mercredi 27 août 2025

Space Raiders de Howard R. Cohen (1983) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

2013. Gavin Hood adapte sur grand écran le roman La Stratégie Ender de l'écrivain de science-fiction et de fantasy américain Orson Scott Card. Œuvre incarnée par Harrison Ford et par le tout jeune Asa Butterfield qui du haut de ses seize ans devenait par l'entremise de son personnage, le sauveur de la planète. Le principe du jeunisme au cinéma prenant ainsi des proportions invraisemblables telles que votre serviteur décida de faire l'impasse, préférant ainsi se consacrer à la revoyure du très remarquable Under the Skin de Jonathan Glazer. Maintenant, remontons jusqu'en 1983. Trente ans plus tôt. Bien que n'ayant rien à voir avec le film de Gavin Hood, Space Raiders entretient à minima ce même rapport consistant à transformer un jeune protagoniste en héros. Capable de ''dissoudre'' dans l'espace des vaisseaux hostiles envoyés par le représentant d'une espèce extraterrestre qui mériterait amplement le titre de ''L'une des créatures venues d'un autre monde parmi les plus affreusement ratées de l'histoire de la science-fiction ''. Techniquement très en deçà des tous premiers volets de la franchise Star Wars d'un point de vue des effets-spéciaux (le premier opus connu chez nous sous le titre La guerre des étoiles le précédant de six années) et beaucoup moins inspiré philosophiquement que la saga Star Trek, le second long-métrage du cinéaste américain Howard R. Cohen, encarté entre les deux opus parodiques de la franchise Vendredi 13 ( Saturday the 14th et Saturday the 14th Strikes Back) est donc une œuvre de science-fiction. Titré Space Raiders et traduisible dans nos contrées sous le titre ''Les pillards de l'espace'', l'intitulé est ainsi relativement fidèle à l'intrigue dont le script a lui-même été écrit par Howard R. Cohen. Tout démarre par l'intrusion de pirates de l'espace dans un entrepôt situé sur une planète lointaine visant à dérober un cargo théoriquement chargé de matériel qu'ils pourront revendre. Cependant, le capitaine Hawk (l'acteur Vince Edwards) et son équipages n'ont d'autre choix que d'accepter le fait que le cargo en question est vide... ou presque puisque après l'assaut du dit entrepôt et le vol de l'engin, l'un des pirates du nom de Flightplan (un extraterrestre incarné par Thom Christopher) ressent la présence à bord du jeune Peter (interprété par le jeune et angélique David Mendenhall que l'on retrouvera quatre ans plus tard dans Over the Top : le bras de fer de Menahem Golan et aux côtés de Sylvester Stallone)...


Quoi, ma gueule ? Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ?

Un adolescent monté à bord et qui donc va accompagner les pirates durant toute l'aventure. D'abord réticent à la présence du gamin à bord du cargo, Hawk finit par s'y attacher et lui promet de le ramener sur sa planète, Procyon III... Mais avant que Space Raiders ne se termine de manière heureuse pour Peter, les pirates et lui vont vivre toute une série de péripéties. Passage dans une station dirigée par l'antipathique extraterrestre Zariatin (interprété par un Ray Stewart nanti d'un maquillage et d'un déguisement absolument dégueulasses !), affrontements divers et bataille spatiale contre un immense vaisseau-robot, Space Raiders est donc d'abord et avant tout un Space-Opra plutôt grand public. La présence du jeune David Mendenhall évitant ainsi tout débordement sanguinolent. Concernant les effets-spéciaux, même s'ils n'égalent effectivement pas ceux de la franchise Star Wars, on ne va tout de même pas bouder notre plaisir. Les maquettes des vaisseaux sont en général plutôt réussies et certains décors de fond en Matte Painting le sont tout autant. L'action, omniprésente et le caractère foncièrement bon des divers membres constituant l'équipage des pirates donne au long-métrage des allures de production en mode ''Live'' façon Walt Disney typique de l'époque (Le trou noir de Gary Nelson en 1980) mais Space Raiders demeure pourtant produit par la New World Pictures qu'avait récemment vendu son fondateur, Roger Corman à peu près à la même date en cette année 1983. Bref, Space Raiders est une sympathique petite production de science-fiction. Bien moins subtile que Star Trek (ici, les créateurs se fichent éperdument des origines des différentes espèces extraterrestres qu'ils enrôlent comme n'importe quel être humain), le film s'adresse d'abord aux amateurs purs et durs de Space Opéra et ensuite à un public de tous âges. D'autant plus que le long-métrage de Howard R. Cohen est assez peu connu et qu'il mérite au moins que l'on y jette un œil. Les personnages sont majoritairement sympathiques et même si le scénario n'est pas d'une grande profondeur, on ne s'ennuie jamais...

