lundi 10 juillet 2023

À des millions de kilomètres de la Terre (20 Million Miles to Earth) de Nathan Juran (1957) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Avec son titre à rallonge, promesse d'un voyage aux confins de l'univers et ses différentes affiches où trônent une créature reptilienne, À des millions de kilomètres de la Terre (20 Million Miles to Earth) a tout l'air du nanar de science-fiction des années 50 comme la décennie pu en contenir un nombre invraisemblable. Et pourtant, le spectacle auquel nous convie ce long-métrage signé du spécialiste de la science-fiction Nathan Juran en 1957 démontre qu'il s'agit sans doute là de l'un des meilleurs films de sa génération. Tout débute à Gerra, petite commune du sud de la Sicile où de paisibles pécheurs ramènent à bord de leurs embarcations les poissons retenus dans leurs filets. C'est à ce moment très précis que s'écrase à proximité dans la mer Méditerranée, le XY-21, un modèle de fusée américaine de retour de la planète Vénus. Verrico (George Khoury) et Mondello (Don Orlando), deux valeureux pécheurs décident de s'en approcher afin de voir si des survivants demeurent à l'intérieur. C'est ainsi qu'ils sauvent la vie du colonel Calder (William Hopper) et du docteur Sharman (Arthur Space), lequel, malheureusement, ne survivra pas à l'étrange maladie qu'il contracta comme la majorité des membres de l'équipage du XY-21, et qui depuis ont perdu la vie. Pepe (Bart Braverman), le fils de l'un des deux pécheurs trouve échoué sur la plage un étrange cylindre renfermant une masse gélatineuse qu'il s'empresse de mettre à l'abri avant de l'échanger auprès du zoologiste Leonardo (Frank Puglia) contre deux-cent lires. En ouvrant le dit cylindre, le docteur Leonardo ne prend pas conscience des dangers qu'il va faire courir à sa nièce Marisa (Joan Taylor), étudiante en troisième année de médecine mais aussi à la population toute entière. En effet, ce qui ressemblait jusque là à une masse informe et inoffensive s'avère être un œuf qui va bientôt éclore pour donner naissance à un reptile d'apparence humanoïde qui au contact de l'air terrestre va se développer à vive allure jusqu'à prendre d'inquiétantes proportions. Réussissant à échapper à la vigilance du docteur Leonardo, heureusement, l'armée américaine s'empare de l'affaire et se met à traquer la créature... Voici donc comment se présentent les événements...


En soit, le scénario de Robert Creighton William et de Christopher Knopf sur la base d'un récit écrit par Charlott Knight n'a rien de véritablement original. Une créature débarque sur Terre, dévastant tout ou presque sur son passage, l'armée américaine s'en mêle et tout, en théorie, rentre dans l'ordre. Mais pour commencer, plutôt que de faire s'écraser la fusée sur le territoire américain, celle-ci vient s'enfoncer dans les eaux européennes de la Méditerranée. C'est donc dans le sud de la Sicile que se déroulent les événements en dehors de quelques plans signifiant la présence de gradés américains dans le quartier général du département de la Défense surtout connu sous le nom de Pentagone ! L'éternel affrontement entre scientifiques et militaire n'a ici pas lieu. Tout comme l'armée américaine est ici décrite de manière positive puisque ses représentants ne cherchent pas à détruire avant de réfléchir comme cela est la règle dans ce genre de productions mais au contraire à tenter de sauver la dite créature afin de permettre à la science de l'étudier et ainsi trouver un moyen d'améliorer les conditions des futurs explorateurs de la planète Vénus. Non seulement À des millions de kilomètres de la Terre propose une vue différente des autorités en présence, un cadre nettement plus ''romanesque'' (la Sicile), mais s'avère également doté de remarquables effets-spéciaux en Stop Motion réalisés par le maître en la matière, Ray Harryhausen. Les différentes animations de la créature, ses déplacements, son combat contre un éléphant ou plus rare encore, celui qui la verra s'affronter à un pauvre paysan dans sa grange sont absolument admirables. Peut-être parmi les meilleurs qu'ait produit l'artiste qui, en outre, est à l'origine du récit écrit par Charlott Knight. En effet, Ray Harryhausen est bien celui qui créa le concept de Giant Ymir même si ce nom n'apparaît pas à l'image puisque le spécialiste des effets-spéciaux craignait alors que soit confondu le nom de sa créature avec le mot arabe Emir ! Tourné en noir et blanc, le film fut colorisé en 2007 grâce encore une fois à l'impulsion de Ray Harryhausen qui déjà à l'époque du tournage voulait qu'il en soit ainsi. Mais le faible budget avait alors contraint le réalisateur de tourner À des millions de kilomètres de la Terre en noir et blanc. Le long-métrage de Nathan Juran, malgré ses soixante-six ans au compteur, reste l'un des meilleurs films de science-fiction toutes générations qui soient. Un indispensable donc pour tous les amateurs du genre...

