Affichage des articles dont le libellé est Belgique. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Belgique. Afficher tous les articles

lundi 6 mai 2024

The Belgian Wave de Jérôme Vandewattyne (2023) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Durant trois années, entre 1989 et 1991, la Belgique fut au centre d'un certain nombre d'observations d'ovnis. Des milliers de témoins affirmèrent avoir vu au dessus de leur tête des engins de forme généralement triangulaire ayant la particularité de ne produire aucun son. Sur la base d'archives télévisuelles, le réalisateur belge Jérôme Vandewattyne et les scénaristes Jérôme Di Egidio et Kamal Messaoudi remontent le fil des événements avant d'y intégrer un journaliste et un cameraman imaginaires qui auraient disparu après avoir enquêté sur ce que l'on nommera alors, la Vague Belge... Deux ans auparavant, en France, fut diffusée l'excellente série OVNI(s) consacrée au Groupe d'études des phénomènes aérospatiaux non identifiés plus connu sous le nom de Gepan. Une mise en forme humoristique qui trouve avec The Belgian Wave une alternative totalement barrée. Les passionnés de soucoupes volantes, de vaisseaux spatiaux et d'extraterrestres risquent cependant d'être incommodés par cette approche qui loin de faire la part des choses entre réel et fiction préfère prendre des chemins de travers sous acide ! En 2017, Jérôme Vandewattyne réalisait le mockumentaire Spit'n'Split. Un canular tournant autour d'un groupe de rock fictif. Sans inventer la totalité des faits qui sont retranscrits dans son second long-métrage, le belge signe avec The Belgian Wave une œuvre dont on peut se demander dans quelles proportions ses auteurs ne se seraient surtout pas entendu pour donner une image assez peu élogieuse du phénomène d'ovnis. Car outre les quelques documents d'époque que l'on a l'occasion d'y découvrir, le long-métrage met en scène des personnages imaginaires tellement excentriques que leur seule parole tenterait à décrédibiliser le phénomène. Des individus face auxquels les deux protagonistes du récit ne dépareilleraient d'ailleurs pas fondamentalement puisque dans le choix de mettre en scène l'actrice de petite taille Karen De Paduwa ou l'acteur Karim Barras dans celui d'Elzo Vaerenbergh, consommateur effréné de LSD, Jérôme Vandewattyne crée un univers richement coloré et délirant, sorte de La Vegas Parano pour amateurs de petits hommes gris !


The Belgian Wave est excessif à tous points de vue. Ne se contraignant à aucunes limites, le cinéaste dépasse le cadre simple de l'enquête journalistique visant à retrouver la trace d'un certain Marc Varenberg et de son cameraman pour s'enfoncer dans les méandres d'un psychisme éclaté. Celui d'Elzo Vaerenbergh qui, n'en déplaise aux ufologues, prend tellement de place au sein du récit que le sujet de fond est parfois remisé en arrière-plan. C'est tout l'humour belge que l'on retrouve ici. Un peu noir mais surtout, véritablement absurde. Une œuvre qui parfois peu assommer les spectateurs à force de vouloir trop en faire en matière de délire visuel. La photographie est intéressante bien qu'exagérément colorée. Les teintes pètent littéralement de partout tandis que l'on partage à maintes occasions les phases de défonce de l'enquêteur. La présence de Karen De Paduwa, sorte de Mimie Mathy du plat pays temporise le tout même si sa présence semble à elle seule être un pied de nez au sérieux que voudrait entourer la thématique. The Belgian Wave ne fera certainement pas d'ombre au cinéma outre-atlantique et il semble d'ailleurs évident que ça n'est absolument pas ce que recherche Jérôme Vandewattyne. En forme de long épisode de X-Files sous acide où Dana Scully aurait été atteinte dès sa naissance de nanisme diastrophique et où Fox Mulder aurait troqué ses graines de tournesol contre des micro-doses de LSD, on ne sort par de l'expérience tout à fait indemne. Et pas forcément pour les bonnes raisons. Au final, est-ce le but recherché par Jérôme Vandewattyne, mais les véritables extraterrestres semblent bien provenir de notre propre planète. Le réalisateur belge profite d'un authentique fait-divers pour dézinguer ses témoins en les faisant passer pour des illuminés. Les intégristes diront sans doute que le bonhomme exagère, qu'il manque de sérieux ou de respect vis à vis des témoins qu'il caricature. Mais voyons plutôt The Belgian Wave comme une comédie potache, très conne sur les bords, mais pas inintéressante non plus...

