À la lecture des
nombreux commentaires s'agissant d'Electric Dream du
réalisateur, scénariste et producteur américain Robert Barron,
l'engouement avec lequel s'expriment à son sujet les critiques
laissait envisager une expérience hors du commun, renvoyant à une
époque que nombre de cinéastes tentent aujourd'hui de faire
ressurgir par l'application du concept de Revival.
Sans doute faut-il avoir connu cette comédie romantique et de
science-fiction pour y être autant agrippé que le sera l'année
suivante votre serviteur au sujet du formidable Breakfast
Club
de John Hugues. Pourtant sans commune mesure avec Terminator
de James Cameron qui verra le jour sur son territoire d'origine à
trois mois d'intervalle seulement, Electric
Dream
peut être considéré comme l'un des premiers longs-métrages à
s'être penché sur une thématique dont la récurrence s'accélérera
au fil des décennies. Avant que l'Intelligence Artificielle ne
prenne le pas sur celle des ingénieurs qui en furent les fondateurs,
en cette année 1984, le film de Robert Barron et encore plus celui
de James Cameron façonneront chacun à leur manière différentes
étapes dans l'évolution des machines. Le premier pouvant être
conçu comme une involontaire préquelle au second. Des débuts
hésitants, projetant la dite Intelligence Artificielle sur une
machine heureusement dénuée de jambes et de bras mais en revanche
dotée de capacités de calculs et d'une ''réflexion'' dus au booste
dont elle a bénéficié de la part de son propriétaire Miles
Harding (Lenny Von Dohlen). Employé d'une entreprise d'architecture
souvent en retard au travail, c'est sur les conseils d'un ami et
collègue de travail qu'il prend la décision de s'acheter un
ordinateur. Electric Dream
ayant plus de quarante ans, la machine en question apparaîtra bien
désuète au regard des monstres de technologies actuels. Notons que
le personnage, lequel avoue ne rien y connaître en matière
d'informatique, semble un peu trop rapidement s'accorder avec les
fonctions de sa nouvelle acquisition. Pour un type qui n'y connaît
pas grand chose, le voilà déjà en train de doter son appartement
de fonctions domotiques (concept qui fut démocratisé dans les
années 70 grâce au protocole X10) qui ne vont d'ailleurs pas
forcément lui faciliter la tâche...
Le
film nous présente ensuite la jeune et jolie Madeline (Virginia
Madsen). Joueuse de violoncelle talentueuse au sein d'un orchestre
philharmonique, celle-ci vient de s'installer dans le même immeuble
que Miles. Un jour, alors qu'elle répète dans son appartement
tandis que l'architecte est parti travailler, l'ordinateur de Miles
répond à chaque note produite par l'instrument de la jeune femme.
Séduite mais ne sachant pas que la musique qu'elle a entendu dans
l'appartement voisin n'a pas été produite par Miles mais par son
ordinateur, Madeline commence à s'intéresser de très près à son
voisin... Partant d'un postulat dans lequel s'imbriquent des théories
aussi peu compatibles que le trio amoureux entre deux être de chair
et de sang et un appareil informatique, Robert Barron signe une œuvre
logiquement larguée en matière de technologie même si le sujet
conserve même aujourd'hui tout son intérêt et peut être vu comme
l'ancêtre d'un long-métrage tel que T.I.M
de Spencer Brown ou comme celui de l'excellente série allemande
Cassandra
de Benjamin Gutsche qui virent le jour ces dernières années. Le
principal soucis avec Electric Dream
est qu'il faut probablement avoir connu le film à l'époque de sa
sortie pour en avoir conservé un amour que l'on peut juger de
démesuré lorsqu'on ne le découvre que quarante ans plus tard. Non
pas que le film soit mauvais mais avec le temps, il faut avouer que
cette bluette entre deux être au demeurant charmants et un
ordinateur qui va montrer de dangereux signes de jalousie a sans
doute perdu de la superbe dont il devait sans doute être doté en
1984. On passera sur le charme visuellement ''arriéré'' de la
technologie appliquée à l'image de ce cube aux fonctions limitées
mais boostées lors de son raccordement au super-ordinateur du boss
de Miles par connexion ''Internet''
(Pour info, Internet
fut issu au 1er janvier 1983 du projet de recherche Arpanet).
Bourré de séquences musicales (à vrai dire trop nombreuses) lors
desquelles les plus vieux reconnaîtront certainement quelques
classiques de la pop (The
Dream
et Love is Love de
Culture Club, Chase
Hunter
de Heaven 17, etc...), la bande musicale est notamment signée par
Giorgio Moroder, compositeur italien de musique disco dans les années
70 avant de travailler pour le cinéma où il composa en outre la
mythique partition de Midnight Express
d'Alan Parker...