découlant du bouleversant climax entre Mia et Virginia), la réalisatrice empêche son œuvre d'atteindre la perfection. L'une des principales qualités est par contre ici la sobriété avec laquelle la réalisatrice française nous conte ce véritable cauchemar psychologique. Sans jamais se laisser aller à la facilité de l'effet choc tant redouté, The Assissment ne tombe jamais dans les débordements graphiques, ceux-là même qui auraient pu condamner son œuvre à n'être qu'un film d'horreur de plus sous couvert de traiter en premier lieu un sujet fort et ambitieux. Bref, si vous avez pour habitude de détourner le regard lorsque sont accolés ensemble les termes ''Science-fiction'' et ''Prime Video'', faite une exception et plongez-vous sans craintes au cœur de cette redoutable histoire. Une chose est en tout cas certaine : c'est avec une très grande attention que l'on scrutera les prochains travaux de la réalisatrice française Fleur Fortuné...

 

lundi 5 mai 2025

El Eternauta de Bruno Stagnaro (2025) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Lorsque débarque une nouvelle série de science-fiction se pose en général tout un tas d'épineuses questions. Mini-série ou première d'une foule de saisons étendues sur plusieurs années ? Les spectateurs qui découvriront El Eternauta de Bruno Stagnaro auront très rapidement la réponse à cette question puisque l'invasion extraterrestre promise par cette nouvelle incartade dans la science-fiction va tarder à se présenter devant notre écran. Débutant sur une idée savamment orchestrée à l'origine par le scénariste de bande dessinée argentin Héctor Oesterheld et par son compatriote et dessinateur Francisco Solano López dans le courant des années cinquante, El Eternauta s'ouvre sur un étrange phénomène. Alors que l'action se situe en plein été, la neige se met à tomber et recouvre d'un blanc manteau le quartier de Buenos Aires où va être principalement développé le récit. C'est là que nous découvrons Juan Salvo (Ricardo Darín), un ancien vétéran qui en compagnie de trois amis et d'un quatrième larron dont la présence n'était pas attendue par la plupart d'entre eux s'apprêtent à jouer aux cartes. Les cinq hommes vont alors être les témoins de ce curieux phénomène qui de prime abord semble être accompagné d'un Mal invisible puisque quiconque entre en contact avec le moindre flocon de neige meurt instantanément ! Il devient donc urgent pour Juan, son meilleur ami Alfredo Favalli (César Troncoso), leurs compagnes respectives (Carla Peterson et Andrea Pietra dans les rôles d'Elena et Ana) et leur amis de se protéger de la tempête de neige incessante qui tombe sur la ville. Il faut bien comprendre tout d'abord que seuls le contact avec la neige est mortelle. Contrairement à l'atmosphère qui elle semble n'avoir pas d'impact sur la survie de la population. Une fois le concept adopté, l'on comprend mieux pourquoi certains se promènent à l'air libre protégés tandis qu'à quelques mètres de distances, d'autres paraissent n'avoir pas besoin de porter des masques à oxygène. Autre question que l'on se pose en général dans ce genre de situation : quelle apparence vont arborer les envahisseurs ? Va-t-on avoir une nouvelle fois le droit à des créatures insectoïdes ? Rendant ainsi caduque toute crédibilité lorsqu'il s'agit de les concevoir comme étant des intelligences extraterrestres dotées de capacités intellectuelles et physiques hors norme ? Si les trois premiers des six épisodes que constitue cette première saison se concentrent sur l'aspect survivaliste d'un tel événement, à l'issue du troisième l'on devine la silhouette d'un envahisseur que l'on serait tenté de rapprocher du fameux xénomorphe de la franchise Alien.


