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lundi 3 avril 2023

Rubikon de Magdalena Lauritsch (2022) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Plus rare et donc plus intriguant que la plupart des œuvres de science-fiction d'origine américaines, asiatiques, russes ou françaises, Rubikon de la réalisatrice et scénariste Magdalena Lauritsch nous vient directement d’Autriche. Ce qui, en revanche, paraît moins original est le contexte dans lequel se déroule l'intrigue. En effet, loin des space-opera lors desquels se déroulent moult guerres intergalactiques, voyages aux confins de l'univers, rencontres du troisième type ou explorations de planètes de classe M, le récit s'articule autour de trois personnages seulement, basés sur une station spatiale qui donne son nom au long-métrage. Le genre de configuration qui depuis quelques années semble être la matière première de pas mal de films du genre. Une militaire (Julia Franz Richter dans le rôle d'Hannah Wagner) et deux scientifiques (Mark Ivanir dans le rôle de Dimitri Krylow et George Blagden dans celui de Gavin Abbott). Comme dans tout bon ou mauvais film du genre l'on s'attend forcément à plusieurs types de comportements qui effectivement se révéleront relativement rapidement. Ivresse de l'espace et du confinement. Confrontation entre les différents objectifs, fonctions et statuts des personnages. Mais aussi et surtout, un cas de conscience qui fait de l’œuvre de Magdalena Lauritsch, un peu davantage que le film de science-fiction qu'il semble être. Car en effet, là-haut, au dessus de nos têtes, va s'engager un bras de fer intellectuel. Alors que Dimitri Krylow et son fils Danilo (Konstantin Frolov) sont parvenus à mettre au point une symbiose permettant à tout un réseau d'algues de produire suffisamment d'oxygène pour que les passagers du Rubikon puissent vivre en totale autonomie, le retour sur Terre du fils et de plusieurs autres scientifiques va tourner au drame. Car à la surface de notre planète s'étend rapidement un nuage d'une ampleur telle que toute vie sur Terre semble condamnée. Après les pleurs du père, l'angoisse de Gavin, premier à se rendre compte que Hanna, Dimitri et lui sont condamnés à vivre sur la Station spatiale, les trois passagers du Rubikon vont devoir prendre une grave décision : choisir entre rester sur la station spatiale ou emporter à bord d'une navette les fameuses algues afin de les transporter jusqu'aux abris qui sur Terre maintiennent en vie une partie infime de l'humanité...


Toute la question tourne alors autour de cet épineux problème. D'autant plus que la réalisatrice et scénariste qui signe ici son premier long-métrage rajoute quelques détails qui permettent de se faire une idée assez rapide des choix qui vont être entrepris par chacun. Visuellement, Rubikon est irréprochable. Qu'il s'agisse des coursives proches de celles que l'on peut notamment découvrir dans les différentes séries Star Trek ou des extérieurs qui brillent par leur réalisme, du côté des effets-spéciaux et des décors, c'est un sans fautes. Il y a même du génie dans le propos. À travers la symbiose entre l'homme et le végétal. Ce choix de couleurs particulièrement judicieux, où les gris et les blancs épousent à merveille le vert, et plus tard, le brun. Esthétiquement, l'enveloppe est aussi séduisante que le sujet. Imaginer une station spatiale dont d'immenses pans de murs et de larges plaques imbriquées les unes à côtés des autres permettent à l'homme de vivre sans se soucier du manque d'oxygène. Ou de nourriture d'ailleurs, puisque l'algue en question est également à l'origine de l'alimentation des passagers. Alors oui, Rubikon demandera aux spectateurs de faire preuve de patience, de ne s'attendre à rien d'autres qu'à des affrontements de type verbal et non physiques. Le récit est en apesanteur mais pas trop. Régulièrement, Magdalena Lauritsch parvient à relancer l'intrigue en y injectant de nouvelles perspectives remettant sans cesse en question le choix cornélien consistant à laisser nos congénères sur Terre à leur triste sort ou à leur venir en aide. Sobre, presque dépouillé mais jamais ennuyeux, le concept fonctionne très bien et la réalisatrice nous évite tout ce que la science-fiction peut parfois charrier d'inconvenant (terminées les brutes épaisses qui théoriquement, et vu l'immense financement de tels projets scientifiques, n'ont pas leur place dans les étoiles). Les trois principaux interprètes sont crédibles et malgré l'inertie relativement lente de la mise en scène, ici, l'on évite le blockbuster bête et méchant ou la Hard Science-fiction trop cérébrale...

 

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