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dimanche 18 février 2024

Animalia de Sofia Alaoui (2023) - ★★★★★★★★★☆

 


 

Il y a des cinéastes nés. Après seulement un long-métrage à son actif, la réalisatrice et scénariste franco-marocaine Sofia Alaoui semble avoir mis une bonne partie de la presse spécialisée d'accord. Sorti sur les écrans l'an passé le 9 août 2023, Animalia fait partie de ces œuvres rares qui ne peuvent laisser indifférent. Du moins lui accorderons-nous une certaine exigence. Il se peut même qu'une seconde projection, voire une troisième, soient nécessaire pour saisir toute la portée philosophico-religieuse de ce récit qui parle de Dieu, des hommes et théoriquement d'individus qui proviendraient d'ailleurs. C'est du moins ainsi que je saisissais le message une fois l'histoire achevée. Porté par la formidable et délicieuse Oumaima Barid qui avant cela interpréta le rôle de Fatima dans La vie me va bien d'Al Hadi Ulad-Mohand il y a trois ans, Animalia est une espèce d’énigme dans le fond et dans la forme. En filmant d'abord l'intérieur d'une riche famille marocaine et en poursuivant l'aventure au cœur de paysages d'une sidérante beauté, le long-métrage évoque ce que l'homme bâtit de ses propres mains face la création de Dieu. L'un et l'autre se rejoignent et fondent un univers d'une majestueuse beauté à laquelle le film de Sofia Alaoui ajoute un talent indéniable pour le cadrage, les éclairages et les environnements. La photographie de Noé Bach met en lumière un Maroc aux richesses multiples. Un pays qui tout comme à l'échelle de notre planète est en proie à un événement extraordinaire. Plutôt que de traiter le récit sous l'angle exclusif d'une hypothétique fin du monde annoncée où les peuples sont concentrés dans des lieux sécurisés par l'armée, dans le cas de Animalia, les croyances de tout un peuple sont reléguées par les médias et les Mosquées deviennent ainsi les seuls lieux de refuge aptes à protéger la population. Notons également la présence de quelques animaux qui dans le Coran sont cités non pas en tant que catégories mais en tant qu'espèces et même plus à proprement parler, en tant qu'individus.


C'est ainsi que sont représentés à l'écran la fourmi, la huppe ou diverses catégories de chiens. Certains s'agitent telle l'annonce d'un événement d'ampleur cataclysmique quand d'autres apparaissent comme une forme d'alerte entrant directement en contact avec certains habitants de la région. Au cœur de ce récit où se mêlent drame et science-fiction, Itto (Oumaïma Barid) illumine le récit. La fragilité de son personnage liée à la naissance toute prochaine de l'enfant qu'elle porte souligne le danger auquel elle va être confrontée. Cet univers majoritairement masculin, soupçonneux, où le statut de la femme demeure précaire quelle que soit la situation, même dans ce lieu de culte où rejoindre son époux se transforme en périple. Cultivant une certaine ambiguïté quant aux origines de celui qu'il est interdit de représenter, Sofia Alaoui ose décrire l'impensable en lui offrant une identité visuelle à travers ces entités qui semblent se cacher derrière cette brume fantastique qui s'élève dans le ciel et à laquelle notre héroïne finira par se raccrocher lors d'une séquence absolument bouleversante. Derrière la beauté des paysages, la dureté de certains regards, la folie qui s'empare de ce vieux fou persuadé que ses bêtes sont possédées, ces réunions nocturnes et canines, la vision déconcertante et vertigineuse qui guide l'héroïne mais aussi ces deux compagnons de routes qui accompagnent un temps la jeune femme, Animalia conditionne le spectateur et l'invite à un voyage inhabituel dans des espaces d'une remarquable beauté ou dans de minuscules bourgades anxiogènes où la place de la femme est ainsi décrite comme l'occidental l'imagine en général. Bref, avec son premier long-métrage qui en outre remporta le prix du jury au festival de Sundance, Sofia Alaoui nous terrasse, nous éblouie, nous subjugue. Quant à sa principale interprète, nous lui souhaitons une belle et longue carrière au cinéma...

