S'attaquer à La
guerre des mondes, c'est s'en
prendre à un monument de la littérature anglo-saxonne. À
l'origine, le roman de l'écrivain britannique H.G.Wells The
War of the Worlds fut publié
pour la toute première fois en 1898. Adapté en 1953 par le
réalisateur Byron Haskin, le film est depuis devenu un classique de
la science-fiction. En 1981, le cinéaste polonais Piotr Szulkin
signa Wojna Swiatów - Nastepne Stulecie,
une adaptation libre et méconnue du grand public de l’œuvre de
H.G.Wells. D'autres poursuivront l'entreprise au cinéma en signant
des longs-métrages plus ou moins notables comme Steven Spielberg en
2005, sa vision scindant ainsi le public en trois catégories. Ceux
qui adoubèrent d'emblée sa version, ceux qui détestent et ceux qui
changèrent d'avis à son sujet au fil des années. La télévision
n'étant pas en reste, plusieurs séries virent le jour. Et notamment
en 2019 où surgirent non pas une mais deux adaptations. La piteuse
The War of the Worlds
de Craig Viveiros et la convaincante Guerre des
Mondes
de Howard Overman. Des adaptations qui à travers le temps, on le
voit, n'ont pas toutes réussi à sublimer le matériau de base.
C'est donc avec espoir que l'on attendait avec plus ou moins
d'impatience l'arrivée sur la plateforme Prime
Video
de la toute nouvelle itération signée de Rich Lee même si le
cinéaste n'a jusque là consacré sa carrière qu'à tourner des
clips vidéo ! Mise à disposition des abonnés depuis le 30
juillet dernier, sa vision du récit est tout d'abord prometteuse. En
effet, plutôt que montrer l'invasion d'une espèce extraterrestre
particulièrement hostile de manière directe et frontale, Rich Lee
préfère mettre en scène ses protagonistes à travers l'emploi des
réseaux sociaux et de caméras de surveillance. Travaillant
d'arrache-pied pour le département de la Sécurité intérieure
américain, Will Radford (Ice Cube) s'implique totalement dans la vie
de ses deux enfants qu'il s'est juré de protéger depuis le décès
de son épouse.
Les
vingt premières minutes se concentrent d'ailleurs autour de ses
activités professionnelles dont il use pour notamment s'assurer que
sa fille Faith (Iman Benson) se nourrit convenablement !!! Un
exemple parmi tant d'autres d'objets d'usage courant connectés.
Montres, voitures, caméras, téléphones et même...
réfrigérateurs ! Cela peut faire sourire mais montre bien que
le Gouvernement américain contrôle absolument tout des faits et
gestes de la population. Durant cette première partie, notre héros
tente également de mettre la main sur un pirate informatique
insaisissable qui se fait connaître sous le nom de Disruptor !
Alors que d'étranges phénomènes météorologiques se manifestent
un peu partout sur Terre, une vague de météorites s'écrase un peu
partout dans le monde. D'énormes roches provenant de l'espace mais
qui en réalité cachent en leur cœur d'énormes machines, des
tripodes, venues apparemment détruire les plus importantes
infrastructures de notre planète... Aïe ! Si le film n'excède
pas les quatre-vingt dix minutes, ramenant ainsi l'invasion
extraterrestre à une durée d'une heure environ, le spectateur se
retrouve devant ce qui demeure à ce jour comme l'une des pires
propositions en matière de science-fiction tous genres et
sous-genres confondus. Dès le départ, la réactivité insensée de
Will Radford dont les préoccupations familiales semblent en outre
parfois plus importantes que la défense de son propre pays est d'une
invraisemblance qui frise le ridicule. Car à moins qu'il soit
atteint du Syndrome d'Asperger ou que son crâne renferme non pas UN
cerveau mais deux ou trois, sa gestion des divers événements est
tout simplement improbable.
Heureusement
pour lui, il va pouvoir compter sur le soutien de sa fille Faith, une
chercheuse extrêmement talentueuse dans le domaine de la
bio-médecine ainsi que sur celle de son fils Dave (Henry Hunter
Hall), grand amateur de jeux vidéos mais aussi et surtout, pirate
informatique. Car, oui, les amis, Disruptor,
c'est lui ! Ouais, je balance l'info, mais on s'en fout, hein ?
De toute manière, c'est tellement mauvais que vous ne vous donnerez
pas la peine de regarder cette purge. Et même, si la tentation de
perdre une heure trente de votre existence devient irrésistible, le
spectacle auquel vous allez assister est tel que ce spoil ne
deviendra plus qu'un petit détail noyé au sein d'un fleuve
d'invraisemblances et de situations plus ridicules les unes que les
autres. Reposant sur un concept similaire à Searching
- Portée disparue
d'Aneesh Chaganty qui en 2018 était autrement plus convaincant, The
War of the Worlds
prend vraiment les spectateurs pour des abrutis, glorifiant en outre
le cercle familial en réunissant deux génies en informatiques (le
père et le fils) ainsi que l'avenir de la médecine moderne (la
fille). Trois héros d'une même famille qui à eux seuls vont
carrément sauver le monde. Passons le montage parfois ultra-cut qui
invisibilise la plupart des actions, des tripodes qui rappellent non
pas les grandes heures de la science-fiction sur grand écran mais
davantage l'univers vidéoludique (mon dieu, ces lasers... nous
sommes en 1990 ou quoi?), ces retournements de situations (les
intentions réelles des envahisseurs) qui mettent un énorme coup de
pied aux précédentes éventualités ou la fille et le fils que
l'on croit morts à tour de rôle mais qui par miracle (ou par un
subterfuge scénaristique dépassant l'entendement) ont survécu.
Sans parler de cette course contre la montre finale d'un pathétisme
qui mériterait d'être étudié dans les écoles de cinéma. Mais la
cerise sur la gâteau, dont tout le monde a sans doute déjà entendu
parler et qui loin d'être conspiratrice est bien réelle, est cette
propension à transformer l’œuvre magnifique de H.G.Wells en
véritable plateforme promotionnelle dont les éventuels
''bénéfices'' reviennent à... Amazon.
Que vous achetiez ou pas des produits vendus par l'enseigne, ici,
vous allez en bouffer du début à la fin. À travers le personnage
de Mark Goodman (Devon Bostick), petit ami de Faith et
chauffeur-livreur chez... devinez qui... Amazon
bien sûr. La marque, le réalisateur la placarde chaque fois qu'il
en a l'occasion. Mais pas de chance pour son fondateur Jeff Bezos :
le film est une telle purge que l'on parlera ici d'anti-pub. Bien
fait pour sa gueule. À contrario, et à bien y repenser, The
War of the Worlds
pourrait dans un avenir pas si lointain que ça, passer du statut de
bousin à celui de nanar culte... !
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