 

jeudi 6 juillet 2023

Control de James Mark (2022) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆

 


 

Après trois long-métrages d'action et de science-fiction tournés entre 2017 et 2019, le réalisateur James Mark nous aura fait ''patienter'' trois années supplémentaires avant de revenir en 2023 avec son genre de prédilection. Avec Control, le voici donc rembarquant sa nouvelle héroïne dans une œuvre de science-fiction qui l'enferme d'emblée dans une pièce en tout point semblable à celles auxquelles les protagonistes de Cube de Vincenzo Natali tentaient d'échapper un quart de siècle plus tôt. Le film repose donc essentiellement sur les épaules de l'actrice Sara Mitich qui incarne une Eileen qui ne sait pour quelle raison elle se retrouve enfermée dans une pièce close constituée de murs insonorisés, d'une table, d'une chaise et d'un panneau dont la principale fonction et d’égrener le temps qu'il lui reste pour accomplir des tâches apparemment anodines. À défaut de quoi, sa fille Eve perdra la vie. Rejointe au bout d'une vingtaine de minutes par son époux Roger (l'acteur George Tchortov), l'un et l'autre n'auront de contact avec l'extérieur qu'à travers une voix leur ordonnant d'accomplir les tâches en question. Control repose donc sur ce principe mais sans le génie du long-métrage de Vincenso Natali qui en 1997 mit tout le monde d'accord. Dans le cas du dernier film de James Mark, le concept semble tourner autour des capacités métapsychiques de l'héroïne qui dans certaines conditions ne pourra atteindre l'objectif édicté par la voix qu'en usant e sa faculté de télékinésie dont elle semblait ignorer jusque là l'existence. Originaire du Canada, Control fait malheureusement partie de ces œuvres récentes qui tentent de manier elles aussi des sujets aussi ambitieux que celui-ci. À l'image du piteux survival de Brekley Brady Dark Nature, le long-métrage de James Mark ne nous raconte finalement pas grand chose et ne repose que sur des lignes de dialogues insipides et des mises en situation répétitives. Afin de briser le carcan qu'imposent les divers objectifs ordonnés par la mystérieuse voix, le réalisateur et scénariste (assisté à l'écriture par Matthew Nayman) confronte un couple qui tentera de régler ses compte et entrecoupera les phases d'expérimentation à l'aide de séquences tout aussi dispensables situées sur une plage et mettant en scène la mère et sa fille...