Une impression rapidement balayée puisque dès le quatrième, Bruno Stagnaro ne fait plus aucun mystère de leur apparence en nous les livrant en plein jour. Et là... comment dire..... Impossible de rester de marbre et de ne pas pouffer de rire devant la grotesque apparence des dits envahisseurs. Arborant la même silhouette que le fameux bousier, ce coléoptère coprophage connu pour former des boules d’excréments qu'il fait rouler à l'aide de ses pattes arrières, on se demande automatiquement comment de telles créatures, si physiquement sommaires, pourraient concevoir des vaisseaux ou même plus simplement comment ils pourraient les piloter. Fort heureusement, la réponse vient de la bouche d'Alfredo, lequel suppose que les véritables envahisseurs ne sont probablement pas ces bestioles ridicules prenant la forme de gigantesques insectes mais des entités qui pour l'instant comptent sûrement sur la toxicité de la neige et ce que l'on pourrait donc comparer à des ''chiens de chasse'' venus d'ailleurs pour contrôler l'humanité jusqu'à ce qu'ils se décident enfin à venir nous faire un belliqueux petit coucou. Au vu de l'évolution du récit, de la lenteur avec laquelle le créateur de la série prend son temps pour développer des personnages qu'il ne cesse d'ajouter les uns après les autres au fil des épisodes, bien avant que le sixième épisode ne vienne clôturer la saison, on devine que la plupart des questions que l'on se pose ne trouveront pas encore de réponses. Il faut s'accrocher. Car la première moitié des épisodes évolue sur un rythme quasi lymphatique. Heureusement, El Eternauta peut compter sur une très convaincante incarnation de ses personnages ainsi que des décors enneigés et post-apocalyptiques très convaincants. Bien qu'étant antérieur à cette vague de séries reposant sur des invasions extraterrestres ou sur différents cas de survivalisme en terre hostile puisque la série de bandes-dessinées qui est à l'origine de cette série remonte à près de soixante-dix ans, El Eternaute reprend les grandes lignes des plus célèbres d'entre elles. Notons enfin que le sixième épisode offre l'espoir d'une évolution de la série allant dans le bon sens. Avec son approche rappelant quelque peu le mythique L'invasion des profanateurs de Philip Kaufman et le visuel très succinct de ce à quoi pourraient réellement ressembler les envahisseurs, on peut d'ors et déjà compter sur une seconde saison pleine de promesses...

 

mardi 11 mars 2025

Companion de Drew Hancock (2025) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Pour son tout premier long-métrage, le réalisateur et scénariste américain Drew Hancock a signé l'une meilleures surprises de ce début d'année 2025. Difficile en effet de n'y point voir un mélange des genres si intelligent que Companion réunira aussi bien les amateurs de comédies, de thrillers que certains fans de science-fiction. Il va par contre dès le départ falloir se faire à l'idée de ne surtout pas avoir la curiosité de jeter un œil à la bande-annonce. Pire, une fois que l'erreur aura été commise, certains twists survenant lors du récit n'auront pas tout à fait la même saveur. Il devient par conséquent assez compliqué d'évoquer Companion sans être contraint d'en révéler certains soubassements. Dès lors, quel type d'informations peut-on divulguer sans se retrouver sous un flot d'insultes lancées par celles et ceux qui ne l'auraient pas encore découvert ? Et bien pour commencer, que le film budgété à hauteur de dix millions de dollars est tout d'abord incarné par la très craquante Sophie Thatcher qui à l'image interprète Iris, la compagne de Josh (Jack Quaid, fils des acteurs Dennis Quaid et Meg Ryan) dont elle est follement éprise. Le couple est convié à retrouver trois amis dans la luxueuse propriété d'un certain Sergey (Rupert Friend), un riche homme d'affaire qui les accueille donc chez lui pour quelques jours. Iris est angoissée à l'idée de se retrouver ainsi en réunion. D'autant plus que la compagne de leur hôte (Megan Suri dans le rôle de Kat) l'accueille assez froidement. Pour compléter le tableau, Eli (Harvey Guillén) et Patrick (Lukas Gage) forment un couple homosexuel lui aussi très amoureux. Je sais déjà ce que certains penseront d'emblée au fil du récit. Déployant une configuration qui semble entrer de plain-pied dans la mouvance Woke, Companion se satisfait suffisamment de son ton très second degré pour que l'approche semble-t-il parfois très opportuniste ne gâche absolument pas le spectacle. Tourné dans un cadre aéré et lumineux, le long-métrage de Drew Hancock démarre donc comme une sempiternelle réunion de camarades qui le temps d'un week-end feront la fête avant que ne survienne un imprévu. Sauf que la voie que choisi l'auteur est beaucoup plus nuancée. Bon, maintenant, très chers amis, permettez-moi d'en révéler un peu plus sur son contenu. Et si vous ne l'avez pas encore vu, je vous conseille d'arrêter tout de suite la lecture de cet article.