 

dimanche 24 août 2025

Alien : Earth de Noah Hawley (2025) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Bon ben, après avoir découvert seulement deux épisodes, j'ai eu très rapidement envie de laisser tomber la série Alien : Earth de Noah Hawley. Écrit par l'auteur de l'adaptation télévisuelle du génial Fargo des frères Ethan et Joel Coen, la promesse d'éprouver en 2025 le même ressenti que ceux qui avaient découvert Alien, le huitième passager de Ridley Scott à l'époque de sa première diffusion sur grand écran en 1979 demeure bien évidemment inenvisageable. Mais de là à nous balancer du xénomorphe façon ''sodo non consentie'', c'est non. Bien entendu, l'on rejoindra toutes celles et ceux qui prêchent la qualité de l'environnement visuel. Il faudrait être particulièrement difficile pour ne pas reconnaître que les effets-spéciaux sont de qualité. Pour autant, cela ne constitue pas l'essentiel d'un univers dont les jalons ont été déposés voilà déjà plus d'un demi-siècle. Le sujet ayant été maintes fois remanié à travers les visions personnelles de James Cameron (Aliens, le retour), de David Fincher (ALIEN³) et du français Jean-Pierre Jeunet (Alien, la résurrection) avant que Ridley Scott ne reprenne lui-même la main en réalisant Prometheus en 2012 et Alien : Covenant en 2017, on pouvait espérer que Noah Hawley envisage la série par un retour aux sources. Ce qu'est théoriquement et chronologiquement Alien : Earth puisque la série s'inscrit dans une temporalité qui précède de deux ans le premier long-métrage. Tout en cherchant à happer l'attention d'un public pratiquement en culotte courte à travers un casting en partie constitué d'interprètes eux-mêmes relativement jeunes. Mais en réalité, si l'on veut vraiment découvrir le mythe dans l'ordre chronologique, il faut savoir que la première rencontre entre l'homme et le fameux xénomorphe ne remonte ni en 2122 (Alien, le huitième passager) ni deux ans auparavant (Alien : Earth) ''mais pour l'instant'' (on ne sait jamais avec les scénaristes) en 2093 avec Prometheus... Et à dire vrai, c'est un peu de ce côté là que les choses coincent... Si la franchise s'est dispersée à travers diverses considérations historiques ou chronologiques en raison de l'implication de scénaristes et de réalisateurs qui n'étaient pas impliqués dans le projet d'origine (lequel s'est finalement étendu au delà du premier long-métrage), considérer cette première série ancrée dans l'univers d'Alien du point de vue du fan de la première heure sera bien différent de l'observation qu'en fera le novice.