 

lundi 15 janvier 2024

No One Will Save You de - Brian Duffield (2023) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 

 



1982 : E.T téléphone maison - 2023 : E.T envahit maison


Une fois de plus, nos ''amis'' les petits hommes gris n'ont rien trouvé de mieux que de venir envahir la Terre. Pour quelle raison ? Ça, c'est à chacun d'en juger mais j'imagine que sur leur planète d'origine les magasins de farces et attrapes sont en rupture de stock de costumes humains et qu'ils ont décidé d'envoyer certains d'entre eux chez nous afin de se réapprovisionner. Car en effet, les créatures de No One Will Save You sont les dernières représentantes d'une vague d'espèces extraterrestres profanatrices de sépultures humaines dont les premier signes apparurent sur grand écran dans les années cinquante à travers Invasion of the Body Snatchers de Don Siegel. Première pierre à un édifice qui ensuite a connu plusieurs remakes (L'invasion des profanateurs de sépultures de Philip Kaufman en 1978, Body Snatchers d'Abel Ferrara en 1993 ainsi que The Invasion d'Oliver Hirschbiegel en 2007) et nombre d'alternatives parmi lesquelles The Thing de John Carpenter en 1982, L'invasion vient de Mars de Tobe Hooper en 1986, The Faculty de Robert Rodriguez en 1998 et sans doute l'un des plus proches dans la thématique extraterrestre: le génial The Hidden de Jack Sholder en 1987. Sorti chez nous sous l'indigent titre Traquée, No One Will Save You met principalement en scène une très jeune femme du nom de Brynn Adams que l'on aurait pu tout d'abord prendre pour une adolescente si elle n'avait pas été la propriétaire exclusive d'une immense demeure. Recluse et pas du tout en odeur de sainteté auprès des villageois qui la défigurent lors de ses rarissimes apparitions en ville, Brynn vit donc isolée dans une grande et belle propriété mais cette passionnée de maisons de poupées va très bientôt être le témoin d'un événement extraordinaire. Alors qu'une nuit la jeune femme entend de drôles de bruits, elle constate qu'une étrange créatures, tels que sont décrits généralement les êtres venus d'ailleurs, s'est introduite chez elle. Particulièrement hostile, cette dernière se met en chasse de Brynn qui au bout d'un certain temps parvient à prendre le dessus en tuant accidentellement l'intrus.ne sachant comment faire, Brynn prend son courage à deux mains et décide de se rendre au bureau du shérif. Mais en chemin, elle constate que des crop-circles ont envahit les jardins de plusieurs habitants. Pire : certains d'entre eux semblent comme ''possédés''. De retour chez elle, Brynn s'approche du cadavre de l'extraterrestre qu'elle a tué la veille et constate que quelque chose s'est échappé d'entre ses lèvres... Dénué de tout dialogue, No One Will Save You ne fera sans doute pas oublier certaines des œuvres citées ci-dessus. D'autant plus qu'en matière de psychologie, en dehors des bribes de récit concernant le passé de l'héroïne, l'écriture s'avère on ne peut plus sommaire. Mélange de ''Body Snatchers'' et de ''Home Invasion'', le second long-métrage de Brian Duffield n'en est pas moins relativement ''divertissant''. Et puisqu'en matière très précise de film de science-fiction mettant en scène des créatures prônant l'occupation des corps, rien de nouveau ne s'est présenté à nous récemment, pourquoi ne pas accorder à No One Will Save You le minimum d'intérêt auquel il peut prétendre ?


Entre Nope de Jordan Peel, The Hidden de Jack Sholder et les diverses interprétations du roman de The Body Snatchers du romancier américain, Jack Finney.


