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samedi 30 août 2025

Atoman d'Anouar Moatassim (2025) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

Un film de super-héros... marocain ! Et pourquoi pas, tiens. Ça change des productions américaines du genre (que je déteste) ou des quelques tentatives françaises (pour le moins, parfois originales) ! Bon ben, ça commence mal. En ouverture, l'on a droit à L'enfant du vent de Soprano. Derrière ce titre poétique se cache l'une de ces horreurs très à la mode usant de l'abominable plugin connu sous le nom d'Auto-Tune. Arrêt sur image et recherche immédiate de la bande-originale complète du long-métrage avant toute poursuite de l'aventure. Parce que s'il s'agit de se manger durant un peu moins d'une heure-trente une playlist d'aussi mauvais goût, pas question que je perde davantage de temps devant l’œuvre en question. Confié à un artiste du nom de DJ Van dont j'ignorais l'existence jusqu'à maintenant, le soundtrack est donc majoritairement composé de titres divers, allant de la ''pop'', en passant par le rap, le R'n'B et la World Music. On ne va pas reprocher cette hétéroclite sélection s'agissant d'un film d'origine maghrébine. Ce serait comme d'imaginer pouvoir imposer à un film américain une bande musicale uniquement constituée de chants russes ! Passé ce petit désagrément placé en ouverture du long-métrage du réalisateur et scénariste Anouar Moatassim, je relance la lecture de ce projet de film de science-fiction et d'aventures directement échoué sur la plateforme Amazon Prime Video. Si la présence de Samy Naceri fera vibrer voire mouiller de plaisir le caleçon ou la petite culotte des fans et des groupies de la première heure, je ne suis pas de ceux qui regrettèrent sa période de descente aux enfers ou sa disparition temporaire des grands écrans. Hé, oh ! On parle là d'un type dont le ''plus grand fait d'arme'' est pour beaucoup son interprétation du personnage de Daniel Morales dans les quatre premiers opus de la franchise Taxi ! Une référence pour qui voudra, mais certainement pas pour moi. Pour en revenir au film qui nous intéresse ici, le rôle-titre est confié au rappeur franco-marocain Lartiste. Si j'osais faire preuve d'un brin de cynisme, je dirais que l'on peu favorablement souffler qu'il n'eut pas à participer à l'écriture tant ce nom de scène appartenant à Youssef Akdim manque singulièrement d'originalité... Ma dose journalière de cruauté gratuite ayant été atteinte, voici ce que je pense objectivement de Atoman (titre que l'on peut très facilement identifier comme la contraction entre Atome ou Atomique et man, traduction anglaise du terme ''homme''). L'entreprise est assez touchante en cela qu'elle convoque le folklore berbère ainsi que des paysages magnifiques provenant notamment de Ouarzazate, de Skhirat mais plus encore de Tafraout située dans l'Anti-Atlas...


Tiens, justement, Atlas. Sa légende et le combat qu'il mena contre son frère Ménétios pour l'obtention de l'astrolabe, un très puissant artefact capable de détruire notre planète et que le second chercha à détenir afin de dominer le monde. De nos jours, Hakim (Lartiste), l'un de plus grands hackers de sa génération est engagé par la ''je ne sais plus trop quelle organisation'' afin d'éviter qu'un virus de sa conception qui lui a été dérobé ne serve aux agissements de cybercriminels. Tandis qu'il opère aux côtés de Sanaa Benkirane (l'actrice Sarah Perles), un certain David Lockam cherche à mettre la main sur l'Astrolabe. Lequel doit lui procurer des pouvoirs censés lui permettre de tout contrôler. Mais alors que ce dernier parvient à mettre la main sur l'artefact grâce à l'aide de son collaborateur Chinoui (Doudou Masta), Hakim découvre qu'il est détenteur de pouvoirs spéciaux. En outre, sa mère lui révèle qu'il est le dernier atlante de la fameuse cité d'Atlantis. Le jeune homme part alors se former auprès de grands Maîtres installés dans une région située dans l'Anti-Atlas afin de lui permettre d'acquérir des connaissances et ainsi affronter David Lockam... Un antagoniste qui fait bien de se cacher derrière un apparat d'images de synthèse tant son interprète, Samy Naceri, a physiquement morflé ! Avant que son personnage ne soit doté du fameux objet, le spectateur le découvre dans le costume-cravate d'un directeur de banque dénué de toute prestance et de tout charisme. Le dos voûté, claudiquant et une bouche qui témoigne de la bagarre qui l'opposa un dimanche matin, rue de Berri, à Paris, dents cassées, et certainement aussi de l'abus d'alcool dont l'acteur a toujours été dépendant ! Et même avec cette bouche d'ancien édenté dont le râtelier a depuis été refaçonné, Samy Naceri n'est pas le plus mauvais des interprètes du long-métrage. Car à côté de sa prestation, d'autres s'en sortent encore moins bien. Si Lartiste et Sarah Perles assurent le minimum syndical, Doudou Masta s'avère NUL-LIS-SI-ME !!! Avec son budget d'un peu moins de deux millions d'euros, on regrette que tout ou partie de l'argent qui fut confié aux responsables des innombrables étrons qui sont sortis sur notre territoire ne fut pas offert aux producteurs de Atoman tant le film de Anouar Moatassim méritait sans doute d'obtenir beaucoup plus de moyens techniques et financiers. On louera alors l'effort en prenant bien soin de ne surtout pas pouffer de rire devant le nombre incalculable de séquences si mal jouées, si naïves et devant des effets-spéciaux parfois ultra-cheap que Atoman risque bien de devenir un jour l'un de ces classiques du nanar de science-fiction que l'on prend du plaisir à regarder un samedi soir entre potes. Dommage...