Déjà troublés voire agacés par le nouvel angle que proposa Ridley Scott à la saga qu'il créa lui-même à travers son Prometheus, les anciens trouveront sans doute à redire, du moins concernant les deux premiers épisodes en question, lesquels rebattent les cartes assez lourdement. Intégrant en outre une société régentée par diverses corporations revendiquant notamment les richesses naturelles de notre planète. L'intelligence Artificielle n'étant désormais jamais très loin de tout ce que propose la science-fiction, le sujet des xénomorphes n'est plus le seul ''attrait'' de Alien : Earth et devient même parfois secondaire. La série faisant ainsi intervenir d'autres ''modèles humains'', tels les Cyborgs, les Synthétiques ainsi que la toute dernière technologie consistant à intégrer chez ces derniers la conscience d'individus de chair et de sang. Et ici, à proprement parler, celle d'enfants malades qui par conséquent vont pouvoir survivre et se voir en outre dotés de facultés hors normes. Justifiant ainsi le futur affrontement entre des êtres qui ne tiendraient normalement pas plus d'une poignée de secondes face à des créatures extraterrestres particulièrement belliqueuses... Ensuite, concernant également les deux premiers épisodes, à tour de rôle l'un et l'autre tentent de convaincre les fans de la première heure et les nouveaux venus. Concernant les premiers, rien ne vient davantage appuyer ce sentiment que la présence du cargo marchand USCSS Maginot et ses passagers qui l'un et les autres ne peuvent qu'engendrer une certaine ''empathie'' puisque l'hommage au cargo interstellaire Nostromo et à son équipage formé autour de Dallas, Monroe, Lambert, l'androïde Ash ou bien évidemment Ripley s'avère remarquable. Pour les plus jeunes d'entre nous, rien de plus simple : ''Impliquer'' les nouveaux adeptes passe par un rajeunissement partiel du casting et par une horreur beaucoup plus frontale et donc nettement moins ''raffinée'' que pour l'original. Une approche qui désole et fait acte de repoussoir pour les nostalgiques qui, confrontés à un cruel manque de suggestivité, regretteront sans doute de retrouver si rapidement et si frontalement l'une de leurs créatures préférées... Au point même que certains, comme moi, remettront en question d'intérêt de poursuivre l'aventure Alien : Earth jusqu'à son terme...

 



samedi 16 août 2025

The War of the Worlds de Rich Lee (2025) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆

 


 

S'attaquer à La guerre des mondes, c'est s'en prendre à un monument de la littérature anglo-saxonne. À l'origine, le roman de l'écrivain britannique H.G.Wells The War of the Worlds fut publié pour la toute première fois en 1898. Adapté en 1953 par le réalisateur Byron Haskin, le film est depuis devenu un classique de la science-fiction. En 1981, le cinéaste polonais Piotr Szulkin signa Wojna Swiatów - Nastepne Stulecie, une adaptation libre et méconnue du grand public de l’œuvre de H.G.Wells. D'autres poursuivront l'entreprise au cinéma en signant des longs-métrages plus ou moins notables comme Steven Spielberg en 2005, sa vision scindant ainsi le public en trois catégories. Ceux qui adoubèrent d'emblée sa version, ceux qui détestent et ceux qui changèrent d'avis à son sujet au fil des années. La télévision n'étant pas en reste, plusieurs séries virent le jour. Et notamment en 2019 où surgirent non pas une mais deux adaptations. La piteuse The War of the Worlds de Craig Viveiros et la convaincante Guerre des Mondes de Howard Overman. Des adaptations qui à travers le temps, on le voit, n'ont pas toutes réussi à sublimer le matériau de base. C'est donc avec espoir que l'on attendait avec plus ou moins d'impatience l'arrivée sur la plateforme Prime Video de la toute nouvelle itération signée de Rich Lee même si le cinéaste n'a jusque là consacré sa carrière qu'à tourner des clips vidéo ! Mise à disposition des abonnés depuis le 30 juillet dernier, sa vision du récit est tout d'abord prometteuse. En effet, plutôt que montrer l'invasion d'une espèce extraterrestre particulièrement hostile de manière directe et frontale, Rich Lee préfère mettre en scène ses protagonistes à travers l'emploi des réseaux sociaux et de caméras de surveillance. Travaillant d'arrache-pied pour le département de la Sécurité intérieure américain, Will Radford (Ice Cube) s'implique totalement dans la vie de ses deux enfants qu'il s'est juré de protéger depuis le décès de son épouse.


