L'intrigue de la série
sud-coréenne The Silent Sea (Goyo-ui
Bada
dans sa version originale) déplace ses personnages dans un futur
plus ou moins lointain prenant pour cadre une station lunaire alors
que sur Terre, l'eau a presque totalement disparue et se trouve
désormais rationnée. Quelques rares images de notre planète sont
exposées à l'écran tandis que la très grandes majorité des
séquences se situent donc à bord de la station située aux abords
de la Mer de la Tranquillité et où une première équipe de
scientifiques fut envoyée cinq ans auparavant afin d'y effectuer des
recherches. Un nouveau groupe d'astronautes est envoyé sur place et
après avoir connu une grave avarie qui a condamné leur navette à
disparaître au fond d'un gouffre, le chef de mission Han Yoon-jae
(Gong Yoo) et les autres membres de l'expédition se rendent à la
station. Remplissant in-extremis leurs réserves d'oxygène, ils
découvrent tout d'abord que l'équipe de la précédente mission
est passée de vie à trépas pour des raisons qui demeurent encore
inconnues... Parmi les membres du nouvel équipage, l'on retrouve
notamment l'astrobiologiste Song Ji-an (Bae Doona), le pilote de la
navette Kim Sun (Lee Sung-Wook) ou encore le docteur Hong Ga-yeong
(Kim Sun-young)... Créée par le réalisateur, scénariste et acteur
sud-coréen Choi Hang-yong, la série est constituée de huit
épisodes particulièrement inspirés par certains classiques de la
science-fiction mêlant le genre à l'horreur et l'épouvante. Et
deux longs-métrages en particulier puisque Alien
de
Ridley Scott et sa première séquelle Aliens
réalisée quant à elle par James Cameron semblent avoir très
fortement influencé le scénariste Park Eun-kyo. Dans la mesure où
le spectateur est fan du premier, The Silent Sea
va lui permettre de retrouver le climat anxiogène du chef-d’œuvre
du cinéaste britannique en ce sens où le cadre et l'ambiance
générale de la série retranscrivent plutôt fidèlement ceux du
premier volet de la franchise mettant en scène le célèbre
xénomorphe. En dehors de quelques espaces où les éclairages sont
demeurés intacts, la plupart des coursives que vont explorer les
membres de l'équipage seront plongés dans une obscurité à peine
troublée par la présence de lampes-torches. En ce sens, Choi
Hang-yong rempli parfaitement le contrat s'agissant d'instaurer une
certaine angoisse tout au long d'une série qui cependant, aurait
sans doute mérité d'être concentrée non pas en huit épisodes
mais en seulement cinq ou six.
En
effet, bien que les personnages, tous parfaitement campés,
nourrissent chacun à leur manière le récit et bien que le principe
d'exploration d'une base lunaire plongée dans le noir et d'une
enquête menant à la résolution d'un phénomène aux conséquences
désastreuses cultivent un réel intérêt pour l'intrigue, la
redondance n'est pas loin. Malgré tout, The
Silent Sea
diffuse au compte-goutte quelques couches supplémentaires de
sous-intrigues qui lui permettent de tenir la route ''PRESQUE''
jusqu'à sa conclusion. Recherche de la sœur disparue lors de la
première mission (celle de Song Ji-an, Song Won-kyeong, incarnée à
deux âges différents par les actrices Kang Mal-geum et Gong
Jin-seo). Enqueête scientifique. Double-jeu... The
Silent Sea
évoque donc les recherches menées cinq ans en arrière par la
précédente équipe de chercheurs, lesquels mirent à jour une eau
dont les propriétés pourraient permettre de redonner espoir à
l'espèce humaine. Une substance pourtant non dénuée d'effets
secondaires dévastateurs comme purent le découvrir les
téléspectateurs dès la mise en ligne de la série sur Netflix
en décembre 2021. Jouant tout d'abord énormément sur le climat
oppressant des installations lunaires, la série vire ensuite à
l'horreur à travers une présence visiblement hostile et très
attachée au seul élément liquide présent sur la station. D'où le
rapport avec Aliens
de James Cameron puisque la venue du personnage de Luna 073
(l'actrice Kim Si-a) semble cette fois-ci directement se référer à
la gamine prénommée Newt (incarnée alors en 1986 par la jeune
Carrie Henn dont il s'agira d'ailleurs de la seule présence sur
grand écran avant de ''donner de la voix'' pour le film d'animation
de L. Ruhland Thunder Island
en 2020). Comment, en effet, ne pas ressentir le rapport entre la
Luna 73 (en fait, l'un des nombreux clones ayant servi de cobayes
cinq ans plus tôt) et l'astrobiologiste Song Ji-an comme une
nouvelle itération de la relation qu'entretint Newt avec l'héroïne
de la saga Alien
incarnée alors par l'actrice américaine Sigourney Weaver, le
lieutenant Ellen L. Ripley ? Bref, The
Silent Sea
est bourré de qualités. Mais est parfois engoncé dans une certaine
répétitivité et dans une accumulation d'invraisemblances que l'on
ne pourra cependant pas lui reprocher. À part sans doute cette fin
un peu niaise et pour le coup, terriblement improbable. N'ayant pas
connu le même succès que les grosses franchises notamment à
l'effigie de l'excellent Squid Game,
il semble peu probable que les fans (et il y en a) voient débarquer
un jour une seconde saison pourtant très attendue...