[SPOIL]. Dès le lendemain de leur arrivée chez Sergey, Josh conseille à Iris d'aller se détendre au bord du lac qui jouxte la propriété. Rejointe rapidement par l'hôte des lieux, celui-ci se montre particulièrement entreprenant. Témoignant d'ailleurs de la complicité de sa compagne Kat et du petit ami d'Iris ! Agressée sexuellement puis étranglée, la jeune femme se défend en sortant de sa poche un couteau (dont la présence, rassurez-vous, n'est pas inopinée) avant ce l'enfoncer dans la gorge de Sergey [fin du SPOIL]. Une fois de retour dans la demeure et le haut du corps ensanglanté, Iris affirme que Sergey a tenté de la tuer et qu'elle n'a fait que se défendre. Si jusque là Companion avait tout de la comédie gentillette et propre sur elle, le film prend évidemment un nouveau ton avec ce meurtre particulièrement graphique. Un drame qui va mettre en lumière une vérité à laquelle le spectateur qui avait eu la bonne idée de ne pas regarder la bande-annonce ne s'attendait certainement pas. [SPOIL] En effet, l'on découvre avec effarement qu'Iris n'est pas tout à fait la jeune femme qu'elle semblait être jusque là. D'où l'aspect ''fantastique'' du film se référant à un certain type de science-fiction très à la mode convainquant la domotique et la robotique. Au sujet de cette dernière, l'on apprend donc que la jeune femme est un androïde. Une thématique et une attitude notamment de la part de Josh qui posent le problème de l'asservissement de la femme par l'homme qui dans le cas présent exploite sexuellement et domestiquement celle qui partage sa vie. Représentation parfaite de la femme à laquelle, comble de l'ironie, le compagnon réduit son pourcentage d'intelligence à 40%, Iris symbolise ainsi ces femmes brutalisées et soumises aux hommes et dont elles font régulièrement les frais de la misogynie et du patriarcat [fin du SPOIL]. Une fois mise en évidence la non réalité organique d'iris, le film aurait pu reposer sur ce simple constat pour n'être plus qu'une histoire de révolte et de vengeance de la femme/machine envers l'homme qui la contrôle. Mais non puisque le réalisateur et scénariste imagine une diabolique machination qui va tourner court et être à l'origine d'une succession d'événements tournant au carnage. Companion parvient à se renouveler sans cesse et nous offre ainsi un spectacle très divertissant et sans temps morts. Bref, une œuvre hybride où se côtoient humour noir, thriller et science-fiction dystopique. Un régal...

 