Les vingt premières minutes se concentrent d'ailleurs autour de ses activités professionnelles dont il use pour notamment s'assurer que sa fille Faith (Iman Benson) se nourrit convenablement !!! Un exemple parmi tant d'autres d'objets d'usage courant connectés. Montres, voitures, caméras, téléphones et même... réfrigérateurs ! Cela peut faire sourire mais montre bien que le Gouvernement américain contrôle absolument tout des faits et gestes de la population. Durant cette première partie, notre héros tente également de mettre la main sur un pirate informatique insaisissable qui se fait connaître sous le nom de Disruptor ! Alors que d'étranges phénomènes météorologiques se manifestent un peu partout sur Terre, une vague de météorites s'écrase un peu partout dans le monde. D'énormes roches provenant de l'espace mais qui en réalité cachent en leur cœur d'énormes machines, des tripodes, venues apparemment détruire les plus importantes infrastructures de notre planète... Aïe ! Si le film n'excède pas les quatre-vingt dix minutes, ramenant ainsi l'invasion extraterrestre à une durée d'une heure environ, le spectateur se retrouve devant ce qui demeure à ce jour comme l'une des pires propositions en matière de science-fiction tous genres et sous-genres confondus. Dès le départ, la réactivité insensée de Will Radford dont les préoccupations familiales semblent en outre parfois plus importantes que la défense de son propre pays est d'une invraisemblance qui frise le ridicule. Car à moins qu'il soit atteint du Syndrome d'Asperger ou que son crâne renferme non pas UN cerveau mais deux ou trois, sa gestion des divers événements est tout simplement improbable.


Heureusement pour lui, il va pouvoir compter sur le soutien de sa fille Faith, une chercheuse extrêmement talentueuse dans le domaine de la bio-médecine ainsi que sur celle de son fils Dave (Henry Hunter Hall), grand amateur de jeux vidéos mais aussi et surtout, pirate informatique. Car, oui, les amis, Disruptor, c'est lui ! Ouais, je balance l'info, mais on s'en fout, hein ? De toute manière, c'est tellement mauvais que vous ne vous donnerez pas la peine de regarder cette purge. Et même, si la tentation de perdre une heure trente de votre existence devient irrésistible, le spectacle auquel vous allez assister est tel que ce spoil ne deviendra plus qu'un petit détail noyé au sein d'un fleuve d'invraisemblances et de situations plus ridicules les unes que les autres. Reposant sur un concept similaire à Searching - Portée disparue d'Aneesh Chaganty qui en 2018 était autrement plus convaincant, The War of the Worlds prend vraiment les spectateurs pour des abrutis, glorifiant en outre le cercle familial en réunissant deux génies en informatiques (le père et le fils) ainsi que l'avenir de la médecine moderne (la fille). Trois héros d'une même famille qui à eux seuls vont carrément sauver le monde. Passons le montage parfois ultra-cut qui invisibilise la plupart des actions, des tripodes qui rappellent non pas les grandes heures de la science-fiction sur grand écran mais davantage l'univers vidéoludique (mon dieu, ces lasers... nous sommes en 1990 ou quoi?), ces retournements de situations (les intentions réelles des envahisseurs) qui mettent un énorme coup de pied aux précédentes éventualités ou la fille et le fils que l'on croit morts à tour de rôle mais qui par miracle (ou par un subterfuge scénaristique dépassant l'entendement) ont survécu. Sans parler de cette course contre la montre finale d'un pathétisme qui mériterait d'être étudié dans les écoles de cinéma. Mais la cerise sur la gâteau, dont tout le monde a sans doute déjà entendu parler et qui loin d'être conspiratrice est bien réelle, est cette propension à transformer l’œuvre magnifique de H.G.Wells en véritable plateforme promotionnelle dont les éventuels ''bénéfices'' reviennent à... Amazon. Que vous achetiez ou pas des produits vendus par l'enseigne, ici, vous allez en bouffer du début à la fin. À travers le personnage de Mark Goodman (Devon Bostick), petit ami de Faith et chauffeur-livreur chez... devinez qui... Amazon bien sûr. La marque, le réalisateur la placarde chaque fois qu'il en a l'occasion. Mais pas de chance pour son fondateur Jeff Bezos : le film est une telle purge que l'on parlera ici d'anti-pub. Bien fait pour sa gueule. À contrario, et à bien y repenser, The War of the Worlds pourrait dans un avenir pas si lointain que ça, passer du statut de bousin à celui de nanar culte... !