No One Will Save You est effectivement un melting-pot de ces diverses sources d'inspiration qui en grande partie sont depuis devenues des classiques de la littérature et du septième art. Ce dernier rejeton tend peut-être à devenir un grand nom de la science-fiction en mode ''invasion extraterrestre'' mais au vu du pesant challenge qu'il lui est imposé, il y a peu de chances que l'on se souvienne de lui au delà de quelques jours, voire quelques semaines. L'une des rares originalités demeure dans l'attitude de l'héroïne et des villageois envers elle. Des questions se posent d'emblée auxquelles tente de répondre le réalisateur et scénariste avec rapacité. Bien que la créature qui nous est présentée au départ ne semble pas avoir bénéficié d'un soin particulier en matière de CGI, l'idée de remplacer ses congénères par des hommes et des femmes physiquement et intellectuellement investis par d'autres phénomènes venus d'ailleurs semble être l'idée la plus simple et la plus évidente qui soit venue à l'esprit de Brian Duffield. Les effets-spéciaux étant ainsi parfois réduits à leur plus simple expression, c'est déjà ça d'économisé sur le budget. Il demeure au sein du récit quelques grossières resucées comme lorsque est scannée la demeure (un emprunt aux deux adaptations cinématographiques de La guerre des mondes) ou lorsque se déplace dans le ciel un vaisseau caché derrière un nuage (Nope). Avec No One Will Save You, nous sommes plus proches du film d'épouvante et de l'action que de la science-fiction pure, simple et réaliste. C'est d'autant plus rageant que les amateurs de cette dernière retrouveront quelques indices visuels qui les tromperont sur la marchandise. À commencer par les créatures plus ou moins semblables à l'idée que l'on se fait majoritairement d'extraterrestres dotés d'une grande intelligence (lesquels ne trouvent ici rien de mieux que de venir foutre le souk sur notre planète). Gros yeux sombres et crâne sur-développés ne semblent donc pas être gages de facultés intellectuelles supérieures. Du moins, pas en ce qui concerne le long-métrage de Brian Duffield. Ensuite, quelques intéressants visuels émergent ça et là. Comme l'enlèvement du corps extraterrestre par un rayon-tracteur. Mais en réalité, le film est en grande partie décevant. L'arrivée d'une créature aux dimensions beaucoup plus impressionnantes terminant ainsi de noircir le tableau. Ça en devient presque gênant. Bref, tout ce que semble construire le scénario au départ est sujet à des modifications qui transforment No One Will Save You en un vulgaire film d'épouvante-fantastique insistant un peu trop sur les diverses attaques d’origine extraterrestre tout en niant le droit à une certaine profondeur. Plus le récit de No One Will Save You évolue et plus l'aventure s'avère pénible à suivre. Et lorsque même à la fin Brian Duffield choisit d'offrir une réponse aux questions du début, là encore, on éprouve beaucoup de mal à concevoir ce que veut dire par là le cinéaste...

 

lundi 11 décembre 2023

Tropic d'Edouard Salier (2023) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

 

En France, on ne fait décidément rien comme dans les autres pays. Et surtout pas lorsque l'on aborde la science-fiction sur grand écran. On ne va pas s'étendre sur les quelques mockbusters (Terminus) ni sur les exemples de hard science-fiction (Bunker Palace Hotel) que certains cinéastes osèrent mettre en scène ces trente ou quarante dernières années mais plutôt sur un genre très spécifique qui consiste à mettre en avant des individus dont le rêve, le projet et le métier les destinent à aller dans l'espace. De prime abord l'on pense à L'étoffe des Héros de Philip Kaufman, à Apollo 13 de Ron Howard, à 2001, l'odyssée de l'espace de Stanley Kubrick, à Space Cowboys de Clint Eastwood ou même au plus récent, First Man de Damien Chazelle. Mais dans l'hexagone... qu'ont les français à titre de comparaison ? Pas grand chose à vrai dire. Car à part la comédie Un ticket pour l'espace d'Eric Lartigau, il est vrai que nous n'avons pas eu grand chose à nous mettre sous la dent ces dernières décennies... Du moins jusqu'à ce que le réalisateur, graphiste et photographe français Edouard Salier se penche sur la thématique de la conquête spatiale au travers d'une œuvre qui dénote avec la plupart des œuvres habituellement consommées par les amateurs de science-fiction. Avec son énigmatique titre, Tropic aurait tout aussi bien pu faire les affaires d'un long-métrage d'aventure situé dans des contrées exotiques, dans un pays plombé par une chaleur et une moiteur écrasantes. Ce qu'il est au demeurant. Pourtant, le film fut tourné en grande partie dans la région mulhousienne, entre Wittelsheim et Baldersheim pour se finir dans de merveilleux décors Guyanais. Tropic met donc au centre de son intrigues, deux frères jumeaux prénommés Làzaro (Pablo Cobo) et Tristan Guerrero (Louis Peres) ainsi que leur mère Mayra (l'actrice espagnole Marta Nieto). Bien que le long-métrage repose sur un script écrit par le réalisateur lui-même ainsi que par Mauricio Carrasco et Thibault Vanhulle, on pense presque immédiatement à la nouvelle The Color Out of Space du romancier américain Howard Phillips Lovecraft et à sa ressente et éponyme adaptation au cinéma par le réalisateur Richard Stanley avec dans le rôle principal, l'acteur Nicolas Cage. Car dans un cas comme dans l'autre, la chute d'une météorite aura de lourdes conséquences sur une partie de la faune et de la flore environnantes. Sauf que dans le cas de Tropic, Edouard Salier s’intéresse moins à l'aspect fantastique du phénomène qu'aux répercussions que celui-ci va avoir sur la vie des deux frères. Car Làzaro et Tristan s'entraînent depuis des mois au sein d'un programme militaire et scientifique à l'issue duquel les meilleures recrues auront toutes les chances d'obtenir leur place à bord d'une prochaine mission dans l'espace.