mercredi 19 février 2025

Cassandra de Benjamin Gutsche (2025) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Alors oui, la série créée par Charlie Brooke, Black Mirror fut il y a quelques années porteuse de mauvaises nouvelles au sujet des dérives de l'Intelligence Artificielle. Mais il ne faudrait pas oublier que les dystopies qu'y décrivaient son créateur, les différents réalisateurs ainsi que les scénaristes ne reposèrent pas toutes sur des concepts totalement innovants. De 2001, l'odyssée de l'espace de Stanley Kubrick en passant par Mondwest de Michael Crichton en jusqu'aux récents M3GAN de Gerard Johnston et T.I.M de Spencer Brown, nombreuses furent les œuvres à mettre en scène des technologies avancées prenant le pas sur ceux qui étaient à l'origine de leur conception. Il ne suffit donc pas de citer Black Mirror pour se faire une idée de ce que recèle Cassandra, cette nouvelle série germanique qui après Dark de Baran bo Odar et Jantje Friese confirme que l'Allemagne est en bonne position dans le domaine de la science-fiction à l'échelle internationale (contrairement à la France qui parfois ose proposer comme alternatives, des daubes de l'ampleur de L'homme parfait de Xavier Durringer). Ici, il n'est plus question d'évoquer le voyage dans le temps mais l'implication de la domotique et de la robotique dans le foyer d'une famille qui essaie de se reconstruire après un drame épouvantable. David et Samira Prill ainsi que leurs deux enfants Fynn et Juno s'installent dans leur nouvelle demeure. Une habitation que l'on doit à l'origine à l’architecte autrichien Richard Joseph Neutra, concepteur de la Kemper House qui sert donc en partie au récit. En partie, oui, car le réalisateur allemand Benjamin Gutsche n'a pu profiter que des extérieurs de la bâtisse tandis que les origines des intérieurs demeurent apparemment encore un mystère. Un ''secret'' qui alimente ce que d'aucun de celles et ceux qui ont déjà découvert la série peuvent considérer d'environnement très intrigant même si l'on imagine que l'équipe chargée de donner aux intérieurs une patine rétro-futuriste y sont pour beaucoup dans l'étrangeté de cet univers domestique. Entre ces écrans de télévision qui semblent se référer à de vieux postes à tubes cathodiques, cet ascenseur dont la manifeste présence est encore (selon moi) à l'étude ou cette pièce très curieuse dont l'élaboration semble avoir comme principale source d'inspiration certains décors et objets du Shining de Stanley Kubrick, nul doute que la demeure des Prill est un personnage à part entière.


Mais plus encore que l'anxiété que génère cet environnement, c'est bien la présence de Cassandra, interprétée par l'excellente Lavinia Wilson, qui va être au centre de toutes les inquiétudes. Alors que David et sa famille s'installent dans une demeure qui depuis cinquante ans est demeurée à l'abandon, c'est en explorant les différentes pièces qui la composent qu'ils découvrent un vieux modèle de robot dont le fonctionnement fut interrompu à la suite du décès des précédents propriétaires de la maison. La particularité de cette machine que les Pritt vont choisir de remettre en marche est qu'elle est directement raccordée à tout un ensemble de systèmes électroniques tous reliés entre eux. Cassandra semble donc être le ''cerveau'' du réseau qu'elle peut à loisir contrôler à distance. Sans être affreusement décevants, les débuts de cette mini-série en six épisodes laissent l'impression que l'on est face à une énième proposition de science-fiction dystopique au centre de laquelle un ou plusieurs individus vont être confrontés à un robot domestique défaillant. Et d'une certaine manière, il s'agit effectivement de cela. Mais là où le créateur de Cassandra a réussit le pari d'oser assumer un concept finalement presque vieux comme le monde puisque déjà abordé à maintes reprises, c'est sans doute en amenant son idée vers une voie retravaillée en profondeur. Je m'explique : ici, il ne s'agit pas tant d'opposer une mère de famille (Mina Tander dans le rôle de Samira Prill) à une machine dont l'inquiétant comportement serait simplement causé par des dysfonctionnements mais d'offrir à cette dernière l'occasion de montrer aux spectateurs qu'elle est peut-être plus que cette boite de conserve comme elle est parfois surnommée. Et donc, davantage qu'un programme informatique à l'origine uniquement disposé à accomplir des tâches prédéfinies. Alors que la série tourne tout d'abord presque exclusivement autour des membres de la famille Prill (complétée par les acteurs, Michael Klammer, Joshua Kantara et la jeune Mary Tölle), Cassandra prend un virage inédit en plongeant de nouveaux personnages cinquante ans plus tôt. La famille qui justement, un demi-siècle en arrière fut celle qui vécut dans cette même demeure. Sont ainsi introduits les trois membres de la famille Schmitt. Une famille totalement dysfonctionnelle. Le récit est donc partagé entre les événements présents et ceux du passé et Cassandra mue alors pour passer de la stricte dystopie horrifique au drame familial et au thriller !


