dimanche 13 février 2022

Moonfall de Roland Emmerich (2022) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆




Roland Emmerich est l'équivalent d'un Luc Besson en mode mégalomanie. Un gamin auquel l'on confie assez d'argent pour donner vie à ses délires, à ses fantasmes, quitte à jeter des dizaines et des dizaines de millions de dollars par la fenêtre. Moins ''riche'' qu'un Valérian et la Cité des mille planètes signé du réalisateur français il y a cinq ans (presque deux-cent millions de billets verts de budget), le germano-américain s'est vu confier la coquette somme de cent-cinquante millions de dollars pour le tournage de son dernier long-métrage Moonfall, trois ans après que soit sorti sur les écrans le film de guerre Midway autre long-métrage à gros budget financé à hauteur de cent millions de dollars. Habitué des blockbusters, Roland Emmerich a la chance d'avoir un cercle de fans tandis qu'une partie des cinéphiles se complaisent très objectivement à dire du mal de pratiquement tout ce que le bonhomme produit au moins depuis presque quinze ans. Car avant cela, Stargate : la porte des étoiles, Independence Day et plus encore Le jour d'après pouvaient encore laisser supposer que le réalisateur pouvait tirer le meilleur parti-pris ou presque de la science-fiction ou du cinéma catastrophe. À ce dernier, c'est avec une autre forme de complaisance que l'on aura eu tôt fait d'y adjoindre le suffixe ''ique'' tant certaines de ses œuvres futures allaient se montrer parfaitement indigestes. Et parmi celles-ci, l'infâme 2012, le ridicule Independence Day: Resurgence (séquelle tellement piteuse de Independence Day que le troisième volet imaginé dès 2019 sera finalement oublié pour Moonfall). Fidèle scénariste de Roland Emmerich depuis 2004 et Le jour d'après, l'autrichien Harald Kloser s'est attelé auprès du réalisateur à l'écriture de ce qui s'avère une fois encore un film catastroph(iqu)e dans tous les sens du terme...


Repoussant sans cesse les limites de l'improbable, la Terre est désormais en danger depuis que le docteur en mégastructures K. C. Houseman (l'acteur John Bradley-West) a remarqué que la Lune a quitté son orbite initiale. Un personnage légèrement à l'ouest comme les affectionne apparemment Roland Emmerich puisqu'il évoque sensiblement Charlie Frost qu'incarnait Woody Harrelson dans 2012... Commence alors pour lui la tentative de convaincre du désastre à venir. Et en premier lieu, Brian Harper et Jo Fowler, deux anciens astronautes qui dix ans auparavant se virent confier une mission dans l'espace qui tourna en partie à la catastrophe lorsque le premier fut témoin de l'apparition d'un mystérieux essaim noir qui provoqua la mort d'un troisième astronaute. Dix ans plus tard, Brian ne fait plus partie de la Nasa mais alors qu'il rejette la thèse que vient de lui servir sur un plateau K. C. Houseman, il est bien obligé d'accepter le fait que bientôt, toute trace de vie sur Terre sera anéantie. Résumé relativement succinct de Moonfall, la richesse de son scénario en fait également son principal adversaire. En effet, trop ambitieuse, l'écriture de Roland Emmerich, de Harald Kloser mais également de Spenser Cohen est responsable d'une œuvre confuse et très souvent maladroite. Contraint d'opérer des coupes invraisemblables, le film se perd dans des considérations absurdes et relevant parfois du complotisme. À la recherche d'une certaine crédibilité, le réalisateur germano-américain s'empare en outre de l'une des plus ambitieuses rechercjes actuelles chères à la Nasa en évoquant la présence dans l'univers de sphères de Dyson, des mégastructures captant l'énergie des étoiles...


Dans le cas présent, l'évocation s'y fait à travers un puits long de vingt-cinq kilomètres environ pratiqué à la surface de la Lune qui quitte ainsi son orbite pour s'approcher à grands pas de notre planète. Avec tout ce que cela sous-entend de catastrophes naturelles bien évidemment. Au titre desquelles on retrouve l'habituel raz de marée. Si Roland Emmerich semble s'être un peu calmé et si sa gourmandise en matière d'effets-spéciaux semble s'être apaisée, on a droit à quelques monumentales séquences en images de synthèses aussi grandiloquentes et impressionnantes qu'abracadabrantes. Toujours ce besoin d'en mettre plein la vue, de justifier le budget, mais sans pour autant prendre soin d'apporter un quelconque sens du réalisme au sujet invoqué. Surtout, Moonfall aligne les clichés comme le font en général ce genre de longs-métrages et encore plus lorsqu'ils sont signés de la main de Roland Emmerich. D'où ce sentiment éternel de revoir sans cesse le même film, les catastrophes n'étant que de vulgaires copier/coller de certaines séquences vues par le passé. Autant dire que le réalisateur et ses interprètes parmi lesquels Halle Berry et Patrick Wilson ne bousculeront pas nos habitudes. Que le film déroule son intrigue sur Terre ou dans l'espace, il y a donc là, de quoi bayer aux corneilles durant cent-vingt minutes...