Dotés d'une intelligence et de capacités physiques hors-normes, les deux garçons rêvent d'être élus tous les deux. Mais le premier va devoir faire davantage d'efforts s'il veut égaler Tristan qui pour l'instant est premier au classement. Surtout qu'un concurrent prénommé Louis (l'acteur Marvin Dubart) se situe en seconde position. La faiblesse de Làzaro, c'est son souffle. Alors, en bon frère, Tristan l'entraîne le soir au bord d'un lac où les deux garçons pratiquent l'apnée. Jusqu'au jour où une lueur verte fait son apparition dans le ciel et que des débris de météorite tombent au beau milieu du lac. Rattrapé par un étrange phénomène qui s’étend sous les eaux, Tristan n'a malheureusement pas le temps de revenir vers la berge et est touché de plein fouet. Une fois à l’hôpital, le verdict est sans appel : le jeune homme vient d'être frappé par une bactérie dont les origines demeurent inconnues. Diminué physiquement et intellectuellement, ses chances de partir un jour dans l'espace sont réduites à néant... Dans son genre,Tropic est une sacrée bonne surprise comme il en existe parfois de manière tout à fait inattendue. Sorti sur les écrans le 02 août dernier, le film n'a semble-t-i pourtant pas vraiment fait parler de lui. Et ce n'est d'ailleurs pas la première fois car sur le seul territoire français, si un seul film aurait mérité que l'on abreuve les médias de publicités vantant ses qualités, c'est bien le 2021 que réalisa tout seul et avec ses propres moyens le talentueux Cyril Delachaux en 2018 et dont on attend avec une grande impatience un éventuel futur projet cinématographique. Avec ses allures de film d'horreur entrant dans la catégorie ''Body Horror'' Tropic est bien plus que cela même si de ce point de vue il s'avère efficace. Edouard Salier cherche visiblement plus à titiller la fibre émotionnelle du spectateur à travers le chamboulement d'une famille frappée par une ''malédiction venue d'ailleurs''. Remise en question de l'un et de l'autre des deux jumeaux. Culpabilité, remords... Tous les ingrédients sont réunis pour faire de Tropic un grand et beau film osant la mutation entre des genres dont l'hybridation semblait pourtant risquée. Et pourtant, cela fonctionne merveilleusement bien. Les deux principaux interprètes sont attachants et parfaitement dans leur rôle. Tropic fascine, entre monstruosité, drame et science-fiction... À découvrir au plus vite...

mardi 12 septembre 2023

Landscape with Invisible Hand de Cory Finley (2023) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Cory Finley peut remercier toutes celles et ceux qui avant lui ont conçu des œuvres de science-fiction dystopiques renvoyant généralement à des univers déshumanisés. En contrepartie, celles et ceux qui auront la chance de découvrir son dernier long-métrage intitulé Landscape with Invisible Hand pourront en retour le récompenser pour avoir su revigorer une thématique trop souvent employée pour demeurer innovante. Derrière ce titre mystérieux traduit chez nous sous celui de Paysage avec main invisible se cache effectivement une œuvre brillante inversant certaines valeurs propres au genre. Il ne s'agit donc plus d'évoquer un monde où les émotions doivent être abolies mais bien un univers où les exprimer demeure une question de survie. Ce que semblent avoir parfaitement compris les deux jeunes héros de ce récit prénommés Chloe (Kylie Rogers) et Adam Asante Blackk). Si la bande-annonce rend tout d'abord frileux, cette probable indifférence vient sans doute de la présence à l'image d'une race extraterrestre que l'on imagine mieux faire partie d'un film d'animation que d'un long-métrage réalisé avec d'authentiques interprètes. Si d'emblée l'apparence de ces créatures semble créer un fossé avec le sérieux du propos, les spectateurs seront très rapidement rassurés en réalisant qu'ils sont tout d'abord davantage évoqués que révélés à l'image. Alors que dans la plupart des dystopies de ce type les émotions sont annihilées, le fait est que dans Landscape with Invisible Hand, l'absence totale d'émotion chez ces extraterrestres connus sous le nom de Vuvv ainsi que leur méthode de reproduction asexuée est une mine d'or sur laquelle vont se projeter Chloe et Adam afin de subvenir aux besoins de leurs familles respectives. Deux familles qui vivent sous le même toit, la première ayant été accueillie par la seconde. Landscape with Invisible Hand reprend le concept de Elysium de Neil Blomkamp dans lequel les riches vivent au dessus de nos têtes dans des stations spatiales qui leurs sont strictement réservées tandis que le reste de la population survit à la surface de notre planète. Dans un cas comme dans l'autre, l'un des parents est absent. Si les Marsh sont tout d'abord généreusement accueillis dans la cave des Campbell, les problèmes de cohabitation vont très rapidement faire surface. Contrariant ainsi l'idée suscitée par nos deux adolescents de créer un podcast traitant des sentiments amoureux à l'attention des Vuvv...


