Vingt ans après la
sortie en avant première du long-métrage de Steven Spielberg Close
Encounters of the Third Kind, le
cinéaste américain Robert Zemeckis proposait à son tour avec
Contact
une approche sensiblement différente du mythe de l'être venu
d'ailleurs. Pourvoyeur de longs-métrages familiaux à succès
(Retour vers le Futur
et ses suites, Forrest Gump,
Seul au Monde,
etc...) le cinéaste aborde le thème du contact entre l'homme et une
entité extraterrestre sous une forme cette fois-ci beaucoup moins
légère avec toutes ce que le sujet implique comme responsabilités.
Mais là où Robert Zemeckis aurait dû poursuivre jusqu'au bout sa
vision d'un point de vue scientifique, le réalisateur choisit
pourtant de se tirer une balle dans le pied en faisant des choix pas
toujours judicieux comme nous le verrons plus loin. Mais revenons
tout d'abord sur le sujet.
Le
docteur Eleanor Arroway travaille depuis des années sur le programme
SETI (Search for
Extra-Terrestrial Intelligence)
lorsque le scientifique gouvernemental David Drumlin lui signifie son
intention de stopper le financement de ce programme qu'il considère
coûteux et inutile. Désemparée, c'est à force de conviction
qu'Eleanor parvient à convaincre le milliardaire S.R.Hadden, un
mécène qui croit en son projet et décide de le financer. Mais
quatre ans plus tard, le projet est à nouveau menacé. En effet,
faute de résultats probants, les recherches de Eleanor et de son
équipe risquent d'être interrompues. C'est alors que la jeune femme
découvre un signal provenant de l'étoile Véga à vingt-six
années-lumière de la Terre. Une séquence de nombres premiers qui
ne peuvent être dus au hasard. Débarquent alors sur le terrain,
David Drumlin et le dirigeant du conseil de sécurité nationale
Michael Kitz, venus afin de prendre le contrôle des opérations...
Parmi
les centaines,voire les milliers d'ouvrages et de longs-métrages
traitant de l'éventualité de l'existence d'une vie ailleurs que
dans notre système solaire, Contact
peut être considéré comme une franche réussite, malgré le
conformisme de sa mise en scène. En effet, Robert Zemeckis fait
preuve d'une rigueur sans jamais vraiment oser s'affranchir des
études scientifiques menée depuis des décennies sur le sujet. D'un
côté, cela pourra convenir à celles et ceux qui justement
recherchaient depuis longtemps une œuvre cinématographique abordant
le thème sous un angle moins farfelu que la plupart des films de
science-fiction. Jodie Foster incarne à merveille le personnage
d'Eleanor Arroway. A ses côtés, on retrouve Matthew McConaughey
dans le rôle magistral du Révérend Palmer Joss. Tom Skerritt
incarne quant à lui le rôle du mal aimé David Drumlin. Un
personnage irritant, opportuniste, s'appropriant le travail d'Eleanor
sans que la véritable raison soit invoquée. Que cela soit pour être
dans la lumière des médias ou simplement pour des raisons beaucoup
plus honorables strictement liées à la recherche scientifique.
Autre incarnation dont le cinéaste profite pour nous en offrir un
portrait peu élogieux, le personnage interprété par l'acteur James
Wood, le conseiller à la sécurité nationale Michael Kitz
personnifie le côté néfaste impliquant l'armée dans un projet
d'une telle ampleur.
Œuvre
fleuve de plus de deux heures trente, Contact
aurait pu s'enorgueillir d'être l'un des parangons de la
science-fiction si son auteur n'avait pas décidé de se trahir
lui-même en prônant la vision du plus grand nombre. Il est
d'ailleurs étonnant de constater qu'il se fourvoie lui-même, mais
son personnage principal également. Lorsque l'on découvre que les
plans d'une machine envoyés par l'entité extraterrestre servira de
moyen de locomotion afin de rejoindre les environs de l'étoile Véga,
Eleanor se présente parmi dix autres candidats pour représenter
l'humanité durant le voyage. Lorsqu'est abordée la question de la
foi en Dieu, la jeune femme explique très clairement sa position en
tant que scientifique, « dénigrant »
ainsi
la ferveur de quatre-vingt quinze pour cent de la population
mondiale. Une position qui laisse très clairement supposer que le
cinéaste choisit de prendre cause et effet pour les cinq pour cent
restant. Malheureusement, Robert Zemeckis, frileux, aborde le contact
du titre sous un angle parfaitement indigeste, s’acoquinant donc
avec le plus grand nombre et se détachant de l'intégrité dont il
avait fait preuve jusqu'à maintenant. Si dans une majorité des
situations son Contact
est une franche réussite, les dernières vingt minutes sont en
revanche une véritable trahison pour les ufologues et les
scientifiques de tous poils, d'autant plus que la séquence durant
laquelle l'héroïne est censée partir à la rencontre de l'entité
extraterrestre est visuellement catastrophique. Une œuvre de
science-fiction en demi-teinte...