mercredi 9 février 2022

Brainstorm de Douglas Trumbull (1983) - ★★★★★★★☆☆☆

 


Artisan des effets photographiques sur divers longs-métrages de science-fiction (2001, l'odyssée de l'espace de Stanley Kubrick, Rencontre du troisième type de Steven Spielberg, Blade Runner de Ridley Scott) et producteur, le réalisateur américain Douglas Trumbull a lui-même mis en scène quelques projets, et parmi eux, deux longs-métrages. En 1972 tout d'abord, avec le film de science-fiction culte Silent Running. Puis onze ans plus tard, Brainstorm, dernière incartade dans les salles obscures pour Douglas Trumbull avant d'entamer une carrière ponctuée d'une dizaine de courts-métrages. Ce second film, loin d'être anodin, a l'avantage d'être interprété par une joli brochette d'acteurs. Avec en tête le toujours formidable Christopher Walken dans le rôle du docteur Michael Anthony Brace. Un scientifique qui depuis des années travaille sur un dispositif devant permettre d'enregistrer sur bande magnétique, tout ce que le cerveau humain contient d'émotions. La chose se concrétisant à travers des images transmises par un casque relié à un ordinateur gigantesque. Car comme on le découvre très rapidement, à l'époque, on ne concevait encore les super-ordinateurs que comme d'énormes machines prenant la place de pièces entières, reliés par d'innombrables câbles électriques. C'est dans ce contexte scientifique relativement crédible pour l'époque (le travail sur le son et l'image est approximativement ce à quoi l'on peut s'attendre au milieu des années quatre-vingt) et où le Bluetooth et la Wi-fi ne sont sans doute encore que des concepts très éloignés de la réalité, que l'on retrouve également l'actrice américaine Natalie Wood. Disparue trop rapidement à l'âge de quarante-trois ans dans des circonstances plus que suspectes (son corps fut retrouvé noyé près de l'île Santa Catalina après qu'elle ait passé une soirée arrosée à bord d'un yacht auprès de son époux Robert Wagner (la série Pour l'amour du risque, La tour infernale de John Guillermin), celle qui fut l'une des héroïnes La Fureur de vivre de Nicholas Ray en 1955 ou de West Side Story de Jerome Robbins et Robert Wise six ans plus tard tournait Brainstorm au moment de son décès...


Le long-métrage de Douglas Trumbull ne verra le jour sur les écrans américains que deux ans plus tard et en 1984 dans notre pays. Notons que le duo que forme Christopher Walken et Natalie Wood (qui dans le cas présent incarne son épouse Karen) est complété par la présence à l'écran de la formidable actrice Louise Fletcher dans le rôle du docteur Lillian Reynolds, et qui loin de la tyrannique infirmière Mildred Ratched dans le chef-d’œuvre de Miloš Forman Vol au dessus d'un nid de coucou réalisé six ans auparavant interprète celle qui aux côtés du docteur Michael Anthony Brace est à l'origine du projet qui contrairement à ce que pourrait laisser croire le titre du film, ne porte pas le nom de Brainstorm. Terme que justifiera plus tard la présence inévitable de l'armée qui fort logiquement tentera de récupérer le bébé des deux scientifiques pour son profit personnel. Visions stroboscopiques et vue à la première personne sont l'essentiel du rendu du procédé affiché à l'écran. Ça n'est donc pas pour ses effets-spéciaux que l'on appréciera tout d'abord le film de Douglas Trumbull mais plutôt pour ce combat entre la science et l'armée, à laquelle se joint le FBI représenté ici à travers le personnage de Landan Marks qu'interprète l'acteur Donald Hotton. Parmi les seconds rôles nous retrouvons Cliff Robertson qui en 1969 remporta l'Oscar du meilleur acteur dans Charly de Ralph Nelson ou Alan Fudge que les fans de la série L'Homme de l'Atlantide reconnaîtront puisqu'il y incarna le personnage de C.W.Crawford. Brainstorm est un étrange petit film. Entre série B ambitieuse parcourue de séquences formidables que l'on doit surtout à l'interprétation de ses acteurs (Louise Fletcher en tête), affrontement militaro-scientifique, et séquences parfois ennuyeuses ou inutiles, on passe devant l’œuvre de l'américain, un agréable moment lors duquel, forcément, l'on se range du côté de nos valeureux chercheurs plutôt que de ceux qui cherchent à les espionner. Au jeu du chat et de la souris, pas sûr que les grands pontes de l'armée en sortent vainqueurs. Entre nominations et récompenses, Brainstormi remporta notamment les Saturn Award de la meilleure actrice et de la meilleure musique pour Louise Fletcher et James Horner...

 

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