Avec son titre à
rallonge, promesse d'un voyage aux confins de l'univers et ses
différentes affiches où trônent une créature reptilienne, À
des millions de kilomètres de la Terre (20
Million Miles to Earth) a tout l'air du nanar de
science-fiction des années 50 comme la décennie pu en contenir un
nombre invraisemblable. Et pourtant, le spectacle auquel nous convie
ce long-métrage signé du spécialiste de la science-fiction Nathan
Juran en 1957 démontre qu'il s'agit sans doute là de l'un des
meilleurs films de sa génération. Tout débute à Gerra, petite
commune du sud de la Sicile où de paisibles pécheurs ramènent à
bord de leurs embarcations les poissons retenus dans leurs filets.
C'est à ce moment très précis que s'écrase à proximité dans la
mer Méditerranée, le XY-21,
un modèle de fusée américaine de retour de la planète Vénus.
Verrico (George Khoury) et Mondello (Don Orlando), deux valeureux
pécheurs décident de s'en approcher afin de voir si des survivants
demeurent à l'intérieur. C'est ainsi qu'ils sauvent la vie du
colonel Calder (William Hopper) et du docteur Sharman (Arthur Space),
lequel, malheureusement, ne survivra pas à l'étrange maladie qu'il
contracta comme la majorité des membres de l'équipage du XY-21,
et qui depuis ont perdu la vie. Pepe (Bart Braverman), le fils de
l'un des deux pécheurs trouve échoué sur la plage un étrange
cylindre renfermant une masse gélatineuse qu'il s'empresse de mettre
à l'abri avant de l'échanger auprès du zoologiste Leonardo (Frank
Puglia) contre deux-cent lires. En ouvrant le dit cylindre, le
docteur Leonardo ne prend pas conscience des dangers qu'il va faire
courir à sa nièce Marisa (Joan Taylor), étudiante en troisième
année de médecine mais aussi à la population toute entière. En
effet, ce qui ressemblait jusque là à une masse informe et
inoffensive s'avère être un œuf qui va bientôt éclore pour
donner naissance à un reptile d'apparence humanoïde qui au contact
de l'air terrestre va se développer à vive allure jusqu'à prendre
d'inquiétantes proportions. Réussissant à échapper à la
vigilance du docteur Leonardo, heureusement, l'armée américaine
s'empare de l'affaire et se met à traquer la créature... Voici donc
comment se présentent les événements...
En
soit, le scénario de Robert Creighton William et de Christopher
Knopf sur la base d'un récit écrit par Charlott Knight n'a rien de
véritablement original. Une créature débarque sur Terre, dévastant
tout ou presque sur son passage, l'armée américaine s'en mêle et
tout, en théorie, rentre dans l'ordre. Mais pour commencer, plutôt
que de faire s'écraser la fusée sur le territoire américain,
celle-ci vient s'enfoncer dans les eaux européennes de la
Méditerranée. C'est donc dans le sud de la Sicile que se déroulent
les événements en dehors de quelques plans signifiant la présence
de gradés américains dans le quartier général du département de
la Défense surtout connu sous le nom de Pentagone ! L'éternel
affrontement entre scientifiques et militaire n'a ici pas lieu. Tout
comme l'armée américaine est ici décrite de manière positive
puisque ses représentants ne cherchent pas à détruire avant de
réfléchir comme cela est la règle dans ce genre de productions
mais au contraire à tenter de sauver la dite créature afin de
permettre à la science de l'étudier et ainsi trouver un moyen
d'améliorer les conditions des futurs explorateurs de la planète
Vénus. Non seulement À des millions de kilomètres de
la Terre
propose une vue différente des autorités en présence, un cadre
nettement plus ''romanesque'' (la Sicile), mais s'avère également
doté de remarquables effets-spéciaux en Stop
Motion
réalisés par le maître en la matière, Ray Harryhausen. Les
différentes animations de la créature, ses déplacements, son
combat contre un éléphant ou plus rare encore, celui qui la verra
s'affronter à un pauvre paysan dans sa grange sont absolument
admirables. Peut-être parmi les meilleurs qu'ait produit l'artiste
qui, en outre, est à l'origine du récit écrit par Charlott Knight.
En effet, Ray Harryhausen est bien celui qui créa le concept de
Giant Ymir
même si ce nom n'apparaît pas à l'image puisque le spécialiste
des effets-spéciaux craignait alors que soit confondu le nom de sa
créature avec le mot arabe Emir ! Tourné en noir et blanc, le
film fut colorisé en 2007 grâce encore une fois à l'impulsion de
Ray Harryhausen qui déjà à l'époque du tournage voulait qu'il en
soit ainsi. Mais le faible budget avait alors contraint le
réalisateur de tourner À des millions de
kilomètres de la Terre
en noir et blanc. Le long-métrage de Nathan Juran, malgré ses
soixante-six ans au compteur, reste l'un des meilleurs films de
science-fiction toutes générations qui soient. Un indispensable
donc pour tous les amateurs du genre...
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