 

lundi 4 septembre 2023

Sans soleil (2021) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Il existe sur le territoire français, des réalisateurs qui régulièrement s'essaient à la science-fiction post-apocalyptique depuis des décennies. Quitte à rabaisser le genre au niveau des œuvres transalpines signées dans le courant des années quatre-vingt par des réalisateurs italiens opportunistes. On pense bien évidemment tout d'abord au Terminus de Pierre-William Glenn dans lequel, en 1986 , Johnny Hallyday arborait une chevelure peroxydée dans ce sous-Mad Max cultissime MAIS nanardesque. Vingt-trois ans auparavant, Chris Marker s'était essayé avec La jetée à un exercice de style original sous forme de diaporama commenté par Jean Négroni. Une œuvre de vingt-huis minutes seulement, célébrée dans les cercles cinéphiles, qui inspira Terry Gilliam pour son superbe L'armée des douze singes en 1995. Luc Besson et Le dernier combat, Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet et Delicatessen demeurent parmi ceux qui s'en sortirent plutôt bien. Beaucoup plus récemment, Cédric Ido, en signant La gravité, rendait hommage à l'esthétique très particulière des cités de la banlieue française ainsi qu'à leur faune. Et que penser de 2021, œuvre entièrement conçue et bricolée par le jeune Cyril Delachaux, tout en décors naturels, grosse sensation tournée il y a de cela cinq ans ? Bon, pour être tout à fait honnête, Sans soleil de Banu Akseki n'est pas une production purement française puisque sa réalisatrice est d'origine belge et que la plupart des interprètes le sont également. Tout juste croiseront nous durant un petit quart-d'heure l'actrice italienne Asia Argento. Nous parlerons donc d’œuvre francophone réalisée par une cinéaste talentueuse malgré une carrière qui ne compte pour le moment que deux courts, un moyen et un long-métrage. Sans soleil met tout d'abord en scène Asia Argento dans le rôle de Léa et Joe Decroisson dans celui de son film âgé de cinq ans, Joey. Deux être vivant en marge de la société qui survivent de petits larcins (la mère nourrit son fils directement aux étals des supermarchés). Un soir, tandis que Léa se drogue comme de nombreuses autres personnes afin d'atténuer le phénomène d'acouphène provoqué par de multiples éruptions solaires, son fils disparaît.


Le récit se place ensuite dix ans après. Joey a bien grandit et vit désormais au sein d'un couple aisé dont la femme, Emmanuelle (l'actrice Astrid Whettnall) est psychologue. Il étudie, est amoureux, mais se laisse distraire un soir par une inconnue qui porte le même blouson que sa mère disparue. Cette femme, qui elle aussi se drogue pour échapper aux douloureux symptômes qui comme nous le découvrons, n'ont pas cessé dix ans après la disparition de Léa, attire bien involontairement l'adolescent dans l'univers des laissés pour compte qui pour survivre, vivent sous terre dans des conditions déplorables. Attiré par cette femme qu'il ne connaît pas mais qui lui rappelle sa mère disparue, Joey va errer dans ce monde interlope. Nombre des spectateurs qui purent découvrir le premier long-métrage de la réalisatrice belge Banu Akseki semblent n'avoir pas apprécié Sans soleil et ce, pour plusieurs raisons. Pour son scénario qui, reconnaissons-le, est des plus sommaire, mais aussi et sans doute surtout pour son rythme lymphatique. Il faut reconnaître qu'en terme d'action, cette œuvre de science-fiction post-apocalyptico-catastrophique n'est pas d'une énergie débordante et que les errances de son principal protagoniste peuvent ennuyer à moyen ou long terme. Mais dès lors que l'on accepte le concept, Sans soleil s'avère une brillante réussite. Tout d'abord, le film bénéficie d'une très belle photographie nocturne qui couplée à la bande musicale de Wim Coryn génère un authentique sentiment anxiogène. L'apport de cette dernière est d'ailleurs très représentative des émotions qui traversent le récit puisque dès qu'elle disparaît, le cadre prend tout à coup une allure beaucoup plus ''rassurante''. Bénéficiant d'un budget et d'une écriture visiblement plus que réduits, la réalisatrice mise tout ou presque sur le visuel, l'acoustique et tout ce que cela génère d'émotions et de sensations. Il faut donc se laisser bercer par ce vagabondage en un temps dystopique relevant de faits plus ou moins authentiques puisqu'on le sait depuis longtemps, les éruptions solaires peuvent avoir notamment des effets sur les systèmes électriques et sur la santé mentale comme le démontrent certaines séquences. Sans soleil est donc une œuvre avant tout sensorielle et non sensationnelle ! Une très belle surprise qui laisse présager un futur prometteur pour sa réalisatrice Banu Akseki...