Benjamin Gutsche signe avec cette nouvelle série, une véritable réussite où le rétro-futurisme des décors côtoie un scénario qui brasse dans un univers de science-fiction, des idées neuves et d'autres qui le sont déjà beaucoup moins (le thème de l'homosexualité non assumée par exemple). En intégrant les personnages incarnés par Franz Hartwig et par Elias Grünthal mais également pour la seconde fois l'actrice Lavinia Wilson, le réalisateur donne du sens à toute une série d'événements qui se produisent dans le présent et au point de vue de Cassandra, laquelle agît en conséquence comme le ferait une mère un peu trop... protectrice. La série aurait pu être absolument parfaite si seulement quelques éléments n'étaient pas venus défaire un système d'écriture mettant tout en œuvre pour que le récit ne souffre d'aucunes invraisemblances. Mais à vouloir en faire trop et à préférer parfois donner dans le ''spectaculaire'' plutôt que dans la sobriété et le réalisme, Benjamin Gutsche finit par multiplier les faux pas. Si l'emprise de Cassandra sur la jeune Juno justifie le fait que ses parents acceptent de laisser ''allumée'' la machine (la gamine ayant besoin de se reconstruire, sa nouvelle ''amie'' pourrait l'y aider selon eux), lorsque cette dernière commence à révéler sa véritable nature et fait montre d'une attitude très inquiétante, n'importe qui de censé aurait pris la décision de couper court à ses agissements. Heureusement, Samira est là pour veiller sur les siens. Mais pour combien de temps puisque son époux commence à voir surgir chez elle des problèmes psychologiques qui pourraient expliquer la situation ? Si la paranoïa supposée de la mère et l'absence de soutien de David sont plutôt bien menés et si toute la partie qui se déroule cinquante ans en arrière est véritablement bouleversante (bien qu'un peu caricaturale à force d'enfoncer le couteau bien profond dans le dos d'une femme et de son enfant confrontés à un mari et un père absolument monstrueux), le dernier épisode termine d'envoyer la série dans les pires travers du genre. Je n'en dirai pas davantage pour ne pas spolier la fin du récit et malgré certains défauts qui pourraient s'avérer rédhibitoires, il n'en est pas moins certain que Cassandra est une brillante réussite. Anxiogène et poignante, la série aurait, sans ses quelques absurdes excès, mérité le titre de l'une des plus remarquable dystopies de ces dernières années...

 

