A moins que vous n'ayez
jamais vu l'original signé par le talentueux cinéaste américain
John McTiernan. A moins que le concept de remake vous fasse autant
frémir de plaisir que devant un bon porno ou une bonne glace
italienne. A moins que vous ayez vidé votre boite crânienne de
toute présence de matière grise. A moins que votre mère (ou votre
père) vous ait appris dès votre plus jeune âge que Lady gaga,
c'est quand même plus classe que Serge Gainsbourg. A moins que le
seul nom d'Arnold Schwarznegger ne vous refile d'affreux boutons
d'acné. A moins, enfin, que l'idée d'aller vous enfermer dans une
salle obscure pour aller y découvrir un nanar de quarante millions
de dollars vous excite, je ne vois pas comment vous pourriez adouber
ce Predators
signé par le réalisateur hongro-américain Nimrod Antal. Adrien
Brody a beau avoir été un pianiste exemplaire dans le film éponyme
de Roman Polanski, c'est bizarre, mais le voir accoutré comme un
Schwarzenegger ayant perdu la moitié de son poids (et donc la moitié
de ses muscles) en court de route, ben, ça le fait déjà beaucoup
moins.
Le
concept du 'je
balance en pleine forêt des individus de toutes origines et les
confronte à une créature venue de l'espace' possède
autant de charme qu'il ne prend de risques. LA bonne idée de ce
concept est de s'opposer totalement à celui du Predator
de
John McTiernan qui au contraire, opposait la créature du titre à un
groupe, dès le départ, très soudé. Un soldat des forces
américaines, un mexicain travaillant pour le cartel de la drogue Los
Zetas,
un membre des Spetsnaz qui combattait en Tchetchénie, un yakuza, ou
encore une sniper de l'Armée de défense israélienne. Mais pas de
belge. Il ne s'agit donc pas d'une blague, ni d'une parodie, mais
plutôt d'un troisième volet, plus qu'un remake.
C'est
en bon vieux quadragénaire, fan du premier Predator
(et beaucoup moins du second), que j'ai peut-être exagéré en
comparant ce Predators à
un nanar. Car si le film de Nimrod Antal n'arrive pas à la cheville
de son ancêtre, il n'est tout de même pas dénué d'intérêt.
Déjà, le film ne se contente pas de reproduire à l'exactitude le
film de John MacTiernan. On peut même affirmer qu'il innove sous
certains aspects. Quand à Adrien Brody, Topher Grace, Laurence
Fishburne, Alice Braga, Oleg Taktarov, ou encore Danny Trejo, s'il
n'ont pas le charisme d'Arnold Schwarzenegger, Carl Weather, Elpidia
Carnilo, Bill Duke, Sonny Landham, Richard Chaves ou Jesse Ventura,
c'est peut-être parce qu'ils ont aussi, moins de 'gueule'.
Parmi
les bonnes idées, le scénario propose un cadre forestier assez
inattendu et désormais, les predators (qui sont au nombre de trois)
sont accompagnés de 'chiens'.
Du moins, de créatures à quatre pattes dont l'apparence est en
concurrence directe avec celle de leurs maîtres. Par contre dès la
seconde moitié, le film perd en substance. Il se traîne
laborieusement jusqu'au final qui lui, par contre, emprunte
énormément au long-métrage de John MacTiernan. On retrouve le duel
nocturne illuminé par des foyers, le cinéaste poussant le vice
jusqu'à présenter un Adrien Brody torse-nu et barbouillé de boue
comme l'était Arnold Schwarzenegger dans l'original. A vrai dire, le
film n'est pas aussi innovant qu'il en a l'air puisque empruntant
également à bon nombre de longs-métrages. Et en premier lieu, à
tous ces films regroupant des individus ne se connaissant pas, ne
sachant pas ce qu'il font là, et confrontés à leurs propres peur
ainsi qu'à un environnement hostile. Mais ne soyons pas trop sévères
car Predators
n'est pas la plus mauvaise séquelle d'une franchise qui avait jusque
là, donné naissance à bien trop de suites de mauvaises qualités.
A savoir qu'un nouvel épisode intitulé The Predator et
réalisé par Shane Black (auteur de l'excellent Iron
man 3 en 2013)est prévu
pour le 17 octobre prochain dans nos salles. A suivre, donc...