De quoi enrichir le quotidien de nos deux familles puisque plus le nombre de Vuvv croît parmi les abonnés et plus Chloe et Adam accumulent de l'argent. Mais l'on ne trompe pas une race dont l'intelligence est infiniment supérieure à celle des humains. Car alors que de réels sentiments naissent au départ entre les deux adolescents, les disputent répétées entre leurs parents respectifs vont abîmer leur amour l'un pour l'autre. Chloe et Adam vont ainsi faire croire qu'ils s'aiment toujours jusqu'à ce que le parent d'un Vuvv réalise qu'ils font semblant... Tout d'abord, nous passerons sur l'apparence absolument ridicule des créatures extraterrestres qui semblent être tirées d'un banal film d'animation en images de synthèse. Ôtée leur étrange physionomie, Landscape with Invisible Hand fourmille d'idées originales beaucoup trop nombreuses à énumérer et qui à elles seules constituent le socle du récit. Si sur cette Terre futuriste (l'action se déroule dans les années 2030) cette vision de notre planète dont les règles sont désormais régies par des êtres venus d'ailleurs peut paraître relativement commune, il demeure des éléments qui constituent une véritable plus value qui renforce l'intérêt de l'histoire. Tout d'abord, l'invasion de notre planète par cette vision très enfantine d'une entité extraterrestre semble être moins traitée sous un angle coercitif que sous le concept de Soft power. Et pourtant, il est bien question ici de rééducation (de formatage culturel et intellectuel) et de mépris envers celles et ceux pour lesquels les Vuvv n'ont aucune espèce d'intérêt. Le réalisateur traite les ressources humaines sous un angle superfétatoire. Pour exemple, cet ancien neurochirurgien devenu chauffeur sur l'une des plate-formes aériennes qui gagne cinq fois son ancien salaire en est le parfait témoin. Sous ses allures de teen-movie, Landscape with Invisible Hand traite de sujets divers et variés qui nie à la monotonie un quelconque droit de présence à l'image. Parfois poétique et souvent étrange, le long-métrage de Cory Finley est passionnant de bout en bout. N'abusant pas des effets mais interrogeant ses protagonistes sur des questions sociales et existentielles, cette adaptation tirée du roman éponyme de MT Anderson est une réussite...

 

dimanche 20 août 2023

La gravité de Cédric Ido (2023) - ★★★★★★★☆☆☆

 



