Alors là, on tient un
spécimen de série Z comptant sans doute parmi les plus infâmes.
Creepozoids en
tient une couche plus épaisse qu'un fond de teint cachant les
boutons d'une adolescente ou les rides d'une sexagénaire. Le genre
de production qui ruine tout l'intérêt d'y découvrir une Linnea
Quigley qui laissa d'humides souvenirs deux ans auparavant en se
désapant dans un cimetière qui allait bientôt grouiller de
morts-vivants dotés de la parole. Le spectateur dont les pulsions
sexuelles et érotiques ne furent toujours pas apaisées en 1987
espéraient sans doute pouvoir redécouvrir la délicieuse 'scream
queen'
en mode effeuillée, toute de courbes enrobée, une carrosserie
parfaite avec en point d'orgue, une paire de fesses à faire tomber à
ses genoux, sa bure à n'importe quel moine. Au générique, la miss
arrive en tête de gondole. La preuve que le cinéaste David DeCoteau
(DR. Alien,
Beach babes From Beyond)
a décidé d'en faire sa vedette ? Non, certainement pas. Le
type avait sûrement en tête que le nom de ce joli brin d'actrice
allait attirer les foules de part sa célèbre réputation de reine
des hurlements et par la grande facilité avec laquelle elle se foutait à
poil devant la caméra.
Malheureusement,
en la matière, le menu se révèle plutôt maigre. Comme un
restaurant gastronomique promettant des mets pleins de finesse mais
relativement restreints en quantité, Linnea n’apparaît qu'une
seule et unique fois dans la tenue d'Eve lors d'une douche partagée
avec l'un de ses compagnons de galère qui en profite ainsi pour lui
administrer quelques intimes caresses. Le spectateur n'ayant d'autre
choix que de se retenir de foncer tête baisser vers son écran de
télévision afin de rejoindre la Belle sous la douche, ne reste plus
alors qu'à espérer que le reste du spectacle sera à la hauteur des
attentes forcément déçues puisque ne durant, pour le fieffé
obsédé, que le temps de se rouler une cigarette et se la coincer
derrière l'oreille.
Vu sa présence ici, on se doute que Creepozoids verse
dans la science-fiction à caractère anticipative. C'est un fait.
Comme il est un fait avéré à la vision du long-métrage de
DeCoteau (qui lui-même s'est chargé de l'écriture du scénario en
compagnie de Buford Hauser), que le film s'éloigne très clairement
des classiques du genre. Pour se faire une idée précise de la
pauvreté du contenu, il suffit d'imaginer un sous-post-apocalyptique
transalpin, lui-même demeurant un sous-New York 1999.
Autant dire qu'à côté de Creepozoids, Les 2019
Après la Chute de New York, Les Guerriers du Bronx,
et autre Les rats de Manhattan sont d'authentiques
chefs-d’œuvre.
Le film se situe dans des décors plus laids encore que les plus
mauvaises séries de science-fiction télévisées des années
quatre-vingt. L'interprétation est désastreuse, et bien que le
synopsis offre l'hypothèse d'une aventure haletante, le résultat à
l'écran est en dessous de tout. Linnea Quigley (et l'on met là de
côté son petit strip sous la douche) est carrément sous-exploitée
durant une bonne moitié du film, tuée avant la fin, et le récit
tourne autour d'un monde dévasté par une guerre nucléaire et des expériences menées par l'armée
américaine ayant mal tournées et donnant naissance à des créatures
plus ridicules que réellement effrayantes. On peut comprendre que
certains amateurs de série Z apprécient ce genre de production (et
je fais généralement partie des membres de ce cercle très
particulier) mais là, non. Les scènes de poursuites dans les
coursives se répètent à un rythme si fréquent que l'ennui
s'installe durablement. C'est presque une souffrance que d'avoir à
tenir jusqu'au générique de fin. Dès que Linnea Quigley disparaît
et que ne perdure à l'écran qu'un seul et peu charismatique
personnage, le peu d'intérêt s'envole et se dissout dans les airs
comme une volute de fumée. Non, vraiment, non. Creepozoids
donne ses lettres de noblesse à la série Z. Le genre à
vous flinguer une soirée ciné dont la suite du programme prévu
devait être constitué d'immenses moments de bravoure tels que le
Mad Mutilator de N.G. Mount ou le Clash de
Raphaël Delpard. Pour ma part, j'éteins le magnétoscope, la télé,
je prends une aspirine et au lit...