 

vendredi 8 juin 2018

The Afterman de Rob Van Eyck (1985) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆



Voici une œuvre que l'on peut considérer comme un Objet Filmique Non Identifié. Ce qui tombe bien, vu la catégorie dans laquelle il se situe. Film de science-fiction et d'anticipation érotique, The Afterman bénéficie d'une aura de film culte dans son pays et sans doute également dans la plupart des trente pays dans lesquels son auteur est parvenu à le distribuer. Rob Van Eyck, un nom qui fleure bon le plat pays. Et en effet, l'auteur de ce très étrange petit film de science-fiction est d'origine flamande. Un post-nuke qui comme dans la majeure partie des cas, fait suite au succès de Mad Max 2 de George Miller sans toutefois parvenir à lui voler la vedette ni même lui faire ombrage tant les moyens entreprit ici paraissent réduits au strict minimum. Comme bon nombre d'ersatz, The Afterman prend forme à la suite d'une guerre nucléaire qui n'a laissé qu'un vaste champ de ruines. Rob Van Eyck en profite pour asséner quelques images d'archives guerrières afin de justifier son propos. Apparaît ensuite à l'image, le héros, un adulte qui dans la force de l'âge est enfermé dans un bunker depuis longtemps déjà. Lorsqu'il sort dehors, c'est pour constater que la vie telle qu'il l'a connue par le passé n'est plus. Alors que la seule personne avec laquelle il fut en contact depuis tout ce temps fut le cadavre de sa mère conservé dans une chambre froide (ce qui donne lieu à une scène de nécrophilie incestueuse pas vraiment dérangeante), il est désormais livré à lui-même et aux dangers extérieurs.

Ici, pas de zombies, d'infectés, de maladies, ni de radiations. Mais des groupes d'individus dont le héros incarné par l'acteur Jacques Verbist (qui jouera dans une dizaine de métrages dont quelques courts et la suite de The Afterman, vingt ans plus tard) devra se méfier. Il l'apprendra d'ailleurs à ses dépends puisqu'après sa sortie du bunker, il croisera la route d'un groupe d'individus dont le chef le violera sans ménagements. Plus tard, il découvre un couple lesbien faisant l'amour dans un piscine intérieure, le sort de l'une d'elles étant scellé puisqu'en prodiguant des caresses buccales à sa compagne en étant immergée, celle-ci mourra noyée. On le voit très bien, le cinéaste belge semble porté sur la chose du sexe. Car alors que le film n'a pas exécuté un tiers de son intrigue, le spectateur a déjà été le témoin d'un rapport sexuel nécrophile, d'un viol homosexuel, et d'une relation saphique. Rob Van Eyck ne va d'ailleurs pas en rester là puisque son héros va croiser la route d'un étrange couple de fermiers retenant prisonnière une jolie jeune femme (interprétée par Franka Ravet) qu'il parviendra à libérer à l'issue de sa propre captivité,  après avoir tué l'individu masculin.

Les deux interprètes se partageront alors la vedette d'une œuvre dont on peut se demander alors où se situe l'intérêt, car à part de longues scènes de sexe ennuyeuses et la traversée d'un territoire qui évite scrupuleusement les villes, sans doute faute de moyens financiers suffisants, The Afterman est en terme d'intrigue, relativement plat. Que ceux qui ne parlent pas le flamand se rassurent. Les dialogues tiennent sur trois ou quatre lignes et ne nuisent aucunement à la compréhension du déroulement de l'intrigue. En provocateur, Rob Van Eyck s'amuse à rudoyer l’Église avec ses moines étranges dont l'un forcera notre héros à pratiquer sur sa personne, une fellation. Rien de sérieux là dedans, donc, et un long-métrage qui se situe davantage au niveau des post-nuke italiens qui pullulèrent dans les années quatre-vingt suite au succès de Mad Max que de ce dernier. Une curiosité à réserver aux complétistes et aux amateurs d'OFNIs. Les autres risquent de grandement s'ennuyer. A noter que le cinéaste attendra vingt ans et l'année 2005 pour signer la suite de son propre film avec Afterman 2, et huit années supplémentaires pour Afterman III: The Global Warming Disaster (lequel n'est, parait-il, qu'un mix des deux premiers)...

LinkWithin

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...