Significant Other
(curieusement traduit chez nous sous le titre Une
obsession venue d'ailleurs)
est le dernier long-métrage réalisé par le binôme Dan Berk et
Robert Olsen après le court-métrage Dispatch en
2014 et les formats longs Body,
The Stakelander
et Villains
respectivement réalisés en 2015, 2016 et 2019. Voguant jusque là
entre horreur, comédie, drame et thriller, ces deux là s'attaquent
désormais à la science-fiction. Et force est de reconnaître qu'il
y avait bien longtemps que l'on n'avait pas rencontré chose aussi
étrange dans le domaine. Pourtant moins énigmatique que l'excellent
Under the Skin
que réalisa Jonathan Glazer en 2013 mais parfois tout aussi pesant
et isolationniste que le troublant Honeymoon
de Leigh Janiak en 2014, Significant Other
(littéralement,
Ma moitié) semble
tout d'abord prendre sa source aux mêmes origines que les
différentes variations sur le thème des voleurs de corps
dont les premières traces remontent en 1955 avec le roman de Jack
Finney originellement traduit chez nous sous le titre Graines
d'épouvante.
Un ouvrage maintes fois adapté sur grand écran puisque pas moins de
cinq longs-métrages virent le jour entre 1956 et 2007 (Tout d'abord
L'Invasion des profanateurs de sépultures
de Don Siegel, L'Invasion des profanateurs de
Philip Kaufman en 1978, Body Snatchers
d'Abel Ferrara en 1993 et enfin Invasion d'Oliver
Hirschbiegel et Invasion of the Pod People
tout deux réalisés en 2007). Une thématique insinuant le
remplacement de l'espèce humaine par une entité venue d'ailleurs
qui fut reprise à d'autres occasions également. Tel The
Faculty
de Robert Rodriguez en 1998, le médiocre Rupture
de Steven Shainberg en 2017, le Assimilate
de John Murlowski deux ans plus tard et même le génial Invasion
Los Angeles de
John Carpenter qu'il ne faudrait surtout pas omettre. On le voit, les
petits hommes gris (ou verts, c'est selon) qui aiment se soustraire à
la présence de l'homme n'ont pas fini de faire parler d'eux. C'est
donc encore une fois le cas avec Significant
Other
qui situe son action au beau milieu d'une forêt qu'ont décidé de
parcourir, sac sur les épaules, le couple formé de Ruth (Maika
Monroe) et Harry (Jake Lacy). Un couple amoureux. Lui veut faire sa
déclaration entre deux énormes pins et au bord d'un précipice
tandis qu'elle n'est pas très chaude. Une rencontre avec un
phénomène dont le spectateur découvrira la source dès l'entame va
bien évidemment tout remettre en question...
Effets-spéciaux
discrets mais relativement efficaces, musique envoûtante (signée de
Oliver Coates), caractérisation des principaux protagonistes
inhabituelle, interprétation parfois approximative, mais mise en
scène sobre et tangible font que tout se tient assez bien
finalement. Après une première moitié qui ne tient que sur de
faibles fondations en terme d'écriture, la suite promet quelques
rebondissements dont une révélation contrecarrant complètement
l'impression qu'avaient pu tout d'abord nous laisser l'un et l'autre
des personnages. Réduit au strict minimum, le long-métrage de Dan
Berk et Robert Olsen ne conviera qu'une toute petite poignée de
seconds rôles et se concentrera avant tout sur son duo d'amoureux
''perdu'' dans une forêt on ne peut plus angoissante. Malgré
l'apparente simplicité de la mise en scène et l'emploi abusif de
Jump Scares
qui tous se ressemblent (l'un après l'autre, Ruth et Harry sont
surpris par l'arrivée soudaine de leur conjoint dans leur dos) et
sont marqués par de maladroits déclenchements sonores, le
spectateur sera peut-être surpris de découvrir quelques fondus
enchaînés prouvant les réelles qualités en matière de recherche
esthétique de la part des deux réalisateurs. Des séquences parfois
bluffantes de beauté qui tranchent avec la monotonie de la mise en
scène. Monotonie qui participe cependant au climat d'angoisse qui
s'installe dès que la nuit tombe, laissant notre jeune couple face à
cet inconnu que l'on sait malheureusement déjà venu d'ailleurs.
Quelques plans gore viennent superficiellement épicer le récit qui
n'avait cependant pas besoin de ces quelques étalages sanguinolents
pour faire son petit effet. Si quelques passages paraissent au
premier abord plutôt absurdes, ils trouvent en réalité leur
justification lors des séquences qui vont leur succéder. Le budget
du film étant visiblement limité, le film n'a pas l'ampleur des
Grandes Œuvres de la science-fiction mais mérite tout de même
l'intérêt des amateurs du genre. Une thématique abordée, au fond,
de manière restreinte puisque Significant Other
se transforme ensuite en un objet horrifique non dénué d'un certain
humour. On regrettera malgré tout la dernière séquence située à
bord d'une voiture, laquelle s'avère parfaitement inutile.... signe
d'une éventuelle séquelle... ?
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