 

samedi 9 août 2025

Objectif septième planète (Journey to the Seventh Planet) de Sidney W. Pink (1962) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Nous sommes en 2001, période de notre histoire qui coïncide avec le troisième des quatre actes que constitue le chef-d’œuvre de la science-fiction signée de Stanley Kubrick, 2001, l'odyssée de l'espace. Six années seulement séparent celui-ci d'Objectif septième planète (Journey to the Seventh Planet) de Sidney W. Pink et pourtant, l'on a l'impression que techniquement, un siècle a passé entre les deux longs-métrages tant la maîtrise du maître américain semble avoir déserté le plateau de tournage de cette petite production américaine qui pourtant démarre sous les meilleures augures. En effet, comment ne pas vouloir croire au potentiel d'une œuvre qui à travers quelques Stock-shots de la NASA laissent espérer un récit réaliste se déroulant dans l'espace, là où l'homme n'a encore jamais mis les pieds. Plus ambitieux que de se contenter d'aller faire explorer à ses cinq astronautes la Lune ou Mars, Sidney W. Pink et le scénariste Ib Melchior imaginent la prospection d'Uranus, avant-dernière planète de notre système solaire se trouvant à une distance de plus de deux milliards et deux-cent millions de kilomètres de la Terre. Science-fiction oblige, la fusée pourtant tout ce qui semble être de plus classique de nos protagonistes est suffisamment puissante pour les mener à bon port aussi rapidement qu'il ne faut pour le dire (une arrivée à bon port précédée par le passage aux abords de la Lune de quelques instants seulement !). Bien loin d'atteindre le degré de réalisme que nous administrera Stanley Kubrick avec 2001, l'odyssée de l'espace, Sidney W. Pink nous assène une histoire certes originale mais qui dans un tel contexte visuel ne peut désormais que faire sourire les amateurs chevronnés de science-fiction. Techniquement et artistiquement dépassé et donc démodé, Objectif septième planète et ses soixante-quinze mille dollars de budget n'avaient de toute manière aucune chance d'accéder au panthéon du genre. Et ce, malgré l'histoire relativement intrigante d'une entité extraterrestre prenant en sa possession l'esprit de nos cinq voyageurs de l'espace, transformant ainsi la surface d'Uranus en une réplique quasiment exacte de la Terre qu'ils connaissent...


C'est donc avec une certaine économie de moyens que le film explore la surface de la septième planète de notre système solaire. Quelques bonnes idées viennent heureusement émailler le longs-métrage. Comme cette flore qui pousse par on ne sait quel miracle puisque les plantes ne possèdent aucune racine (une idée, en réalité, absolument géniale s'agissant de ce que l'esprit humain retransmet à l'entité extraterrestre de ce qu'il voit extérieurement de la faune terrestre). Ou comme lorsque le capitaine de l'équipage évoque cette maison où il vécut, les arbres qui l'entourèrent, tandis qu'en arrière-plan l'on voit prendre visuellement forme les éléments du récit qu'il est en train de conter à ses coéquipiers... Malheureusement, Objectif septième planète est gâté par des effets-spéciaux beaucoup trop cheap pour nous convaincre. C'est d'autant plus vrai que les astronautes finissent par se rendre compte que la flore qui les entoure n'est qu'un leurre et que derrière une ''barrière'' se trouve la planète Uranus telle qu'elle existe réellement. Ammoniac à perte de vue et très fort taux de radiations... Et là, mon dieu, le spectacle pique littéralement les yeux. En outre, le capitaine et ses hommes vont être attaqués par diverses créatures lors de séquences redondantes. Un rongeur géant (!!!) doté d'un œil de cyclope, une araignée, etc... Pour un résultat une fois de plus assez ridicule. Les nouveaux décors qu'explorent alors nos cinq astronautes demeurant à l'aune de cette faune agressive. Quant à l'entité elle-même, on ne lui reprochera pas d'apparaître sous le prisme d'une lumière aux formes et à la luminosité changeantes qui inspireront sans doute les scénaristes et les concepteurs en effets-spéciaux de la future et cultissime série de science-fiction américaine, Cosmos 1999... Bref, l'on conseillera exclusivement Objectif septième planète à celles et ceux qui veulent absolument tout découvrir de la science-fiction, depuis ses origines au cinéma, quel que soit le territoire ou la qualité de la conception ou du récit...

