samedi 16 août 2025

The War of the Worlds de Rich Lee (2025) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆

 


 

S'attaquer à La guerre des mondes, c'est s'en prendre à un monument de la littérature anglo-saxonne. À l'origine, le roman de l'écrivain britannique H.G.Wells The War of the Worlds fut publié pour la toute première fois en 1898. Adapté en 1953 par le réalisateur Byron Haskin, le film est depuis devenu un classique de la science-fiction. En 1981, le cinéaste polonais Piotr Szulkin signa Wojna Swiatów - Nastepne Stulecie, une adaptation libre et méconnue du grand public de l’œuvre de H.G.Wells. D'autres poursuivront l'entreprise au cinéma en signant des longs-métrages plus ou moins notables comme Steven Spielberg en 2005, sa vision scindant ainsi le public en trois catégories. Ceux qui adoubèrent d'emblée sa version, ceux qui détestent et ceux qui changèrent d'avis à son sujet au fil des années. La télévision n'étant pas en reste, plusieurs séries virent le jour. Et notamment en 2019 où surgirent non pas une mais deux adaptations. La piteuse The War of the Worlds de Craig Viveiros et la convaincante Guerre des Mondes de Howard Overman. Des adaptations qui à travers le temps, on le voit, n'ont pas toutes réussi à sublimer le matériau de base. C'est donc avec espoir que l'on attendait avec plus ou moins d'impatience l'arrivée sur la plateforme Prime Video de la toute nouvelle itération signée de Rich Lee même si le cinéaste n'a jusque là consacré sa carrière qu'à tourner des clips vidéo ! Mise à disposition des abonnés depuis le 30 juillet dernier, sa vision du récit est tout d'abord prometteuse. En effet, plutôt que montrer l'invasion d'une espèce extraterrestre particulièrement hostile de manière directe et frontale, Rich Lee préfère mettre en scène ses protagonistes à travers l'emploi des réseaux sociaux et de caméras de surveillance. Travaillant d'arrache-pied pour le département de la Sécurité intérieure américain, Will Radford (Ice Cube) s'implique totalement dans la vie de ses deux enfants qu'il s'est juré de protéger depuis le décès de son épouse.


Les vingt premières minutes se concentrent d'ailleurs autour de ses activités professionnelles dont il use pour notamment s'assurer que sa fille Faith (Iman Benson) se nourrit convenablement !!! Un exemple parmi tant d'autres d'objets d'usage courant connectés. Montres, voitures, caméras, téléphones et même... réfrigérateurs ! Cela peut faire sourire mais montre bien que le Gouvernement américain contrôle absolument tout des faits et gestes de la population. Durant cette première partie, notre héros tente également de mettre la main sur un pirate informatique insaisissable qui se fait connaître sous le nom de Disruptor ! Alors que d'étranges phénomènes météorologiques se manifestent un peu partout sur Terre, une vague de météorites s'écrase un peu partout dans le monde. D'énormes roches provenant de l'espace mais qui en réalité cachent en leur cœur d'énormes machines, des tripodes, venues apparemment détruire les plus importantes infrastructures de notre planète... Aïe ! Si le film n'excède pas les quatre-vingt dix minutes, ramenant ainsi l'invasion extraterrestre à une durée d'une heure environ, le spectateur se retrouve devant ce qui demeure à ce jour comme l'une des pires propositions en matière de science-fiction tous genres et sous-genres confondus. Dès le départ, la réactivité insensée de Will Radford dont les préoccupations familiales semblent en outre parfois plus importantes que la défense de son propre pays est d'une invraisemblance qui frise le ridicule. Car à moins qu'il soit atteint du Syndrome d'Asperger ou que son crâne renferme non pas UN cerveau mais deux ou trois, sa gestion des divers événements est tout simplement improbable.


Heureusement pour lui, il va pouvoir compter sur le soutien de sa fille Faith, une chercheuse extrêmement talentueuse dans le domaine de la bio-médecine ainsi que sur celle de son fils Dave (Henry Hunter Hall), grand amateur de jeux vidéos mais aussi et surtout, pirate informatique. Car, oui, les amis, Disruptor, c'est lui ! Ouais, je balance l'info, mais on s'en fout, hein ? De toute manière, c'est tellement mauvais que vous ne vous donnerez pas la peine de regarder cette purge. Et même, si la tentation de perdre une heure trente de votre existence devient irrésistible, le spectacle auquel vous allez assister est tel que ce spoil ne deviendra plus qu'un petit détail noyé au sein d'un fleuve d'invraisemblances et de situations plus ridicules les unes que les autres. Reposant sur un concept similaire à Searching - Portée disparue d'Aneesh Chaganty qui en 2018 était autrement plus convaincant, The War of the Worlds prend vraiment les spectateurs pour des abrutis, glorifiant en outre le cercle familial en réunissant deux génies en informatiques (le père et le fils) ainsi que l'avenir de la médecine moderne (la fille). Trois héros d'une même famille qui à eux seuls vont carrément sauver le monde. Passons le montage parfois ultra-cut qui invisibilise la plupart des actions, des tripodes qui rappellent non pas les grandes heures de la science-fiction sur grand écran mais davantage l'univers vidéoludique (mon dieu, ces lasers... nous sommes en 1990 ou quoi?), ces retournements de situations (les intentions réelles des envahisseurs) qui mettent un énorme coup de pied aux précédentes éventualités ou la fille et le fils que l'on croit morts à tour de rôle mais qui par miracle (ou par un subterfuge scénaristique dépassant l'entendement) ont survécu. Sans parler de cette course contre la montre finale d'un pathétisme qui mériterait d'être étudié dans les écoles de cinéma. Mais la cerise sur la gâteau, dont tout le monde a sans doute déjà entendu parler et qui loin d'être conspiratrice est bien réelle, est cette propension à transformer l’œuvre magnifique de H.G.Wells en véritable plateforme promotionnelle dont les éventuels ''bénéfices'' reviennent à... Amazon. Que vous achetiez ou pas des produits vendus par l'enseigne, ici, vous allez en bouffer du début à la fin. À travers le personnage de Mark Goodman (Devon Bostick), petit ami de Faith et chauffeur-livreur chez... devinez qui... Amazon bien sûr. La marque, le réalisateur la placarde chaque fois qu'il en a l'occasion. Mais pas de chance pour son fondateur Jeff Bezos : le film est une telle purge que l'on parlera ici d'anti-pub. Bien fait pour sa gueule. À contrario, et à bien y repenser, The War of the Worlds pourrait dans un avenir pas si lointain que ça, passer du statut de bousin à celui de nanar culte... !

 

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