Un tel postulat exige une imagination des plus fertile et pas simplement une succession d'actes de télékinésie si tant est qu'ils progressent dans leur technicité. Au bout de trois quart-d'heure, soit environ un peu plus de la moitié que dure le long-métrage, les événements n'ayant pas vraiment évolué, on comprend assez rapidement qu'il ne faudra pas attendre grand chose de Control, lequel fait preuve d'un manque terrible d'inspiration. Au bout de quatre-vingt minutes nous est donnée l'explication de telles manœuvres. L'héroïne ayant acquis la certitude de pouvoir se servir de pouvoir jusque là enfouis en elle, la voilà s'échappant de la pièce puis de l'édifice qui jusque là la retenait prisonnière ? Pourquoi ? Pour réaliser que tout était lié au drame dont elle, son mari et leur fille Eve furent les acteurs. Au final, Control est bien moins original qu'il ne semble l'être. La répétitivité des actions et le peu d'intérêt que l'on portera à Eileen et Roger nuisent au film qui de plus, aurait mieux fait d'investir une multitude de décors plutôt que d'enfermer ses protagonistes dans une pièce unique. D'autant plus qu'à mesure que s'y déploient les capacités télé-kinésiques de son héroïne, le danger semble s'éloigner, la renforçant peu à peu. À dire vrai, Control est le résultat d'un beau gâchis qui malgré son apparente ambition se contente d'en faire le moins possible tout en espérant pouvoir faire reposer l'intrigue sur ses seules lignes de dialogue et des tests dont la redondance ne trompera personne. Et surtout pas les habitués des films s'inscrivant dans le sous-genre des Escape Game. Bref, inutile de perdre un temps précieux devant le long-métrage de James Mark dont l'unique intérêt aura été d'éveiller en nous de vieux et anxiogènes souvenirs. Ceux de l'excellent Cube, justement...

 

mardi 4 juillet 2023

UFO Sweden de Victor Danell (2022) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Dans le petit monde de la science-fiction, la série de Clémence Dargent et Martin DouaireOVNI(s) réalisée par Anthony Cordier et diffusée pour la première fois du 11 janvier au 1er février 2021 sur Canal+ a sans doute marqué l'esprit de millions de rêveurs qui imaginent l'existence de civilisations extraterrestres. Celle-ci mettait en scène l'ingénieur en aérospatiale du Centre national d'études spatiales (ou CNES) Didier Mathure qu'incarnait l'acteur Melvil Poupaud projeté au sein du Groupe d'études des phénomènes aérospatiaux non identifiés plus couramment connu sous le nom de GEPAN. L'intrigue se déroulait alors que le groupe était naissant et le personnage évoluait autour de trois collègues interprétés par Michel Vuillermoz (l'enquêteur Marcel Bénès), Quentin Dolmaire (l'informaticien statisticien Rémy Bidaut) et Daphné Patakia (la standardiste Véra Clouseau). Une série atypique s'inscrivant dans l'étude de cas véridiques mais sous un angle profondément burlesque. À l'issue de la seconde saison, le projet OVNI(s) sera pourtant abandonné, laissant ainsi des légions d'orphelins passionnés d'ufologie... Il leur faudra patienter jusqu'en mai 2023 pour retrouver un peu de l'esprit de cette excellente série française, traverser la Manche, passer par la Norvège et stopper net en Suède où se situe l'action de UFO Sweden, l'une des dernières productions en matière de science-fiction pour cette contrée. Un genre qui n'est pourtant pas forcément l’apanage de ce pays scandinave et dont les productions actuelles semblent se compter sur les doigts d'une main, voire de deux. Après une courte séquence située en 1988 lors de laquelle nous est présentée celle qui deviendra très rapidement l'héroïne du récit, l'intrigue nous plonge en 1996. C'est à cette époque que la jeune Denise qu'interprète l'actrice Inez Dahl Torhaug dont il s'agit là du tout premier rôle sur le modèle du grand format intervient au sein de l'association UFO Sweden qui dans le passé fut dirigée par son père disparu et qui désormais accueille un groupe formé de drôles d'olibrius. L'ancien collègue et ami du père de l'adolescente Lennart (Jesper Barkselius) et l’irascible et malveillant Gunnar (Håkan Ehn) ont donc repris le flambeau, soutenus par Töna (Isabelle Kyed), Mats (Mathias Lithner) et Riddaren (Christoffer Nordenrot)...


