Dans le petit monde de la
science-fiction, la série de Clémence Dargent et Martin DouaireOVNI(s) réalisée par Anthony Cordier et diffusée
pour la première fois du 11 janvier au 1er février 2021 sur Canal+
a sans doute marqué l'esprit de millions de rêveurs qui imaginent
l'existence de civilisations extraterrestres. Celle-ci mettait en
scène l'ingénieur en aérospatiale du Centre national d'études
spatiales (ou CNES)
Didier Mathure qu'incarnait l'acteur Melvil Poupaud projeté au sein
du Groupe d'études des phénomènes aérospatiaux non
identifiés plus couramment
connu sous le nom de GEPAN.
L'intrigue se déroulait alors que le groupe était naissant et le
personnage évoluait autour de trois collègues interprétés par
Michel Vuillermoz (l'enquêteur Marcel Bénès), Quentin Dolmaire
(l'informaticien statisticien Rémy Bidaut) et Daphné Patakia (la
standardiste Véra Clouseau). Une série atypique s'inscrivant dans
l'étude de cas véridiques mais sous un angle profondément
burlesque. À l'issue de la seconde saison, le projet OVNI(s)
sera pourtant abandonné, laissant ainsi des légions d'orphelins
passionnés d'ufologie... Il leur faudra patienter jusqu'en mai 2023
pour retrouver un peu de l'esprit de cette excellente série
française, traverser la Manche, passer par la Norvège et stopper
net en Suède où se situe l'action de UFO
Sweden,
l'une des dernières productions en matière de science-fiction pour
cette contrée. Un genre qui n'est pourtant pas forcément l’apanage
de ce pays scandinave et dont les productions actuelles semblent se
compter sur les doigts d'une main, voire de deux. Après une courte
séquence située en 1988 lors de laquelle nous est présentée celle
qui deviendra très rapidement l'héroïne du récit, l'intrigue nous
plonge en 1996. C'est à cette époque que la jeune Denise
qu'interprète l'actrice Inez Dahl Torhaug dont il s'agit là du tout
premier rôle sur le modèle du grand format intervient au sein de
l'association UFO
Sweden
qui dans le passé fut dirigée par son père disparu et qui
désormais accueille un groupe formé de drôles d'olibrius. L'ancien
collègue et ami du père de l'adolescente Lennart (Jesper
Barkselius) et l’irascible et malveillant Gunnar (Håkan Ehn) ont
donc repris le flambeau, soutenus par Töna (Isabelle Kyed), Mats
(Mathias Lithner) et Riddaren (Christoffer Nordenrot)...
Le
récit se situe à Norrköping dans le comté d'Östergötland Alors
que le père de Denise est officiellement mort, sa fille commence à
avoir des doutes quant à sa disparition. Bien que témoignant auprès
de la brigadière Tomi (Sara Shirpey), l'adolescente est contrainte
de se retourner vers les membres de UFO
Sweden
qui après avoir hésité vont accepter de l'accompagner dans une
aventure pleine de surprises. C'est après avoir assisté à une
projection du documentaire de Michael Cavanagh et Kerstin Übelacker
intitulé Ghost
Rockets datant
de 2015 que le collectif suédois de cinéma Crazy Pictures imaginent
concevoir leur projet intitulé UFO
Sweden.
Notons d'ailleurs que le titre du film se reporte à l'authentique
organisation nationale suédoise du nom de UFO-Sverige
qui fut notamment créée en 1970 par son président Clas Svahn,
laquelle réunit depuis, un certain nombre de groupes spécialisés
dans l'ufologie. Tout comme chez nous avec la série OVNI(s),
le long-métrage de Victor Danell semble pointer une certaine volonté
de traiter son sujet non pas sous l'angle le plus sérieux et le plus
réaliste qui soit mais sur un ton humoristique. Nous sommes donc
bien loin d'une certaine rigueur propre à certaines icônes de la
science-fiction comme pouvaient l'être en leur temps la série de
Chris Carter X-Files
ou le long-métrage de Christopher Nolan Interstellar
dont semble se prétendre être l'héritier UFO
Sweden.
Si le long-métrage de Victor Danell se réfère effectivement à
nombre de productions du genre, UFO
Sweden
n'en possède pas moins une patte toute personnelle, constituée de
personnages grandiloquents et de situations qui touchent également
au thème du thriller avec sa propension à développer un aspect
complotiste et policier. Divertissant, amusant et intriguant,
l'apparente simplicité de la mise en scène et du scénario est
contrecarrée par la profonde implication des interprètes. Tout
juste l'on regrettera une dernière partie forcément très attendue
incluant l'hypothèse des trous de verre lors d'une séquence dont la
laideur visuelle est à l'aune de son invraisemblance. Une œuvre de
science-fiction que l'on regardera en famille pour son aspect
distrayant plus que pour sa rigueur scientifique...