La frontière qui sépare film catastrophe et film catastrophique est parfois bien mince. Alors, lorsqu'un réalisateur, de surcroît d'origine française, ose un tel brassage des genres, la méfiance est généralement prescrite. Concernant La gravité de Cédric Ido, l’œuvre penche plutôt du bon côté et surpasse même les espérances en traitant des trafiquants d'une cité de la banlieue parisienne et d'un alignement des planètes qui risque d'avoir de fortes répercussions climatiques sur notre planète. Le réalisateur parisien s'attaque à un sujet sinon délicat, du moins complexe à mettre en scène s'il ne veut pas tomber dans le ridicule. Imaginez donc : une œuvre de science-fiction matinée de drame social et d'action. Treize ans plus tôt, Yannick Dahan et Benjamin Rocher avaient quant à eux mis en scène des flics et des malfrats confrontés à des zombies dans La horde ! Preuve que le terrain de chasse des dealers peut-être également celui d'événements très particuliers comme celui qui semble hanter un groupe d'adolescents autoproclamés ''Ronins'' (ou samouraïs sans maître) depuis des années. C'est donc dans une cité que va se dérouler l'intrigue reposant sur un script écrit par Cédric Ido lui-même et en collaboration avec Jeanne Aptekman et Melisa Godet. La gravité figure une forme de ''Blaxploitation'' des temps modernes ET... à la française. Non pas que l'homme blanc y soit bannit puisque parmi les interprètes, le public reconnaîtra les acteurs Olivier Rosemberg et Thierry Godard, mais une grande majorité des participants au long-métrage ont la peau d'ébène. Quant aux deux seuls ''visages pâles'' du film, ils s'agit de chair plus ou moins fraîche (le premier incarne Jovic, un clochard qui survit uniquement grâce à sa mère tandis que le second est le coach de l'un des héros du récit). Ceux qui recherchent en priorité l'action devront patienter jusqu'au dernier quart du film car d'ici là, Cédric Ido se concentrera sur l'exploration d'une cité tandis que le public pourra admirer la superbe photographie de David Ungaro et l'architecture anxiogène des lieux.


Du béton, des immeubles, pas un brin d'herbe mais des jeunes, que des jeunes, pas un adulte ou presque pour veiller sur eux ou leur ordonner de rentrer lorsque la nuit est tombée. Une tour, ses caves, ses appartements et sa bande de jeunes aux cheveux teints en rouge, signe de ralliement d'un groupe de dealers pas tout à fait comme ceux qu'ont l'habitude de reléguer les médias. Les (anti-)héros du récit se prénomment Daniel, Joshua et Christophe. Les deux premiers sont frères et ont choisi de s'en sortir chacun à leur manière. Le troisième, lui, vient de sortir de prison et est bien décidé à reprendre le contrôle du marché de la drogue du quartier. Malheureusement pour lui, les choses ont depuis bien changées. Un synopsis somme toute relativement banal dont l'intérêt serait moindre si le réalisateur s'était désintéressé de tout ou partie des aspects techniques qui accompagnent son œuvre. Nous évoquions plus haut la photographie de David Ungaro, à laquelle nous pourrions également ajouter la bande originale des frères Evgueni et Sacha Galperine qui composent à cette occasion une partition sous tension. Une tension qui d'ailleurs ne cessera de grandir à mesure que le ciel s'assombrit et devient rouge, révélant ainsi les réelles intentions des ''Ronins''. Comparés à ce que produit le cinéma asiatique et notamment la Corée du Sud, les quelques combats qui interviennent vers la fin du long-métrage n'étonneront ni ne séduiront les fans d'action. Chorégraphie de moyenne facture, on pense parfois de très, très, très loin à Old Boy de Park Chan-Wook ou à The Raid de Gareth Evans mais sans le génie de l'un (le plan-séquence du tunnel) et la maîtrise des ''ballets au corps à corps'' du second. Si sur le papier le projet semble improbable, voire casse-gueule, le résultat à l'écran fait son petit effet. L'ambiance de fin du monde, les différentes confrontations, l'univers et ce final apocalyptique (démontrant malheureusement que les CGI ne sont pas le fort des techniciens en matière d'effets-spéciaux numériques) finissent de confirmer que l'on tient là une vraie bonne alternative au cinéma américain. Une œuvre très encourageante pour la suite...

 

dimanche 14 mai 2023

Simulant d'April Mullen (2023) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Nombre de longs-métrages de science-fiction mettent en scène androïdes, cyborgs, robots, automates et humanoïdes en tous genres. Des machines généralement conçues pour être mises au service de l'homme jusqu'à ce que l'une ou plusieurs d'entre elles se mettent à dérailler et se révolter contre leurs concepteurs. La plus illustre des franchises dans ce domaines reste sans doute Terminator dont les deux premiers volets réalisés par James Cameron demeurent de véritables classiques selon les amateurs de science-fiction dystopique. On citera également le Blade Runner de Ridley Scott et des choses un peu plus récentes comme le Ex Machina d'Alex Garland. Réalisés par une grande majorité d'hommes, il arrive pourtant parfois qu'une femme se penche sur le sujet comme très récemment avec le Simulant de la canadienne April Mullen qui loin d'être une amatrice a débuté sa carrière il y a une quinzaine d'années. Sans atteindre la tension ni les qualités narratives des classiques susmentionnés, son dernier long-métrage possède des atouts non négligeables qui rendront l'expérience relativement agréable. Rien de fondamentalement innovant cependant comme nous le verrons plus loin puisque le sujet ayant été maintes fois traité sur grand écran, on ne s'étonnera pas à ce qu'une certaine redondance apparaisse à travers la quasi totalité des sujets évoqués dans cette œuvre développée à partir d'un scénario écrit le scénariste par Ryan Christopher Churchill...