Le récit se situe à Norrköping dans le comté d'Östergötland Alors que le père de Denise est officiellement mort, sa fille commence à avoir des doutes quant à sa disparition. Bien que témoignant auprès de la brigadière Tomi (Sara Shirpey), l'adolescente est contrainte de se retourner vers les membres de UFO Sweden qui après avoir hésité vont accepter de l'accompagner dans une aventure pleine de surprises. C'est après avoir assisté à une projection du documentaire de Michael Cavanagh et Kerstin Übelacker intitulé Ghost Rockets datant de 2015 que le collectif suédois de cinéma Crazy Pictures imaginent concevoir leur projet intitulé UFO Sweden. Notons d'ailleurs que le titre du film se reporte à l'authentique organisation nationale suédoise du nom de UFO-Sverige qui fut notamment créée en 1970 par son président Clas Svahn, laquelle réunit depuis, un certain nombre de groupes spécialisés dans l'ufologie. Tout comme chez nous avec la série OVNI(s), le long-métrage de Victor Danell semble pointer une certaine volonté de traiter son sujet non pas sous l'angle le plus sérieux et le plus réaliste qui soit mais sur un ton humoristique. Nous sommes donc bien loin d'une certaine rigueur propre à certaines icônes de la science-fiction comme pouvaient l'être en leur temps la série de Chris Carter X-Files ou le long-métrage de Christopher Nolan Interstellar dont semble se prétendre être l'héritier UFO Sweden. Si le long-métrage de Victor Danell se réfère effectivement à nombre de productions du genre, UFO Sweden n'en possède pas moins une patte toute personnelle, constituée de personnages grandiloquents et de situations qui touchent également au thème du thriller avec sa propension à développer un aspect complotiste et policier. Divertissant, amusant et intriguant, l'apparente simplicité de la mise en scène et du scénario est contrecarrée par la profonde implication des interprètes. Tout juste l'on regrettera une dernière partie forcément très attendue incluant l'hypothèse des trous de verre lors d'une séquence dont la laideur visuelle est à l'aune de son invraisemblance. Une œuvre de science-fiction que l'on regardera en famille pour son aspect distrayant plus que pour sa rigueur scientifique...

 

mercredi 7 juin 2023

Supernova de Walter Hill (2000) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 



 

Lorsque démarre la projection de Supernova, il est tout d'abord légitime de se demander quelles raisons purent motiver une large partie du public et des critiques à saborder cette œuvre de science-fiction plutôt ambitieuse, au conséquent budget de quatre-vingt dix millions de dollars mais qui connut un sort peu enviable en devenant un échec cuisant en ne rapportant aux investisseurs qu'un peu plus de douze pourcents de la mise de départ. Autant dire qu'ils en furent pour leurs frais. À dire vrai, la première demi-heure est seule à constituer un droit de réserve aux commentaires qui affluent sur la toile ou dans les divers médias spécialisés dans le genre. Lesquels demeurent en théorie prioritairement capables de juger du bien fondé des critiques formulées à l'encontre d'une œuvre telle que ce long-métrage relativement court (quatre-vingt dix minutes). Réalisé en lieu et place de Geoffrey Wright et de Jack Sholder sur une idée de William Malone par Walter Hill, Supernova a l'allure d'un Alien nouvelle génération. Plus de vingt ans après la sortie du classique de l'épouvante et de la science-fiction signée de Ridley Scott, le long-métrage de Walter Hill convie ses personnages à une aventure spatiale non plus à bord du cargo spatial Nostromo mais du vaisseau de sauvetage d'urgences médicales Nightingale. Là encore, ses passagers répondent au SOS émis à partir d'une station basée à la surface d'une planète géante qui dès l'approche du Nightingale l'attire inexorablement en raison de sa puissante gravité. Alors que le docteur Kaela Evers (l'actrice Angela Bassett) s'attend à retrouver une vieille connaissance, c'est son fils qui débarque à bord alors que sa navette était en perdition. Coincés en orbite aux abords d'une étoile qui bientôt se transformera en supernova (d'où le titre), l'équipage formé autour de Nick Vanzant (James Spader), Yerzy Penalosa (Lou Diamond Phillips), Danika Lund (Robin Tunney) et Benjamin Sotomejor (Wilson Cruz) va en outre devoir composer avec l'arrivée du nouveau venu (Peter Facinelli dans le rôle de Karl Larson). Un personnage ambigu, immédiatement attiré par Danika, laquelle entretient une relation avec Yerzy avec lequel elle a, à l'origine, prévu d'avoir un enfant...


