Lorsque débarque une
nouvelle série de science-fiction se pose en général tout un tas
d'épineuses questions. Mini-série ou première d'une foule de
saisons étendues sur plusieurs années ? Les spectateurs qui
découvriront El Eternauta
de Bruno Stagnaro auront très rapidement la réponse à cette
question puisque l'invasion extraterrestre promise par cette nouvelle
incartade dans la science-fiction va tarder à se présenter devant
notre écran. Débutant sur une idée savamment orchestrée à
l'origine par le scénariste de bande dessinée argentin Héctor
Oesterheld et par son compatriote et dessinateur Francisco Solano
López dans le courant des années cinquante, El
Eternauta
s'ouvre sur un étrange phénomène. Alors que l'action se situe en
plein été, la neige se met à tomber et recouvre d'un blanc manteau
le quartier de Buenos Aires où va être principalement développé
le récit. C'est là que nous découvrons Juan Salvo (Ricardo Darín),
un ancien vétéran qui en compagnie de trois amis et d'un quatrième
larron dont la présence n'était pas attendue par la plupart d'entre
eux s'apprêtent à jouer aux cartes. Les cinq hommes vont alors être
les témoins de ce curieux phénomène qui de prime abord semble être
accompagné d'un Mal invisible puisque quiconque entre en contact
avec le moindre flocon de neige meurt instantanément ! Il
devient donc urgent pour Juan, son meilleur ami Alfredo Favalli
(César Troncoso), leurs compagnes respectives (Carla Peterson et
Andrea Pietra dans les rôles d'Elena et Ana) et leur amis de se
protéger de la tempête de neige incessante qui tombe sur la ville.
Il faut bien comprendre tout d'abord que seuls le contact avec la
neige est mortelle. Contrairement à l'atmosphère qui elle semble
n'avoir pas d'impact sur la survie de la population. Une fois le
concept adopté, l'on comprend mieux pourquoi certains se promènent
à l'air libre protégés tandis qu'à quelques mètres de distances,
d'autres paraissent n'avoir pas besoin de porter des masques à
oxygène. Autre question que l'on se pose en général dans ce genre
de situation : quelle apparence vont arborer les envahisseurs ?
Va-t-on avoir une nouvelle fois le droit à des créatures
insectoïdes ? Rendant ainsi caduque toute crédibilité
lorsqu'il s'agit de les concevoir comme étant des intelligences
extraterrestres dotées de capacités intellectuelles et physiques
hors norme ? Si les trois premiers des six épisodes que
constitue cette première saison se concentrent sur l'aspect
survivaliste d'un tel événement, à l'issue du troisième l'on
devine la silhouette d'un envahisseur que l'on serait tenté de
rapprocher du fameux xénomorphe de la franchise Alien.
Une
impression rapidement balayée puisque dès le quatrième, Bruno
Stagnaro ne fait plus aucun mystère de leur apparence en nous les
livrant en plein jour. Et là... comment dire..... Impossible de
rester de marbre et de ne pas pouffer de rire devant la grotesque
apparence des dits envahisseurs. Arborant la même silhouette que le
fameux bousier, ce coléoptère coprophage connu pour former des
boules d’excréments qu'il fait rouler à l'aide de ses pattes
arrières, on se demande automatiquement comment de telles créatures,
si physiquement sommaires, pourraient concevoir des vaisseaux ou même
plus simplement comment ils pourraient les piloter. Fort
heureusement, la réponse vient de la bouche d'Alfredo, lequel
suppose que les véritables envahisseurs ne sont probablement pas ces
bestioles ridicules prenant la forme de gigantesques insectes mais
des entités qui pour l'instant comptent sûrement sur la toxicité
de la neige et ce que l'on pourrait donc comparer à des ''chiens de
chasse'' venus d'ailleurs pour contrôler l'humanité jusqu'à ce
qu'ils se décident enfin à venir nous faire un belliqueux petit
coucou. Au vu de l'évolution du récit, de la lenteur avec laquelle
le créateur de la série prend son temps pour développer des
personnages qu'il ne cesse d'ajouter les uns après les autres au fil
des épisodes, bien avant que le sixième épisode ne vienne clôturer
la saison, on devine que la plupart des questions que l'on se pose ne
trouveront pas encore de réponses. Il faut s'accrocher. Car la
première moitié des épisodes évolue sur un rythme quasi
lymphatique. Heureusement, El Eternauta
peut compter sur une très convaincante incarnation de ses
personnages ainsi que des décors enneigés et post-apocalyptiques
très convaincants. Bien qu'étant antérieur à cette vague de
séries reposant sur des invasions extraterrestres ou sur différents
cas de survivalisme en terre hostile puisque la série de
bandes-dessinées qui est à l'origine de cette série remonte à
près de soixante-dix ans, El Eternaute reprend
les grandes lignes des plus célèbres d'entre elles. Notons enfin
que le sixième épisode offre l'espoir d'une évolution de la série
allant dans le bon sens. Avec son approche rappelant quelque peu le
mythique L'invasion des profanateurs
de Philip Kaufman et le visuel très succinct de ce à quoi
pourraient réellement ressembler les envahisseurs, on peut d'ors et
déjà compter sur une seconde saison pleine de promesses...
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