Simulant VS T-800 VS Réplicants


L'on observera très rapidement l'infime frontière qui sépare le sujet du film de ceux des œuvres invoquées un peu plus haut. D'emblée, les simulants du film, ces humanoïdes contraints par des règles qui les empêchent en outre de faire du mal aux êtres humains ou de commettre un acte contraire aux législations en vigueur à l'échelle locale ou internationale, apparaissent comme un alternative aux machines de guerre qui dans un futur proche entraient en conflit avec l'humanité dans les deux premiers volets de la saga Terminator. Sauf qu'ici, le concept est inversé et ressemble donc davantage à celui de Blade Runner dans lequel des réplicants de modèle Nexus-6 étaient pourchassés par l'ancien Blade Runner Rick Deckard afin de retrouver et éliminer plusieurs de ces modèles devenus depuis des fugitifs. Dans un cas comme dans l'autre, c'est l'idée d'humanisation des androïdes qui est remise en cause et non plus seulement l'annihilation de l'espèce humaine par des machines conçues pourtant par ses représentants comme cela était le cas chez James Cameron. Simulant ouvre d'intéressantes perspectives et peut s'envisager comme une préquelle non officielle des Terminator puisque ce besoin pour le personnage de Casey Rosen (l'acteur Simu Liu) d'humaniser les Simulant au point que la distinction entre eux et l'homme devient quasiment impossible et cela contrairement aux restrictions imposées par l'agence Nexxera, laquelle définie en outre certaines limites à ce sujet...


Homme-Dieu et Sextech


Si certains envisagent déjà d'entretenir des relations sexuelles non plus avec des êtres exclusivement faits de chair et de sang, d'autres se projettent également dans un monde pas si lointain de nous (une trentaine d'années environ) en estimant qu'une majorité des hommes et des femmes auront davantage de relations charnelles avec des machines qu'avec leurs semblables. Une conception de l'amour abordée dans le cas de Simulent dans lequel une femme vit auprès d'un androïde, parfaite réplique physique de son époux mort dans un accident de voiture et où un génie de l'informatique, Casey Rosen, entretient une relation sexuelle avec sa voisine, une machine dont il a ''boosté'' les performances cérébrales ! Doté d'effets-spéciaux discrets mais convaincants, le long-métrage d'April Mullen assène le récit de flash-back inintéressants et qui malheureusement ne participent jamais de l'intérêt pour ce couple dont la présence vient miner une partie de l'intérêt tournant autour de la traque de Casey Rosen. Le film tente d'apporter un discours moral sur l'emploi et donc l'exploitation d'individus parfaitement semblables aux êtres humains à travers le personnage incarné par Simu Liu, lequel choisit à ses risques et périls de leur offrir une totale autonomie. En charge de la bande musicale, le trio canadien Blitz//Berlin pompe parfois sans scrupule celle que composa l'américain Brad Fiedel pour Terminator et notamment lors d'une séquence de course-poursuite. Au final, Simulent est un sympathique film de science-fiction matinée d'action qui n'a malgré tout aucune chance de faire de l'ombre aux classiques du genre...

 

vendredi 12 mai 2023

War of the Worlds – The Attack de Junaid Syed (2023) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