Passée la première demi-heure, on comprend assez rapidement ce qui rendit hostile une partie de celles et ceux qui purent découvrir le film lors de sa sortie dans les salles obscures. Car bien qu'étant doté d'effets-spéciaux et visuels plutôt séduisants conçus par une très importante équipe de techniciens ainsi que d'un scénario de base relativement riche et diversifié, le long-métrage et son scénario (écrit à quatre mains par William Malone et Daniel Chuba) sont malheureusement traités avec un certain dédain puisque dans tous ses aspects ou presque, Supernova tombe dans une impasse scénaristique flagrante. Pourtant, comment ne pas tomber sous le charme de ces promesses qu'évoquent l'exploration de la surface de la planète géante, la présence à bord du Nightingale du très soupçonnable Karl Larson ou de celle de cet étrange artefact qui semble avoir une emprise sur Yerzy Penalosa ? Des idées parmi d'autres, mises bout à bout sans réelle cohérence ni même la moindre cohésion. Un long-métrage incarné par des gravure de mode qui se complaisent (pour les hommes) à s'afficher le torse nu dans un cadre austère rendu presque systématiquement illisible en raison d'une photographie perpétuellement plongée dans une quasi obscurité et dans des teintes bleu-nuit constantes ! À employer des interprètes aux qualités physiques indéniables, il fallait bien s'attendre à ce que l'on ait droit à une sempiternelle scène de sexe qui dans le cas présent s'éternise et fasse figure de cache misère. Au final, Supernova, est un blockbuster qui assume mal son statut d’œuvre ambitieuse...

 

lundi 5 juin 2023

Titanic 3 de Jeff Leroy (2017) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆

 


 

Après l'immense succès Titanic de James Cameron en 1997 qui engrangea presque deux milliards de dollars de recette. Après Titanic 666 de Nick Lyon qui, heu, ben non, ne fut pas le six-cent soixante sixième volet d'une trop longue saga mais nous conviait tout de même à un voyage à bord du Titanic... 3 (Hein!), film bien trop pourri pour que j'ose d'ailleurs poser quelques lignes assassines à son encontre, voici aujourd'hui, Titanic 3... qui en réalité précède le second de cinq ans. Mais comme on s'en tape et que le premier ainsi que le deuxième n'ont rien de commun (si ce n'est le titre) avec ce dernier, quelle importance. Après que le personnage de Jack Dawson interprété par l'acteur Leonardo DiCaprio ait fini ses jours au rayon surgelés, le grand public imaginait mal comment une suite aurait pu être envisagée. LE GRAND PUBLIC, OUI ! Mais pas les petits malins qui parmi nous examinent à la loupe tout ce que le cinéma charrie de Mockbusters. Inutile de préciser que l’œuvre de James Cameron se devait d'être honorée par la présence plus ou moins régulière d'ersatz du plus mauvais goût (en cherchant bien, vous en dénicherez d'autres). En France, on n'a pas de morale. Surtout lorsqu'il s'agit de faire du pognon sur le nom d'un auteur ou d'une œuvre renommés. Ouais, parce qu'il faut savoir qu'avant de vouloir tromper le public hexagonal en lui faisant avaler la pilule selon laquelle Titanic 3 serait le troisième opus d'une saga initiée vers la fin du siècle dernier, le film est sorti sous divers titres qui ne laissent aucune place au doute : Voyez donc : Alien Reign, Alien vs College Girls, Predator Planet, Predator World ne sont qu'un seul et même long-métrage. De quoi opportunément racler les fonds de tiroirs. Ou plutôt ceux des cuvettes de toilettes où surnage cette épave cinématographique qui ne mérite guère mieux que le sort qui fut ''octroyé'' au plus célèbre paquebot de croisière de toute l'histoire maritime en cette nuit du 15 avril 1912 à 2 h 20 du matin ! Bon, pour revenir au film, son auteur est un certain Jeff Leroy. Un petit tour sur sa page IMDB nous renseigne sur le pedigree de ce bonhomme qui en vingt-cinq ans de carrière a pour l'instant donné naissance à autant de longs-métrages. Avec des titres aussi croustillants que Hell's Highway, Poorman's Bikini Beach ou bien Frankenstein et Dracula in Women's Prison. Autant dire, tout un programme ! Du raffiné, rien que du raffiné. On sent toute la subtilité de ses divers projets auquel ne semble donc pas déroger Titanic 3 !