samedi 15 février 2025

Elevation de George Nolfi (2025) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Entre le bruit et l'odeur, on a désormais droit à tout en matière de science-fiction. A Quiet Place de John Krasinski et ses supers prédateurs guidés par le son qu’émettent les survivants de notre espèce après que des créatures monstrueuses aient décimé la quasi totalité de l'humanité et des espèces animales terrestres. Bird Box de Susanne Bier dans lequel une mère et ses deux enfants tentent de survivre dans un monde ou voir et regarder sont devenus synonymes de danger. The Silence de John R. Leonetti dans lequel, cette fois-ci, des créatures ''ptérodactyliennes'' coordonnent leurs attaques au son que produisent une fois encore nos congénères. En janvier dernier a débarqué sur Prime Video un concept pas tout à fait neuf puisqu'il repose à son tour sur le sens aigu d'envahisseurs là encore monstrueux et hybrides semblant être le croisement de plusieurs créatures d'origines diverses. Il ne s'agit cependant pas d'une civilisation venue d'une autre galaxie puisque apparemment, d'immenses gouffres sont apparus sur notre planète pour libérer voilà plusieurs années des monstres qui vivaient jusque là sous la croûte terrestre. Et bé, ça commence bien. Et généralement, lorsque l'on dit que ça commence bien, ben... faut comprendre l'inverse. C'est donc sans aucun sens de l'imagination que les scénaristes John Glenn, Kenny Ryan et Jacob Roman s'y sont mis à trois pour nous pondre un script d'une cataclysmique pauvreté. Déjà que jusqu'ici le concept de créatures ayant développé des capacités d'adaptation en fonction de certains sens afin de traquer l'Homme avait très rapidement montré ses limites (ce qui n'empêcha pas de voir surgir une suite puis une préquelle au long-métrage de John Krasinski), les trois hommes n'ont apporté comme seule nouveauté au moulin du genre pratiquement prédéfini qu'est la science-fiction horrifique. Celle de créatures guidées par le souffre dégagé par leurs proies. Ce fameux dioxyde de carbone que n'importe lequel d'entre nous rejette lors de toute expiration. En indiquant très précisément à quelle hauteur sur terre les dites créatures ne peuvent aller au delà, une frontière invisible est ainsi créée et permet aux survivants de connaître des temps de répit avant de se lancer dans de périlleuses aventures lorsqu'il s'agit de se réapprovisionner en nourriture. Ou comme ici, en médicaments puisque comme cela est très souvent le cas, le jeune fils du héros est atteint d'une maladie grave qui le condamne à utiliser des filtres à oxygène qui viennent régulièrement à manquer.


Le père de Hunter (Danny Boyd Jr.) est incarné par l'acteur et producteur américain Anthony Mackie qui depuis une vingtaine d'années enchaîne les rôles au cinéma où il s'est notamment vu offrir le rôle du super-héros Le Faucon dans plusieurs longs-métrages de l'univers cinématographique Marvel entre 2014 et 2019. À ses côtés, les actrices Morena Baccarin et Maddie Hasson qui interprètent respectivement les rôles de Nina et de Katie. Une brune et une blonde qui dans cet univers post-apocalyptique et dystopique ne trouvent rien de mieux à faire que de se crêper le chignon ! Alors que la première est convaincue de pouvoir créer une arme qui pourra débarrasser l'humanité restante de ces créatures apparemment invulnérables aux armes à feu, le trio d'adultes va devoir descendre de leur refuge situé au sommet d'une montagne (comme toutes les communautés de la régions qui ne communiquent plus qu'à l'aide de drapeaux!) pour trouver en ville les filtres dont a besoin le fils de Will qu'incarne donc Anthony Mackie. L'occasion pour nos trois personnages de passer par diverses étapes de stress puisqu'ils seront confrontés aux dites créatures. Ouais, bon, ben c'est vraiment pas terrible tout ça. Et si Elevation ne dure que quatre-vingt dix minutes, au bout d'une demi-heure on commence déjà à en avoir marre tant les personnages sont mal campés et mal caractérisés. La mise en scène est d'un classicisme qui confine à l'ennui et les dialogues d'une vacuité étourdissante ! Allez, on va tout de même reconnaître que le film est parfois amusant. En effet, bien involontairement d'ailleurs, il arrive que l'on pouffe de rire devant quelques absurdités. Comme lors de cette séquence qui suit la séparation de Will qui retourne au refuge et de Nina restée dans un laboratoire afin de tester diverses munitions de sa propre conception. Will perd le contrôle de sa voiture et se retrouve alors à pieds et poursuivi par trois créatures. Alors qu'il vient d'utiliser inutilement les quelques cartouches qui lui restait, au moment où il aurait dû rendre son dernier souffle, voilà que survient tout à coup Nina, enfin prête à en découvre avec les bestioles ! L'arrivée de la jeune femme étant temporellement incohérente, forcément, ça pause question sur le sérieux de l'écriture des trois scénaristes et sur la mise en scène de George Nolfi. Mais bon, c'est pas trop grave vu que même sans cette drôlissime coquille, le film serait demeuré de toute manière d'une indigence crasse. Un film à éviter, donc. Surtout si l'on connaît déjà les quelques exemples de cités plus haut...

 

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