La science-fiction russe
est en général d'une rigueur scientifique qui peut laisser de
marbre une partie du public. Le dernier long-métrage de Dmitriy
Kiselev intitulé Mira
adopte au contraire une approche beaucoup plus ludique et légère en
transposant sa thématique au sein d'un film catastrophe des plus
mouvementé. Deux genres qui n'en sont pas à leur première
communion et qui trouvent ici un terrain de jeu prompt à multiplier
les séquences de bravoure. Entre une adolescentes marquée
physiquement et intellectuellement depuis longtemps par un accident
qui la brûla sur une bonne partie de son corps et son père, un
cosmonaute qu'elle n'a pas revu depuis ces six dernières années
qu'il a passé en orbite autour de notre planète. S'ouvrant
quasiment sur une séquence relativement pénible lors de laquelle
nous découvrons la jeune Lera (l'actrice Veronika Ustimova)
participant à une course sur une piste d'athlétisme, Mira
débute
effectivement assez mal. Une bande-son moisie qui ne colle absolument
pas à cet univers où la technologie va avoir une place cruciale
nous défonce les tympans. Cet expédient mimant ces universités
américaines à grand renfort de musique fast-food, de joueurs de
football américain et de majorettes donne envie de mettre
immédiatement un terme à cette aventure. Fort heureusement, cette
approche de très mauvais goût va très rapidement laisser place à
des enjeux nettement moins bêtifiants même si là encore, le public
sera en proie à certains mauvais démons qui nourrissent depuis des
décennies nombres de longs-métrages. Couple séparé. Difficulté
des rapports entre l'adolescente et son nouveau beau-père (l'acteur
Maksim Lagashkin dans le rôle pas très mature de Boris). Absence du
père. Gestion peu aisée du demi-frère. Le film de Dmitriy Kiselev,
comme la plupart de ceux qui abordent ce type de problèmes familiaux
recommandera à la jeune héroïne une maturité exceptionnelle pour
se sortir des différentes situations dans lesquelles elle sera
directement impliquée.
L'un
des très bonnes idées de Mira
est l'usage de nouvelles technologies qui permettront à son père
Arabov (Anatoliy Belyy) d'aider sa fille à des centaines de
kilomètres au dessus de sa tête. ''Accompagné'' par un ordinateur
de bord doté d'une voix féminine, le cosmonaute va en effet
employer une toute nouvelle technologie permettant de prendre le
contrôle de tout appareil électronique se situant sur notre planète
et plus précisément ceux placés dans les différents quartiers de
la ville de Vladivostok où se situe l'action et où une pluie de
météores s'apprête à pleuvoir au dessus de la tête de ses
habitants. C'est là qu'intervient le thème du film catastrophe lors
d'une séquence qui durera près de huit minutes ! Il s'agit là
de l'un de ces moments de bravoures que nous offre ce film qui ne
fait l'économie d'aucun effet pour nous en mettre plein la vue. Les
effets-spéciaux sont souvent remarquables, surtout lorsque les
différents impacts des météores n'entrent pas en collision avec le
sol ou les immeubles hors-champ de la caméra ! Quelques
effets numériques demeurent quelque peu ratés. Comme ces débris
qui en arrière-plans n'atteignent malheureusement pas l'ampleur d'un
impact qui aurait dû engendrer nettement plus de dégâts. Mais cela
reste un détail car la séquence est filmée en plan-séquence et
donc d'une seule prise, quoique l'on puisse envisager qu'il puisse y
avoir deux ou trois coupures à certains endroits. La caméra
virevolte littéralement autour du personnage de Lera et rappelle
dans une moindre mesure la longue et impressionnante traversée du
héros des fils de l'homme
de Alfonso Cuarón en 2006 dans une ville dévastée. Mira
tourne essentiellement autour du père et de sa fille même si
viennent s'y greffer quelques personnages secondaires comme Misha
qu'interprète le jeune Yevgeniy Yegorov ou Svetlama, la mère de
la jeune héroïne qu'incarne l'actrice Darya Moroz. Aidée de très
loin par un père dont les heures seront comptées puisque la
station-spatiale sera percutée par un débris de météorite,
l'aventure sera notamment l'occasion pour la jeune Lera de combattre
sa hantise du feu. Le mélange entre science-fiction et catastrophe
fonctionne parfaitement et le duo formé par Anatoliy Belyy et
Veronika Ustimova est attachant. Une bonne surprise venue de Russie,
donc...