La guerre des mondes (ou The War of the Worlds en version originale) est à l'origine une œuvre de science-fiction écrite par le romancier britannique H. G. Wells publiée vers la toute fin du dix-neuvième siècle. Adaptée à de nombreuses reprises et sous différents médias (littérature, bande-dessinée, radio, jeux vidéos, etc...), elle fut notamment à l'origine de plusieurs longs-métrages dont le mythique film éponyme du réalisateur américain Byron Haskin de 1953. Plus de cinquante ans après, son compatriote Steven Spielberg réalise un remake. Puis ce sera au tour de Timothy Hines puis de David Michael Latt d'en proposer chacun une alternative. L'un pour le grand écran et le second pour la télévision. Deux œuvres qui sortiront conjointement à celle de Steven Spielberg en 2005 (les trois sortiront d'ailleurs au mois de juin de cette même année). D'autres s'empareront ensuite du sujet sous forme de séries, comme la médiocre version proposée par Craig Viveiros et Peter Harness en 2019 ou celle originaire de France, d'Angleterre et des États-Unis proposée la même année par Howard Overman. La spécialité de Junaid Syed est depuis une vingtaine d'années la supervision des effets-spéciaux dans une quarantaine de films et de séries télévisées dont War of the Worlds – The Attack qui est à ce jour la dernière adaptation du romancier britannique. Réalisateur, scénariste et producteur, Junaid Syed signe un long-métrage qui sous certains aspects se rapproche effectivement de l’œuvre littéraire et de quelques adaptations cinématographiques qui virent le jour depuis la publication du roman. À commencer par l'une des affiches qui présente les fameux tripodes, ces gigantesques créatures mécanisées découvertes notamment dans le film de Steven Spielberg en 2005, se déplaçant sur trois pattes et tirant des faisceaux capables de désintégrer tout ce que ces derniers atteignent. On se souviendra longtemps de la mémorable séquence lors de laquelle la population d'une petite ville américaine fut décimée, ''évaporée'', ne laissant derrière elle que poussière et lambeaux de tissus. Dans ce nouveau long-métrage, Junaid Syed met en scène trois jeunes individus. Se déplaçant exclusivement à vélo, Herbert, Hannah et Ogilvy parcourent une forêt à la recherche d'une météorite qui semble s'être écrasée non loin de leur position. Le premier d'entre eux évoque la possibilité d'une présence extraterrestre. Une éventualité que viendra corroborer la présence d'une foule et des autorités policières sur le site d'un crash dès le lendemain matin. Voici donc comment débutent les aventures de nos trois courageux adolescents incarnés par Sam Gittins, Lara Lemon et Alhali Fofana...


Lesquels vont devoir fuir une attaque sans précédent. Car très rapidement, la, et même, LES météorites qui les unes après les autres vont s'écraser sur notre planète renferment d'immenses machines qui une fois déployées détruisent tout sur leur passage. Devant la taille de telles ''créatures'', la logique voudrait que n'importe qui de censé prendrait ses jambes à son cou. L'une des premières séquences confrontant les représentants de l'humanité à ces machines de mort est très significative du contenu de War of the Worlds – The Attack. On reste coi devant l'improbable attitude des badauds qui plutôt que de fuir immédiatement dès l'apparition des tripodes préfèrent les contempler. Une séquence ayant pour conséquence le massacre d'hommes et de femmes un peu à la manière de la fameuse scène située dans le long-métrage de Steven Spielberg. À ce titre, même si visuellement l'on n'est moins troublés par cette séquence de totale annihilation de l'espèce humaine, les effets-spéciaux s'avèrent, sinon remarquables, du moins tout à fait satisfaisants. On pouvait effectivement craindre le pire mais dans le genre Mockbuster, de ce point de vue là, le long-métrage de Junaid Syed s'en sort avec les honneurs....... Parfois, du moins...... Mais pas toujours....... ! L'ampleur des événements est malheureusement assez mal retranscrite. Lorsque sont évoqués les ravages provoqués par l'invasion, ceux-ci le sont alors que nos trois héros traversent une ville certes abandonnée, mais dont les habitations n'ont fait l'objet d'aucune destruction de masse. Et puis, War of the Worlds – The Attack souffre parfois de ventres mous qui finissent par décourager le spectateur le plus attentif. Et ce, notamment lorsqu'ils croisent la route d'un prêtre illuminé dont les spectateurs devront supporter une longue et délirante litanie durant un quart-d'heure environ. Bien que le film de Junaid Syed ne soit pas d'une qualité artistique exceptionnelle, reconnaissons que parmi la flopée de longs-métrages sortis en salle, de DTV, de téléfilms et de séries télévisées à avoir vu le jour autour du sujet de l'invasion extraterrestre, celui-ci n'est pas le pire. Quant à savoir si l'humanité s'en sort à la fin, les fans de la première heure ne seront pas surpris d'y découvrir l'option choisie par le réalisateur...

 

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