L'Australie fut l'un des
fleurons (plutôt avare) de la science-fiction dans les années
soixante-dix/quatre-vingt. D'emblée l'on pense évidemment aux deux
premiers volets de la franchise post-apocalyptique Mad Max
réalisés
par George Miller. Beaucoup plus tard l'on eu même droit à l'un des
plus incroyables longs-métrages tournant autour des boucles et
paradoxes temporels, Prédestination de
Michael et Peter Spierig. Nous pourrions élargir le spectre en
ajoutant à cette très courte liste différents thèmes fantastiques
(genre avec lequel la science-fiction se confond parfois) que
revêtent les classiques de Peter Weir que sont La
dernière vague et
Les voitures qui ont mangé Paris,
Harlequin
de Simon Wincer ou Patrick
de Richard Franklin mais ce serait s''éloigner un peu trop du sujet
qui nous intéresse ici. Chronical : 2067
de Seth Lamey est le second long-métrage du réalisateur australien.
Sa thématique risque tout d'abord de faire bondir les amateurs de
science-fiction de leur siège. Imaginez donc qu'à la surface de
notre planète l'air soit devenu irrespirable et que soit prise la
décision d'envoyer dans le futur un homme capable de s'y renseigner
afin de trouver une solution pour sauver l'humanité. Je sais ce que
vous vous dites. Que le réalisateur et scénariste australien ne
s'est apparemment pas trop emmerdé avec ce qui aurait dû lui servir
de créativité puisque d'origine, le synopsis semble emprunter son
''originalité'' au formidable scénario que David Webb Peoples et
Janet Peoples développèrent au milieu des années quatre-vingt dix
pour le chef-d’œuvre de Terry Gilliam, L'armée
des douze singes.
Un script lui-même inspiré par le court-métrage français de Chris
Marker La Jetée
qui, soit dit en passant, est au mieux un roman-photo sonorisé, au
pire une soirée diapositives terriblement ennuyeuse. En tous les
cas, une œuvre beaucoup trop surestimée, n'en déplaise à son
grand nombre de fans qui le portent aux nues de la science-fiction...
Ambitieux
et parfois très joli même si certains décors (ceux de cités
détruites) arborent une désespérante artificialité, Chronical :
2067
mêle voyage dans le temps, post-apocalyptique et donc,
science-fiction. Drame également, avec le récit de ce jeune homme
qui décidément n'a pas de chance dans la vie. Imaginez donc :
un père scientifique qui se suicide alors que son fils n'est encore
qu'un enfant. Une mère qui perd la vie durant un guet-apens alors
que son rejeton n'a pas encore atteint l'âge de l'adolescence. Une
petite amie qui beaucoup plus tard, sera atteinte d'une très grave
maladie. Et puis, un sort qui s'acharne sur le jeune homme qu'est
devenu Ethan Whyte : seul espoir de l'humanité, guidé par des
scientifiques et par un intriguant message venu du futur s'affichant
sur un panneau lumineux digne de ceux qui l'on trouve dans les Trains
Express Régionaux
français (oh, ça va, je rigole.......... en fait, non, je suis
vraiment sérieux), lequel enjoint Ethan a faire le voyage vers le
futur en se positionnant dans une étrange machine en forme de
réacteur d'avion de ligne ! Tout seul... Comme un grand... Le
poignet engoncé dans un drôle de boîtier électronique impossible
à ôter que son père lui a ''offert'' il y a donc très longtemps
avant de disparaître. Si quatre-cent ans plus tard l'air est
redevenu respirable, certaines petites baies dont nos parents nous
ont toujours dit de nous méfier demeurent quant à elle toujours
aussi toxiques. Empoisonné et délirant, proche de la mort, Ethan
voit surgir du passé (et donc de son présent) son ami Jude Mathers
avec lequel il va entreprendre de trouver le remède au mal qui
décime l'humanité en 2067...
Drôle
de choix que d'avoir choisi l'acteur Kodi Smit-McPhee afin d'incarner
Ethan Whyte. Celui-ci dégage effectivement très peu de charisme
contrairement à son compagnon de route, l'acteur Ryan Kwanten. Mais
bon, tout étant question de goût, on ne va pas s'éterniser sur le
sujet. Comme nombre de films de science-fiction modernes,Seth Lamey
attache beaucoup d'importance à la psychologie de son principal
personnage. En découlent des séquences lors desquelles l'émotion
tente une percée sans malheureusement y parvenir. Bien au contraire
puisque c'est l'ennui qui s'impose à intervalles réguliers. Déjà
que le film, sans être d'une mollesse à toutes épreuves, n'est pas
très bien rythmé et qu'il perd les spectateurs dans un brouillard
scénaristique aussi artificiel que la plupart des décors,
l'ambitieux récit tombe malheureusement régulièrement à plat.
Moralisateur et démagogue, on se doute bien qu'à un moment donné
l'histoire va tordre le cou au concept de base pour nous trimballer
dans un récit où la morale le disputera à la corruption et au
nauséabond. La portée ''fantastique'' du récit est balayée par un
ouragan faussement émotionnel qui veut que l'intérêt du sujet se
porte moins sur l'espoir d'une humanité à l'agonie reposant sur un
seul homme que sur les rapports qu'il entretient avec l'image de son
père disparu et avec lequel il ''communiquera'' à travers des
hologrammes. Pompeux, vain et ennuyeux, Chronical :
2067 arbore
parfois de jolis décors qui promettaient à l'origine de superbes
séquences d'exploration mais là encore, c'est la désillusion.
Entre incohérences, propagande et confusion, le film du réalisateur
australien est une assez mauvaise surprise dont la seule qualité
sera de nous donner envie de redécouvrir le chef-d’œuvre de Terry
Gilliam. Ce qui d'une certaine manière, n'est déjà pas si mal...