Mais alors, Titanic 3, ça raconte quoi ? Ça commence par un générique affublé d'une typographie d'un autre temps et d'arrière-plans à peine dignes des images de synthèse de la série documentaire Les Mystères de l'Univers (excellente, au demeurant). Merde ! Voilà que s'affiche le titre en grand, comme généré aléatoirement à l'aide du logiciel CyberLink PowerDirector : Titanic 3 : la croisière de l'espace ! Et tout ceci accompagné par une pseudo flûte indienne (en fait, un synthétiseur). Ouais, parce qu'il est bien connu que la conquête de l'espace fut tout d'abord entreprise par le Pérou, la Bolivie, l’Équateur ou le Paraguay ! Teuh, teuh, teuh. Bon, passons... Voix-off. Un type au timbre monocorde se la joue Igor et Grichka Bogdanov du pauvre et annonce la couleur : ''Journal du capitaine Lewis McBride. Saint-Sylvestre, année 2139... La route du TITAN-1C qui effectue son prem....'' QUOI ??? Mdr, le foutage de gueule intégral ! Vous l'avez déjà compris depuis un moment mais le bonhomme l'annonce ici très clairement aux retardataires qui n'auraient pas encore compris le concept : exit les deux-cent soixante-neuf mètre de long du Titanic. Comme ses vingt-huit mètres de largeur ou ses cinquante-trois de hauteur. Exit les fameuses cheminées, ses sublimes escaliers intérieurs ou son architecture dans sa globalité ! Bienvenue à bord du TITAN ''UN'' C. Ici, tout est en toc.... à part les jolis boobs des deux blondasses de service que le réalisateur filme avec un insistance quasi... incommodante ! Après être entré en collision avec une météorite, les survivants du vaisseau échouent sur une planète hostile peuplée d'extraterrestres libidineux. C'est tout ce qu'il y a à savoir ou presque sur ce grand fourre-tout parfaitement indigeste qu'est Titanic 3. D'une pauvreté scénaristique et visuelle qui donne le tournis, le film est en outre réalisé et interprété avec une indifférence envers toute crédibilité et un manque de sérieux qui confinent à l'hystérie collective. Autant dire que supporter l’œuvre dans son ensemble sans ressentir l'envie de jeter son poste de télévision et son lecteur DVD par la fenêtre valide l'hypothèse de pouvoir ensuite supporter n'importe quel nanar ou série Z, qu'il (ou elle) soit de compétition ou non ! En dehors des simples valeurs artistiques et techniques qui dans le cas présent relèvent de la bouillie graphique et auditive, le plus gros défaut, celui qui empêche véritablement de se délecter de la chose est sa totale absence de sérieux. Ce premier degré qui donne le ton de pas mal de Nanars et qui ici, est remplacé par un humour totalement absurde et décomplexé qui finit par lasser, voire agacer à force de vouloir en faire toujours plus et donc... toujours trop. Plus qu'un Nanar, Titanic 3 mérite sa place parmi les cinq ou dix plus grosses séries Z. Pour public averti !

 

LinkWithin

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...