 

dimanche 18 février 2024

Animalia de Sofia Alaoui (2023) - ★★★★★★★★★☆

 


 

Il y a des cinéastes nés. Après seulement un long-métrage à son actif, la réalisatrice et scénariste franco-marocaine Sofia Alaoui semble avoir mis une bonne partie de la presse spécialisée d'accord. Sorti sur les écrans l'an passé le 9 août 2023, Animalia fait partie de ces œuvres rares qui ne peuvent laisser indifférent. Du moins lui accorderons-nous une certaine exigence. Il se peut même qu'une seconde projection, voire une troisième, soient nécessaire pour saisir toute la portée philosophico-religieuse de ce récit qui parle de Dieu, des hommes et théoriquement d'individus qui proviendraient d'ailleurs. C'est du moins ainsi que je saisissais le message une fois l'histoire achevée. Porté par la formidable et délicieuse Oumaima Barid qui avant cela interpréta le rôle de Fatima dans La vie me va bien d'Al Hadi Ulad-Mohand il y a trois ans, Animalia est une espèce d’énigme dans le fond et dans la forme. En filmant d'abord l'intérieur d'une riche famille marocaine et en poursuivant l'aventure au cœur de paysages d'une sidérante beauté, le long-métrage évoque ce que l'homme bâtit de ses propres mains face la création de Dieu. L'un et l'autre se rejoignent et fondent un univers d'une majestueuse beauté à laquelle le film de Sofia Alaoui ajoute un talent indéniable pour le cadrage, les éclairages et les environnements. La photographie de Noé Bach met en lumière un Maroc aux richesses multiples. Un pays qui tout comme à l'échelle de notre planète est en proie à un événement extraordinaire. Plutôt que de traiter le récit sous l'angle exclusif d'une hypothétique fin du monde annoncée où les peuples sont concentrés dans des lieux sécurisés par l'armée, dans le cas de Animalia, les croyances de tout un peuple sont reléguées par les médias et les Mosquées deviennent ainsi les seuls lieux de refuge aptes à protéger la population. Notons également la présence de quelques animaux qui dans le Coran sont cités non pas en tant que catégories mais en tant qu'espèces et même plus à proprement parler, en tant qu'individus.


C'est ainsi que sont représentés à l'écran la fourmi, la huppe ou diverses catégories de chiens. Certains s'agitent telle l'annonce d'un événement d'ampleur cataclysmique quand d'autres apparaissent comme une forme d'alerte entrant directement en contact avec certains habitants de la région. Au cœur de ce récit où se mêlent drame et science-fiction, Itto (Oumaïma Barid) illumine le récit. La fragilité de son personnage liée à la naissance toute prochaine de l'enfant qu'elle porte souligne le danger auquel elle va être confrontée. Cet univers majoritairement masculin, soupçonneux, où le statut de la femme demeure précaire quelle que soit la situation, même dans ce lieu de culte où rejoindre son époux se transforme en périple. Cultivant une certaine ambiguïté quant aux origines de celui qu'il est interdit de représenter, Sofia Alaoui ose décrire l'impensable en lui offrant une identité visuelle à travers ces entités qui semblent se cacher derrière cette brume fantastique qui s'élève dans le ciel et à laquelle notre héroïne finira par se raccrocher lors d'une séquence absolument bouleversante. Derrière la beauté des paysages, la dureté de certains regards, la folie qui s'empare de ce vieux fou persuadé que ses bêtes sont possédées, ces réunions nocturnes et canines, la vision déconcertante et vertigineuse qui guide l'héroïne mais aussi ces deux compagnons de routes qui accompagnent un temps la jeune femme, Animalia conditionne le spectateur et l'invite à un voyage inhabituel dans des espaces d'une remarquable beauté ou dans de minuscules bourgades anxiogènes où la place de la femme est ainsi décrite comme l'occidental l'imagine en général. Bref, avec son premier long-métrage qui en outre remporta le prix du jury au festival de Sundance, Sofia Alaoui nous terrasse, nous éblouie, nous subjugue. Quant à sa principale interprète, nous lui souhaitons une belle et longue carrière au cinéma...

 

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