 

samedi 28 juin 2025

La fin du monde d'Abel Gance (1931) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

S'il n'a pas été le tout premier film parlant, La fin du monde d'Abel Gance n'est sorti que deux ans après Le chanteur de Jazz d'Alan Crosland. Première œuvre à faire entendre le son d'une voix, ce sont moins les personnages qui s'y exprimèrent clairement que celle ouïe durant les intertitres. Long-métrage de science-fiction mêlant romance, drame et catastrophe, La fin du monde est plus à proprement parler une œuvre d'anticipation. Abel Gance traite de son sujet à travers le portraits de personnages liés pour partie à la même femme. Geneviève de Murcie (Colette Darfeuil) est profondément attachée à Jean Novalic qu'incarne lui-même le réalisateur. Un homme fort amoureux de la belle mais qui selon sa condition sociale choisit de libérer sa place dans le cœur de la jeune femme au profit de son frère Martial (Victor Francen). Un astronome qui en consultant la nuit étoilée à travers un télescope géant situé dans un observatoire découvre qu'une comète se dirige tout droit vers notre planète. Selon ses calcules, le bolide s'écrasera sur Terre dans plusieurs mois. Tenue secrète jusqu'à maintenant, Martial se décide finalement à révéler sa découverte. Et ce, en partie pour nuire à un certain Schomburg. Homme de peu de morale, agrippé à l'idée de mettre Geneviève ''à son menu'', l'homme la viole lors d'un rendez-vous. Réfugiée chez son oncle, celui-ci lui conseille d'épouser Schomburg afin d'éviter tout scandale. Pendant ce temps, Jean intervient lors d'une dispute entre un père et sa fille. Gravement blessé et étendu sur le sol, Jean est aidé par un médecin (l'acteur Major Heitner) qui va le soigner. Pourtant, si physiquement le jeune homme parvient à se remettre de ses blessures, le docteur ne donne pas cher de son état mental... La fin du monde s'ouvrant sur la crucifixion du Christ, opère un astucieux travelling arrière qui fait état non pas d'une scène se déroulant en temps réel au moment ou Jésus fut crucifié mais bien d'une reconstitution de l'événement se situant sur les planches d'un théâtre ! Revenu de cette scène un peu longuette, Abel Gance plonge son personnage et tous ceux qui orbitent autour de lui dans un contexte où tout ou partie de la vie sur Terre doit s'éteindre.


Mais loin de justifier la thématique à travers le regard exclusif de ses protagonistes, le réalisateur développe la crise existentielle qui les enrobera bientôt, eux et le reste des habitants de notre planète. Créant ainsi l'idée d'une République Universelle formée autour de lois nouvelles auxquelles vont adhérer l'ensemble des nations. D'ici là, l'on assiste à la lente agonie de Jean, perdant peu à peu la tête tandis que Geneviève cherche désespérément le moyen de s'en rapprocher. Le personnage de Schomburg est foncièrement tyrannique, méprisant, au dessus des lois. L'apparat du riche homme d'affaires à qui rien ne résiste. L'entrée en bourse de Martial devenant ainsi le moyen le plus évident de défaire l'homme de son piédestal ! Œuvre éminemment ambitieuse dont on a pourtant du mal à envisager la portée qu'elle aurait pu ou dû avoir sur les spectateurs sachant qu'elle fut terriblement amputée (le film devait à l'origine durer plus de trois heures), La fin du monde explore avant les autres l'étude du comportementalisme chez l'homme et la femme face à une catastrophe d'ampleur mondiale à laquelle ils ont malheureusement peu de chance de survivre. Poétique et théâtrale, le romantisme chez Abel Gance est ici déployé sous une forme qui de nos jours paraît tout à fait surannée. La langue française prenant ainsi sa plus belle forme, entre déclarations d'amour enflammées et tragédie épicurienne dont les pires travers de la nature humaine s'exprimeront à intervalles réguliers. Lors de cette séquence de rue où Jean subit la foule alors même qu'il devrait être élevé au rang de héros. Une scène qui fait curieusement, mais dans une moindre mesure, écho au chemin de croix du Christ. Puis intervient ce dernier quart d'heure, témoignant justement de l'ambition d'Abel Gance. Cette profusion d'images provenant de diverses régions de la planète, jusqu'à la capitale française où les nantis se laissent aller à la luxure et la dépravation, entre débauche sexuelle et orgies de nourriture, tandis que dans les rues la panique s'empare des gens de petite condition. On rêve alors d'une version intégrale, sans doute perdue à jamais, et qui aurait probablement évité au long-métrage d'être accueilli si froidement à l'époque de sa sortie...

 

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