Test Pilota Pirxa
est
le quatrième long-métrage a s'inspirer de l'une des œuvres de
science-fiction de l'écrivain ukrainien Stanislas Lem après
L’Étoile du Silence de
Kurt Maetzig en 1960, Ikarie XB1 de
Jindrich Polák en 1963, Solaris d'Andreï
Tarkovski en 1972, et bien avant le remake de ce dernier que réalisa
l'américain Steven Soderbergh trente ans plus tard. Comme toujours
avec l’œuvre de Stanislas Lem, le matériau de base est ici une fois de
plus très riche. Long-métrage de science-fiction, Test
Pilota Pirxa
met en scène une expédition vers Saturne parmi les anneaux de
laquelle deux sondes doivent être installées par un équipage
constitué d'hommes, mais également d'androïdes dont l'origine
demeure tenue secrète afin que le commandant Pirx, chef à bord de la
navette, demeure impartial. La mission n'étant pas le seul objectif
de Pirx, les responsables ont chargé l'astronaute de renommée
internationale de jeter un œil sur chacun des membres de l'équipage
afin de témoigner si oui ou non, la présence d'androïdes se révèle
nécessaire. La mission est donc fondamentale puisqu'à l'issue de
celle-ci dépendra le futur de robots et autres machines douées d'une intelligence artificielle...
En
à peine quatre-vingt quinze minutes, le long-métrage de Marek
Piestrak tente de faire le tour de la question avec plus ou moins de
bonheur. Il manque cependant une bonne demi-heure au moins de métrage
pour que les questions obtiennent des réponses hautement
satisfaisantes. Démarrant à la manière d'un thriller, il faut
attendre presque la moitié du film pour que l’équipage constitué d'un
peu moins de dix hommes embarque enfin à bord de la navette. L'un
des aspects les plus étonnant demeure dans la relative qualité de
certains effets-spéciaux quand d'autres se révèlent au contraire,
parfois déplorables. Dès le départ, le soin apporté aux androïdes
est notable tandis que beaucoup plus tard, l'aspect des anneaux de
Saturne et celui des astéroïdes prête à sourire. C'est
franchement laid et l'on peine ainsi à se prendre au jeu. Le suspens
en est donc relativement dilué. C'est d'autant plus dommage que
l'idée d'intégrer des personnages artificiels parmi les membres de
l'équipage sans qu'on en connaisse l'identité dès le départ était
particulièrement bonne.
Malheureusement,
les limites apparentes du budget font que la majeure partie des
thèmes évoqués n'aboutissent jamais vraiment. Pourtant, Test
Pilota Pirxa conserve
un charme indéniable. Et même si l'espace créé pour les besoin du
film à parfois l'air d'une succession de bourres de coton, Marek
Piestrak s'applique malgré tout à donner un semblant de réalisme à
l'ensemble. La marque de fabrique de beaucoup de longs-métrages de
science-fiction soviétique ! Les interprètes sont bons, leurs accoutrements crédibles, et l'intrigue repose sur des questionnements que
l'on finira bien un jour par évoquer. Les machines faisant de plus
en plus partie de notre quotidien et se rapprochant davantage de
notre propre image, dans quelle mesure devrons nous bientôt les
considérer au même titre qu'un être humain ? Qui donc est le
plus fiable ? L'homme, ou la machine ? Peut-on avoir
confiance en l'un ou en l'autre ?
Des
enjeux qui, ici, divisent l'humanité au point que certains, très
vite, tenteront de contrecarrer le projet. Marek Piestrak crée un
climat de suspicion au sein même de l'équipage alors que l'on en
est encore à se demander qui est fait de chair et de sang et qui
n'est constitué que de circuits électriques. La navette se
transforme alors en un réseau de coursives mal éclairées,
parcourues de visages inquiétants, que le cinéaste rend plus
ambigus encore en les camouflant partiellement dans l'ombre. En
uniformisant le portrait de ses personnages, il empêche toute
distinction et fait de son œuvre, toutes proportions gardées,
l'ancêtre du très anxiogène The Thing
que réalisera quelques années plus tard le cinéaste américain
John Carpenter... Une curiosité...
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